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Editorial de la lettre aux associés de la Médaille miraculeuse

Maintenant et à l’heure de notre mort

Maintenant et à l’heure de notre mort

Le Bon Larron - Père Yves Aubry fondateur du Bon Larron
Le Bon Larron – Père Yves Aubry fondateur du Bon Larron

Cette fin de la prière du Je vous salue Marie, nous l’avons sûrement prononcée bien des fois. Une expression qui nous fait désirer la prière de Marie pour les deux temps les plus essentiels de notre vie : maintenant, et à l’heure de notre mort.

Depuis novembre, l’Église nous met dans le mystère du salut en nous invitant à fêter d’abord les saints, puis tous les défunts. Nous espérons bien sûr que ceux-ci sont appelés à rejoindre les premiers dans un éternel face à face avec Dieu pour la vie et la joie sans fin !

Ces fêtes nous interrogent sur l’heure de la mort dont nous nous rapprochons inéluctablement à chaque instant. Certains sont tentés de tout faire pour «vivre au maximum» et oublier cette question dérangeante. D’autres peuvent se laisser submerger par l’angoisse : celle du trou suivi de rien, ou celle du jugement éventuellement suivi d’un châtiment éternel !

Pour entrevoir dans la confiance cette heure de la mort, suivons Marie. Elle fut témoin au pied de la croix de cet étonnant échange entre son Fils et un larron (photo D.R.) : «souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton royaume» ; «aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis». Celui qui a entendu cette invitation était un condamné à mort, mais il a reconnu sa petitesse et son Dieu.

Marie sait ce que son Fils peut faire pour nous. À l’heure de notre mort assurément. Mais aussi «maintenant» ! Comprenons «maintenant» son invitation aux noces de Cana, faites tout ce qu’Il vous dira. Quand le doute ou la douleur nous submergent, laissons-nous porter par la tendresse maternelle de celle
qui s’est engagée par son oui et s’est laissée guider par l’Esprit-Saint durant toute sa vie. ■

P. Jean-Daniel Planchot, cm

Marie, femme de foi et de caractère

Marie, femme de foi et de caractère

Le maître de Saint Bartolomé -LES NOCES DE CANA (détail) (XVIe siècle) - Bruxelles
Le maître de Saint Bartolomé -LES NOCES DE CANA (détail) (XVIe siècle) – Bruxelles

Le caractère de Marie apparaît dans le récit de l’Annonciation que l’on trouve dans l’évangile de Luc. C’est une jeune femme, fiancée à Joseph. Elle reçoit la visite de l’ange qui lui dit : «Tu vas être enceinte alors que tu n’es pas mariée. Mais ne crains pas car ton enfant sera le sauveur du monde.»

Le risque, être le déshonneur de la famille ! Qu’est-ce qu’elle répond ? «Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole.» Marie s’assume comme femme de foi et caractère !

Puis dans les évangiles, Marie supporte courageusement la naissance de Jésus et est résolument impliquée à la croix, «femme» chargée par Jésus d’être mère du disciple en qui nous pouvons nous reconnaître (Jean 19,26). Entre les deux, seulement deux récits.

L’un se trouve dans les trois premiers évangiles. Il présente la figure d’une mère qui a peur pour son fils. Marie vient avec sa parenté et ils essayent de ramener Jésus à la maison, … à la raison, ce qui lui vaut une réplique sévère : «Qui est ma mère et qui sont mes frères ?… Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma sœur et ma mère.» (Marc 3, 31-35).

L’autre récit est celui des noces de Cana. Jésus et Marie sont invités. Comme le vin vient à manquer, Marie le dit à Jésus, ce qui lui vaut une rude réaction : «Femme, qu’y a-t-il entre toi et moi ? Mon heure n’est pas encore venue.» Marie ne se démonte pas et dit aux serviteurs : «Faites tout ce qu’il vous dira.» (Jean 2, 1-5). C’est la femme de foi qui incite son fils au service, premier signe de sa mission.

Qui est la vraie Marie, la mère craintive ou la mère qui encourage son fils ? Pourquoi ne pas penser que les deux sont vraies ! Un jour, Marie pousse son fils dans sa vocation et plus tard elle n’a qu’une prière, qu’il rentre à la maison. Marie est une vraie maman, reconnue comme telle au pied de la croix. ■

P. Jean-Daniel Planchot

Marie et le Royaume de Dieu

Marie et le Royaume de Dieu

À quelle distance la souffrance d’autrui devient-elle supportable ?
À quelle distance tenons-nous la nouvelle du malheur des  autres ?
À l’opposé, à quelle distance la joie d’autrui devient-elle supportable ?

Si je souffre, n’est-elle pas une insulte à ma souffrance, et si je ne traîne que mon lot habituel de tristesses et de soucis, cette joie enjouée d’un autre n’éveille-telle pas une intolérable envie ? Voilà bien les plis et les replis du cœur humain !

ASSOMPTION Vitrail - Église de l’Assomption Saint-Denis de la Réunion
ASSOMPTION Vitrail – Église de l’Assomption Saint-Denis de la Réunion

Pour nous obliger à les voir, à les avouer, mais surtout pour les guérir, Dieu a posé au milieu de nous une provocation. Un être, une femme, Marie. C’est cette provocation que nous célébrons au cœur de l’été.

Nous remontons le fil de l’histoire sainte jusqu’à son Assomption. À dire vrai, curieux pèlerinage ! Aucun texte des Écritures ne nous en parle. Il n’y a pas de récit, pas d’anecdote, simplement le fait que sa vie ait
été assumée.

La parole de saint Paul éclaire judicieusement ce qui se manifeste dans ce fait : « Frères, nous le savons, tout a contribue au bien de ceux qui aiment Dieu, puisqu’ils sont appelés selon le dessein de son amour. »

Tout a contribué au bien, au bonheur, à la gloire de la Mère de Jésus, qui peut, en toute rigueur, recevoir le titre  incroyable de Mère de Dieu, du Dieu venu avec nous. Dieu peut dire à Marie : « Tu m’aimais parce que je t’aimais » ; cet amour, elle l’a respiré durant sa vie et c’est pourquoi la joie de cette Mère unique a été parfaite.

Allons-nous accepter de dépasser nos marasmes et nos souffrances pour nous laisser enseigner par elle la louange et l’action de grâce ? Le Christ nous a donné sa Mère pour nous révéler qu’en acceptant comme elle qu’il n’y ait plus de distance entre Dieu et nous, nous parviendrons à abolir aussi la distance qui nous empêche de rejoindre nos frères dans leur joie ou leur souffrance. Cela s’appelle le Royaume de Dieu. ■

P. Jean-Daniel Planchot, cm