Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

L’homme n’appartient à aucun César

L’homme n’appartient à aucun César

Dans sa catéchèse délivrée place Saint-Pierre dimanche 22 octobre, le Souverain pontife nous appelle à être des citoyens responsables tout en n’appartenant qu’à Dieu. Il s’appuie sur l’Évangile du jour selon Matthieu (Mt 22, 17), centré sur «Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu» (v. 21).

 

PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint-Pierre
Dimanche des Missions
22 octobre 2023

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Chers frères et sœurs, bonjour !

L’Évangile de la liturgie d’aujourd’hui nous dit que certains pharisiens se joignent aux hérodiens pour tendre un piège à Jésus, qui ont toujours essayé de lui tendre des pièges. Ils vont vers lui et lui demandent : « Est-il permis ou non de payer un tribut à César ? (Mt 22,17).

C’est une tromperie : si Jésus légitime l’impôt, il se range du côté d’un pouvoir politique mal toléré par le peuple, tandis que s’il dit de ne pas le payer, il peut être accusé de rébellion contre l’empire. Un vrai piège. Il échappe cependant à ce piège. Il demande à lui montrer une pièce de monnaie à l’effigie de César et leur dit: « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » (v. 21). Qu’est-ce que cela signifie?

Ces paroles de Jésus sont devenues couramment utilisées, mais ont parfois été utilisées de manière incorrecte – ou du moins de manière réductrice – pour parler des relations entre l’Église et l’État, entre les chrétiens et la politique ; ils sont souvent compris comme si Jésus voulait séparer « César » et « Dieu », c’est-à-dire la réalité terrestre et spirituelle.

Parfois, nous aussi pensons ainsi : la foi avec ses pratiques est une chose et la vie quotidienne en est une autre. Et ce n’est pas juste. C’est une « schizophrénie », comme si la foi n’avait rien à voir avec la vie concrète, avec les défis de la société, avec la justice sociale, avec la politique, etc.

*

En réalité, Jésus veut nous aider à placer « César » et « Dieu » chacun dans leur importance. Le soin de l’ordre terrestre appartient à César – c’est-à-dire à la politique, aux institutions civiles, aux processus sociaux et économiques.

Et nous, qui sommes immergés dans cette réalité, devons rendre à la société ce qu’elle nous offre à travers notre contribution de citoyens responsables, en prêtant attention à ce qui nous est confié, en promouvant le droit et la justice dans le monde du travail, en payant honnêtement nos impôts, en nous engageant nous-mêmes pour le bien commun, etc.

Mais en même temps, Jésus affirme la réalité fondamentale : l’homme, l’homme tout entier et tout être humain appartiennent à Dieu. Et cela signifie que nous n’appartenons à aucune réalité terrestre, à aucun «César» du moment. Nous appartenons au Seigneur et ne devons être esclaves d’aucune puissance du monde.

Sur la pièce se trouve donc l’image de l’empereur, mais Jésus nous rappelle que l’image de Dieu est imprimée dans nos vies, que rien ni personne ne peut obscurcir. Les choses de ce monde appartiennent à César, mais l’homme et le monde lui-même appartiennent à Dieu : ne l’oublions pas !

On comprend alors que Jésus ramène chacun de nous à sa propre identité : sur la monnaie de ce monde il y a l’image de César, mais vous – moi, chacun de nous – quelle image portez-vous en vous ? Posons-nous cette question : quelle image je porte en moi ?

A l’image de qui es-tu dans ta vie ? Est-ce que nous nous souvenons que nous appartenons au Seigneur, ou est-ce que nous nous laissons façonner par la logique du monde et faisons du travail, de la politique et de l’argent nos idoles à adorer ?

Que la Sainte Vierge nous aide à reconnaître et à honorer notre dignité et celle de tout être humain.

Après l’Angélus

Chers frères et sœurs,

Une fois de plus, mes pensées se tournent vers ce qui se passe en Israël et en Palestine. Je suis très inquiet, attristé, je prie et je suis proche de tous ceux qui souffrent, les otages, les blessés, les victimes et leurs familles.

Je pense à la grave situation humanitaire à Gaza et je suis attristé par le fait que l’hôpital anglican et la paroisse grecque orthodoxe aient également été touchés ces derniers jours. Je renouvelle mon appel pour que les espaces soient ouverts, que l’aide humanitaire continue d’arriver et que les otages soient libérés.

La guerre, chaque guerre dans le monde – je pense aussi à l’Ukraine tourmentée – est une défaite. La guerre est toujours une défaite, c’est une destruction de la fraternité humaine. Frères, arrêtez ! Arrêtez!

Je me souviens que pour vendredi prochain, le 27 octobre, j’ai annoncé un jour de jeûne, de prière et de pénitence, et que ce soir-là, à 18 heures, à Saint-Pierre, nous aurons une heure de prière pour implorer la paix dans le monde.

Aujourd’hui, nous célébrons la Journée missionnaire mondiale, qui a pour thème « Un cœur brûlant, des pieds qui marchent ». Deux images qui disent tout ! J’exhorte tout le monde, dans les diocèses et les paroisses, à participer activement.

Je vous salue tous, Romains et pèlerins, en particulier les Sœurs Servîtes des Pauvres, filles du Sacré-Cœur de Jésus, de Grenade ; les membres du Fondation du Centre académique romain ; la Confrérie du Fondation du Centre académique romain, des Péruviens à Rome : et merci, merci pour votre témoignage ! Continuez ainsi, avec cette belle piété.

Je salue les membres du mouvement missionnaire laïc « Tous gardiens de l’humanité », du chœur polyphonique « S. Antoine Abbé » de Cordenons et les associations de fidèles de Naples et Casagiove.

Je salue également les enfants de la « Maison du Jardin » de Casalmaggiore, le groupe de jeunes amis de la Communauté de l’Emmanuel, les responsables et enseignants de l’école catholique « Jean XXIII » de Toulon, les élèves du « St.Croix » de Neuilly.

Je souhaite à tous un bon dimanche. A vous aussi, enfants de l’Immaculée Conception.

Et s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et à bientôt !


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Texte traduit et présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

MESSAGE DU SAINT-PÈRE POUR LA 97e JOURNÉE MONDIALE DES MISSIONS

MESSAGE DU SAINT-PÈRE
POUR LA 97e JOURNÉE MONDIALE
DES MISSIONS
22 OCTOBRE 2023

OPM
OPM
des cœurs brûlants à Emmaüs
des cœurs brûlants à Emmaüs

Chers frères et sœurs,
Pour la Journée Mondiale des Missions de cette année, j’ai choisi un thème qui s’inspire du récit des disciples d’Emmaüs, dans l’Évangile de Luc (cf. 24, 13-35) : “Des cœurs brûlants, des pieds en marche ”.

Ces deux disciples sont troublés et déçus, mais la rencontre avec le Christ dans la Parole et dans le Pain rompu a allumé en eux l’enthousiasme de se remettre en route pour Jérusalem et d’annoncer que le Seigneur est vraiment ressuscité.

Dans le récit évangélique, nous saisissons la transformation des disciples à partir de quelques images suggestives : des cœurs brûlants pour les Écritures expliquées par Jésus, des yeux ouverts afin de le reconnaître et, comme point culminant, des pieds en marche.

En méditant sur ces trois aspects qui dessinent l’itinéraire des disciples missionnaires, nous pouvons renouveler notre zèle pour l’évangélisation dans le monde d’aujourd’hui.

1
Des cœurs brûlants
“tandis qu’il nous expliquait les Écritures”.
La Parole de Dieu éclaire et transforme le cœur dans la mission. Sur le chemin de Jérusalem à Emmaüs, les cœurs des deux disciples étaient tristes – comme le montraient leurs visages – à cause de la mort de Jésus, en qui ils avaient cru (cf. v. 17). Face à l’échec du Maître crucifié, leur espérance qu’il soit le Messie s’était effondrée (cf. v. 21).

Des cœurs brûlants, des pieds en marche (cf. Lc 24, 13-35) Et, «tandis qu’ils s’entretenaient et s’interrogeaient, Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux » (v. 15). Comme au début de la vocation des disciples, encore maintenant au moment de leur égarement, le Seigneur prend l’initiative de s’approcher des siens et de marcher à leurs côtés.

Dans sa grande miséricorde, Il ne se lasse pas de rester avec nous, malgré nos défauts, nos doutes, les faiblesses, malgré la tristesse et le pessimisme qui nous rendent « sans intelligence et lents à croire » (v. 25), des hommes de peu de foi.

Aujourd’hui, comme autrefois, le Seigneur ressuscité est proche de ses disciples missionnaires, et il marche à leurs côtés, surtout lorsqu’ils se sentent perdus, découragés, effrayés face au mystère d’iniquité qui les entoure et qui veut les étouffer. C’est pourquoi « ne nous laissons pas voler l’espérance » (Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 86).

Le Seigneur est plus grand que nos problèmes, surtout lorsque nous les rencontrons dans l’annonce de l’Évangile au monde, car cette mission, après tout, est la sienne et nous ne sommes que ses humbles collaborateurs, des “serviteurs inutiles” (cf. Lc 17, 10).

J’exprime ma proximité dans le Christ à tous les missionnaires du monde, en particulier à ceux qui traversent une période difficile : chers amis, le Seigneur ressuscité est toujours avec vous et il voit votre générosité et vos sacrifices pour la mission d’évangélisation dans les lieux les plus reculés.

Les jours de la vie ne sont pas tous ensoleillés, mais souvenons-nous toujours des paroles du Seigneur Jésus à ses amis avant sa passion : « Dans le monde, vous avez à souffrir, mais courage ! Moi, je suis vainqueur du monde » (Jn 16, 33).

Après avoir écouté les deux disciples sur la route d’Emmaüs, Jésus ressuscité « partant de Moïse et de tous les Prophètes, leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait » (Lc 24, 27). Et les cœurs des disciples se réchauffèrent, comme ils finiront par se l’avouer l’un à l’autre : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? » (v. 32).

En effet, Jésus est la Parole vivante, qui seule peut enflammer, éclairer et transformer le cœur.

Ainsi, nous comprenons mieux l’affirmation de saint Jérôme : « Ignorer les Écritures, c’est ignorer le Christ » (In Is., Prologue). « Si le Seigneur ne nous y introduit pas, il est impossible de comprendre en profondeur l’Écriture Sainte.

Pourtant le contraire est tout aussi vrai : sans l’Écriture Sainte, les événements de la mission de Jésus et de son Église dans le monde restent indéchiffrables » (Lettre. ap. M.P. Aperuit illis, n. 1). C’est pourquoi la connaissance de l’Écriture est importante pour la vie du chrétien, et plus encore pour l’annonce du Christ et de son Évangile.

Sinon, que transmet-on aux autres si ce n’est ses propres idées et projets ? Et un cœur froid, pourra-t-il jamais faire brûler celui des autres ? Laissons-nous donc toujours accompagner par le Seigneur ressuscité qui nous explique le sens des Écritures. Laissons-le brûler nos cœurs, nous éclairer et nous transformer, afin que nous puissions annoncer au monde son mystère de salut avec la puissance et la sagesse qui viennent de son Esprit.

2
Des yeux qui “s’ouvrirent, et le reconnurent” à la fraction du pain.
Jésus dans l’Eucharistie est le sommet et la source de la mission. Les cœurs brûlants pour la Parole de Dieu ont poussé les disciples d’Emmaüs à demander au mystérieux Voyageur, le soir tombant, de rester avec eux. Et, autour de la table, leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent quand Il rompit le pain.

L’élément décisif qui ouvre les yeux des disciples est la séquence des actions réalisées par Jésus : prendre le pain, le bénir, le rompre et le leur donner. Ce sont des gestes ordinaires d’un maître de maison juif, mais, accomplis par Jésus-Christ avec la grâce de l’Esprit Saint, ils renouvellent pour les deux convives le signe de la multiplication des pains et surtout celui de l’Eucharistie, sacrement du Sacrifice de la croix.

Mais au moment même où ils reconnaissent Jésus dans Celui-qui-rompt-le-pain, « il disparut à leurs regards » (Lc 24, 31). Ce fait nous permet de comprendre une réalité essentielle de notre foi : le Christ qui rompt le pain devient maintenant le Pain rompu, partagé avec les disciples et donc consommé par eux.

Il est devenu invisible, parce qu’il est maintenant entré dans le cœur des disciples pour les faire brûler encore davantage, les incitant à reprendre la route sans tarder pour communiquer à tous l’expérience unique de la rencontre avec le Ressuscité !

Ainsi, le Christ ressuscité est Celui-qui-rompt-le-pain et, en même temps, il est le Pain-rompu-pour-nous. Et donc, tout disciple missionnaire est appelé à devenir, comme Jésus et en Lui, grâce à l’action de l’Esprit Saint, celui-qui-rompt-le-pain et celui- qui-est-pain-rompu pour le monde.

À cet effet, il faut rappeler qu’une simple fraction de pain matériel avec les affamés au nom du Christ est déjà un acte missionnaire chrétien. À plus forte raison, la fraction du Pain eucharistique qui est le Christ Lui-même est l’action missionnaire par excellence, car l’Eucharistie est la source et le sommet de la vie et de la mission de l’Église.

Le Pape Benoît XVI l’a rappelé : « Nous ne pouvons garder pour nous l’amour que nous célébrons dans le Sacrement [de l’Eucharistie]. Il demande de par sa nature d’être communiqué à tous. Ce dont le monde a besoin, c’est de l’amour de Dieu, c’est de rencontrer le Christ et de croire en Lui.

C’est pourquoi l’Eucharistie n’est pas seulement source et sommet de la vie de l’Église; elle est aussi source et sommet de sa mission: “Une Église authentiquement eucharistique est une Église missionnaire” » (Exhort. ap. Sacramentum caritatis, n. 84).

Pour porter du fruit, nous devons rester unis à Lui (cf. Jn 15, 4-9). Et cette union se réalise par la prière quotidienne, surtout dans l’adoration, en restant en silence en présence du Seigneur qui reste avec nous dans l’Eucharistie.

En cultivant avec amour cette communion avec le Christ, le disciple missionnaire peut devenir un mystique en action. Que notre cœur aspire toujours à la compagnie de Jésus, en murmurant la demande ardente des deux hommes d’Emmaüs, surtout quand vient le soir : “Reste avec nous, Seigneur !” (cf. Lc 24, 29).

3
Les pieds en marche, avec la joie de raconter le Christ ressuscité.
La jeunesse éternelle d’une Église toujours en sortie. Après avoir ouvert les yeux, en reconnaissant Jésus dans la « fraction du pain », les disciples, « à l’instant même, se levèrent et retournèrent à Jérusalem » (cf. Lc 24, 33).

Ce départ en toute hâte, pour partager avec les autres la joie de la rencontre avec le Seigneur, montre que « la joie de l’Évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus. Ceux qui se laissent sauver par Lui sont libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement.

Avec Jésus-Christ la joie naît et renaît toujours » (Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 1). On ne peut vraiment rencontrer Jésus ressuscité sans être enflammé par le désir de le dire à tout le monde.

Par conséquent, ceux qui ont reconnu le Christ ressuscité dans les Écritures et dans l’Eucharistie, et qui portent son feu dans le cœur et sa lumière dans les yeux, sont la première et la principale ressource de la mission. Ils peuvent témoigner de la vie qui ne meurt jamais, même dans les situations les plus difficiles et les moments les plus sombres.

L’image des “pieds en marche” nous rappelle une fois encore la validité permanente de la missio ad gentes, la mission, donnée à l’Église par le Seigneur ressuscité, d’évangéliser toute personne et tout peuple jusqu’aux extrémités de la terre. Aujourd’hui plus que jamais, l’humanité blessée par tant d’injustices, de divisions et de guerres, a besoin de la Bonne Nouvelle de la paix et du salut dans le Christ.

Je saisis donc cette occasion pour réaffirmer que « tous ont le droit de recevoir l’Évangile. Les chrétiens ont le devoir de l’annoncer sans exclure personne, non pas comme quelqu’un qui impose un nouveau devoir, mais bien comme quelqu’un qui partage une joie, qui indique un bel horizon, qui offre un banquet désirable » (ibid., n. 14).

La conversion missionnaire reste l’objectif principal que nous devons nous fixer en tant qu’individus et en tant que communauté, car « l’action missionnaire est le paradigme de toute tâche de l’Église » (ibid., n. 15).

Comme l’affirme l’apôtre Paul, l’amour du Christ nous interpelle et nous pousse (cf. 2 Co 5, 14). Il s’agit ici du double amour : celui du Christ pour nous qui rappelle, inspire et suscite notre amour pour Lui.

Et c’est cet amour qui rend toujours jeune l’Église en sortie, avec tous ses membres en mission pour annoncer l’Évangile du Christ, convaincus qu’ « Il est mort pour tous, afin que les vivants n’aient plus leur vie centrée sur eux- mêmes, mais sur Lui, qui est mort et ressuscité pour eux » (v. 15).

Chacun peut contribuer à ce mouvement missionnaire : par la prière et l’action, par des offrandes d’argent et de souffrances, par son témoignage. Les Œuvres Pontificales Missionnaires sont l’instrument privilégié pour favoriser cette coopération missionnaire sur le plan spirituel et matériel. C’est pourquoi la collecte des offrandes de la Journée Mondiale des Missions est dédiée à l’Œuvre Pontificale de la Propagation de la Foi.

L’urgence de l’action missionnaire de l’Église implique naturellement une coopération missionnaire toujours plus étroite de tous ses membres à tous les niveaux. C’est un objectif essentiel du parcours synodal que l’Église est en train d’accomplir avec les mots-clés communion, participation, mission.

Ce parcours n’est certes pas un repli de l’Église sur elle-même ; il n’est pas un sondage du peuple pour décider, comme dans un parlement, ce qu’il faut croire et pratiquer ou non selon les préférences humaines.

Il s’agit plutôt d’une marche comme les disciples d’Emmaüs, en écoutant le Seigneur ressuscité qui vient toujours parmi nous pour nous expliquer le sens des Écritures et rompre le Pain pour nous, afin que nous puissions poursuivre, avec la force de l’Esprit.

De même que ces deux disciples racontèrent aux autres ce qui s’était passé sur la route (Cf. Lc 24, 35), de même notre annonce sera un joyeux récit du Christ Seigneur, de sa vie, de sa passion, de sa mort et de sa résurrection, des merveilles que son amour a accomplies dans notre vie.

Repartons donc nous aussi, éclairés par la rencontre avec le Ressuscité et animés par son Esprit. Repartons avec des cœurs brûlants, les yeux ouverts, les pieds en marche, pour enflammer d’autres cœurs avec la Parole de Dieu, ouvrir d’autres yeux à Jésus Eucharistie, et inviter tout le monde à marcher ensemble sur le chemin de la paix et du salut que Dieu, dans le Christ, a donnés à l’humanité.

Sainte Marie de la route, Mère des disciples missionnaires du Christ et Reine des Missions, priez pour nous !

Rome, Saint Jean de Latran,
6 janvier 2023, Solennité de l’Épiphanie du Seigneur.
Pape François

Charles de Foucauld, figure prophétique de notre temps

Charles de Foucauld, figure prophétique de notre temps

À mi-chemin de l’assemblée synodale, le Pape François choisit l’exemple évangélisateur de saint Charles de Foucauld, et met en relief les différentes facettes de la vie du saint, dont son attention à l’importance des laïcs pour la participation à la mission de l’Église.

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 18 octobre 2023

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Catéchèse – La passion pour l’évangélisation : le zèle apostolique du croyant – 23. Saint Charles de Foucauld, cœur vibrant de la charité dans la vie cachée

Chers frères et sœurs, bonjour !

Nous poursuivons dans notre rencontre avec certains chrétiens témoins riches de zèle dans l’annonce de l’Évangile. Le zèle apostolique, le zèle pour l’annonce : et nous allons à la rencontre de certains chrétiens qui ont été des exemples de ce zèle apostolique.

Aujourd’hui, je voudrais vous parler d’un homme qui a fait de Jésus et de ses frères les plus pauvres la passion de sa vie. Je me réfère à Saint Charles de Foucauld qui, « grâce à son expérience intense de Dieu, a fait un cheminement de transformation jusqu’à se sentir le frère de tous » (Lett. enc. Fratelli tutti, 286).

Et quel a été le « secret » de Charles de Foucauld, de sa vie ? Après avoir vécu une jeunesse loin de Dieu, sans croire à rien sinon qu’à la recherche désordonnée du plaisir, il le confie à un ami non-croyant, auquel, après s’être converti en accueillant la grâce du pardon de Dieu dans la Confession, il révèle la raison de sa vie. Il écrit : « J’ai perdu mon cœur pour Jésus de Nazareth » [1].

Frère Charles nous rappelle ainsi que le premier pas dans l’évangélisation est d’avoir Jésus dans son cœur, c’est de « perdre la tête » pour Lui. Si ce n’est pas le cas, difficilement nous réussissons à le montrer par notre vie. Nous risquons en revanche de parler de nous-mêmes, dans notre groupe d’appartenance, d’une morale ou, pire encore, d’un ensemble de règles, mais pas de Jésus, de son amour, de sa miséricorde.

Cela je le vois dans certains nouveaux mouvements qui émergent : ils parlent de leur vision de l’humanité, ils parlent de leur spiritualité et ils se sentent une nouvelle voie… Mais pourquoi ne parlez-vous pas de Jésus ? Ils parlent de beaucoup de choses, d’organisation, de chemins spirituels, mais ils ne savent pas parler de Jésus.

Je crois qu’aujourd’hui, il serait bon que chacun d’entre nous se demande : « Est-ce que j’ai Jésus au centre de mon cœur ? Ai-je un peu perdu la tête pour Jésus ?

*

Charles le fait, au point de passer de l’attraction pour Jésus à l’ imitation de Jésus. Conseillé par son confesseur, il se rend en Terre Sainte pour visiter les lieux où le Seigneur a vécu et pour marcher où le Maitre a marché. En particulier, c’est à Nazareth qu’il comprend le devoir de se former à l’école du Christ.

Il vit une relation intense avec le Seigneur, passe de longues heures à lire les Évangiles et se sent comme son petit frère. Et connaissant Jésus, nait en lui le désir de le faire connaitre : cela survient toujours ainsi. Lorsque chacun de nous connait plus Jésus, nait le désir de le faire connaitre, de partager ce trésor.

En commentant le récit de la visite de la Vierge à Élisabeth, il Lui fait dire, à la Vierge, à lui : « Je me suis donné au monde… portez-moi au monde ». Oui mais comment faire ? Comme Marie dans le mystère de la Visitation : « en silence, par l’exemple, par la vie ».[2]

Par la vie, parce que « toute notre existence, écrit frère Charles – doit crier l’Évangile »[3]. Et tant de fois notre existence crie mondanité, crie tant de choses stupides, choses étranges et lui nous dit : “Non, toute notre existence doit crier l’Évangile”.

Il décide alors de s’installer dans des régions lointaines pour crier l’Évangile dans le silence, en vivant dans l’esprit de Nazareth, dans la pauvreté et de manière cachée. Il se rend dans le désert du Sahara, parmi les non-chrétiens, et y arrive en ami et en frère, apportant la douceur de Jésus Eucharistie.

Charles laisse que ce soit Jésus à agir silencieusement, convaincu que la « vie eucharistique » évangélise. En effet, il croit que le Christ est le premier évangélisateur. Il reste donc en prière aux pieds de Jésus, devant le tabernacle, environ dix heures par jour, sûr que la force évangélisatrice se trouve là et réalisant que c’est Jésus qui le rend proche de tant de frères lointains.

Et nous, je me demande croyons-nous au pouvoir de l’Eucharistie ? Notre sortie vers les autres, notre service, trouve-t-il là, dans l’adoration, son commencement et son accomplissement ? Je suis convaincu que nous avons perdu le sens de l’adoration : nous devons le retrouver, en commençant par nous, personnes consacrées, évêques, prêtres, religieuses et toutes les personnes consacrées. « Perdre » du temps devant le tabernacle, retrouver le sens de l’adoration.

*

Charles de Foucauld écrivait : « Tout chrétien est un apôtre »[4] et rappelle à un ami qu’ « à côté des prêtres, nous avons besoin de laïcs qui voient ce que le prêtre ne voit pas, qui évangélisent avec une proximité de charité, avec une bonté pour tous, avec une affection toujours prête à se donner »[5].

Les saints laïcs, pas les arrivistes, mais ces laïcs, hommes et femmes qui sont amoureux de Jésus, font comprendre au prêtre qu’il n’est pas un fonctionnaire, qu’il est un médiateur, un prêtre. Combien nous, prêtres, avons besoin d’avoir à nos côtés ces laïcs qui croient sérieusement et qui, par leur témoignage, nous enseignent le chemin.

Charles de Foucauld, avec cette expérience laïque, anticipe l’époque du Concile Vatican II, il perçoit l’importance des laïcs et comprend que l’annonce de l’Évangile est la responsabilité du peuple de Dieu tout entier.

Mais comment accroître cette participation ? Comme Charles de Foucauld l’a fait : en se mettant à genoux et en accueillant l’action de l’Esprit, qui suscite toujours de nouvelles manières pour s’engager, rencontrer, écouter et dialoguer, toujours dans la collaboration et dans la confiance, toujours en communion avec l’Église et avec les pasteurs.

*

Saint Charles de Foucauld, figure qui est une prophétie pour notre temps, a témoigné de la beauté de la communication de l’Évangile à travers l’ apostolat de la douceur : lui qui se sentait « frère universel » et accueillait tous, nous montre la force évangélisatrice de la douceur, de la tendresse. Ne l’oublions pas, le style de Dieu ce sont trois paroles : proximité, compassion et tendresse.

Dieu est toujours proche, toujours compatissant, toujours tendre. Et le témoignage chrétien doit suivre ce chemin : de proximité, de compassion, de tendresse. Et il était ainsi doux et tendre. Il voulait que quiconque le rencontrait voit, à travers sa bonté, la bonté de Jésus. Il disait qu’il était en fait « le serviteur de quelqu’un qui est bien meilleur que moi »[6].

Vivre la bonté de Jésus l’entrainait à tisser des liens fraternels et d’amitié avec les pauvres, avec les Touaregs, avec ceux qui sont les plus éloignés de sa mentalité. Peu à peu, ces liens généraient la fraternité, l’inclusion, l’appréciation de la culture de l’autre. La bonté est simple et demande d’être des gens simples, qui n’ont pas peur de donner un sourire.

Et avec son sourire, avec sa simplicité, Frère Charles a témoigné de l’Évangile. Jamais de prosélytisme, jamais : le témoignage. L’évangélisation ne se fait pas par le prosélytisme, mais par témoignage, par attraction. Demandons-nous alors enfin si nous portons en nous et aux autres la joie chrétienne, la douceur chrétienne, la tendresse chrétienne, la compassion chrétienne, la proximité chrétienne. Merci.

* * *

Je salue cordialement les pèlerins de langue française présents à cette audience, notamment les groupes de paroissiens et d’élèves venus de Suisse, de Côte d’Ivoire, de France et du Maroc, notamment la Délégation de l’Institut œcuménique de théologie Al Mowafaqa, accompagnée par le Cardinal Cristobal Lopez Romero et Madame Karen Smith.

Puisse saint Charles de Foucauld, nous apprendre la valeur du silence et la force évangélisatrice d’une vie cachée en Dieu.

Que le Seigneur vous bénisse !


APPELS 

Aujourd’hui encore, chers frères et sœurs, nos pensées vont vers la Palestine et Israël. Le nombre de victimes augmente et la situation à Gaza est désespérée. Que tout ce qui est possible soit fait, s’il vous plait, pour éviter une catastrophe humanitaire. Il est inquiétant de constater que le conflit pourrait s’étendre alors que tant de fronts de guerre sont déjà ouverts dans le monde.

Faites taire les armes, écoutez le cri de paix des pauvres, des peuples, des enfants… Frères et sœurs, la guerre ne résout aucun problème : elle ne fait que semer la mort et la destruction, accroître la haine, multiplier les vengeances. La guerre efface l’avenir, elle efface l’avenir. J’exhorte les croyants à ne prendre qu’un seul parti dans ce conflit : celui de la paix.

Mais pas avec des mots, mais avec la prière, avec un dévouement total. C’est dans cet esprit que j’ai décidé d’appeler à une journée de jeûne et de prière le vendredi 27 octobre, une journée de pénitence à laquelle j’invite les sœurs et les frères des différentes confessions chrétiennes, ceux qui appartiennent à d’autres religions et tous ceux qui ont à cœur la cause de la paix dans le monde, à se joindre comme ils l’entendent.

Ce soir-là, à 18 heures, à Saint-Pierre, nous vivrons dans un esprit de pénitence une heure de prière pour implorer la paix, la paix dans ce monde. Je demande à toutes les Églises particulières de participer en organisant des initiatives similaires impliquant le Peuple de Dieu.


Résumé de la catéchèse du Saint-Père

Chers frères et sœurs,

Charles de Foucauld, après une jeunesse loin de Dieu et toute donnée aux plaisirs, a changé radicalement de vie en rencontrant le Christ qui l’a attiré à Lui. Et, de l’attraction pour le Christ, il en est venu à l’imitation du Christ en se mettant à son école. C’est la vie cachée de Nazareth qui devint son idéal et qu’il vécut au Sahara dans la pauvreté et le silence. Un silence rempli de Jésus dans l’Eucharistie dont il a compris la force évangélisatrice.

Saint Charles de Foucauld est une figure prophétique pour notre temps ; lui qui se sentait le « frère universel » de tous, il a montré l’importance de cultiver l’amitié et la fraternité avec ceux qui sont loin de nous, en utilisant le sourire comme une charité. Une manière de nous rapprocher des hommes, à travers l’apostolat de la douceur dont chaque chrétien peut faire preuve.


[1] Lettres à un ami de lycée. Correspondance avec Gabriel Tourdes (1874-1915), Paris 2010, 161.

[2] Crier l’Evangile, Montrouge 2004, 49.

[3] M/314 in C. de Foucauld, La bonté de Dieu. Méditations sur les Saints Évangiles (1), Montrouge 2002, 285.

[4] Lettre à Joseph Hours, in Correspondances lyonnaises (1904-1916), Paris 2005, 92.

[5] Ivi, 90.

[6] Carnets de Tamanrasset (1905-1916), Paris 1986, 188.


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