Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

ANNONCIATION

ANNONCIATION

La fête de l’Annonciation est normalement célébrée le 25 mars dans l’Église, neuf mois avant Noël. Voici ce que nous enseigne le texte évangélique de l’Annonciation (Luc 1, 28-38) :

  1. Annonciation - Philippe de Champaigne - Musée des Beaux-Arts de Caen
    Annonciation – Philippe de Champaigne – Musée des Beaux-Arts de Caen

    La Vierge Marie est un être exceptionnel. Elle est saluée comme pleine de beauté. C’est le texte du Nouveau Testament sur lequel l’Église s’appuie quand elle affirme l’Immaculée Conception.

  2. Le Messie est à la fois fils de David et fils de Dieu. Il réalisera les promesses de Dieu. Il sera à la tête d’un royaume, celui-là même que les Prophètes ont annoncé.
  3. La Vierge Marie demande comment Dieu peut vouloir à la fois sa virginité et sa maternité. L’ange répond : « Par la toute-puissance divine. » Le corps du Christ sera formé par le Saint-Esprit. Comme preuve de cette toute-puissance, il annonce la maternité prochaine d’Élisabeth.
  4. L’attitude de Marie est empreinte de foi et de générosité.
  5. Elle n’a pas accepté à la légère. Elle connaissait suffisamment les Écritures pour savoir qu’elle souffrirait. Cependant Dieu ne l’éclaire pas dans le détail ; il demande à Marie de s’en remettre à Lui, ce qu’elle fait : « Je suis la servante du Seigneur. »

Splendeur mariale que le mystère dont Saint Augustin s’exclamait dans une admiration étonnée : « Quel esprit pourra méditer, quelle langue pourra exprimer non seulement que le Verbe était au commencement, sans aucun principe de naissance, mais aussi que le Verbe s’est fait chair, qu’il a choisi une vierge pour en faire sa mère, une mère restée vierge… Qu’est cela ? Qui parlera ? Qui se taira ? C’est étrange à dire : ce que nous ne pouvons exprimer, nous ne pouvons le taire ; nous prêchons à haute voix ce que notre intelligence ne saisit pas » (Serm. 215, 3; PL 38, 1073).

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L’Angélus de nos campagnes

L’Angélus de nos campagnes

Henri Vincenot (1912-1985), cheminot et artiste bourguignon aux multiples talents (à la. fois écrivain, peintre, sculpteur), reconnu sur le tard, a été rendu célèbre par ses passages à l’émission littéraire de télévision Apostrophes dans les années 70. Il est l’auteur de nombreux romans et de récits d’enfance (tels La Billebaude, Le Pape des escargots,  Psaumes à Notre-Dame en faveur de notre fils [décédé} ou Mémoires d’un enfant du rail), qui ont pour théâtre la Bourgogne, ses coutumes, ses légendes et son franc-parler puisant à la fois au patois bourguignon et au bon sens paysan.

Jean-François Millet - l'Angélus Musée d'Orsay 1859
Jean-François Millet l’Angélus Musée d’Orsay 1859

Et puis, tout en marchant (marcher stimule la pensée), je me permets de développer ce paradoxe qui ne fait de mal à personne :

En somme, le progrès industriel dont je dis tant de mal en toutes occasions, a eu au moins pour résultat, et ce n’est pas le moindre, cet ensauvagement de mes campagnes qui donne bien du bonheur à ceux qui ont la bonne idée d’y rester … ou d’y retourner.

Comme j’arrive à cette conclusion, l’Angélus se met à sonner dans un des villages de la vallée, à mes pieds. L’Angélus justement : carillon de trois fois trois coups, suivi de la volée de la babillarde, et qui salue la Femme, la génitrice, l’être choisi pour être l’origine du fils de l’homme.

C’est un plaisir rare aujourd’hui d’entendre l’Angélus, car les clochers sont muets. «On ne sonne plus l’Angélus parce qu’on n’a plus le temps!» m’ont dit, ici et là, des gens dont certains étaient les descendants du dernier marguiller-bedeau. On n’a plus le temps ! J’en prends note non sans étonnement. Moi, à qui on avait faire croire que la civilisation de la machine allait nous donner du temps, au contraire ! Me serais-je trompé ? M’aurait-on trompé ?

Dans quelques villages pourtant, des gens, souvent obscurs, et pas toujours des bien-pensants, ont résolu de sonner encore les trois Angélus du jour – parfois seulement celui du soir.

J’en connais un, de ces sonneurs entêtés. C’est une sorte de vieux mécréant -anticlérical et misogyne, qui cultive son jardin, pèche la truite et la vandoise, boit vigoureusement et ronchonne en cueillant l’herbe de ses lapins. Tous les matins à l’aube et chaque soir à sept heures, on le voit descendre la «ruelle aux orties» où débouche sa turne, et chacun de dire : Tiens ! Le Lazare va se pendre !

De fait il se suspend à deux cordés, à la fois, celle de « la Grosse » et celle de « la babillarde » et il les fait «causer». Trois coups de l’une et trois coups de l’autre. A midi, il ne sonne pas. Les mauvaises langues disent qu’il n’en aurait plus la force.

Si on lui demande pourquoi cette fidélité à une tradition perdue il dit : « C’est comme ça ! » Il m’a dit une fois: « J’aime entendre ça ! Quand l’ancien bedeau est mort, aucun bien-pensant n’a voulu le remplacer. Sonner les cloches, c’est bon pour les petites gens, et il n’y a plus de petites gens. On est resté comme ça, sans Angélus, pendant un temps. Ça me manquait, alors je m’y suis mis ! »

Lui, le vieux misogyne, il sonne en l’honneur de la femme, aux heures féminines entre toutes : l’aube et le crépuscule. Les heures où l’homme cherche à retrouver la Femme.

Il n’en pense pas si long. Il sonne parce qu’au fond, il sait qu’au fond de ses cloches toute la région se met à vibrer de souvenirs.

Bien qu’éloignées, celles que j’entends ce soir font vrombir toute la forêt. C’est peut-être le vieux qui tire les ficelles, c’est peut-être une vieille fille, nostalgique du temps où on récitait des « Ave », c’est peut-être (je sais qu’il en existe) un jeune gars ou une jeune fille qui persiste. On dit d’eux que ce sont des poètes. La poésie a bon dos. Il y a peut-être bien autre chose que de la poésie dans la tête de ces gens-là. Ou alors dans la poésie, il y a peut-être bien autre chose que ce que l’on croit !

Toujours est-il que les vibrations montent sur les versants, jusqu’à moi, et je l’ai remarqué, les feuilles ont l’air de se mettre à l’unisson et les oiseaux se taisent. (Mon village a trois cloches qui sont muettes. Pourquoi ne les ferais-je pas chanter, moi aussi ?)

On peut, si l’on veut, réciter ce texte, assez mystérieux, que les grands-mères nous apprenaient : « Je suis la servante du Seigneur. Qu’il me soit fait selon votre parole ».

On peut se mettre à méditer sur les choses essentielles -ou sur les choses secondaires, sur soi et sur les autres.

On peut aussi, tout simplement, se laisser envahir par les vibrations et se mettre à vibrer soi-même, avec toute la forêt, avec tous les insectes, avec tout le pays qui est le mien.

C’est un moment de détente où je retrouve le calme qui m’envahissait lorsque, lâchant les nippes qu’elles ravaudaient, les vieilles femmes se mettaient à marmonner les phrases dites « angéliques », alors que tous les bruits cessaient et qu’il se fabriquait un silence de haute qualité.

On en ressentait un bienfait immédiat et immense – et je ne serais pas étonné que les médecins d’aujourd’hui aient un mot, Je suggère même, et gratuitement, au médecin qui le voudra, de faire installer, dans la clinique, deux cloches donnant l’accord de tierce, ou de tierce diminuée, et, aux heures convenables, qui sont celles de la tendresse et de la paix, de faire sonner l’Angélus. Encore faudrait-il reconstituer l’espace sonore nécessaire, les monts, les combes, les champs, l’air libre …

Mais alors pourquoi ne pas transporter tout simplement les malades (qui ne l’est pas aujourd’hui ?) dans leur pays natal, je veux dire sur la terre de leur race et d’y faire sonner l’Angélus deux ou trois fois par jour ? La sécurité sociale rembourse certainement des remèdes moins efficaces que celui-là.

Henri Vincenot, dans Terres de mémoire, éditions Jean-Pierre Delarge, 1979.

Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

l’amour donne son accomplissement à la vie

L’amour donne son accomplissement à la vie

Avant la prière de l’angélus, le Pape a parlé à partir de l’Évangile de ce dimanche 12 février, dans lequel Jésus explique qu’il n’est pas venu abolir la loi, mais l’accomplir. Une dynamique qui va au-delà de l’observance formelle et balaie toute hypocrisie. Ce qui donne du sens à la loi et à l’existence est un amour sans calcul.

 

LE PAPE FRANÇOIS

ANGELUS

Place Saint-Pierre
dimanche 12 février 2023

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Chers frères et sœurs, bonjour!

Dans l’Évangile de la liturgie d’aujourd’hui, Jésus dit : « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes ; Je ne suis pas venu abolir, mais accomplir pleinement » (Mt 5, 17). Accomplissement : c’est un mot clé pour comprendre Jésus et son message. Mais que signifie cet « accomplissement » ? Pour l’expliquer, le Seigneur commence par dire ce qui n’est pas l’accomplissement.

L’Écriture dit de ne pas « tuer », mais pour Jésus cela ne suffit pas si ensuite les frères sont blessés par des mots; L’Écriture dit de ne pas « commettre l’adultère », mais cela ne suffit pas si vous vivez alors un amour souillé par la duplicité et le mensonge; L’Écriture dit de « ne pas jurer faussement », mais il ne suffit pas de prêter un serment solennel si l’on agit alors hypocritement (cf. Mt 5,21-37). Il n’y a donc pas d’accomplissement.

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Pour nous donner un exemple concret, Jésus se concentre sur le « rite d’offrande ». En faisant une offrande à Dieu, on rendait la gratuité de ses dons. C’était un rituel très important – faire une offre de retour symbolique, pour ainsi dire, la gratuité de ses dons – si important qu’il était interdit de l’interrompre sauf pour des raisons graves.

Mais Jésus affirme qu’il faut l’interrompre si un frère a quelque chose contre nous, pour aller d’abord se réconcilier avec lui (cf. vv. 23-24) : ce n’est qu’ainsi que s’achève le rite. Le message est clair : Dieu nous aime le premier, gratuitement, faisant le premier pas vers nous sans que nous le méritions ; et puis on ne peut célébrer son amour sans faire le premier pas à son tour pour se réconcilier avec ceux qui nous ont fait du mal.

Il y a donc accomplissement aux yeux de Dieu, sinon l’observance purement rituelle extérieure ne sert à rien, elle devient une fiction. Autrement dit, Jésus nous fait comprendre que les normes religieuses sont utiles, elles sont bonnes, mais elles ne sont qu’un début : pour les réaliser il faut aller au-delà de la lettre et vivre leur sens.

Les commandements que Dieu nous a donnés ne doivent pas être enfermés dans les coffres-forts asphyxiés de l’observance formelle, sinon nous restons dans une religiosité extérieure et détachée, serviteurs d’un « dieu maître » plutôt que fils de Dieu le Père. Jésus veut ceci : ne pas avoir l’idée de servir un Dieu maître, mais le Père ; et pour cela il faut aller au-delà de la lettre.

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Frères et sœurs, ce problème n’existait pas seulement au temps de Jésus, il existe aussi aujourd’hui. Parfois, par exemple, on entend des gens dire : « Père, je n’ai pas tué, je n’ai pas volé, je n’ai blessé personne… » comme pour dire : »Je vais bien ». Voici l’observance formelle, qui se contente du strict minimum, alors que Jésus nous invite à en faire le plus possible.

C’est-à-dire que Dieu ne raisonne pas par des calculs et des tables ; Il nous aime comme un amant : pas au minimum, mais au maximum ! Il ne nous dit pas : « Je t’aime jusqu’à un certain point. Non, le véritable amour n’est jamais jusqu’à un certain point et ne se sent jamais bien; l’amour va toujours plus loin, il ne peut s’en passer.

Le Seigneur nous l’a montré en nous donnant la vie sur la croix et en pardonnant à ses meurtriers (cf. Lc 23, 34). Et il nous a confié le commandement qui lui est le plus cher : que nous nous aimions comme lui nous a aimés (cf. Jn 15, 12). C’est l’amour qui accomplit la Loi, la foi et la vraie vie !

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Alors, frères et sœurs, nous pouvons nous demander : comment est-ce que je vis la foi ? S’agit-il de calculs, de formalismes ou d’une histoire d’amour avec Dieu ? Est-ce que je me contente de ne pas faire de mal, de garder « la façade » en place, ou est-ce que j’essaie de grandir dans l’amour de Dieu et des autres ?

Et de temps en temps, je vérifie le grand commandement de Jésus, je me demande si j’aime mon prochain comme il m’aime ? Parce que nous sommes peut-être inflexibles dans le jugement des autres et nous oublions d’être miséricordieux, car Dieu est avec nous.

Marie, qui a parfaitement observé la Parole de Dieu, aidez-nous à accomplir notre foi et notre charité.

Angelus Domini nuntiavit Mariae…

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Après l’Angélus

Chers frères et sœurs !

Nous continuons d’être proches, par la prière et un soutien concret, des populations touchées par le tremblement de terre en Syrie et en Turquie. Je voyais dans l’émission « A son image », les images de cette catastrophe, la douleur de ces peuples qui souffrent du tremblement de terre.

Prions pour eux, ne l’oublions pas, prions et réfléchissons à ce que nous pouvons faire pour eux. Et n’oublions pas l’Ukraine tourmentée : que le Seigneur ouvre des chemins de paix et donne aux responsables le courage de les suivre.

Les nouvelles qui arrivent du Nicaragua m’ont beaucoup attristé et je ne peux que rappeler ici avec inquiétude l’évêque de Matagalpa, Mgr Rolando Álvarez, que j’aime tant, condamné à 26 ans de prison, ainsi que les personnes qui ont été déportées dans le États-Unis. Je prie pour eux et pour tous ceux qui souffrent dans cette chère nation, et je demande vos prières.

Nous demandons également au Seigneur, par l’intercession de la Vierge Marie Immaculée, d’ouvrir le cœur des dirigeants politiques et de tous les citoyens à la sincère recherche de la paix, qui naît de la vérité, de la justice, de la liberté et de l’amour et qui s’atteint par l’exercice patient du dialogue. Prions ensemble Notre-Dame. [Ave Maria]

J’adresse mes salutations à vous tous, Romains et pèlerins d’Italie et d’autres pays. Je salue les groupes de Pologne, de République tchèque et du Pérou. Je salue les citoyens congolais qui sont ici présents. Votre pays est beau, il est beau ! Priez pour le pays !

Et je vous souhaite à tous un bon dimanche. S’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir !


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Texte traduit et présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse