Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

Que la Vierge de l’Étoile veille sur vous

Notre-Dame « à l’étoile » de Larmor-Plage (notre regard est attiré par celui de Marie qui nous conduit à celui de son Fils qui lui même ne quitte pas des yeux l’Étoile)

Chers amis, ne vous découragez pas ! La Providence aide toujours celui qui travaille pour le bien et s’engage pour la justice; elle aide tous ceux qui ne pensent pas seulement à eux, mais aussi à ceux qui connaissent plus de difficultés qu’eux…

Les valeurs fondamentales de la famille et du respect de la vie humaine, la sensibilité pour la justice sociale, la capacité de faire face à la fatigue et au sacrifice, le lien fort avec la foi chrétienne à travers la vie paroissiale et spécialement la participation à la Messe, ont été votre vraie force à travers les siècles.

Ce seront ces mêmes valeurs qui permettront aux générations actuelles de construire avec espérance leur avenir, donnant naissance à une société vraiment solidaire et fraternelle, où tous les différents milieux, les institutions et l’économie soient imprégnés de l’esprit évangélique.

Je m’adresse de manière particulière aux jeunes, auxquels il faut penser dans une perspective éducative. Ici, comme partout, il faut se demander, chers jeunes, quel type de culture vous est proposée, quels exemples et modèles vous sont recommandés, et évaluer s’ils sont à même de vous encourager à suivre les voies de l’Évangile et de la liberté authentique.

La jeunesse est pleine de ressources, mais il faut l’aider à vaincre la tentation de chemins faciles et illusoires pour trouver la voie de la Vie véritable et pleine.

Chers frères et sœurs ! Sur cette terre riche de traditions chrétiennes et de valeurs humaines, de nombreuses vocations masculines et féminines ont fleuri… Que ce soit un encouragement supplémentaire pour votre communauté diocésaine à s’engager toujours plus dans le domaine de l’éducation et de l’accompagnement des vocations.

Invoquons pour cela la protection de Marie, Notre-Dame de l’Assomption, Secours des chrétiens, Mère aimée et vénérée de manière particulière dans les nombreux sanctuaires qui lui sont consacrés…

Que sa présence maternelle indique à tous la voie de l’espérance et les y conduise comme l’étoile qui guida les saints rois mages. Que la Vierge de l’Étoile veille sur vous tous du col qui domine Ivrée, le Mont Stella qui lui est consacré, ainsi qu’aux rois mages. Remettons-nous à présent avec une confiance filiale entre les mains de la Vierge en l’invoquant par la prière de l’Angélus.

BENOÎT XVI ANGÉLUS Romano Canavese (Piémont) dimanche 19 juillet 2009

© Copyright 2009 – Libreria Editrice Vaticana

Tout nous vient du Cœur de Jésus

Tout nous vient du Cœur de Jésus

Voici une belle page d’un chartreux ancien, pour le jour du Sacré Cœur.

L’homme bon tire de bonnes choses du trésor de son cœur. Luc VI, 45

sacre-coeur-jesus-iconeSi vous voulez facilement et parfaitement être purifié de vos péchés, délivré de vos vices et enrichis de toutes sortes de biens, il faut retrancher toute occupation qui n’est pas nécessaire, puis vous livrer vous-même à l’Éternelle Charité dont le maître est le Saint Esprit, afin de devenir son disciple. Sans images sensibles, mais par la seule force de l’intelligence et de la volonté, offrez souvent, abandonnez, plongez votre cœur et votre esprit dans le très doux cœur de Notre Seigneur Jésus-Christ, votre Créateur, votre Rédempteur, votre ami crucifié ;

. dans son Cœur tout rempli d’amour ;
. dans son Cœur, séjour de la Très Sainte Trinité ;
. dans son Cœur où « toute la plénitude de la Divinité habite corporellement » ;
. dans son Cœur par lequel nous avons tous accès près du Père dans un même esprit ;
. dans son Cœur enfin qui, dans son immense charité, contient et embrasse tous les élus au ciel et sur la terre.

Élevez en esprit votre cœur vers le Cœur bienfaisant de votre Dieu, en ayant soin, avant tout, de tenir votre cœur bien recueilli en vous-même, en tout temps, en tout lieu, surtout quand vous chantez les louanges divines et dans vos oraisons et autres occupations, ainsi que Dieu vous le commande par ces paroles ou autres semblables : « Venez à moi, dit-il, portez mon joug, donnez-moi votre cœur et que vos yeux gardent mes voies, mettez-moi comme un cachet sur votre bras et sur votre cœur… » Vous répondrez humblement : « Mon cœur est prêt, mon cœur est prêt, je vous louerai de tout mon cœur et glorifierai éternellement de votre saint Nom, je lèverai mes mains et mon cœur vers Vous. »

Et c’est à juste titre, car dans le très doux Cœur de Jésus on trouve toutes les vertus : la miséricorde, la justice, la douceur, la force ; on y trouve le salut, la source de vie, la parfaite consolation, la vraie lumière qui illumine tout homme venant dans ce monde, celui surtout qui recourt à ce divin Cœur dans ses misères et ses afflictions. A dire vrai, tout le bien que l’on peut souhaiter, on le tire surabondamment de Jésus, et tout ce que nous recevons de grâces jaillit de son Cœur plus doux que le miel (et non point d’ailleurs), pour venir couler en nous. Son Cœur est le foyer de l’amour divin, toujours brûlant du feu de l’Esprit-Saint, purifiant, embrasant, transformant en Lui tous ceux qui Lui sont soumis ou qui désirent s’attacher à Lui.

Puisque tout bien découle du très doux Cœur de Jésus, vous devez donc rapporter à ce même Cœur tous les dons, les grâces, les bienfaits qui vous ont été accordés, à vous et à tous les hommes ; vous devez le faire pour la plus grande gloire de Dieu et l’avantage de la Sainte Église, ne vous attribuant absolument rien de ce que vous auriez pu faire de bon, ne vous complaisant pas dans les dons de Dieu, d’une manière égoïste, mais lui rendant aussitôt tout ce qu’il vous donne et faisant tout remonter à son origine, qui est le Cœur de Jésus : c’est surtout en chantant le Gloria Patri et en récitant les psaumes et les hymnes qui ont trait à la gloire de Dieu que vous devez le faire.

C’est encore dans le Cœur de Jésus que vous déposerez vos fautes ; c’est par Lui que vous demanderez grâce et pardon, que vous louerez et bénirez Dieu, non seulement en votre nom ; mais pour tous ceux qui vous sont confiés, pour toute l’Église catholique dont vous désirez le triomphe, invoquant du fond de l’abîme de votre misère, l’abîme des miséricordes de Dieu. Voilà pourquoi vous baiserez souvent, avec reconnaissance, une Image du Cœur de Jésus, de ce Cœur si bon, de ce Cœur dans lequel sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la science de Dieu. Si vous n’avez point une image du Sacré Cœur, vous en prendrez une de Jésus en croix.

Vous aspirerez sans cesse à contempler face à face votre Sauveur, vous lui confierez vos tristesses, vous attirerez son Cœur dans votre cœur, son esprit et son amour, ses grâces et ses vertus ; vous vous abandonnerez pieusement à Lui, dans la douleur comme dans la joie; vous vous confierez, vous vous attacherez à Lui ; vous habiterez dans son Cœur, mettant toute votre sollicitude à conserver l’unité d’esprit dans le lien de la paix, afin que Lui à son tour, daigne fixer sa demeure dans votre cœur et, finalement, vous vous reposerez et dormirez dans le Cœur de Jésus, car les cœurs de tous les mortels vous tromperont ou vous abandonneront, mais le Cœur très fidèle de Jésus ne vous trompera, ne vous délaissera jamais.

Ne négligez point, en outre, d’honorer dévotement et d’invoquer la glorieuse Mère de Dieu, Mère de miséricorde, la Très douce Vierge Marie, afin qu’elle daigne vous obtenir du très doux Cœur de son Fils, tout ce qui vous sera nécessaire : et ce que vous en aurez reçu, vous l’offrirez au Cœur de Jésus par les bénites mains de sa Mère ; vous prierez sa bonté maternelle de vous aider, avec tous les saints et les élus de Dieu, à louer et bénir le Seigneur pour tous les bienfaits qu’il vous a accordés jusqu’à ce jour et vous accordera éternellement. Ainsi soit-il.

Dom Dominique de Trêves,
né en Prusse en 1384, chartreux à Sierk et à Trêves, mort en 1461

Le merveilleux signe de la crèche

Le merveilleux signe de la crèche

À Greccio, dans une localité du centre de l’Italie, au nord-ouest de Rome, le 1er décembre, le Pape François a rendu visite à la Grotte de la Crèche, où saint François d’Assise a voulu pour la première fois reproduire l’événement de la Nativité, en 1223. En silence, il a prié quelques minutes, puis signé la Lettre apostolique «Admirabile signum» qui revient sur la signification et la valeur de la crèche. En cette neuvaine qui nous sépare de Noël, il est bon à notre rythme d’en méditer un des 10 n° chaque jour.

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LETTRE APOSTOLIQUE ADMIRABILE SIGNUM DU PAPE FRANÇOIS

SUR LA SIGNIFICATION ET LA VALEUR DE LA CRÈCHE

1. La crèche, un acte d’évangélisation à redécouvrir et revitaliser

Le merveilleux signe de la crèche, si chère au peuple chrétien, suscite toujours stupeur et émerveillement. Représenter l’événement de la naissance de Jésus, équivaut à annoncer le mystère de l’Incarnation du Fils de Dieu avec simplicité et joie.

La crèche, en effet, est comme un Évangile vivant, qui découle des pages de la Sainte Écriture. En contemplant la scène de Noël, nous sommes invités à nous mettre spirituellement en chemin, attirés par l’humilité de Celui qui s’est fait homme pour rencontrer chaque homme. Et, nous découvrons qu’Il nous aime jusqu’au point de s’unir à nous, pour que nous aussi nous puissions nous unir à Lui.

Par cette lettre je voudrais soutenir la belle tradition de nos familles qui, dans les jours qui précèdent Noël, préparent la crèche. Tout comme la coutume de l’installer sur les lieux de travail, dans les écoles, les hôpitaux, les prisons, sur les places publiques…

C’est vraiment un exercice d’imagination créative, qui utilise les matériaux les plus variés pour créer de petits chefs-d’œuvre de beauté. On l’apprend dès notre enfance : quand papa et maman, ensemble avec les grands-parents, transmettent cette habitude joyeuse qui possède en soi une riche spiritualité populaire.

Je souhaite que cette pratique ne se perde pas ; mais au contraire, j’espère que là où elle est tombée en désuétude, elle puisse être redécouverte et revitalisée.

2. Saint François et la crèche vivante de Greccio

L’origine de la crèche se trouve surtout dans certains détails évangéliques de la naissance de Jésus à Bethléem. L’évangéliste Luc dit simplement que Marie « mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune » (2, 7). Jésus est couché dans une mangeoire, appelée en latin praesepium, d’où la crèche.

En entrant dans ce monde, le Fils de Dieu est déposé à l’endroit où les animaux vont manger. La paille devient le premier berceau pour Celui qui se révèle comme « le pain descendu du ciel » (Jn 6, 41).

C’est une symbolique, que déjà saint Augustin, avec d’autres Pères, avait saisie lorsqu’il écrivait : « Allongé dans une mangeoire, il est devenu notre nourriture » (Serm. 189, 4). En réalité, la crèche contient plusieurs mystères de la vie de Jésus de telle sorte qu’elle nous les rend plus proches de notre vie quotidienne.

Mais venons-en à l’origine de la crèche telle que nous la comprenons. Retrouvons-nous en pensée à Greccio, dans la vallée de Rieti, où saint François s’arrêta, revenant probablement de Rome, le 29 novembre 1223, lorsqu’il avait reçu du Pape Honorius III la confirmation de sa Règle.

Après son voyage en Terre Sainte, ces grottes lui rappelaient d’une manière particulière le paysage de Bethléem. Et il est possible que le Poverello ait été influencé à Rome, par les mosaïques de la Basilique de Sainte Marie Majeure, représentant la naissance de Jésus, juste à côté de l’endroit où étaient conservés, selon une tradition ancienne, les fragments de la mangeoire.

Les Sources franciscaines racontent en détail ce qui s’est passé à Greccio. Quinze jours avant Noël, François appela un homme du lieu, nommé Jean, et le supplia de l’aider à réaliser un vœu : « Je voudrais représenter l’Enfant né à Bethléem, et voir avec les yeux du corps, les souffrances dans lesquelles il s’est trouvé par manque du nécessaire pour un nouveau-né, lorsqu’il était couché dans un berceau sur la paille entre le bœuf et l’âne »[1].

Dès qu’il l’eut écouté, l’ami fidèle alla immédiatement préparer, à l’endroit indiqué, tout le nécessaire selon la volonté du saint. Le 25 décembre, de nombreux frères de divers endroits vinrent à Greccio accompagnés d’hommes et de femmes provenant des fermes de la région, apportant fleurs et torches pour illuminer cette sainte nuit. Quand François arriva, il trouva la mangeoire avec la paille, le bœuf et l’âne.

Les gens qui étaient accourus manifestèrent une joie indicible jamais éprouvée auparavant devant la scène de Noël. Puis le prêtre, sur la mangeoire, célébra solennellement l’Eucharistie, montrant le lien entre l’Incarnation du Fils de Dieu et l’Eucharistie. À cette occasion, à Greccio, il n’y a pas eu de santons : la crèche a été réalisée et vécue par les personnes présentes[2].

C’est ainsi qu’est née notre tradition : tous autour de la grotte et pleins de joie, sans aucune distance entre l’événement qui se déroule et ceux qui participent au mystère.

Le premier biographe de saint François, Thomas de Celano, rappelle que s’ajouta, cette nuit-là, le don d’une vision merveilleuse à la scène touchante et simple : une des personnes présentes vit, couché dans la mangeoire, l’Enfant Jésus lui-même. De cette crèche de Noël 1223, « chacun s’en retourna chez lui plein d’une joie ineffable »[3].

3. L’émotion de voir Dieu qui se fait petit

Saint François, par la simplicité de ce signe, a réalisé une grande œuvre d’évangélisation. Son enseignement a pénétré le cœur des chrétiens et reste jusqu’à nos jours une manière authentique de proposer de nouveau la beauté de notre foi avec simplicité. Par ailleurs, l’endroit même où la première crèche a été réalisée exprime et suscite ces sentiments. Greccio est donc devenu un refuge pour l’âme qui se cache dans le rocher pour se laisser envelopper dans le silence.

Pourquoi la crèche suscite-t-elle tant d’émerveillement et nous émeut-elle ? Tout d’abord parce qu’elle manifeste la tendresse de Dieu. Lui, le Créateur de l’univers, s’abaisse à notre petitesse. Le don de la vie, déjà mystérieux à chaque fois pour nous, fascine encore plus quand nous voyons que Celui qui est né de Marie est la source et le soutien de toute vie.

En Jésus, le Père nous a donné un frère qui vient nous chercher quand nous sommes désorientés et que nous perdons notre direction ; un ami fidèle qui est toujours près de nous. Il nous a donné son Fils qui nous pardonne et nous relève du péché.

Faire une crèche dans nos maisons nous aide à revivre l’histoire vécue à Bethléem. Bien sûr, les Évangiles restent toujours la source qui nous permet de connaître et de méditer sur cet Événement, cependant la représentation de ce dernier par la crèche nous aide à imaginer les scènes, stimule notre affection et nous invite à nous sentir impliqués dans l’histoire du salut, contemporains de l’événement qui est vivant et actuel dans les contextes historiques et culturels les plus variés.

D’une manière particulière, depuis ses origines franciscaines, la crèche est une invitation à « sentir » et à « toucher » la pauvreté que le Fils de Dieu a choisie pour lui-même dans son incarnation. Elle est donc, implicitement, un appel à le suivre sur le chemin de l’humilité, de la pauvreté, du dépouillement, qui, de la mangeoire de Bethléem conduit à la croix. C’est un appel à le rencontrer et à le servir avec miséricorde dans les frères et sœurs les plus nécessiteux (cf. Mt 25, 31-46).

4. Le ciel étoilé dans le silence de la nuit

J’aimerais maintenant passer en revue les différents signes de la crèche pour en saisir le sens qu’ils portent en eux. En premier lieu, représentons-nous le contexte du ciel étoilé dans l’obscurité et dans le silence de la nuit. Ce n’est pas seulement par fidélité au récit évangélique que nous faisons ainsi, mais aussi pour la signification qu’il possède.

Pensons seulement aux nombreuses fois où la nuit obscurcit notre vie. Eh bien, même dans ces moments-là, Dieu ne nous laisse pas seuls, mais il se rend présent pour répondre aux questions décisives concernant le sens de notre existence :

Qui suis-je ? D’où est-ce que je viens ? Pourquoi suis-je né à cette époque ? Pourquoi est-ce que j’aime ? Pourquoi est-ce que je souffre ? Pourquoi vais-je mourir ? Pour répondre à ces questions, Dieu s’est fait homme. Sa proximité apporte la lumière là où il y a les ténèbres et illumine ceux qui traversent l’obscurité profonde de la souffrance (cf. Lc 1, 79).

Les paysages qui font partie de la crèche méritent, eux aussi, quelques mots, car ils représentent souvent les ruines d’anciennes maisons et de palais qui, dans certains cas, remplacent la grotte de Bethléem et deviennent la demeure de la Sainte Famille.

Ces ruines semblent s’inspirer de la Légende dorée du dominicain Jacques de Voragine (XIIIème siècle), où nous pouvons lire une croyance païenne selon laquelle le temple de la Paix à Rome se serait effondré quand une Vierge aurait donné naissance. Ces ruines sont avant tout le signe visible de l’humanité déchue, de tout ce qui va en ruine, de ce qui est corrompu et triste.

Ce scénario montre que Jésus est la nouveauté au milieu de ce vieux monde, et qu’il est venu guérir et reconstruire pour ramener nos vies et le monde à leur splendeur originelle.

5. Les paysages, les anges, l’étoile

Quelle émotion devrions-nous ressentir lorsque nous ajoutons dans la crèche des montagnes, des ruisseaux, des moutons et des bergers ! Nous nous souvenons ainsi, comme les prophètes l’avaient annoncé, que toute la création participe à la fête de la venue du Messie. Les anges et l’étoile de Bethléem sont le signe que nous sommes, nous aussi, appelés à nous mettre en route pour atteindre la grotte et adorer le Seigneur.

« Allons jusqu’à Bethléem pour voir ce qui est arrivé, l’événement que le Seigneur nous a fait connaître » (Lc 2, 15) : voilà ce que disent les bergers après l’annonce faite par les anges. C’est un très bel enseignement qui nous est donné dans la simplicité de sa description.

Contrairement à tant de personnes occupées à faire mille choses, les bergers deviennent les premiers témoins de l’essentiel, c’est-à-dire du salut qui est donné. Ce sont les plus humbles et les plus pauvres qui savent accueillir l’événement de l’Incarnation.

À Dieu qui vient à notre rencontre dans l’Enfant Jésus, les bergers répondent en se mettant en route vers Lui, pour une rencontre d’amour et d’étonnement reconnaissant. C’est précisément cette rencontre entre Dieu et ses enfants, grâce à Jésus, qui donne vie à notre religion, qui constitue sa beauté unique et qui transparaît de manière particulière à la crèche.

6. Les pauvres et les simples

Dans nos crèches, nous avons l’habitude de mettre de nombreuses santons symboliques. Tout d’abord, ceux des mendiants et des personnes qui ne connaissent pas d’autre abondance que celle du cœur.

Eux aussi sont proches de l’Enfant Jésus à part entière, sans que personne ne puisse les expulser ou les éloigner du berceau improvisé, car ces pauvres qui l’entourent ne détonnent pas au décor. Les pauvres, en effet, sont les privilégiés de ce mystère et, souvent, les plus aptes à reconnaître la présence de Dieu parmi nous.

Les pauvres et les simples dans la crèche rappellent que Dieu se fait homme pour ceux qui ressentent le plus le besoin de son amour et demandent sa proximité. Jésus, « doux et humble de cœur » (Mt 11, 29), est né pauvre, il a mené une vie simple pour nous apprendre à saisir l’essentiel et à en vivre.

De la crèche, émerge clairement le message que nous ne pouvons pas nous laisser tromper par la richesse et par tant de propositions éphémères de bonheur. Le palais d’Hérode est en quelque sorte fermé et sourd à l’annonce de la joie.

En naissant dans la crèche, Dieu lui-même commence la seule véritable révolution qui donne espoir et dignité aux non désirés, aux marginalisés : la révolution de l’amour, la révolution de la tendresse. De la crèche, Jésus a proclamé, avec une douce puissance, l’appel à partager avec les plus petits ce chemin vers un monde plus humain et plus fraternel, où personne n’est exclu ni marginalisé.

Souvent les enfants – mais aussi les adultes ! – aiment ajouter à la crèche d’autres figurines qui semblent n’avoir aucun rapport avec les récits évangéliques. Cette imagination entend exprimer que, dans ce monde nouveau inauguré par Jésus, il y a de la place pour tout ce qui est humain et pour toute créature.

Du berger au forgeron, du boulanger au musicien, de la femme qui porte une cruche d’eau aux enfants qui jouent… : tout cela représente la sainteté au quotidien, la joie d’accomplir les choses de la vie courante d’une manière extraordinaire, lorsque Jésus partage sa vie divine avec nous.

7. Marie et Joseph: l’abandon à Dieu

Peu à peu, la crèche nous conduit à la grotte, où nous trouvons les santons de Marie et de Joseph. Marie est une mère qui contemple son enfant et le montre à ceux qui viennent le voir. Ce santon nous fait penser au grand mystère qui a impliqué cette jeune fille quand Dieu a frappé à la porte de son cœur immaculé.

À l’annonce de l’ange qui lui demandait de devenir la mère de Dieu, Marie répondit avec une obéissance pleine et entière. Ses paroles : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole » (Lc 1, 38), sont pour nous tous le témoignage de la façon de s’abandonner dans la foi à la volonté de Dieu.

Avec ce « oui » Marie est devenue la mère du Fils de Dieu, sans perdre mais en consacrant, grâce à lui, sa virginité. Nous voyons en elle la Mère de Dieu qui ne garde pas son Fils seulement pour elle-même, mais demande à chacun d’obéir à sa parole et de la mettre en pratique (cf. Jn 2, 5).

À côté de Marie, dans une attitude de protection de l’Enfant et de sa mère, se trouve saint Joseph. Il est généralement représenté avec un bâton à la main, et parfois même tenant une lampe. Saint Joseph joue un rôle très important dans la vie de Jésus et de Marie. Il est le gardien qui ne se lasse jamais de protéger sa famille. Quand Dieu l’avertira de la menace d’Hérode, il n’hésitera pas à voyager pour émigrer en Égypte (cf. Mt 2, 13-15).

Et ce n’est qu’une fois le danger passé, qu’il ramènera la famille à Nazareth, où il sera le premier éducateur de Jésus enfant et adolescent. Joseph portait dans son cœur le grand mystère qui enveloppait Jésus et Marie son épouse, et, en homme juste, il s’est toujours confié à la volonté de Dieu et l’a mise en pratique.

8. L’enfant Jésus: l’événement qui a changé le cours de l’histoire

Le cœur de la crèche commence à battre quand, à Noël, nous y déposons le santon de l’Enfant Jésus. Dieu se présente ainsi, dans un enfant, pour être accueilli dans nos bras. Dans la faiblesse et la fragilité, se cache son pouvoir qui crée et transforme tout.

Cela semble impossible, mais c’est pourtant ainsi : en Jésus, Dieu a été un enfant et c’est dans cette condition qu’il a voulu révéler la grandeur de son amour qui se manifeste dans un sourire et dans l’extension de ses mains tendues vers tous.

La naissance d’un enfant suscite joie et émerveillement, car elle nous place devant le grand mystère de la vie. En voyant briller les yeux des jeunes mariés devant leur enfant nouveau-né, nous comprenons les sentiments de Marie et de Joseph qui, regardant l’Enfant Jésus, ont perçu la présence de Dieu dans leur vie.

« La vie s’est manifestée » (1Jn 1, 2) : c’est ainsi que l’Apôtre Jean résume le mystère de l’Incarnation. La crèche nous fait voir, nous fait toucher cet événement unique et extraordinaire qui a changé le cours de l’histoire et à partir duquel la numérotation des années, avant et après la naissance du Christ, est également ordonnée.

La manière d’agir de Dieu est presque étourdissante, car il semble impossible qu’il renonce à sa gloire pour devenir un homme comme nous. Quelle surprise de voir Dieu adopter nos propres comportements : il dort, il tète le lait de sa mère, il pleure et joue comme tous les enfants !

Comme toujours, Dieu déconcerte, il est imprévisible et continuellement hors de nos plans. Ainsi la crèche, tout en nous montrant comment Dieu est entré dans le monde, nous pousse à réfléchir sur notre vie insérée dans celle de Dieu ; elle nous invite à devenir ses disciples si nous voulons atteindre le sens ultime de la vie.

9. Les mages

Lorsque s’approche la fête de l’Épiphanie, nous ajoutons dans la crèche les trois santons des Rois Mages. Observant l’étoile, ces sages et riches seigneurs de l’Orient, s’étaient mis en route vers Bethléem pour connaître Jésus et lui offrir comme présent de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Ces dons ont aussi une signification allégorique : l’or veut honorer la royauté de Jésus ; l’encens sa divinité ; la myrrhe sa sainte humanité qui connaîtra la mort et la sépulture.

En regardant la scène de la crèche, nous sommes appelés à réfléchir sur la responsabilité de tout chrétien à être évangélisateur. Chacun de nous devient porteur de la Bonne Nouvelle pour ceux qu’il rencontre, témoignant, par des actions concrètes de miséricorde, de la joie d’avoir rencontré Jésus et son amour.

Les Mages nous enseignent qu’on peut partir de très loin pour rejoindre le Christ. Ce sont des hommes riches, des étrangers sages, assoiffés d’infinis, qui entreprennent un long et dangereux voyage qui les a conduits jusqu’à Bethléem (cf. Mt 2, 1-12). Une grande joie les envahit devant l’Enfant Roi. Ils ne se laissent pas scandaliser par la pauvreté de l’environnement ; ils n’hésitent pas à se mettre à genoux et à l’adorer.

Devant lui, ils comprennent que, tout comme Dieu règle avec une souveraine sagesse le mouvement des astres, ainsi guide-t-il le cours de l’histoire, abaissant les puissants et élevant les humbles. Et certainement que, de retour dans leur pays, ils auront partagé cette rencontre surprenante avec le Messie, inaugurant le voyage de l’Évangile parmi les nations.

10. Dans le signe de la crèche, le mystère de la foi

Devant la crèche, notre esprit se rappelle volontiers notre enfance, quand nous attendions avec impatience le moment de pouvoir commencer à la mettre en place. Ces souvenirs nous poussent à prendre de plus en plus conscience du grand don qui nous a été fait par la transmission de la foi ; et en même temps, ils nous font sentir le devoir et la joie de faire participer nos enfants et nos petits-enfants à cette même expérience.

La façon d’installer la mangeoire n’est pas importante, elle peut toujours être la même ou être différente chaque année ; ce qui compte c’est que cela soit signifiant pour notre vie. Partout, et sous différentes formes, la crèche parle de l’amour de Dieu, le Dieu qui s’est fait enfant pour nous dire combien il est proche de chaque être humain, quelle que soit sa condition.

Pour la joie de l’homme

Chers frères et sœurs, la crèche fait partie du processus doux et exigeant de la transmission de la foi. Dès l’enfance et ensuite à chaque âge de la vie, elle nous apprend à contempler Jésus, à ressentir l’amour de Dieu pour nous, à vivre et à croire que Dieu est avec nous et que nous sommes avec lui, tous fils et frères grâce à cet Enfant qui est Fils de Dieu et de la Vierge Marie ; et à éprouver en cela le bonheur.

À l’école de saint François, ouvrons notre cœur à cette grâce simple et laissons surgir de l’émerveillement une humble prière : notre « merci » à Dieu qui a voulu tout partager avec nous afin de ne jamais nous laisser seuls.

Donné à Greccio, au Sanctuaire de la crèche, le 1er décembre 2019, la septième année de mon Pontificat.

Pape François


[1] Thomas de Celano, Vita Prima, n. 84: Sources franciscaines (FF), n. 468.

[2] Cf. ibid., n. 85: FF, n. 469.

[3] Ibid., n. 86: FF, n. 470.


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