Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

Témoins : saint François Xavier

Témoins : saint François Xavier

Poursuivant le cycle de catéchèse sur  « la passion pour l’évangélisation : le zèle apostolique du croyant, le Pape François a concentré sa méditation sur le thème « Témoins : saint François Xavier » (Lecture : 2 Co 5, 14- 15,20 ). L’Audience générale s’est terminée par la récitation du Pater Noster et de la Bénédiction apostolique.

Résumé

Chers frères et sœurs,

Buste-reliquaire_de_St_FrancXavier_Cathedrale_Sainte_Reparate_Nice
Buste-reliquaire_de_St_Francois-Xavier_Cathédrale_Sainte_Reparate_Nice

nous poursuivons notre itinéraire sur le zèle apostolique avec la figure de saint François Xavier. Considéré comme le plus grand missionnaire des temps modernes, il est le Patron des missions catholiques. Jeune homme sympathique et brillant du nord de l’Espagne, il part étudier à l’université de Paris où il rencontre Ignace de Loyola qui l’aide à vivre une profonde conversion.

Les études terminées, ils se rendent, avec quelques autres amis à Rome pour se mettre à la disposition du Pape, en prenant le nom de “Compagnie de Jésus”. Envoyé aux Indes où il représentera le Pape, François Xavier évangélise les pêcheurs pauvres et fonde sur les îles de l’archipel indonésien plusieurs communautés chrétiennes auxquelles il fait apprendre le catéchisme en chantant.

Il part ensuite pour le Japon et, projette de se rendre en Chine. Son plan échoue et il meurt, à 46 ans, presque seul, sur une île face à la Chine. C’est bien la force de son amour pour le Christ qui l’a poussé jusqu’aux frontières les plus éloignées. Et son activité intense était le fruit de son union à Dieu dans la prière.

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier les groupes venus de Haïti avec Mgr Dumas et ceux venus de France, notamment du diocèse de La Rochelle avec Mgr Colomb, des écoles de Paris et de Laval ou de diverse paroisses.

Chers frères et sœurs, que l’élan et l’exemple de saint François-Xavier nous fassent découvrir dans les fatigues et les difficultés de la mission, la joie profonde que ressentait le missionnaire heureux de porter le Christ aux confins du monde. Que Dieu vous bénisse.

Audience Générale

PAPE FRANÇOIS

Place Saint-Pierre
Mercredi 17 mai 2023

_______________________________________

Catéchèse – La passion pour l’évangélisation : le zèle apostolique du croyant – 13. Les témoins : Saint François Xavier

Chers frères et sœurs, bonjour!

Poursuivant notre itinéraire de catéchèse avec quelques modèles exemplaires de zèle apostolique… rappelons-nous que nous parlons d’évangélisation, de zèle apostolique, de porter le nom de Jésus, et il y a beaucoup d’hommes et de femmes dans l’histoire qui l’ont fait dans un manière exemplaire.

Aujourd’hui, par exemple, nous choisissons saint François Xavier : il est considéré, disent certains, comme le plus grand missionnaire des temps modernes. Mais on ne peut pas dire qui est le plus grand, qui est le moins, car il y a tant de missionnaires cachés qui, aujourd’hui encore, font bien plus que saint François Xavier.

Et Xavier est le patron des missions, comme sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, mais un missionnaire est grand quand il part. Et il y a beaucoup, beaucoup de prêtres, de laïcs, de religieuses, qui vont dans les missions, même d’Italie et beaucoup d’entre vous.

Je vois, par exemple, quand on me présente l’histoire d’un prêtre candidat à l’épiscopat : il a passé dix ans en mission dans un tel lieu… c’est formidable : quitter sa patrie pour prêcher l’Évangile. C’est le zèle apostolique. Et cela, nous devons beaucoup le cultiver. Et en regardant la figure de ces hommes, de ces femmes, on apprend.

Et saint François Xavier est né dans une famille noble mais pauvre de Navarre dans le nord de l’Espagne en 1506. Il va étudier à Paris – c’est un jeune homme mondain, intelligent et bon. Il y rencontre Ignace de Loyola. Il lui fait faire les exercices spirituels et change sa vie.

Et il abandonne toute sa carrière mondaine pour devenir missionnaire. Il devient jésuite, fait ses vœux. Puis il devient prêtre, et va évangéliser, envoyé en Orient. A cette époque, les voyages des missionnaires en Orient étaient un envoi vers des mondes inconnus. Et il s’en va, car il était plein de zèle apostolique.

Ainsi le premier d’un grand groupe de missionnaires passionnés des temps modernes se met en route, prêt à supporter d’immenses épreuves et dangers, pour atteindre des terres et rencontrer des peuples de cultures et de langues totalement inconnues, animé uniquement par le très fort désir de faire de Jésus-Christ et de ses Évangiles.

Dans un peu plus de onze ans, il fera un travail extraordinaire. Il a été missionnaire pendant onze ans environ. Les voyages en bateau à cette époque étaient très difficiles, c’était dangereux. Beaucoup sont morts en route à cause de naufrages ou de maladies.

Malheureusement aujourd’hui ils meurent parce qu’on les a laissés mourir en Méditerranée… Xavier passe plus de trois ans et demi sur des navires, soit le tiers de la durée totale de sa mission. Sur des navires, il passe plus de trois ans et demi, pour se rendre en Inde, puis de l’Inde au Japon.

Arrivé à Goa, en Inde, capitale de l’Orient portugais, capitale culturelle et commerciale, Xavier y établit sa base, mais il ne s’arrête pas là. Il va évangéliser les pauvres pêcheurs de la côte sud de l’Inde, enseignant le catéchisme et la prière aux enfants, baptisant et guérissant les malades. Puis, lors d’une prière nocturne sur la tombe de l’apôtre Saint-Barthélemy, il sent qu’il doit aller au-delà de l’Inde.

Laissez les travaux déjà en cours entre de bonnes mains et embarquez courageusement vers les Moluques, les îles les plus lointaines de l’archipel indonésien. Pour ces gens, il n’y avait pas d’horizons, ils allaient au-delà… Ces saints missionnaires avaient du courage !

Même ceux d’aujourd’hui, même s’ils ne prennent pas le bateau pendant trois mois, prennent l’avion pendant 24 heures mais là, c’est pareil. Il faut rester là, parcourir de nombreux kilomètres, aller dans les forêts. Et Xavier, aux Moluques, met le catéchisme en vers dans la langue locale et apprend à chanter le catéchisme, parce qu’il s’apprend mieux en chantant.

Quels sont ses sentiments, nous le comprenons à partir de ses lettres. Il écrit ainsi : « Les dangers et les souffrances, acceptés volontairement et uniquement pour l’amour et le service de Dieu notre Seigneur, sont de riches trésors de grandes consolations spirituelles. Ici, dans quelques années, on pourrait perdre les yeux à cause de trop de larmes de joie !» (20 janvier 1548). Il a pleuré de joie en voyant l’œuvre du Seigneur.

Un jour, en Inde, il rencontre un Japonais, qui lui parle de son pays lointain, où aucun missionnaire européen n’était encore allé. Et François Xavier a eu l’inquiétude d’un apôtre, pour aller plus loin, et décide de partir au plus vite, et y arrive après un voyage aventureux sur la jonque d’un Chinois.

Les trois années au Japon sont très dures, à cause du climat, de l’opposition et de l’ignorance de la langue, mais même ici, les graines plantées porteront de grands fruits.

Le grand rêveur, Xavier, au Japon comprend que le pays décisif pour la mission en Asie était un autre : la Chine. avec sa culture, son histoire, sa grandeur, elle exerçait en fait une prédominance sur cette partie du monde.

Aujourd’hui encore, la Chine est vraiment un pôle culturel, avec une grande histoire, une belle histoire. Il retourne donc à Goa et peu après embarque à nouveau dans l’espoir de pouvoir entrer en Chine.

Mais son plan échoue : il meurt aux portes de la Chine, sur une île, la petite île de Sancian, face aux côtes chinoises attendant en vain de pouvoir débarquer sur le continent voisin au large des côtes chinoises attendant en vain de pouvoir débarquer sur le continent près de Canton.

Le 3 décembre 1552, il mourut dans un abandon total, seul un chinois était à côté de lui pour veiller sur lui. Ainsi se termine le voyage terrestre de François Xavier. Il avait vieilli, quel âge avait-il ? Quatre-vingts déjà ? Non… Il n’avait que quarante-six ans, il avait passé sa vie dans la mission, avec zèle.

Il part de l’Espagne cultivée et arrive dans le pays le plus cultivé du monde à cette époque, la Chine, et meurt devant la grande Chine, accompagné d’un Chinois. Tout un symbole!

Son activité très intense était toujours unie à la prière, union à Dieu, mystique et contemplative. Il n’a jamais quitté la prière, parce qu’il savait qu’il y avait là de la force.

Partout où il se trouvait, il prenait grand soin des malades, des pauvres et des enfants. Il n’était pas un missionnaire « aristocratique » : il allait toujours avec les plus nécessiteux, les enfants qui avaient le plus besoin d’éducation, de catéchèse, les pauvres, les malades : il allait jusqu’aux frontières de l’assistance où il grandissait.

L’amour du Christ a été la force qui l’a poussé jusqu’aux confins, avec des difficultés et des dangers continus, en surmontant les échecs, les déceptions et les découragements, en lui donnant consolation et joie en le suivant et en le servant jusqu’au bout.

Saint François Xavier qui a fait cette grande chose, dans une telle pauvreté, et avec un tel courage, donne-nous un peu de ce zèle, ce zèle pour vivre l’Évangile et annoncer l’Évangile.

Aux nombreux jeunes d’aujourd’hui qui se sentent un peu agités et ne savent que faire de cette agitation, je dis : regardez François Xavier, regardez l’horizon du monde, regardez les peuples qui en ont tant besoin, regardez les nombreuses personnes qui souffrent, les nombreuses personnes qui ont besoin de Jésus. Et allez, ayez du courage.

Aujourd’hui encore, il y a des jeunes courageux. Je pense à beaucoup de missionnaires, par exemple en Papouasie-Nouvelle-Guinée, je pense à mes jeunes amis qui vivent dans le diocèse de Vanimo, et à tous ceux qui sont allés évangéliser sur les traces de François Xavier. Que le Seigneur nous donne à tous la joie d’évangéliser, la joie de porter ce très beau message qui nous rend, et tous, heureux.


Copyright © Dicastero per la Comunicazione – Libreria Editrice Vaticana

Texte traduit et présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

L’événement de l’Ascension

L’événement de l’Ascension

 Ascension du Christ - Frère François chapelle St-Vincent-de-Paul Paris
Ascension du Christ – Frère François chapelle St-Vincent-de-Paul Paris

Chers frères et sœurs, bonjour !

Dans le Credo, nous trouvons l’affirmation que Jésus « est monté au ciel, il est assis à la droite du Père ». La vie terrestre de Jésus atteint son sommet lors de l’événement de l’Ascension, c’est-à-dire quand il passe de ce monde au Père et est élevé à sa droite.

Quelle est la signification de cet événement ? Quelles en sont les conséquences pour notre vie ? Que signifie contempler Jésus assis à la droite du Père ? A ce propos, laissons-nous guider par l’évangéliste Luc.

Partons du moment où Jésus décide d’entreprendre son dernier pèlerinage à Jérusalem. Saint Luc remarque : « Comme le temps approchait où Jésus allait être enlevé de ce monde, il prit avec courage la route de Jérusalem » (Lc 9, 51).

Alors qu’il « monte » vers la ville sainte, où s’accomplira son « exode » de cette vie, Jésus voit déjà l’objectif, le Ciel, mais il sait bien que la voie qui le ramène à la gloire du Père passe à travers la Croix, à travers l’obéissance au dessein divin d’amour pour l’humanité. Le Catéchisme de l’Église catholique affirme que « l’élévation sur la croix signifie et annonce l’élévation de l’Ascension au ciel » (n. 661).

Nous aussi, nous devons avoir clairement à l’esprit que, dans notre vie chrétienne, entrer dans la gloire de Dieu exige la fidélité quotidienne à sa volonté, même quand elle demande un sacrifice, quand elle demande parfois de changer nos programmes.

L’Ascension de Jésus eut lieu concrètement sur le Mont des Oliviers, près du lieu où il s’était retiré en prière avant la passion pour rester en profonde union avec le Père : encore une fois, nous voyons que la prière nous donne la grâce de vivre fidèles au projet de Dieu.

*

À la fin de son Évangile, saint Luc rapporte l’événement de l’Ascension de manière très synthétique. Jésus conduisit les disciples « jusque vers Béthanie et, levant les mains, il les bénit. Tandis qu’il les bénissait, il se sépara d’eux et fut emporté au ciel. Ils se prosternèrent devant lui, puis ils retournèrent à Jérusalem, remplis de joie.

Et ils étaient sans cesse dans le Temple à bénir Dieu » (24, 50-53) ; ainsi parle saint Luc. Je voudrais remarquer deux éléments du récit. Tout d’abord, au cours de l’Ascension, Jésus accomplit le geste sacerdotal de la bénédiction et les disciples expriment sûrement leur foi par la prosternation, ils s’agenouillent en baissant la tête.

Cela est un premier point important: Jésus est le prêtre unique et éternel qui avec sa passion est passé par la mort et le sépulcre, qui est ressuscité et qui est monté au Ciel ; il est auprès de Dieu le Père, où il intercède pour toujours en notre faveur (cf. He 9, 24). Comme l’affirme Jean dans sa Première Lettre, Il est notre avocat: qu’il est beau d’entendre cela !

Quand quelqu’un est appelé chez le juge ou passe en procès, la première chose qu’il fait est de chercher un avocat pour qu’il le défende. Nous, nous en avons un qui nous défend toujours, il nous défend des menaces du diable, il nous défend de nous-mêmes, de nos péchés !

Très chers frères et sœurs, nous avons cet avocat : n’ayons pas peur d’aller à Lui pour demander pardon, pour demander sa bénédiction, pour demander miséricorde ! Il nous pardonne toujours, il est notre avocat : il nous défend toujours ! N’oubliez pas cela !

L’ascension de Jésus au Ciel nous fait alors connaître cette réalité si réconfortante pour notre chemin: dans le Christ, vrai Dieu et vrai homme, notre humanité a été conduite auprès de Dieu ; Il nous a ouvert le passage ; Il est comme un chef de cordée quand on escalade une montagne, qui est arrivé au sommet et qui nous guide à Lui en nous conduisant à Dieu.

Si nous lui confions notre vie, si nous nous laissons guider par Lui nous sommes certains d’être entre des mains sûres, entre les mains de notre sauveur, de notre avocat.

*

Un deuxième élément : saint Luc rapporte que les Apôtres, après avoir vu Jésus monter au ciel, rentrèrent à Jérusalem « avec une grande joie ». Cela nous semble un peu étrange.

En général, quand nous sommes séparés de nos parents, de nos amis, pour un départ définitif et surtout à cause de la mort, il y a en nous une tristesse naturelle, parce que nous ne verrons plus leur visage, nous n’entendrons plus leur voix, nous ne pourrons plus jouir de leur affection, de leur présence. En revanche, l’évangéliste souligne la profonde joie des apôtres.

Mais pourquoi ? Justement parce que, avec le regard de la foi, ils comprennent que, bien que soustrait à leurs yeux, Jésus reste pour toujours avec eux, il ne les abandonne pas et, dans la gloire du Père, il les soutient, les conduit et intercède pour eux.

Saint Luc raconte l’événement de l’Ascension également au début des Actes des apôtres, pour souligner que ce fait est comme l’anneau qui rattache et relie la vie terrestre de Jésus à celle de l’Église. Ici, saint Luc évoque aussi la nuée qui soustrait Jésus à la vue des disciples, qui restent à contempler le Christ pendant son ascension vers Dieu (cf. Ac 1, 9-10).

Deux hommes vêtus de blancs interviennent alors et les invitent à ne pas rester immobiles à regarder le ciel, mais à nourrir leur vie et leur témoignage de la certitude que Jésus reviendra de la même manière qu’ils l’ont vu monter au ciel (cf. Ac 1, 10-11).

C’est précisément l’invitation à partir de la contemplation de la Seigneurie du Christ, pour avoir de Lui la force de porter et de témoigner l’Évangile dans la vie de tous les jours : contempler et agir, ora et labora enseigne saint Benoît, sont tous deux nécessaires à notre vie de chrétiens.

*

Chers frères et sœurs, l’Ascension n’indique pas l’absence de Jésus, mais nous dit qu’il est vivant au milieu de nous de manière nouvelle ; il n’est plus dans un lieu précis du monde comme il l’était avant l’Ascension ; à présent, il est dans la Seigneurie de Dieu, présent en tout lieu et en tout temps, proche de chacun de nous. Dans notre vie, nous ne sommes jamais seuls : nous avons cet avocat qui nous attend, qui nous défend.

Nous ne sommes jamais seuls : le Seigneur crucifié et ressuscité nous guide ; avec nous, il y a beaucoup de frères et sœurs qui, dans le silence et dans l’anonymat, dans leur vie de famille et de travail, dans leurs problèmes et difficultés, dans leurs joies et espérances, vivent quotidiennement la foi et apportent, avec nous, au monde la Seigneurie de l’amour de Dieu, en Jésus Christ ressuscité, monté au Ciel, avocat de notre cause.

PAPE FRANÇOIS AUDIENCE GÉNÉRALE Place Saint-Pierre Mercredi 17 avril 2013

Confiance en Saint Joseph

Confiance en Saint Joseph

Saint-Joseph
Saint-Joseph

En ce premier mai, dédié à Saint Joseph, écoutons dom Guéranger, Abbé de Solesmes, restaurateur de l’Ordre des Bénédictins en France au XIXe siècle. Voici comment il en parle dans le dernier volume de son Année liturgique:

« La sainte Église se propose aujourd’hui, dans l’intérêt de ses enfants, de diriger leur confiance vers un secours si puissant et si opportun. La dévotion à saint Joseph était réservée pour ces derniers temps.

Le culte de cet admirable personnage, culte fondé sur l’Évangile même, ne devait pas se développer dans les premiers siècles de l’Église; non pas que les fidèles, considérant le rôle sublime de saint Joseph dans l’économie du mystère de l’Incarnation, fussent entravés en quelque chose dans les honneurs qu’ils auraient voulu lui rendre.

Mais la divine Providence avait ses raisons mystérieuses pour retarder le moment où la Liturgie devait prescrire chaque année les hommages publics à offrir à l’époux de Marie.

L’Orient précéda l’Occident, ainsi qu’il est arrivé d ‘autres fois, dans le culte spécial de saint Joseph; mais au XVe siècle, l’Église latine l’avait adopté tout entière, et depuis lors il n ‘a cessé de faire les plus heureux progrès dans les âmes catholiques.

La bonté de Dieu et la fidélité de notre Rédempteur à ses promesses s’unissent toujours plus étroitement de siècle en siècle, pour protéger en ce monde l’étincelle de la vie surnaturelle qu’il doit conserver jusqu’au dernier jour.

Dans ce but miséricordieux, une succession non interrompue de secours vient réchauffer, pour ainsi dire, chaque génération, et lui apporter un nouveau motif de confiance dans la divine Rédemption .

A partir du XIe siècle, où le refroidissement du monde commença à se faire sentir, ainsi que l’Église elle-même nous en rend témoignage, chaque époque a vu s’ouvrir une nouvelle source de grâces. Ce fut d’abord la fête du très saint Sacrement, dont les développements ont produit successivement la procession solennelle, les expositions, les saluts, les quarante heures.

Ce fut ensuite la dévotion au saint Nom de Jésus, dont saint Bernardin de Sienne fut le principal apôtre, et celle du Via Crucis ou Chemin de la Croix qui produit tant de fruits de componction dans les âmes.

Le XVIe siècle vit renaître la fréquente communion, par l’influence principale de saint Ignace de Loyola et de sa Compagnie . Au XVIIe, fut promulgué le culte du Sacré-Cœur de Jésus, qui s’établit dans le siècle suivant. Au XIXe, la dévotion à la très -sainte Vierge a pris des accroissements et une importance qui sont un des caractères surnaturels de notre temps.

Le saint Rosaire, le saint Scapulaire, que nous avaient légués les âges précédents, ont été remis en honneur, les pèlerinages en l’honneur de la Mère de Dieu, suspendus par les préjugés jansénistes et rationalistes, ont repris leur cours.

L’Archiconfrérie du saint Cœur de Marie a étendu ses affiliations dans le monde entier; des prodiges nombreux sont venus récompenser la foi rajeunie; enfin notre temps a vu le triomphe de l’Immaculée Conception, préparé et attendu dans les siècles moins favorisés.

Mais la dévotion envers Marie ne pouvait se développer ainsi sans amener avec elle le culte fervent de  saint Joseph . Marie et Joseph ont une part trop intime dans le divin mystère de l’Incarnation, l’une comme Mère du Fils de Dieu, l’autre comme gardien de l’honneur de la Vierge et Père nourricier de l’Enfant-Dieu, pour que l’on puisse les isoler l’un de l’autre.

Une vénération particulière envers saint Joseph a donc été la suite du développement de la piété envers la très-sainte Vierge. Mais la dévotion à l’égard de l’Époux de Marie n ‘est pas seulement un juste tribut que nous rendons à ses admirables prérogatives ; elle est encore pour nous la source d ‘un secours nouveau
d ‘une immense étendue, qui a été déposé entre les mains de saint Joseph par le fils de Dieu.

Écoutez le langage inspiré de l’Église dans la sainte Liturgie :

« 0 Joseph, l’honneur des habitants du ciel, l’espoir de notre vie ici-bas, LE SOUTIEN DE CE MONDE ! »

Quel pouvoir dans un homme !Mais aussi cherchez un homme qui ait eu avec le Fils de Dieu des rapports aussi intimes que Joseph. Jésus daigna être soumis à Joseph ici-bas ; au ciel, il tient à honorer Celui dont il voulut emprunter le secours, et à qui il confia son enfance avec l’honneur de sa Mère.

Il n ‘est donc pas de limites au pouvoir de saint Joseph, et la sainte Église nous invite à recourir avec une confiance absolue à ce tout-puissant Protecteur. Au milieu des agitations terribles auxquelles le monde est en proie, que les fidèles l’invoquent avec foi et ils seront protégés.

En tous les besoins de l’âme et du corps, en toutes les épreuves et toutes les crises que le chrétien peut avoir à traverser, dans l’ordre temporel comme dans l’ordre spirituel, qu’il ait recours à saint Joseph, et sa confiance ne sera pas trompée.

Le roi de l’Égypte disait à ses peuples affamés : « Allez à Joseph » : le Roi du ciel nous fait la même invitation, et le fidèle gardien de Marie a plus de crédit auprès de Lui que le fils de Jacob, intendant des greniers de Memphis, n’en eut auprès de Pharaon.

La révélation de ce nouveau refuge préparé pour les derniers temps a été d’abord communiquée, selon l’usage que Dieu garde pour l’ordinaire, à des âmes privilégiées auxquelles elle était confiée comme un germe précieux ; ainsi en fut-il pour l’institution de la fête du Saint-Sacrement, pour celle du Sacré-Cour de Jésus et pour d’autres encore.

Au XVIe siècle, sainte Thérèse, dont les écrits étaient appelés à se répandre dans le monde entier, reçut dans un degré supérieur les communications divines à ce sujet, et elle consigna ses sentiments et ses désirs dans sa Vie, écrite par elle -même.

On ne s’étonnera pas que Dieu ait choisi la réformatrice du Carmel pour la propagation du culte de saint Joseph, quand on se rappellera que ce fut par l’influence de l’Ordre des Carmes, introduit en Occident au XIIIe siècle, que ce culte s’établit d’abord dans nos contrées.

Voués depuis tant de siècles à la religion envers Marie, les solitaires du Mont-Carmel avaient découvert avant d ‘autres le lien qui rattache les honneurs auxquels.a droit la Mère de Dieu à ceux qui sont dus à son virginal Époux. Sur cette terre où s’est accompli le divin mystère de l’Incarnation, l’ail du fidèle plonge plus avant dans ses augustes profondeurs.

Entouré de tant de souvenirs ineffables, le chrétien arrive plus promptement à comprendre que le Fils de Dieu prenant la nature humaine, s ‘il lui fallait une Mère, il fallait à cette Mère un protecteur; en un mot que Jésus, Marie et Joseph, forment à des degrés divers l’ensemble de relations et d ‘harmonies sous lesquelles l’ineffable mystère devait se produire sur la terre…..

A la veille des grandes tribulations de l’Église, Pie IX, par un instinct surnaturel, a voulu appeler au secours du troupeau qui lui est confié le puissant Protecteur qui n’a jamais eu tant de maux à combattre, ni tant de fléaux à détourner.

Mettons donc désormais notre confiance dans le pouvoir de l’auguste Père du peuple chrétien, Joseph, sur qui tant de grandeurs n ‘ont été accumulées qu’afin qu’il répandît sur tous, dans une mesure plus abondante que les autres saints, les influences du divin mystère de l’Incarnation dont il a été, après Marie, le principal ministre sur la terre.

Père et Protecteur des fidèles, glorieux Joseph, nous bénissons notre Mère la sainte Église qui, dans ce déclin du monde, nous a appris à espérer en vous. De longs siècles se sont écoulés sans que vos grandeurs fussent encore manifestées, mais vous n ‘en étiez pas moins au ciel l’un des plus puissants intercesseurs du genre humain.

Chef de la Sainte Famille dont un Dieu est membre, vous poursuiviez votre ministère paternel à notre égard. Votre action cachée se faisait sentir pour le salut des peuples et des particuliers ; mais la terre éprouvait vos bienfaits, sans avoir encore institué, pour les reconnaître, les hommages qu’elle vous offre aujourd’hui.

Une connaissance plus étendue de vos grandeurs et de votre pouvoir, la proclamation de votre Protectorat sur tous nos besoins, étaient réservée à ces temps malheureux où l’état du monde aux abois appelle des secours qui ne furent pas révélés aux âges précédents.

Nous venons donc à vos pieds, 0 Joseph ! afin de rendre hommage en vous à une puissance d’intercession qui ne connaît pas de limites, à une bonté qui embrasse tous les frères de Jésus dans une même adoption .

Nous savons, 0 Marie, que rien ne vous est plus agréable que de voir honorer l’Époux que vous avez aimé d’une incomparable tendresse. Vous accueillez avec une faveur particulière nos demandes, lorsqu’elles vous sont présentées par ses mains.

Les liens formés par le ciel à Nazareth subsisteront éternellement entre vous et Joseph, et l’amour sans bornes que vous portez à votre Fils divin resserre encore l’affection que votre cœur si aimant conserve pour jamais à celui qui fut en même temps le nourricier de Jésus et le gardien de votre virginité.

O Joseph, nous sommes aussi les fils de votre Épouse Marie ; prenez dans vos bras tous ces nouveaux enfants, souriez à cette nombreuse famille et daignez accepter nos instances que la sainte Église encourage et qui montent vers vous plus puissants que jamais.

Vous êtes « le soutien du monde,» columen mundi, l’un des appuis sur lesquels il repose; car le Seigneur, en vue de vos mérites et par déférence à votre prière, le souffre et le conserve malgré les iniquités qui le souillent.

Votre effort est grand, ô Joseph, en ces temps où les saints manquent, où les vérités sont diminuées, il vous faut peser de tout le poids de vos mérites, pour que le plateau de la divine balance n’incline pas du coté de la justice.

Daignez, o Protecteur universel, ne pas vous lasser dans ce labeur ; l’Église de votre Fils adoptif vous en supplie aujourd’hui. Le sol miné par la liberté effrénée de l’erreur et du mal est, à chaque instant, sous le point de fondre sous ses pieds ; ne vous reposez pas un instant, et par votre intervention paternelle, hâlez- vous de lui préparer une situation plus calme. »

Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse