Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

émerveillons-nous des dons de Dieu

émerveillons-nous des dons de Dieu

En ce 4e dimanche de Carême, le dimanche de Laetare, de la joie, le Pape François a invité les fidèles réunis place Saint-Pierre ce midi à être comme l’aveugle qui retrouve la vue grâce à Jésus et à témoigner du Christ. Ne restons pas le cœur fermé devant les signes envoyés par Jésus.

 

LE PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint-Pierre
dimanche 19 mars 2023

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Chers frères et sœurs, bonjour !

Aujourd’hui, l’Évangile nous montre Jésus qui rend la vue à un aveugle de naissance (cf. Jn 9, 1-41). Mais cette merveille n’est pas bien accueillie par diverses personnes et groupes. Voyons en détail.

Mais d’abord je voudrais vous dire : aujourd’hui, prenez l’Évangile de Jean et lisez vous-même ce miracle de Jésus, la façon dont Jean le raconte est belle. Chapitre 9, en deux minutes vous avez lu. Il montre comment Jésus procède et comment procède le cœur humain : le cœur humain bon, le cœur humain tiède, le cœur humain craintif, le cœur humain courageux. Chapitre 9 de l’évangile de Jean. Faites-le aujourd’hui, cela vous aidera beaucoup.

Et comment les gens accueillent-ils ce signe ? Il y a d’abord les disciples de Jésus, qui finissent par bavarder face à l’aveugle-né : ils se demandent si la faute en est à leurs parents ou aux leurs (cf. v. 2). Ils recherchent un coupable; et nous tombons souvent dans ce qui est si commode : chercher un coupable, au lieu de poser des questions difficiles dans la vie.

Et aujourd’hui nous pouvons dire : que signifie pour nous la présence de cette personne, que nous demande-t-elle ? Puis, après la guérison, les réactions augmentent. Le premier est celui des voisins, qui sont sceptiques : « Cet homme a toujours été aveugle : il n’est pas possible qu’il voie maintenant, ce ne peut pas être lui !, c’est un autre » : scepticisme (cf. vv. 8-9) .

Pour eux c’est inacceptable, il vaut mieux tout laisser comme avant (cf. v. 16) et ne pas entrer dans ce problème. Ils ont peur, ils craignent les autorités religieuses et ne se prononcent pas (cf. vv. 18-21). Dans toutes ces réactions, des cœurs fermés surgissent devant le signe de Jésus, pour différentes raisons : parce qu’ils cherchent un coupable, parce qu’ils ne savent pas s’étonner, parce qu’ils ne veulent pas changer, parce qu’ils sont bloqués par la peur.

Et de nombreuses situations ressemblent à cela aujourd’hui. Face à quelque chose qui est vraiment un message de témoignage d’une personne, c’est un message de Jésus, on tombe là-dedans : on cherche une autre explication, on ne veut pas changer, on cherche une issue plus élégante que accepter la vérité.

Le seul qui réagit bien est l’aveugle : heureux de voir, il témoigne de ce qui lui est arrivé de la manière la plus simple : « J’étais aveugle et maintenant je vois » (v. 25). Il dit la vérité. Avant, il était contraint de mendier pour vivre et subissait les préjugés du peuple : « il était pauvre et aveugle de naissance, il devait souffrir, il devait payer pour ses péchés ou ceux de ses ancêtres ».

Désormais libre de corps et d’esprit, il témoigne de Jésus : il n’invente rien et ne cache rien. « J’étais aveugle et maintenant je vois. » Il n’a pas peur de ce que diront les autres : il a déjà connu le goût amer de la marginalisation, tout au long de sa vie, il a déjà ressenti l’indifférence et le mépris des passants, de ceux qui le considéraient comme un déchet de la société, utile tout au plus pour la piété de quelque aumône.

Maintenant, guéri, il ne craint plus ces attitudes méprisantes, car Jésus lui a donné toute sa dignité. Et c’est clair, ça arrive toujours : quand Jésus nous guérit, il nous redonne la dignité, la pleine dignité de la guérison de Jésus, une dignité qui vient du fond du cœur, qui prend toute la vie ; et le samedi, devant tout le monde, il l’a libéré et lui a rendu la vue sans rien lui demander, pas même un merci, et il en témoigne.

C’est la dignité d’une personne noble, d’une personne qui sait qu’elle est guérie et guérit, qu’elle renaît ; cette renaissance à la vie, dont il a été parlé aujourd’hui dans « A son image » : renaître.

Frères, sœurs, avec tous ces personnages, l’Évangile d’aujourd’hui nous place aussi au milieu de la scène, de sorte que nous nous demandons : quelle position prenons-nous, qu’aurions-nous dit alors ? Et surtout, que fait-on aujourd’hui ? Comme l’aveugle, pouvons-nous voir le bien et être reconnaissants des cadeaux que nous recevons ? Je me demande : comment est ma dignité ? Comment est votre dignité ?

Témoignons-nous de Jésus ou répandons-nous des critiques et des soupçons ? Sommes-nous libres face aux préjugés ou nous associons-nous à ceux qui répandent la négativité et les commérages ? Sommes-nous heureux de dire que Jésus nous aime, qu’il nous sauve ou, comme les parents de l’aveugle-né, nous laissons-nous enfermer dans la peur de ce que les gens vont penser ?

Les tièdes de cœur qui n’acceptent pas la vérité et n’ont pas le courage de dire : « Non, c’est ça ». Et encore, comment accueillons-nous les difficultés et l’indifférence des autres ? Comment accueillons-nous les personnes qui ont tant de limitations dans la vie ? Soyez physique, comme cet aveugle ; sont-ils sociaux, comme les mendiants que l’on trouve dans la rue ? Et accueillons-nous cela comme une malédiction ou comme une opportunité de nous rapprocher d’eux avec amour ?

Frères et sœurs, demandons aujourd’hui la grâce de nous émerveiller chaque jour des dons de Dieu et de voir les diverses circonstances de la vie, même les plus difficiles à accepter, comme des occasions de faire le bien, comme Jésus l’a fait avec l’aveugle. Que Notre-Dame nous y aide, avec saint Joseph, homme juste et fidèle. »


Après l’Angélus

Chers frères et sœurs !

Hier en Équateur, un tremblement de terre a fait des morts, des blessés et d’importants dégâts. Je suis proche du peuple équatorien et je vous assure de ma prière pour les défunts et pour toutes les souffrances.

Je vous salue tous, Romains et pèlerins de nombreux pays. Et aujourd’hui nous souhaitons un joyeux anniversaire à tous les papas ! Puissent-ils trouver en Saint Joseph le modèle, le soutien, le réconfort pour bien vivre leur paternité. Et tous ensemble, pour les Papas, prions le Père [Notre Père…].

Frères et sœurs, n’oublions pas de prier pour le peuple ukrainien meurtri qui continue de souffrir pour des crimes de guerre.

Je souhaite à tous un bon dimanche. s’il vous plaît n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir.


Copyright © Dicastero per la Comunicazione – Libreria Editrice Vaticana

Texte traduit et présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

Être apôtres dans une Église apostolique

Catéchèse – La passion pour l’évangélisation : le zèle apostolique du croyant – 7. Le Concile Vatican II.

2. Être apôtres dans une Église apostolique

Résumé de la Catéchèse

Chers frères et sœurs,

nous poursuivons la catéchèse sur la passion d’évangéliser et, à l’école du Concile Vatican II, nous cherchons à mieux comprendre ce que signifie être «apôtres» aujourd’hui. Nous sommes appelés à l’être dans une Église apostolique. Être apôtre signifie être envoyé pour une mission et cela suppose un appel. Dès le début, le Seigneur Jésus a appelé à lui ceux qu’il voulait pour les envoyer en mission.

De même, saint Paul se présente comme appelé à être apôtre. L’expérience des douze et le témoignage de Paul nous interpellent aujourd’hui encore à vérifier nos attitudes, nos choix et nos décisions, car tout dépend d’un appel gratuit de Dieu et mérite une réponse gratuite. Selon le Concile, il y a un appel commun qui concerne à la fois ceux qui ont reçu le sacrement de l’ordre, les personnes consacrées, et tout fidèle laïc.

Cet appel leur permet d’accomplir leur tâche apostolique au sein d’une Église où il y a diversité de ministères mais aussi unité de mission. Concernant l’unité de la mission, la diversité des charismes et des ministères ne doit pas donner lieu à des catégories privilégiées, ni servir de prétexte à des formes d’inégalité dans l’Église.

Tous sont égaux en ce qui concerne la dignité et l’action commune pour l’édification du Corps du Christ. Nous sommes donc invités à repenser nos relations afin de vérifier la manière dont nous vivons notre vocation baptismale, notre manière d’être apôtres dans une Église apostolique.

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 15 mars 2023

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Catéchèse

Chers frères et sœurs, bonjour !

Nous poursuivons les catéchèses sur la passion d’évangéliser : non seulement sur « évangéliser », mais la passion d’évangéliser et, à l’école du Concile Vatican II, essayons de mieux comprendre que signifie être « apôtres » aujourd’hui. Le mot « apôtre » évoque le groupe des douze disciples choisis par Jésus.

On appelle parfois « apôtres » certains saints, ou plus généralement les évêques : ils sont apôtres, parce qu’ils vont au nom de Jésus. Mais sommes-nous conscients que la fonction d’apôtre concerne chaque chrétien ? Sommes-nous conscients que cela concerne chacun d’entre nous ? En effet, nous sommes appelés à être apôtres – c’est-à-dire envoyés – au sein d’une Église que nous professons apostolique dans le Credo.

Que signifie donc être apôtres ? C’est être envoyé pour une mission. L’événement exemplaire et fondateur est celui où le Christ ressuscité envoie ses apôtres dans le monde, leur transmettant le pouvoir qu’il a lui-même reçu du Père et leur donnant son Esprit. Nous lisons dans l’Évangile de Jean : « Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint » » (20,21-22).

Un autre aspect fondamental de l’identité de l’apôtre est la vocation, c’est-à-dire l’appel. Il en a été ainsi dès le début, lorsque le Seigneur Jésus « appela ceux qu’il voulait. Ils vinrent auprès de lui » (Mc 3,13).

Il les constitua comme groupe, en leur donnant le titre d' »apôtres », pour qu’ils soient avec lui et pour les envoyer en mission (cf. Mc 3,14 ; Mt 10,1-42). Saint Paul se présente ainsi dans ses lettres : « Paul, appelé pour être apôtre », c’est-à-dire envoyé, (1 Co 1,1) et encore : « Paul, serviteur du Christ Jésus, Apôtre envoyé par l’appel, mis à part pour l’Évangile de Dieu » (Rm 1,1).

Et il insiste sur le fait d’être « Apôtre non par des hommes, ni par l’intermédiaire d’un homme, mais par Jésus Christ et par Dieu le Père qui l’a ressuscité d’entre les morts » (Ga 1,1) ; Dieu l’a appelé dès le sein de sa mère pour annoncer l’Évangile parmi les nations (cf. Ga 1,15-16).

L’expérience des Douze apôtres et le témoignage de Paul nous interpellent également aujourd’hui. Ils nous invitent à vérifier nos attitudes, à vérifier nos choix, nos décisions, à partir de ces repères : tout dépend d’un appel gratuit de Dieu ; Dieu nous choisit également pour des services qui parfois semblent dépasser nos capacités ou ne pas correspondre à nos attentes ; à l’appel reçu comme don gratuit, il faut répondre gratuitement.

Le Concile dit : « La vocation chrétienne […] est aussi par nature vocation à l’apostolat » (Decr. Apostolicam actuositatem [AA], 2). C’est un appel qui est commun, « comme est commune la dignité des membres du fait de leur régénération dans le Christ ; commune la grâce d’adoption filiale ; commune la vocation à la perfection ; il n’y a qu’un salut, une espérance, une charité indivisible » (LG, 32).

C’est un appel qui concerne aussi bien ceux qui ont reçu le sacrement de l’Ordre, les personnes consacrées, que chaque fidèle laïc, homme ou femme, c’est un appel à tous. Toi, le trésor que tu as reçu avec ta vocation chrétienne, tu dois le donner : c’est la dynamique de la vocation, c’est la dynamique de la vie.

C’est un appel qui permet d’accomplir sa propre tâche apostolique de manière active et créative, au sein d’une Église où « il y a diversité de ministères, mais unité de mission. Le Christ a confié aux apôtres et à leurs successeurs la charge d’enseigner, de sanctifier et de gouverner en son nom et par son autorité. Mais aussi les laïcs : vous tous ; la majorité d’entre vous, vous êtes laïcs.

Également les laïcs rendus participants de la charge sacerdotale, prophétique et royale du Christ assument leur part dans ce qui est la mission du Peuple de Dieu tout entier, dans l’Église et dans le monde » (AA, 2).

Dans ce cadre, comment le Concile comprend-il la collaboration des laïcs avec la hiérarchie ? Comment l’envisage-t-il ? S’agit-il d’une simple adaptation stratégique à de nouvelles situations qui surviennent ? Pas du tout, rien de cela : c’est bien plus quelque chose qui dépasse les contingences du moment et conserve sa propre valeur même pour nous. L’Église est ainsi, elle est apostolique.

Dans le cadre de l’unité de la mission, la diversité des charismes et des ministères ne doit pas donner lieu, au sein du corps ecclésial, à des catégories privilégiées : Il ne s’agit pas d’une promotion, et lorsque tu conçois la vie chrétienne comme une promotion, que celui qui est au sommet commande les autres parce qu’il a réussi à se hisser plus haut, ce n’est pas le christianisme. C’est du paganisme pur.

La vocation chrétienne n’est pas une promotion pour se hisser plus haut, non ! C’est autre chose. Et c’est une chose importante car, même si « certains, par la volonté du Christ, sont établis dans une position peut-être plus importante, docteurs, dispensateurs des mystères et pasteurs pour le bien des autres, cependant, quant à la dignité et à l’activité commune à tous les fidèles dans l’édification du Corps du Christ, il règne entre tous une véritable égalité. » (LG, 32)
Qui a le plus de dignité dans l’Église : l’évêque, le prêtre ? Non … nous sommes tous des chrétiens au service des autres. Qui est le plus important dans l’Église : la religieuse ou le simple baptisé, l’enfant, l’évêque ? Tous sont égaux, nous sommes égaux, et quand l’une des parties se croit plus importante que les autres et se met un peu le nez en l’air, elle se trompe. Ce n’est pas la vocation de Jésus.

La vocation que Jésus donne à tous – mais surtout à ceux qui semblent occuper des positions plus élevées – est le service, le service des autres, dans l’humilité. Si tu vois une personne qui dans l’Église a une vocation plus haute et que tu la vois être vaniteuse, tu diras : “le pauvre” ; prie pour elle parce qu’’elle n’a pas compris ce qu’est la vocation de Dieu. La vocation de Dieu est l’adoration du Père, l’amour pour la communauté et le service. C’est cela être apôtre, c’est cela le témoignage des apôtres.

La question de l’égalité en dignité nous invite à repenser de nombreux aspects de nos relations, qui sont décisifs pour l’évangélisation. Par exemple, sommes-nous conscients que par nos paroles nous pouvons porter atteinte à la dignité des personnes, détruisant ainsi les relations au sein de l’Église ?

Alors que nous essayons de dialoguer avec le monde, savons-nous aussi dialoguer entre nous croyants ? Ou bien est-ce que dans la paroisse, l’un va contre l’autre, l’un fait des commérages sur l’autre pour se hisser plus haut ? Savons-nous écouter pour comprendre les raisons de l’autre, ou nous imposons-nous, peut-être même avec des paroles doucereuses ? Écouter, s’humilier, être au service des autres : c’est cela servir, c’est cela être chrétien, c’est cela être apôtre.

Chers frères et sœurs, n’ayons pas peur de nous poser ces questions. Fuyons la vanité, la vanité des postes. Ces paroles peuvent nous aider à examiner comment nous vivons notre vocation baptismale, comment nous vivons notre manière d’être apôtres dans une Église apostolique, qui est au service des autres.


Salutations

Je salue cordialement les personnes de langue française.  Frères et sœurs, en ce temps de Carême, prions pour tous les chrétiens afin que, dans un esprit de collaboration fondé sur le dialogue et le respect de la dignité de chacun, ils puissent porter l’espérance à notre monde aujourd’hui. Que Dieu vous bénisse !

Je suis proche du peuple du Malawi, frappé ces derniers jours par un cyclone très violent. Je prie pour les défunts, les blessés, les déplacés. Que le Seigneur soutienne les familles et les communautés les plus éprouvées par cette calamité.

Et je pense aux religieuses orthodoxes de la laure de Kiev : je demande aux belligérants de respecter les lieux de culte. Les religieuses consacrées, les personnes consacrées à la prière – quelle que soit leur confession – soutiennent le peuple de Dieu.

Je souhaite une cordiale bienvenue aux pèlerins de langue italienne. Enfin, comme d’habitude, ma pensée se tourne vers les jeunes, les malades, les personnes âgées et les jeunes mariés. Je vous exhorte tous à poursuivre votre itinéraire de Carême avec engagement, en vous confiant à la protection constante de Marie. A elle, Consolatrice des affligés et Reine de la Paix, nous confions également le peuple ukrainien martyr.

bénédiction à tous. »


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Prendre soin de la soif des autres

Prendre soin de la soif des autres

«Donne-moi à boire». Cette demande formulée par le Christ à la Samaritaine, démontre sa soif d’amour des hommes, mais est aussi une invitation à «prendre soin de la soif des autres». Dans son exhortation précédant la prière de l’Angélus du dimanche 12 mars, troisième dimanche du temps de Carême, depuis la place Saint-Pierre, le Pape François s’est centré sur la parabole de la rencontre de Jésus avec la Samaritaine.

 

PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint-Pierre
Dimanche 5 mars 2023

Chers frères et sœurs, bonjour, bon dimanche !

Ce dimanche, l’Évangile nous présente l’une des plus belles et fascinantes rencontres de Jésus, celle avec la Samaritaine (cf. Jn 4, 5-42). Jésus et les disciples s’arrêtent près d’un puits à Samarie. Une femme arrive et Jésus lui dit: «Donne-moi à boire» (v. 7). Je voudrais m’attarder précisément sur cette expression : Donne-moi à boire.

La scène nous montre Jésus assoiffé et fatigué, qui se laisse trouver par la Samaritaine au puits à l’heure la plus chaude, à midi, et comme un mendiant demande à se rafraîchir. C’est une image de l’abaissement de Dieu : Dieu s’abaisse en Jésus-Christ pour la rédemption, il vient à nous. En Jésus, Dieu s’est fait l’un de nous, il s’est humilié ; assoiffé comme nous, souffre de notre propre chaleur.

En contemplant cette scène, chacun de nous peut dire : le Seigneur, le Maître « me demande à boire. Il a donc soif comme moi. Il a ma soif. Tu es vraiment proche de moi, Seigneur ! Tu es lié à ma pauvreté – je n’arrive pas à y croire ! – tu m’as pris d’en bas, du plus bas de moi-même, là où personne ne m’atteint» (P. Mazzolari, La Samaritana, Bologne 2022, 55-56).

Et tu es descendu vers moi et tu m’as pris de là, parce que tu avais et as soif de moi. La soif de Jésus, en effet, n’est pas seulement physique, elle exprime la soif la plus profonde de notre vie : c’est avant tout une soif de notre amour. Il est plus qu’un mendiant, il a soif de notre amour. Et elle émergera au moment culminant de la passion, sur la croix ; là, avant de mourir, Jésus dira : « J’ai soif » (Jn 19, 28). Cette soif d’amour qui l’a poussé à descendre, à s’humilier, à être des nôtres.

Mais le Seigneur, qui demande à boire, est celui qui donne à boire : rencontrant la femme samaritaine, il lui parle de l’eau vive du Saint-Esprit, et de la croix il verse du sang et de l’eau de son côté transpercé (cf. Jn 19, 34). Jésus, assoiffé d’amour, étanche notre soif d’amour. Et elle fait de nous comme de la Samaritaine : elle vient à notre rencontre dans notre vie quotidienne, elle partage notre soif, elle nous promet l’eau vive qui fait jaillir en nous la vie éternelle (cf. Jn 4, 14).

Donnez-moi un verre. Il y a un deuxième aspect. Ces paroles ne sont pas seulement la demande de Jésus à la Samaritaine, mais un appel – parfois silencieux – qui monte chaque jour vers nous et nous demande de prendre soin de la soif des autres.

Donne-moi à boire dis-nous combien – dans la famille, au travail, dans les autres lieux que nous fréquentons – ont soif de proximité, d’attention, d’écoute ; ceux qui ont soif de la Parole de Dieu et qui ont besoin de trouver une oasis dans l’Église où boire de l’eau nous le disent.

Donne-moi à boire, c’est l’attrait de notre société, où la hâte, la ruée vers la consommation et surtout l’indifférence, cette culture de l’indifférence engendrent l’aridité et le vide intérieur. Et – ne l’oublions pas – donne-moi à boire est le cri de tant de frères et sœurs qui manquent d’eau pour vivre, alors que nous continuons à polluer et à défigurer notre maison commune ; et elle aussi, épuisée et desséchée, « a soif ».

Face à ces défis, l’Évangile d’aujourd’hui offre à chacun de nous l’eau vive qui peut faire de nous une source de rafraîchissement pour les autres. Et puis, comme la Samaritaine, qui laissa son amphore au puits et alla appeler les gens du village (cf. v. 28), nous aussi nous ne penserons plus seulement à étancher notre soif, nos ressources matérielles, intellectuelles ou culturelles soif.

Mais avec la joie d’avoir rencontré le Seigneur, nous pourrons étancher notre soif : donner un sens à la vie des autres, non comme maîtres, mais comme serviteurs de cette Parole de Dieu qui a soif de nous, qui a continuellement soif pour nous; nous pourrons comprendre leur soif et partager l’amour qu’il nous a donné.

J’ai envie de poser cette question, à moi et à vous : sommes-nous capables de comprendre la soif des autres? La soif des gens, la soif de beaucoup dans ma famille, dans mon quartier ? Aujourd’hui nous pouvons nous demander : ai-je soif de Dieu, est-ce que je me rends compte que j’ai besoin de son amour comme de l’eau pour vivre ? Et puis, moi qui ai soif, est-ce que je me soucie de la soif des autres, la soif spirituelle, la soif matérielle ?

Que Notre-Dame intercède pour nous et nous soutienne sur le chemin.

Angelus Domini nuntiavit Mariae…

Après l’angélus

Chers frères et sœurs !

Je vous salue tous, Romains et pèlerins de nombreux pays.

Vendredi 17 mars et samedi 18 prochains, l’initiative « 24 heures pour le Seigneur » sera renouvelée dans toute l’Église : un temps consacré à la prière d’adoration et au sacrement de la Réconciliation. Vendredi après-midi, j’irai dans une paroisse romaine pour la célébration pénitentielle.

Il y a un an, dans ce contexte, nous avons accompli l’Acte solennel de Consécration au Cœur Immaculé de Marie, en invoquant le don de la paix. Notre confiance ne faillit pas, l’espoir ne faiblit pas ! Le Seigneur écoute toujours les supplications que son peuple lui adresse par l’intercession de la Vierge Mère.

Nous restons unis dans la foi et la solidarité avec nos frères qui souffrent de la guerre ; n’oublions surtout pas le peuple ukrainien martyr ! Je souhaite à tous un bon dimanche. S’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir !


Copyright © Dicastero per la Comunicazione – Libreria Editrice Vaticana

Texte traduit et présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse