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Editorial de la lettre aux associés de la Médaille miraculeuse

LA DORMITION DE LA MÈRE DE DIEU

LA DORMITION DE LA MÈRE DE DIEU | DRCélébrée le 15 août, la Dormition de la Mère de Dieu n’est pas dans les Saintes Écritures, mais le récit nous en a été conservé dans la mémoire de l’Église et s’exprime notamment dans les icônes orientales de la fête. Marie y est couchée sur son lit de mort ; le Saint-Esprit a réuni les Apôtres pour l’accompagner. Des anges s’inclinent devant elle, des femmes viennent vénérer son corps. Debout, au centre, derrière la couche mortuaire, Jésus en gloire se dresse lumineux, tenant dans ses bras un enfant. C’est l’âme de sa mère sous la forme d’un nouveau-né dans les langes car elle naît au ciel.

Marie a mis le Fils de Dieu au monde dans sa chair, elle lui a transmis son humanité pour qu’il naisse sur terre. Ce Fils, devenu son fils, la comble en retour de sa divinité pour qu’elle naisse au ciel. Marie est passée de la mort à la vie, elle jouit de la Vie éternelle sans être soumise au Jugement (Jean 5, 24), car la Mère de la Vie n’a pu rester dans la corruption.

Le 15 août, nous fêtons comme une seconde Pâque, la résurrection de celle qui, avant le Jugement dernier, avant la résurrection générale, est dès aujourd’hui unie au Christ. Selon la Tradition, les Apôtres ont même assisté à une seconde Ascension, l’Assomption de Marie dans son corps pour partager la gloire de son Fils.

Ce qui est déjà réalisé en Marie est prévu dans le projet de Dieu pour chacun de nous. A la fin des temps, après le Jugement, nous serons vivants, corps et âmes, devant la Face de Dieu. Saint Paul s’écrie : «Ce qui est semé dans la terre est périssable, ce qui ressuscite est impérissable ; ce qui est semé n’a plus de valeur, ce qui ressuscite est plein de gloire ; ce qui est semé est faible, ce qui ressuscite est puissant ; ce qui est semé est un corps humain, ce qui ressuscite est un corps spirituel.» (1 Corinthiens 15, 42-44) Telle est la visée du Jugement : il débouche sur la Vie éternelle. ■

Jean-Daniel Planchot, cm

C’EST LE MOIS DE MARIE

Sculpture bois polychrome Yves Le Pape | DR

Dans le village de mon enfance, on chantait :

Cest le MOIS DE MARIE, c’est le mois le plus beau ;
à la Vierge chérie, disons un chant nouveau.

Il s’agit du joli mois de mai où la nature s’épanouit, verdoyante et toujours fleurie.

Ornons le sanctuaire de nos plus belles fleurs ;
offrons à notre Mère et nos chants et nos cœurs.

Pensons à ces statues ou à ces tableaux de Marie, environnés de fleurs dont nous désirons sentir le parfum.

Au vallon solitaire, le lis, par sa blancheur,
de cette Vierge Mère nous redit la candeur.

Cette approche poétiquement naïve n’est pas forcément en contradiction avec l’air de notre temps.

De la saison nouvelle, on vante les attraits :
Marie est bien plus belle, plus brillants sont ses traits.

Et nous pouvons rappeler, je crois, combien le monde de Dieu fait appel à nos sens.

Marie s’adresse aux humbles, à Catherine Labouré, à Bernadette Soubirous, aux enfants de La Salette, de Pontmain, de Fatima…

L’aimable violette, cherchant l’obscurité,
de la Vierge reflète la douce humilité.

Sa douce voix se fait entendre, comme une main qui caresse, qui protège et qui soulage.

Vierge, que ta main sème et fasse croître en nous
les vertus dont l’emblème à tes yeux est si doux.

Tout l’Amour est concentré au bout des doigts, comme l’évoquent les rayons de grâces sur la médaille miraculeuse : Amour à bout de sens, dans l’accompagnement du seuil de la vie jusqu’au seuil de la mort, dans la délicatesse du geste le plus simple, soutenu par la force du regard maternel qui pénètre, qui émeut et qui transporte.

La rose épanouie aux premiers feux du jour
nous rappelle, ô Marie, ton maternel amour.

Cette expérience, il faut la vivre et en témoigner encore et encore, comme le fait l’Église, et jusqu’à la fin des temps.

Fais que dans la Patrie nous chantions à jamais,
Sainte Vierge Marie, ta gloire et tes bienfaits.

Cette expérience fait partie de notre quête du sens, spirituel celui-là, dont nous sommes tous mendiants, tout autant du côté du cœur que du côté de l’intelligence. ■

Jean-Daniel Planchot

PASSION DIVINE

Pieta d'après Delacroix Vincent Van Gogh 1853-1890|DRUne semaine difficile vient de se passer, plus difficile, qu’une bourse qui s’affole. Et le résultat est là. Pas brillant ! En suspension ! Elevé entre ciel et terre ! Tout a sombré et la vie vient de quitter ce corps définitivement inanimé aux yeux des hommes, ce corps de condamné, qu’on regarde avec plein de mépris, car il n’a pas réussi, c’est le moins que l’on puisse dire.

Quelques personnes sont là à distance, car on ne permet pas d’approcher les condamnés, cela fait aussi partie du supplice. Parmi elles, pauvre femme entre toutes celles qui voient partir leur enfant dans la mort, une mère qui se tient encore debout, douloureuse, comme nous l’a traduit un chant écrit une bonne douzaine de siècles plus tard : Stabat Mater dolorosa

Aller au séjour des morts, aux enfers, comme on disait, c’est ce qui s’est donc fait. Maintenant le peuple, avec ses chefs, débarrassé de ses canailles, peut tranquillement célébrer sa Pâque, qui évoque le passage antique de la Mer Rouge, aux couleurs du sang récemment répandu. On peut sacrifier l’agneau sans tache. Mais cet Agneau ne vient-il pas d’être déjà sacrifié au crépuscule de la veille ?

N’anticipons pas, il repose actuellement, enseveli à l’écart des autres, dans un tombeau neuf. Il ne peut plus déranger qui que ce soit et même par sécurité on a mis des gardes. On ne sait jamais. Les corps peuvent disparaître et on peut bâtir des contes là-dessus.

Et pourtant, quand la fête est passée, le lendemain, on a bien affaire à une disparition ! Malgré la garde, le tombeau est trouvé vide, tout comme est restée nue cette croix qu’on n’a pas démontée durant le temps de la Pâque et qui porte encore les traces du martyre de la veille.

Mais qui est celui auquel s’adresse Marie Madeleine ? Qui est celui qui chemine sur la route s’éloignant de Jérusalem vers la bourgade d’Emmaüs ? Qui est celui qui apparaît au cénacle et qui invite les disciples à aller en Galilée, traduction du cercle des Nations, sinon le Crucifié, Jésus de Nazareth, marqué de ses plaies témoignant, pour notre humanité, de sa Passion divine ?

Jean-Daniel Planchot, cm

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