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Editorial de la lettre aux associés de la Médaille miraculeuse

LE ZÈLE DE MARIE

La Vierge de Tendresse, icône du XIIIe siècle
La Vierge de Tendresse, icône du XIIIe siècle

« Le zèle, c’est la cinquième maxime, qui consiste dans un pur désir de se rendre agréable à Dieu et utile au prochain. Zèle pour étendre l’empire de Dieu, zèle pour procurer le salut du prochain. Y a-t-il rien au monde de plus parfait ? Si l’amour de Dieu est un feu, le zèle en est la flamme ; si l’amour est un soleil, le zèle en est le rayon. Le zèle est ce qui est de plus pur dans l’amour de Dieu.”

Voilà ce que dit Vincent de Paul en achevant de parler des cinq vertus de la Mission (simplicité, humilité, douceur, don de soi et zèle apostolique). Marie, la sainte Mère, les a pratiquées par excellence, et surtout celle de zèle, l’ardente flamme de l’apostolat.

Elle qui a goûté et pénétré l’amour de Dieu et en a été enflammée, désire conduire tous les hommes à Dieu. Plus l’amour pour Dieu est grand, plus est considérable et efficace l’apostolat qui en dérive. Intimement associée à l’œuvre  rédemptrice de Jésus, Marie remplit une mission apostolique universelle, en vue du bien de toute l’humanité.

Sans bruit ni tapage, mais humblement, cachée, silencieuse, elle donne le Rédempteur au monde dans le secret de la nuit. Elle partage toute la vie de Jésus jusqu’au Calvaire. Son coeur de Mère en est éprouvé, mais c’est par ce don de soi, vivifié par l’amour pur, que Marie parvient aux cimes les plus élevées du zèle apostolique. Ainsi remplit-elle sa mission de Mère de l’Église universelle que lui confère Jésus en saint Jean : «Voici ta mère.»

«Ô Marie, vous êtes plus mère que reine. En méditant votre vie, si humble et si simple, telle que l’Évangile me la présente, je n’ai aucune crainte de m’approcher de vous. Je vous vois vivre dans la pauvreté et l’effacement, sans ravissements ni extases, sans le resplendissement des miracles, sans actions d’éclat. Et ainsi, vous me faites comprendre que je puis, moi aussi, suivre vos traces et monter le sentier escarpé de la sainteté en pratiquant les vertus cachées. Près de vous, ô Marie, j’aime à rester petite et je découvre mieux la vanité des grandeurs humaines» (Sainte Thérèse de Lisieux). ■

Jean-Daniel Planchot, cm

MARIE ET LE DON DE SOI

La descente de croix - fin XVe siècle - huile sur bois | DR
La descente de croix – fin XVe siècle – huile sur bois | DR

L’attitude d’un être devant la mort
est souvent la plus haute
expression de sa vie.
Marie, Mère immobile et silencieuse
de la crucifixion, nous en apprend
le sens profond : tout est vivant
dans le Christ. Nous ne méditons
pas pour apprendre à mourir,
mais pour apprendre à vivre,
car si notre vie pouvait ressembler
à celle du Christ, notre mort rendrait
le même témoignage !
Il nous faut comprendre le sens
de ces mystérieux
abaissements de Jésus,
de son abnégation,
de sa mortification suprême.

Marie nous invite à nous donner comme son Fils s’est donné,
comme elle-même s’est  donnée !

La vie chrétienne est un amour, mais l’amour est un don.
Tout ce qui se retourne sur nous-mêmes est misérable et infécond.
Il faut franchir les étroites limites de notre « moi », d’un tenace égoïsme.
Notre joie, notre grandeur, c’est le don que nous faisons
de nous-mêmes !

La Vierge Marie nous y invite devant ce porche de douleur
sous lequel il faut s’engager pour parcourir le mystère de la Passion.

C’est vers elle, la mère qui a tout connu des souffrances de son fils
que nous nous tournons afin d’en retirer le grand élan purificateur,
la recherche de ce qui plaît toujours à Dieu, sans nous ratatiner
sur nous-mêmes et stériliser nos vies.

Au plus sacré de nous-mêmes, nous entendons retentir la parole de Jésus :
« Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive ! »

Marie sait bien comme nous avons peur de cette ombre de la croix sur notre vie
et comme ce seul mot de souffrance nous épouvante.

Comme une enfant qui s’effraie dans les ténèbres, prenons sa main,
pour qu’elle nous aide à comprendre les leçons austères de la croix.

C’est Marie qui nous a donné l’empreinte, la noblesse du visage de Jésus,
ce miroir où l’homme doit reconnaître sa propre face
défigurée par l’orgueil, cette fausse grandeur qui nie toutes les vraies.

Oui, vraiment, « Dieu soit loué, qui mortifie et qui vivifie ! » (Saint Vincent de Paul) ■

Jean-Daniel Planchot

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LA DOUCEUR DE MARIE

Botticelli - La Vierge et l'Enfant avec deux anges et Jean-Baptiste - vers 1470 - Galleria dell Accademia Florence
Botticelli – La Vierge et l’Enfant avec deux anges et Jean-Baptiste – vers 1470 – Galleria dell Accademia Florence

Notre-Dame, c’est la douceur, la fleur de la charité. Elle participe à cette délicatesse infinie avec laquelle Dieu guide et gouverne toutes choses. Car personne ne désire notre bien, notre sanctification aussi ardemment que Dieu qui n’use ni de dureté, ni de rigidité ou de violence, mais d’une douce force, respectant toujours notre liberté, soutenant nos efforts, attendant notre adhésion à la grâce avec une patience et une douceur infinies.

Ceux qui, dans le combat contre leurs misères, sentent le poids et la peine de la lutte quotidienne, Marie les invite à aller vers Jésus qui a dit : «Venez à moi, vous tous qui peinez sous le fardeau : Je vous soulagerai… Mon joug est doux et mon fardeau léger» (Matthieu 11, 28 et 30). Fervente disciple de son Fils, Marie, depuis des siècles, pratique cette douce charité. Le Sanctuaire de la rue du Bac, comme bien d’autres de par le monde, peut en témoigner.

Comme Jésus, sa charité fraternelle s’épanouit dans cet esprit et adoucit les plaies d’autrui plutôt que de les exaspérer, allège les fardeaux au lieu de les augmenter, facilite et adoucit  l’accomplissement du devoir au lieu de le rendre plus dur. Sa charité pratique cette douceur envers tous, même envers ceux qui sont obstinés, ou lents à correspondre au bien, envers les faibles qui retombent toujours dans les mêmes défauts.

Même si un coeur ne possédait qu’une parcelle de bien, elle l’entoure de soins affectueux, afin qu’elle se développe. Vincent de Paul incitait ses Soeurs à pratiquer la douceur, «à la faire en la vue de Dieu seul et comme la sainte Vierge la fit en allant visiter sainte Elisabeth, c’est-à-dire en toute douceur, en amour, en charité».

Ô Marie, vous qui êtes toute douceur, enseignez-nous la douceur du coeur, la douceur dans nos rapports avec autrui. En voyant Jésus mourir sur la croix, votre coeur était si doux à notre égard et vous nous aimiez si délicatement, alors que nous étions cause de sa mort, aidez-nous à supporter avec douceur les défauts de notre prochain. ■

J.-Daniel Planchot, cm