Voici un beau texte sur Marie devenant Mère de Dieu, de Nicolas Cabasilas, cet émouvant théologien qui fut comme le chant du cygne de Byzance, disparue avec toute une partie de la chrétienté. au milieu du XVe siècle.
S’il fallut jamais que l’homme se réjouît et dansât et chantât de joie, s’il y eut un instant que l’on doive célébrer avec grandeur et éclat, s’il faut pour cela demander la hauteur de l’esprit, la beauté du discours et l’élan des paroles, je n’en connais pas d’autre que ce jour où un ange vint du ciel annoncer [à Marie] tout bien à la terre.
Maintenant le ciel est en fête, maintenant resplendit la terre, maintenant la création tout entière se réjouit et celui-là même qui tient les cieux en sa main n’est pas absent de la fête – car ce qui a lieu aujourd’hui est bien une panégyrie, une célébration universelle.
Tous s’y rassemblent en une figure unique, en une même joie, dans ce même bonheur qui survient pour tous : et pour le Créateur, et pour toutes ses créatures et pour la mère elle-même du Créateur, celle qui a fait de lui un participant de notre nature, de nos assemblées et de nos fêtes. […]
La Vierge s’offrit d’elle-même et fut l’ouvrière de ce qui attira l’artisan vers la terre et mit en mouvement sa main créatrice. Qu’est-ce donc ? Ce furent sa vie toute-pure, le renoncement à tout péché, l’exercice de toute vertu, l’âme plus pure que la lumière, le corps en tout spirituel, plus lumineux que le soleil, plus pur que le ciel, plus saint que le trône des chérubins ; un envol de l’esprit ne craignant aucune hauteur, surpassant même les ailes des anges ;
un désir de Dieu anéantissant tout emportement de l’âme ; une prise de possession par Dieu, une intimité avec Dieu excluant toute pensée créée. Ayant orné son âme et son corps de tant de beauté, elle attira le regard de Dieu et révéla la beauté de notre commune nature par sa propre beauté ; elle a ainsi attiré l’impassible, et celui que l’homme avait rebuté par le péché est devenu Homme par la Vierge. […]
Lorsque vint le moment où parut celui qui apportait l’annonce, elle crut, fit confiance et accepta le service. Car c’est cela qui était nécessaire, et il le fallait en tout cas pour notre salut. Si en effet elle n’en avait pas été capable, la Bienheureuse n’aurait pu voir la bienveillance de Dieu pour l’homme, car il n’aurait pas désiré descendre sans qu’il y eût quelqu’un pour le recevoir, quelqu’un qui fût capable de servir l’économie du salut – et la volonté de Dieu sur nous n’aurait pas pu passer en acte si la Vierge n’avait pas cru et acquiescé.
Et la preuve en est que Gabriel s’est réjoui lorsque, s’adressant à elle et l’appelant pleine de grâce, il lui expliqua tout le mystère (Lc 1,26-33). Mais Dieu ne descendit pas sans que la Vierge eût demandé à savoir de quelle manière elle enfanterait. Dès qu’il l’eut persuadée, dès qu’elle eut accepté la requête, tout l’œuvre se réalisa aussitôt : Dieu revêtit l’homme et la Vierge devint Mère de son Créateur.
Si la Toute-Pure a observé devant Dieu tout ce qu’il faut observer, si elle s’est montrée aussi sainte comme homme sans rien omettre de ce qui se doit, comment n’eût-elle pas convenu à Dieu ? Et si rien n’a échappé à la Vierge de ce qui pouvait la désigner comme Mère de Dieu, si elle en a conçu un ardent amour pour lui, encore plus Dieu devait-il observer le juste retour et devenir son Fils. lui qui donne aux princes méchants selon leur cœur, comment n’aurait-il pas pris comme mère celle qui s’était montrée en tout selon son désir ?
C’est ainsi que ce don fut approprié et convenable en tout pour la Bienheureuse. C’est pourquoi, pour lui annoncer clairement qu’elle allait enfanter Dieu, Gabriel lui dit : Il régnera pour les siècles sur la maison de Jacob et son règne n’aura pas de fin (Lc 1,33). Comme si ce qu’elle venait d’apprendre n’était ni étrange ni inhabituel, elle reçut cette annonce avec joie. Et d’une voix bienheureuse, l’âme exempte de trouble et dans le calme des pensées, elle répond : Voici la servante du Seigneur, qu’il m’advienne selon ta parole ! (Lc 1,38).
Tels furent ses mots, et la réalité suivit : Et le Verbe est devenu chair, et il a fait son habitation en nous (Jn 1,14). Ayant donné sa réponse à Dieu, elle en reçut l’Esprit, artisan de cette chair consubstantielle à Dieu. Sa voix fut une voix puissante, comme le dit David (cf. Ps 67,34), et le Verbe du Père fut formé par le verbe d’une mère, le Créateur par la voix d’une créature.
Et de même que Dieu dit : Que la lumière soit !, et aussitôt la lumière fut (Gn 1,3), de même la vraie lumière se leva à la voix de la Vierge, et Il s’unit à la chair et fut enfanté, Celui qui illumine tout homme venant en ce monde (Jn 1, 9).
Ô voix sainte ! Ô majesté de tes paroles puissantes ! Ô bouche bienheureuse rassemblant de l’exil l’univers entier ! Ô trésor de ce cœur qui déverse en quelques mots sur nous l’abondance de ses biens ! Ces mots ont transformé la terre en ciel et vidé l’enfer de ses prisonniers, ils ont fait du ciel l’habitation des hommes, des anges leurs compagnons, ils ont fondu en un seul chœur la race des cieux et celle de la terre.
Quelle action de grâce t’adresserons-nous pour ces paroles ? Oh, que peut-on te dire, toi dont rien n’est digne parmi les hommes ? Nos paroles viennent de ce qui est, mais toi tu excèdes tout ce qui surpasse le monde. S’il faut te présenter des mots, ce doit être œuvre des anges, œuvre de l’intellect chérubique, œuvre de langues de feu.
Aussi pour parler dignement de ta puissance, ayant commémoré par la bénédiction ce qui est de toi, t’ayant chanté comme notre salut autant qu’il nous est possible, nous voudrions encore emprunter la voix des anges, et nous terminerons notre discours en t’honorant par ces mots de la salutation de Gabriel : Réjouis-toi, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi !
Nicolas Cabasilas, La Mère de Dieu Homélies sur la Nativité, sur l’Annonciation et sur la Dormition de la Très-Sainte Mère de Dieu, trad. Jean-Louis Palierne, Éd. L’Âge d’homme, 1992
Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse
Angélus: la Sainte Famille de Nazareth, modèle de dialogue et d’écoute
Lors de la dernière prière mariale de l’Angélus de l’année 2024, le Saint-Père a encouragé les fidèles à promouvoir le dialogue et l’écoute en famille, «car une famille qui ne communique pas, ne peut être heureuse». En ce dimanche 29 décembre, il a donc invité les fidèles et pèlerins rassemblés place Saint-Pierre à méditer sur la Sainte Famille de Nazareth.
LE PAPE FRANÇOIS
ANGELUS
Place Saint-Pierre
dimanche 29 décembre 2024
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Chers frères et sœurs, bon dimanche !
Aujourd’hui, nous célébrons la Sainte Famille de Nazareth. L’Évangile raconte que Jésus, âgé de douze ans, à la fin du pèlerinage annuel à Jérusalem, fut perdu par Marie et Joseph, qui le trouvèrent plus tard dans le Temple, en train de discuter avec les docteurs (voir Luc 2, 41-52).
L’évangéliste Luc révèle l’état d’esprit de Marie qui demande à Jésus : « Mon fils, pourquoi nous as-tu fait cela ? Ton père et moi, nous te cherchions avec impatience » (v. 48). Et Jésus lui répond : « Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas que je dois m’occuper des affaires de mon Père ? » (v. 49).
C’est une expérience presque habituelle, celle d’une famille qui alterne des moments calmes et des moments dramatiques. Cela ressemble à l’histoire d’une crise familiale, d’une crise de notre époque, d’un adolescent difficile et de deux parents qui n’arrivent pas à le comprendre.
Arrêtons-nous et regardons cette famille. Savez-vous pourquoi la Famille de Nazareth est un modèle ? Parce que c’est une famille qui parle, qui s’écoute, qui parle. Le dialogue est un élément important pour une famille ! Une famille qui ne communique pas ne peut pas être une famille heureuse.
C’est bien quand une mère ne commence pas par un reproche, mais par une question. Marie n’accuse ni ne juge, mais essaie de comprendre comment accueillir ce Fils très différent par l’écoute. Malgré cet effort, l’Évangile dit que Marie et Joseph « n’ont pas compris ce qu’il leur avait dit » (v. 50), démontrant que dans la famille il est plus important d’écouter que de comprendre.
Écouter, c’est accorder de l’importance à l’autre, reconnaître son droit à exister et à penser de manière indépendante. Les enfants en ont besoin. Réfléchissez bien, vous parents, écoutez les besoins de vos enfants !
Un moment privilégié de dialogue et d’écoute en famille se situe lors des repas. C’est agréable d’être ensemble à table et de discuter. Cela peut résoudre bien des problèmes, et surtout fédérer les générations : des enfants qui parlent à leurs parents, des petits-enfants qui parlent à leurs grands-parents…
Ne restez jamais renfermé sur vous-même ou, pire encore, la tête sur votre téléphone portable. Ça ne marche pas… jamais, jamais ça. Parler, s’écouter, c’est le dialogue qui vous fait du bien et qui vous fait grandir !
La Famille de Jésus, Marie et Joseph est sainte. Pourtant, nous avons vu que même les parents de Jésus ne comprenaient pas toujours. Nous pouvons y réfléchir et ne soyons pas surpris si parfois, dans notre famille, nous ne nous comprenons pas.
Lorsque cela nous arrive, demandons-nous : nous sommes-nous écoutés ? Est-ce que nous affrontons des problèmes en nous écoutant les uns les autres ou est-ce que nous nous enfermons dans le silence, parfois dans le ressentiment, dans l’orgueil ? Allons-nous prendre un peu de temps pour parler ? Ce que nous pouvons apprendre aujourd’hui de la Sainte Famille, c’est l’écoute mutuelle.
Confions-nous à la Vierge Marie et demandons le don de l’écoute pour nos familles.
Bienvenue cordialement à vous tous, Romains et pèlerins. Aujourd’hui, j’adresse un salut particulier aux familles présentes ici et à celles qui sont connectées depuis chez elles par les moyens de communication. La famille est la cellule de la société, c’est un trésor précieux à soutenir et à protéger !
Mes pensées vont aux nombreuses familles de Corée du Sud qui pleurent aujourd’hui à la suite du dramatique accident d’avion. Je me joins à la prière pour les survivants et les morts.
Et nous prions aussi pour les familles qui souffrent à cause des guerres : dans l’Ukraine tourmentée, en Palestine, en Israël, au Myanmar, au Soudan, au Nord-Kivu, nous prions pour toutes ces familles en guerre.
Je salue les fidèles de Pero-Cerchiate, le groupe du Doyenné de Varèse, les jeunes de Cadoneghe et de San Pietro in Cariano ; les étudiants de confirmation de Clusone, Chiuduno, Adrara San Martino et Almenno San Bartolomeo ; les Scouts de Latina, Vasto et Soviore. Et je salue les jeunes de l’Immaculée Conception !
Je souhaite à tous un bon dimanche et une fin d’année sereine. S’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et à bientôt !