Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

Le Pape à l’Église mongole : être petit est une ressource, la foi authentique compte

Le Pape à l’Église mongole :
être petit est une ressource, la foi authentique compte

Dans la cathédrale d’Oulan-Bator, devant la communauté ecclésiale, le pape François retrace les racines chrétiennes de cette terre avec un sens aigu du sacré. Il nous encourage à poursuivre, dans la communion et la simplicité, l’engagement en faveur de la santé, de la promotion culturelle et de la dignité des personnes. Il rassure également les gouvernements : « L’action évangélisatrice de l’Église n’a pas d’agenda politique à poursuivre », mais connaît seulement « la puissance désarmée et désarmante du Ressuscité ».

RENCONTRE AVEC LES ÉVÊQUES, LES PRÊTRES, LES MISSIONNAIRES,
LES PERSONNES CONSACRÉES ET LES AGENTS PASTORAUX

DISCOURS DU SAINT-PÈRE

Cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul (Oulan-Bator)
Samedi 2 septembre 2023

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Chers frères et sœurs, bon après-midi !

Merci, Excellence, pour vos paroles, merci à Sœur Salvia, à l’abbé Peter Sanjaajav et à Rufina pour vos témoignages, merci à vous tous pour votre présence et votre foi ! Je suis heureux de vous rencontrer. La joie de l’Évangile est la raison qui vous a poussés, hommes et femmes consacrés dans la vie religieuse et dans le ministère ordonné, à être ici et à vous dévouer, avec vos sœurs et vos frères laïcs, au Seigneur et aux autres. Je bénis Dieu pour cela. Je le fais à travers une belle prière de louange, le Psaume 34, duquel je m’inspire pour partager quelques réflexions avec vous. Il dit : « Goûtez et voyez : le Seigneur est bon » (v. 9).

Goûter et voir, parce que la joie et la bonté du Seigneur ne sont pas quelque chose de passager, mais demeurent à l’intérieur, donnent du goût à la vie et font voir les choses d’une manière nouvelle ; comme tu nous l’as dit, Rufina, dans ton beau témoignage. Je voudrais donc savourer le goût de la foi sur cette terre en me rappelant avant tout d’histoires et de visages, de vies dépensées pour l’Évangile. Dépenser sa vie pour l’Évangile : c’est une belle définition de la vocation missionnaire du chrétien, et en particulier de la manière dont les chrétiens la vivent ici. Dépenser sa vie pour l’Évangile !

Les anciennes racines de la foi « murmurée » en Mongolie

Je me souviens ensuite de l’évêque Wenceslao Selga Padilla, premier Préfet Apostolique, pionnier de la phase contemporaine de l’Église en Mongolie et bâtisseur de cette cathédrale. Ici, toutefois, la foi ne remonte pas seulement aux années quatre-vingt-dix du siècle dernier, mais elle a des racines très anciennes. Aux expériences du premier millénaire, marquées par le mouvement évangélisateur de tradition syriaque, répandu le long de la route de la soie, a succédé un travail missionnaire considérable : comment ne pas rappeler les missions diplomatiques du XIIIe siècle, mais aussi la sollicitude apostolique manifestée par la nomination, vers 1310, de Jean de Montecorvino comme premier évêque de Khān Bālīq, et donc responsable de cette vaste région du monde sous la dynastie mongole Yuan ? C’est justement lui qui a fourni la première traduction mongole du Livre des Psaumes et du Nouveau Testament. Eh bien, cette grande histoire de passion pour l’Évangile a repris de façon extraordinaire en 1992 avec l’arrivée des premiers missionnaires de la Congrégation du Cœur Immaculé de Marie, auxquels se sont joints des représentants d’autres instituts, du clergé diocésain et des volontaires laïcs. Parmi eux tous, je voudrais rappeler l’actif et zélé Père Stephano Kim Seong-hyeon. Et souvenons-nous de tant de fidèles serviteurs de l’Évangile en Mongolie, qui sont ici avec nous en ce moment et qui, après avoir dépensé leur vie pour le Christ, voient et goûtent les merveilles que sa bonté continue d’opérer en vous et par vous. Merci.

Mais pourquoi dépenser sa vie pour l’Évangile ? C’est une question que je vous pose. Comme le disait Rufina, la vie chrétienne avance en posant des questions, comme les enfants qui demandent toujours de nouvelles choses, parce qu’ils ne comprennent pas tout à l’âge des pourquoi. Et la vie chrétienne s’approche du Seigneur et pose toujours des questions, pour mieux comprendre le Seigneur, pour mieux comprendre son message. Dépenser la vie pour l’Évangile parce qu’on a goûté (cf. Ps 34) ce Dieu qui s’est rendu visible, tangible, accessible en Jésus. Oui, c’est Lui la bonne nouvelle destinée à tous les peuples, l’annonce que l’Église ne peut cesser d’apporter, en l’incarnant dans la vie et “en le murmurant” au cœur des individus et des cultures. Le langage de Dieu, tant de fois, est un murmure lent, qui prend son temps ; Il parle ainsi. Cette expérience de l’amour de Dieu dans le Christ est une lumière pure qui transfigure le visage et le rend lumineux à son tour. Frères et sœurs, la vie chrétienne naît de la contemplation de ce visage, c’est une question d’amour, de rencontre quotidienne avec le Seigneur dans la Parole et dans le Pain de Vie, et dans le visage de l’autre, dans les nécessiteux en qui Jésus est présent. Tu nous l’as rappelé, Sœur Salvia, avec ton témoignage, merci ! Cela fait plus de 20 ans que tu es ici et tu as appris à dialoguer avec ce peuple : merci.

Durant ces trente un an de présence en Mongolie, vous, chers prêtres, consacrés et agents pastoraux, vous avez donné vie à une grande variété d’initiatives caritatives, qui absorbent la plus grande partie de vos énergies et reflètent le visage miséricordieux du Christ Bon Samaritain. Elles sont votre carte de visite qui vous a rendus respectés et estimés pour les nombreux bienfaits que vous avez apportés à tant de personnes dans différents domaines : de l’assistance à l’éducation, en passant par les soins de santé et la promotion culturelle. Je vous encourage à poursuivre sur cette voie féconde et bénéfique pour le bien-aimé peuple mongol. Des Gestes d’amour et des gestes de charité.

Sans regarder le Seigneur,lassitude et frustration

En même temps, je vous invite à goûter et à voir le Seigneur – goûter et voir le Seigneur –, je vous invite à revenir toujours à ce regard originel d’où tout est né. Sans lui, en effet, les forces s’épuisent et l’engagement pastoral risque de devenir une prestation de services stérile, dans une succession d’actions dues, qui finissent par ne plus rien transmettre d’autre que lassitude et frustration. Au contraire, en restant en contact avec le visage du Christ, en le scrutant dans les Écritures et en le contemplant dans un silence d’adoration – dans un silence d’adoration – devant le tabernacle, vous le reconnaîtrez sur les visages de ceux que vous servez et vous vous sentirez transportés par une joie intime qui, même dans les difficultés, laisse la paix au cœur. C’est de cela que nous avons besoin, aujourd’hui et toujours : non pas de personnes occupées et distraites qui réalisent des projets, au risque parfois de paraître amères face à une vie qui n’est certainement pas facile, non : le chrétien est celui qui est capable d’adorer, d’adorer en silence. Et puis, de cette adoration naît l’activité. Mais n’oubliez pas l’adoration.

Nous avons perdu la capacité d’adorer

Nous avons un peu perdu le sens de l’adoration en ce siècle pragmatique : n’oubliez pas d’adorer et, de l’adoration, de faire les choses. Il faut revenir à la source, au visage de Jésus, à sa présence à savourer : c’est Lui notre trésor (cf. Mt 13, 44), la perle précieuse pour laquelle il vaut la peine de tout dépenser (cf. Mt 13, 45-46). Les frères et sœurs de Mongolie qui ont un sens prononcé du sacré et – comme c’est typiquement le cas sur le continent asiatique – une histoire religieuse riche et articulée, attendent de vous ce témoignage et savent en reconnaître l’authenticité. C’est un témoignage que vous devez donner, parce que l’Évangile ne croît pas par le prosélytisme, l’Évangile croît par le témoignage.

Les gouvernements ne craignent pas l’évangélisation

Le Seigneur Jésus, en envoyant les siens dans le monde, ne les a pas envoyés pour propager une pensée politique, mais pour témoigner par leur vie de la nouveauté de la relation avec son Père, devenu “notre Père” (cf. Jn 20, 17), déclenchant ainsi une fraternité concrète avec chaque peuple. L’Église, qui naît de ce mandat, est une Église pauvre, qui ne repose que sur une foi authentique, sur la puissance désarmante et désarmée du Ressuscité, capable de soulager les souffrances de l’humanité blessée. Voilà pourquoi les gouvernements et les institutions séculières n’ont rien à craindre de l’action évangélisatrice de l’Église, parce que celle-ci n’a pas d’agenda politique à poursuivre, mais ne connaît que la force humble de la grâce de Dieu et d’une Parole de miséricorde et de vérité, capable de promouvoir le bien de tous.

L’évêque n’est pas un manager

Pour accomplir cette mission, le Christ a doté son Église d’une structure qui rappelle l’harmonie qui existe entre les différents membres du corps humain : Il en est la Tête, c’est-à-dire la tête qui continue à la guider, en répandant dans le Corps, c’est-à-dire en nous, son propre Esprit, opérant surtout dans ces signes de vie nouvelle que sont les sacrements. Pour en garantir l’authenticité et l’efficacité, il a institué l’ordre sacerdotal, marqué par une association intime avec Lui, avec Lui qui est le Bon Pasteur qui donne sa vie pour son troupeau. Toi aussi, abbé Peter, tu as été appelé à cette mission : merci d’avoir partagé ton expérience avec nous. Ainsi, même le saint Peuple de Dieu qui est en Mongolie possède la plénitude des dons spirituels. Et dans cette perspective, je vous invite à voir dans l’évêque non pas un gestionnaire, mais l’image vivante du Christ Bon Pasteur qui rassemble et qui guide son peuple ; un disciple comblé du charisme apostolique pour édifier votre fraternité dans le Christ et l’enraciner toujours plus dans cette nation à la noble identité culturelle. Le fait que votre évêque soit un Cardinal se veut ainsi une expression supplémentaire de proximité : vous tous, éloignés seulement physiquement, vous êtes très proches du cœur de Pierre ; et toute l’Église est proche de vous, de votre communauté, qui est vraiment catholique, c’est-à-dire universelle, et qui attire la sympathie de tous vos frères et sœurs dispersés dans le monde entier vers la Mongolie, dans une grande communion ecclésiale.

Et j’insiste sur ce mot : communion. L’Église ne se comprend pas sur la base d’un critère purement fonctionnel : non, l’Église n’est pas une entreprise fonctionnelle, l’Église ne grandit pas par prosélytisme, comme je l’ai dit. L’Église est une autre chose. Le mot “communion” nous explique bien ce qu’est l’Église. Dans ce corps de l’Église, l’évêque n’agit pas comme modérateur des différentes composantes en s’appuyant éventuellement sur le principe de la majorité, mais en vertu d’un principe spirituel, selon lequel Jésus Lui-même se rend présent en la personne de l’évêque pour assurer la communion dans son Corps mystique. En d’autres termes, l’unité de l’Église n’est pas une question d’ordre ni de respect, ni une bonne stratégie pour “faire équipe” ; c’est une question de foi et d’amour envers le Seigneur, c’est une fidélité à Lui. C’est pourquoi il est important que toutes les composantes ecclésiales s’unissent autour de l’évêque, qui représente le Christ vivant au milieu de son peuple, en construisant cette communion synodale qui est déjà une annonce et qui aide tant à inculturer la foi.

Goûtez et voyez le don que vous êtes, toute l’Église est proche de vous

Très chers missionnaires, goûtez et voyez le don que vous êtes, goûtez et voyez la beauté de vous donner entièrement au Christ qui vous a appelés à témoigner de son amour précisément ici en Mongolie. Continuez à le faire en cultivant la communion. Réalisez-le dans la simplicité d’une vie sobre, à l’imitation du Seigneur, qui est entré à Jérusalem sur le dos d’un âne et qui fut même dépouillé de ses vêtements sur la croix. Soyez toujours proches des personnes, avec cette proximité qui est l’attitude de Dieu : Dieu est proche, compatissant et tendre – proximité, compassion et tendresse. Soyez ainsi avec les personnes, en prenant soin d’eux personnellement, en apprenant leur langue, en respectant et en aimant leur culture, en ne vous laissant pas tenter par des certitudes mondaines, mais en demeurant fermes dans l’Évangile à travers une rectitude exemplaire de vie spirituelle et morale. Simplicité et proximité, donc, sans vous lasser d’apporter à Jésus les visages et les histoires que vous rencontrez, les problèmes et les préoccupations, en consacrant du temps à la prière quotidienne qui vous permet de vous tenir debout dans les fatigues du service et de puiser en « Dieu de qui vient tout réconfort » (2 Co 1, 3), l’espérance à déverser dans les cœurs de ceux qui souffrent.

Frères et sœurs, près du Seigneur, en effet, une certitude se renforce en nous, comme nous le révèle toujours le Psaume 34 : « Rien ne manque à ceux qui le craignent. […] qui cherche le Seigneur ne manquera d’aucun bien » (v. 10-11). Certes, les déséquilibres et les contradictions de la vie affectent aussi les croyants, et les évangélisateurs ne sont pas exemptés de ce poids d’inquiétude qui est propre à la condition humaine : le psalmiste ne craint pas de parler de la malice et des malfaiteurs, mais il rappelle que le Seigneur, devant le cri des humbles, « les délivre de toutes leurs angoisses », parce que « il est proche du cœur brisé » et que « il sauve l’esprit abattu » (vv. 18-19). C’est pourquoi l’Église se présente au monde comme une voix solidaire de tous les pauvres et de tous les nécessiteux, elle ne se tait pas face aux injustices et, avec douceur, elle s’engage à promouvoir la dignité de tout être humain.

Chers amis, sur ce chemin de disciples-missionnaires, vous avez un soutien sûr : notre Mère céleste, qui – cela m’a beaucoup plu de le découvrir ! – a voulu vous donner un signe tangible de sa présence discrète et bienveillante en permettant qu’une effigie d’elle soit retrouvée dans une décharge. Cette belle statue de l’Immaculée Conception est apparue dans un dépotoir : sans tache, préservée de tout péché, elle a voulu se faire proche au point d’être mêlée aux déchets de la société, de sorte que la pureté de la sainte Mère de Dieu, la Mère du Ciel, a émergé de la saleté des ordures. J’ai appris l’intéressante tradition mongole de la suun dalai ijii, la mère au cœur aussi grand qu’un océan de lait.Si, dans le récit de l’Histoire secrète des Mongols, une lumière descendue à travers l’ouverture supérieure de la ger féconde la mythique reine Alungoo, vous pouvez contempler dans la maternité de la Vierge Marie l’action de la lumière divine qui d’en haut accompagne chaque jour les avancées de votre Église.

Avoir confiance dans la « petitesse » de Marie, notre Mère

En levant les yeux vers Marie, soyez donc rassurés, en voyant que la petitesse n’est pas un problème, mais un atout. Oui, Dieu aime la petitesse et aime accomplir de grandes choses à travers la petitesse, comme en témoigne Marie (cf. Lc 1, 48-49). Frères et sœurs, n’ayez pas peur du petit nombre, des succès qui tardent, de la valeur qui ne se manifeste pas. Ce n’est pas la voie de Dieu. Regardons Marie qui, dans sa petitesse, est plus grande que les cieux, parce qu’elle a accueilli en elle Celui que les cieux et les hauteurs des cieux ne peuvent contenir (cf. 1 R 8, 27). Frères et sœurs, confions-nous à elle, en lui demandant un zèle renouvelé, un amour ardent qui ne se lasse pas de témoigner joyeusement de l’Évangile. Et allez de l’avant, courageux, ne vous fatiguez pas d’aller de l’avant. Merci beaucoup pour votre témoignage. Lui, le Seigneur, vous a choisis et croit en vous ; je suis avec vous et de tout mon cœur je vous dis : merci ; merci pour votre témoignage, merci pour votre vie dépensée pour l’Évangile. Continuez ainsi, constants dans la prière, continuez créatifs dans la charité, continuez inébranlables dans la communion, joyeux et doux en tout et avec tous. Je vous bénis de tout cœur et je vous garde dans mes pensées. Et vous, s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi.


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Le Christ n’est pas du passé, il est vivant et marche avec nous

Le Christ n’est pas du passé, il est vivant et marche avec nous

Lors de sa catéchèse avant la prière de l’Angélus, dimanche 27 août, le Pape François ,depuis la fenêtre du palais apostolique, a parlé de la présence du Christ dans la vie d’aujourd’hui, non pas comme un personnage de l’Histoire mais comme «le Dieu du présent».

 

LE PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint-Pierre
dimanche 27 août 2023

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Chers frères et sœurs, bonjour !

Aujourd’hui, dans l’Évangile (cf. Mt 16, 13-20), Jésus pose une bonne question à ses disciples : « Qui est, dit-on, le Fils de l’homme ? » (v. 13).

C’est une question que nous pouvons nous aussi nous poser : que disent les gens de Jésus ? Des choses généralement belles : beaucoup le voient comme un grand maître, comme une personne spéciale : bonne, juste, cohérente, courageuse… Mais est-ce suffisant pour comprendre qui il est, et surtout est-ce suffisant pour Jésus ? Il semble que non.

S’il n’était qu’un personnage du passé – comme les personnages mentionnés dans le même Évangile l’étaient pour les gens de l’époque, Jean-Baptiste, Moïse, Élie et les grands prophètes – ce ne serait qu’un beau souvenir d’une époque qui était . Et cela ne fonctionne pas pour Jésus.

C’est pourquoi, immédiatement après, le Seigneur pose à ses disciples la question décisive : « Mais vous, vous ! -, D’après vous, pour qui je suis ? » (v. 15). Qui suis-je pour toi maintenant ? Jésus ne veut pas être un protagoniste de l’histoire, mais il veut être un protagoniste de votre aujourd’hui, de mon aujourd’hui ; pas un prophète lointain : Jésus veut être le Dieu proche !

Le Christ, frères et sœurs, n’est pas une mémoire du passé, mais le Dieu du présent. S’il n’était qu’un personnage historique, il serait impossible de l’imiter aujourd’hui : on se retrouverait face au grand fossé de l’époque et surtout face à son modèle, qui est comme une montagne très haute et inaccessible ; désireux de l’escalader, mais manquant des compétences et des moyens nécessaires.

Au contraire, Jésus est vivant : rappelons-le, Jésus est vivant, Jésus vit dans l’Église, il vit dans le monde, Jésus nous accompagne, Jésus est à nos côtés, il nous offre sa Parole, il nous offre sa grâce, qui nous éclaire et nous ressource dans notre voyage : Lui, guide expert et avisé, se fait un plaisir de nous accompagner sur les chemins les plus difficiles et sur les ascensions les plus imperméables.

Chers frères et sœurs, sur le chemin de la vie, nous ne sommes pas seuls, car le Christ est avec nous, le Christ nous aide à marcher, comme il l’a fait avec Pierre et avec les autres disciples.

Pierre lui-même, dans l’Évangile d’aujourd’hui, comprend cela et reconnaît par grâce en Jésus « le Christ, le Fils du Dieu vivant » (v. 16) : « Tu es le Christ, tu es le Fils du Dieu vivant », dit Pierre. ; ce n’est pas un personnage du passé, mais le Christ, c’est-à-dire le Messie attendu ; non pas un héros décédé, mais le Fils vivant de Dieu, fait homme et venu partager les joies et les difficultés de notre voyage.

Ne nous décourageons pas si parfois le sommet de la vie chrétienne nous paraît trop élevé et le chemin trop escarpé. Nous regardons toujours vers Jésus ; regardons vers Jésus qui marche à nos côtés, qui accueille nos fragilités, partage nos efforts et pose son bras ferme et doux sur nos faibles épaules.

Lui proche, tendons-nous aussi la main les uns aux autres et renouvelons notre confiance : avec Jésus ce qui semble impossible seul ne l’est plus, avec Jésus nous pouvons avancer !

Aujourd’hui, cela nous fera du bien de répéter la question décisive qui sort de sa bouche : « Selon vous, qui suis-je ? (voir v. 15). Toi – Jésus te dit – toi, qui dis-tu que je suis ? Nous entendons la voix de Jésus nous le demandant.

Autrement dit : qui est Jésus pour moi ? Un grand personnage, une référence, un modèle inaccessible ? Ou est-ce le Fils Dieu, qui marche à mes côtés, qui peut m’emmener au sommet de la sainteté, là où je ne peux pas atteindre seul ? Jésus vit-il vraiment dans ma vie, Jésus vit-il avec moi ?

Est-ce mon Seigneur ? Est-ce que je compte sur Lui dans les moments difficiles ? Est-ce que je cultive sa présence à travers la Parole, à travers les sacrements ? Est-ce que je me laisse guider par lui, avec mes frères et sœurs, dans la communauté ?

Marie, Mère du chemin, aide-nous à sentir ton Fils vivant et présent à nos côtés.

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Après l’Angélus

Chers frères et sœurs !

Jeudi je partirai pour un voyage de quelques jours au cœur de l’Asie, en Mongolie. C’est une visite très désirée, qui sera l’occasion d’embrasser une Église petite en nombre mais vivante dans la foi et grande dans la charité ; et aussi de rencontrer de près un peuple noble, sage et de grande tradition religieuse que j’aurai l’honneur de connaître, notamment dans le cadre d’un événement interreligieux.

Je voudrais maintenant m’adresser à vous, frères et sœurs de Mongolie, pour vous dire que je suis heureux de voyager pour être parmi vous comme frère de tous. Je remercie vos autorités pour leur aimable invitation et tous ceux qui préparent ma venue avec un grand engagement. Je demande à chacun d’accompagner cette visite par la prière.

Je vous assure de mon souvenir dans mes prières pour les victimes des incendies qui ont éclaté ces jours-ci dans le nord-est de la Grèce et j’exprime ma solidarité avec le peuple grec. Et nous restons aussi toujours proches du peuple ukrainien, qui souffre et souffre beaucoup de la guerre : n’oublions pas l’Ukraine !

Je vous salue tous, Romains et pèlerins d’Italie et de nombreux pays.

Aujourd’hui, nous nous souvenons de sainte Monique, mère de saint Augustin : avec ses prières et ses larmes, elle a demandé au Seigneur la conversion de son fils ; femme forte, femme bonne ! Prions pour les nombreuses mères qui souffrent lorsque leurs enfants sont un peu perdus ou se trouvent sur des chemins difficiles dans la vie.

Et je vous souhaite à tous un bon dimanche. S’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir !


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Les sanctuaires marials, des oasis de consolation

Les sanctuaires marials, des oasis de consolation

Durant sa catéchèse lors de l’audience générale du mercredi 23 juin, le Pape François  a parlé de la figure de saint Juan Diego, à qui la Vierge est apparu à Guadalupe, pour rappeler l’importance de la persévérance dans l’annonce, à l’écoute de la Mère de Dieu. Les sanctuaires marials sont des lieux où la foi s’exprime dans un langage maternel.

 

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI
Mercredi 23 août 2023

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Résumé de la catéchèse

Chers frères et sœurs,

nous poursuivons notre découverte de la passion pour l’annonce de l’Évangile en portant notre regard sur la Guadeloupe où la Vierge est apparue, habillée de vêtements des autochtones. À travers Marie, Dieu continue à s’incarner dans la vie des peuples. Elle annonce Dieu dans la langue maternelle de ces personnes.

Dans ses diverses apparitions, la Vierge a toujours choisi des personnes simples et parle à chacun dans un langage qui lui est compréhensible. Saint Juan Diego, messager de la Vierge de Guadeloupe, était une personne humble sur qui s’est posé le regard de Dieu. Il vit sur une colline la Mère de Dieu. Elle l’appela et l’envoya auprès de l’évêque pour demander la construction d’un temple sur le lieu de l’apparition.

Après plusieurs tentatives auprès de l’évêque, qui restait incrédule, saint Juan Diego se découragea. Mais consolé par la Vierge, il retourna auprès de l’évêque et celui-ci exigea un signe. Comme preuve, la Vierge demanda à saint Juan Diego d’apporter des fleurs à l’évêque.

L’image de la Vierge apparut sur le tissu du manteau dans lequel il avait emballé les fleurs. Ainsi le sanctuaire fut construit et saint Juan Diego se consacra à son service, en accueillant et en évangélisant les pèlerins.

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Catéchèse.
La passion pour l’évangélisation : le zèle apostolique du croyant.
18. L’annonce dans la langue maternelle : San Juan Diego, messager de la Vierge de Guadalupe

Chers frères et sœurs, bonjour !

Dans notre chemin pour redécouvrir la passion pour l’annonce de l’Évangile, pour voir comment le zèle apostolique, cette passion pour l’annonce de l’Évangile s’est développée dans l’histoire de l’Église – dans ce chemin nous regardons aujourd’hui vers les Amériques. Ici, l’évangélisation a une source toujours vivante : Guadalupe. C’est une source vivante. Les Mexicains sont contents

Bien sûr, l’Évangile vous était déjà parvenu avant ces apparitions, mais malheureusement il avait aussi été accompagné d’intérêts mondains. Au lieu de la voie de l’inculturation, on a choisi trop souvent la voie hâtive de la transplantation et de l’imposition de modèles préétablis, européens par exemple, au mépris des populations indigènes.

La Vierge de Guadalupe, quant à elle, apparaît vêtue des vêtements des indigènes, parle leur langue, accueille et aime la culture du lieu : Marie est la Mère et sous son manteau chaque enfant trouve une place. En elle, Dieu s’est fait chair et, à travers Marie, continue de s’incarner dans la vie des peuples. En effet, Notre-Dame annonce Dieu dans la langue la plus appropriée, c’est-à-dire la langue maternelle.

Et à nous aussi, Notre-Dame parle dans sa langue maternelle, celle que nous comprenons bien. L’Évangile est transmis dans la langue maternelle. Et je voudrais dire merci aux nombreuses mères et grands-mères qui la transmettent à leurs enfants et petits-enfants : la foi passe avec la vie, c’est pourquoi les mères et les grand-mères sont les premiers hérauts. Applaudissements aux mères et grands-mères !

Et l’Évangile se communique, comme Marie le montre, dans la simplicité : Notre-Dame choisit toujours les simples, sur la colline de Tepeyac au Mexique comme à Lourdes et à Fatima : en leur parlant, elle parle à chacun, avec un langage qui convient à tous, avec un langage compréhensible, comme celui de Jésus.

Arrêtons-nous ensuite sur le témoignage de San Juan Diego, qui est le messager, c’est le garçon, c’est l’indigène qui a reçu la révélation de Marie : le messager de Notre-Dame de Guadalupe. C’était un homme humble, un Indien du peuple : le regard de Dieu se pose sur lui, qui aime faire des merveilles à travers les petits. Juan Diego était déjà devenu adulte et marié.

En décembre 1531, il avait environ 55 ans. Alors qu’il est en chemin, il voit sur une colline la Mère de Dieu, qui l’appelle tendrement, et comment la Madone l’appelle-t-elle ? « mon petit fils bien-aimé Juanito » (Nican Mopohua, 23 ans). Puis il l’envoie à l’évêque pour lui demander de construire un temple là où il était apparu.

Juan Diego, simple et disponible, y va avec la générosité de son cœur pur, mais il lui faudra attendre longtemps. Finalement, il parle à l’évêque, mais on ne le croit pas. Parfois, nous les évêques… Il rencontre à nouveau Notre-Dame, qui le console et lui demande de réessayer.

L’Indien revient chez l’évêque et le rencontre avec beaucoup de difficulté, mais celui-ci, après l’avoir écouté, le congédie et envoie des hommes pour le suivre. Voilà l’effort, la preuve de l’annonce : malgré le zèle, l’inattendu arrive, parfois de l’Église elle-même.

En effet, pour le proclamer, il ne suffit pas de témoigner du bien, il faut savoir supporter le mal. N’oublions pas ceci : il est très important pour annoncer l’Évangile, il ne suffit pas de témoigner du bien, mais il faut pouvoir supporter le mal. Un chrétien fait le bien, mais il supporte le mal. Les deux vont de pair, c’est la vie.

Aujourd’hui encore, en bien des lieux, pour inculturer l’Évangile et évangéliser les cultures, il faut de la persévérance et de la patience, il faut ne pas craindre les conflits, ne pas se décourager. Je pense à un pays où les chrétiens sont persécutés parce qu’ils sont chrétiens et ne peuvent pas pratiquer correctement et en paix leur religion.

Juan Diego, découragé parce que l’évêque le retardait, demande à Notre-Dame de le dispenser et de nommer quelqu’un de plus estimé et plus capable que lui, mais il est invité à persévérer. Il y a toujours le risque d’une certaine cession dans l’annonce : quelque chose ne va pas et on recule, on se décourage et on se réfugie peut-être dans ses propres certitudes, dans de petits groupes et dans certaines dévotions intimes.

La Vierge, au contraire, tout en nous réconfortant, nous soutient et nous fait ainsi grandir, comme une bonne mère qui, tout en suivant les traces de son fils, le lance dans les défis du monde.

Juan Diego, ainsi encouragé, revient vers l’évêque qui lui demande un signe. Notre-Dame le lui promet, et le réconforte par ces paroles : « Ne dérange pas ton visage, ton cœur : […] Ne suis-je pas là, qui suis ta mère ? (ibid., 118-119) C’est beau, Notre-Dame bien des fois, lorsque nous sommes dans la désolation, dans la tristesse, dans la difficulté, elle nous le dit aussi, dans le cœur : « Ne suis-je pas là, qui suis ta mère ?  »

Toujours proche pour nous consoler et nous donner la force de continuer. Puis elle lui demande d’aller au sommet sec de la colline pour cueillir des fleurs. C’est l’hiver mais, malgré cela, Juan Diego en trouve de belles, les met dans son manteau et les offre à la Mère de Dieu, qui l’invite à les apporter à l’évêque comme preuve.

Il s’en va, attend patiemment son tour et enfin, en présence de l’évêque, ouvre sa tilma – ce que les indigènes utilisaient pour se couvrir – il ouvre sa tilma en montrant les fleurs et voici : sur le tissu du manteau apparaît l’image de la Madone, l’extraordinaire et vivante que l’on connaît, dans les yeux de laquelle les protagonistes de cette époque sont encore imprimés.

Voici la surprise de Dieu : quand il y a disponibilité, quand il y a obéissance, Il peut faire quelque chose d’inattendu, à des moments et de manière que nous ne pouvons pas prévoir. C’est ainsi qu’a été construit le sanctuaire demandé par la Vierge et qu’on peut aujourd’hui visiter.

Juan Diego abandonne tout et, avec la permission de l’évêque, consacre sa vie au sanctuaire. Elle accueille les pèlerins et les évangélise. C’est ce qui se passe dans les sanctuaires mariaux, lieux de pèlerinage et lieux d’annonce, où chacun se sent chez soi – parce que c’est la maison de la mère, c’est la maison de la mère – et ressent le mal du pays, c’est-à-dire la nostalgie du lieu où est la Mère, Paradis.

Là, la foi est accueillie de manière simple, la foi est accueillie de manière authentique, de manière populaire, et Notre-Dame, comme elle le disait à Juan Diego, entend nos larmes et guérit nos souffrances (cf. ibid., 32). Nous apprenons ceci : quand il y a des difficultés dans la vie, nous allons vers la Mère ; et quand la vie est heureuse, nous allons vers Mère et partageons cela aussi.

Il faut aller vers ces oasis de consolation et de miséricorde, où la foi s’exprime dans la langue maternelle ; où les difficultés de la vie sont déposées dans les bras de la Madone et où l’on revient à la vie avec la paix du cœur, peut-être avec la paix des enfants.

Salutations

Je salue cordialement les personnes de langue française, particulièrement les pèlerins venus du Burkina Faso. Frères et sœurs, apprenons à fréquenter les sanctuaires marials où, dans un langage maternel, nous déposerons les difficultés de la vie dans les mains de la Vierge Marie. Elle nous consolera et nous aidera à retrouver la paix du cœur. Que Dieu vous bénisse !

J’adresse maintenant une pensée aux jeunes, aux malades, aux personnes âgées et aux jeunes mariés. Que l’exemple de l’apôtre Saint Barthélemy, dont nous célébrerons la fête demain, vous aide à être des témoins sincères de Jésus et à supporter avec foi la souffrance, en pensant à celles souffertes par les apôtres de l’Évangile.

Nous confions également la chère Ukraine, si durement éprouvée par la guerre, à l’intercession de Saint-Barthélemy. Frères et sœurs, prions pour nos frères et sœurs ukrainiens : ils souffrent tant. La guerre est cruelle ! Tant d’enfants disparus, tant de morts. Prions, s’il vous plaît ! N’oublions pas l’Ukraine meurtrie. Aujourd’hui est une date importante pour leur pays.

À vous tous, ma bénédiction.


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