Archives de catégorie : Editorial

Editorial de la lettre aux associés de la Médaille miraculeuse

Marie, femme de foi et de caractère

Marie, femme de foi et de caractère

Le maître de Saint Bartolomé -LES NOCES DE CANA (détail) (XVIe siècle) - Bruxelles
Le maître de Saint Bartolomé -LES NOCES DE CANA (détail) (XVIe siècle) – Bruxelles

Le caractère de Marie apparaît dans le récit de l’Annonciation que l’on trouve dans l’évangile de Luc. C’est une jeune femme, fiancée à Joseph. Elle reçoit la visite de l’ange qui lui dit : «Tu vas être enceinte alors que tu n’es pas mariée. Mais ne crains pas car ton enfant sera le sauveur du monde.»

Le risque, être le déshonneur de la famille ! Qu’est-ce qu’elle répond ? «Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole.» Marie s’assume comme femme de foi et caractère !

Puis dans les évangiles, Marie supporte courageusement la naissance de Jésus et est résolument impliquée à la croix, «femme» chargée par Jésus d’être mère du disciple en qui nous pouvons nous reconnaître (Jean 19,26). Entre les deux, seulement deux récits.

L’un se trouve dans les trois premiers évangiles. Il présente la figure d’une mère qui a peur pour son fils. Marie vient avec sa parenté et ils essayent de ramener Jésus à la maison, … à la raison, ce qui lui vaut une réplique sévère : «Qui est ma mère et qui sont mes frères ?… Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma sœur et ma mère.» (Marc 3, 31-35).

L’autre récit est celui des noces de Cana. Jésus et Marie sont invités. Comme le vin vient à manquer, Marie le dit à Jésus, ce qui lui vaut une rude réaction : «Femme, qu’y a-t-il entre toi et moi ? Mon heure n’est pas encore venue.» Marie ne se démonte pas et dit aux serviteurs : «Faites tout ce qu’il vous dira.» (Jean 2, 1-5). C’est la femme de foi qui incite son fils au service, premier signe de sa mission.

Qui est la vraie Marie, la mère craintive ou la mère qui encourage son fils ? Pourquoi ne pas penser que les deux sont vraies ! Un jour, Marie pousse son fils dans sa vocation et plus tard elle n’a qu’une prière, qu’il rentre à la maison. Marie est une vraie maman, reconnue comme telle au pied de la croix. ■

P. Jean-Daniel Planchot

Marie et le Royaume de Dieu

Marie et le Royaume de Dieu

À quelle distance la souffrance d’autrui devient-elle supportable ?
À quelle distance tenons-nous la nouvelle du malheur des  autres ?
À l’opposé, à quelle distance la joie d’autrui devient-elle supportable ?

Si je souffre, n’est-elle pas une insulte à ma souffrance, et si je ne traîne que mon lot habituel de tristesses et de soucis, cette joie enjouée d’un autre n’éveille-telle pas une intolérable envie ? Voilà bien les plis et les replis du cœur humain !

ASSOMPTION Vitrail - Église de l’Assomption Saint-Denis de la Réunion
ASSOMPTION Vitrail – Église de l’Assomption Saint-Denis de la Réunion

Pour nous obliger à les voir, à les avouer, mais surtout pour les guérir, Dieu a posé au milieu de nous une provocation. Un être, une femme, Marie. C’est cette provocation que nous célébrons au cœur de l’été.

Nous remontons le fil de l’histoire sainte jusqu’à son Assomption. À dire vrai, curieux pèlerinage ! Aucun texte des Écritures ne nous en parle. Il n’y a pas de récit, pas d’anecdote, simplement le fait que sa vie ait
été assumée.

La parole de saint Paul éclaire judicieusement ce qui se manifeste dans ce fait : « Frères, nous le savons, tout a contribue au bien de ceux qui aiment Dieu, puisqu’ils sont appelés selon le dessein de son amour. »

Tout a contribué au bien, au bonheur, à la gloire de la Mère de Jésus, qui peut, en toute rigueur, recevoir le titre  incroyable de Mère de Dieu, du Dieu venu avec nous. Dieu peut dire à Marie : « Tu m’aimais parce que je t’aimais » ; cet amour, elle l’a respiré durant sa vie et c’est pourquoi la joie de cette Mère unique a été parfaite.

Allons-nous accepter de dépasser nos marasmes et nos souffrances pour nous laisser enseigner par elle la louange et l’action de grâce ? Le Christ nous a donné sa Mère pour nous révéler qu’en acceptant comme elle qu’il n’y ait plus de distance entre Dieu et nous, nous parviendrons à abolir aussi la distance qui nous empêche de rejoindre nos frères dans leur joie ou leur souffrance. Cela s’appelle le Royaume de Dieu. ■

P. Jean-Daniel Planchot, cm

L’esprit de médiation en Jésus et Marie

L’esprit de médiation en Jésus et Marie

Comme sa Mère, Jésus met à profit cette voix calme et ce regard bienveillant qui incite à l’apaisement les gens qui le sollicitent, soit spontanément, soit parce qu’ils lui sont adressés. Sa médiation est un mode aimable de prévention et de résolution des conflits.

La Miniature du IXe siècle illustre l’Agneau mystique représentant le Christ et les quatre symboles des évangélistes - bibliothèque municipale - Valenciennes - D.R.
La Miniature du IXe siècle illustre l’Agneau mystique représentant le Christ et les quatre symboles des évangélistes – bibliothèque municipale – Valenciennes – D.R.

Pour Jésus, le médiateur n’est pas un juge, il ne dit pas le droit, comme les scribes. Ce n’est pas non plus un arbitre qui prend une décision à la place des personnes. C’est un tiers indépendant en qui elles ont foi et qui les aide à trouver par elles-mêmes une solution à leur différend. Ainsi du centurion, de Bartimée, de la femme hémorroïsse : « Ta foi t’as sauvé(e) » (Mathieu 8,13 ; Marc, 10, 52 ; Luc 8, 48).

Comme sa Mère à Cana (Jean 2, 3), Il se passionne pour un processus qui consiste en premier lieu à faire confiance aux gens qu’il rencontre, qu’il reçoit ou chez qui il va. La plupart sont parfaitement en capacité de trouver un accord.

Mais ils ont besoin d’être accompagnés pour quitter ces tranchées qu’ils ont eux-mêmes creusées ou dans lesquelles ils sont tombés. Il les aide à en sortir, à atteindre un lieu où il devient possible de réfléchir et de dégager efficacement quels sont les besoins véritables des uns et des autres.

La médiation, pratiquons-la pour notre part dans un esprit de totale liberté et de bienveillance religieuse. Il se trouve que nous sommes chrétiens et le Nouveau Testament est la source à laquelle nous avons à puiser chaque jour. C’est pour nous le principal puits d’inspiration.

Lisons-en quotidiennement des passages. Cela nous nourrira à coup et, pour faire le lien avec notre vie, nous apportera une certaine humilité, le sentiment certes de notre relativité, mais aussi de notre relation apaisante à autrui.

Comme Jésus Médiateur, comme Marie Médiatrice de ses grâces, tenons-nous dans cette position d’être essentiellement dans le service, le respect, la tolérance et trouvons dans les Évangiles comment soutenir cette posture. ■

P. Jean-Daniel Planchot, cm