Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

Croire dans la charité suscite la charité

Croire dans la charité suscite la charité

Il y a dix ans exactement, le défunt Pape Benoît XVI publiait son dernier message de Carême. En cet anniversaire, nous pensons  qu’il reste actuel et qu’il est bon de le reproduire pour les Associés de la Médaille Miraculeuse.

MESSAGE DE SA SAINTETÉ
BENOÎT XVI
POUR LE CARÊME 201
3

« Nous avons reconnu et nous avons cru que l’amour de Dieu est
parmi nous » (1 Jn 4, 16)

Chers frères et sœurs,

la célébration du Carême, dans le contexte de l’Année de la foi, nous offre une occasion précieuse pour méditer sur le rapport entre foi et charité: entre le fait de croire en Dieu, dans le Dieu de Jésus Christ, et l’amour qui est le fruit de l’action de l’Esprit Saint et qui nous guide sur un chemin de consécration à Dieu et aux autres.

1. La foi comme réponse à l’amour de Dieu.

Dans ma première encyclique, j’ai déjà offert certains éléments pour saisir le lien étroit entre ces deux vertus théologales, la foi et la charité.

En partant de l’affirmation fondamentale de l’apôtre Jean: « Nous avons reconnu et nous avons cru que l’amour de Dieu est parmi nous » (1 Jn 4, 16), je rappelais qu’« à l’origine du fait d’être chrétien, il n’y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais la rencontre avec un événement, avec une Personne, qui donne à la vie un nouvel horizon et par là son orientation décisive…

Comme Dieu nous a aimés le premier (cf. 1 Jn 4, 10), l’amour n’est plus seulement « un commandement », mais il est la réponse au don de l’amour par lequel Dieu vient à notre rencontre » (Deus caritas est, n. 1).

La foi constitue l’adhésion personnelle – qui inclut toutes nos facultés – à la révélation de l’amour gratuit et « passionné » que Dieu a pour nous et qui se manifeste pleinement en Jésus Christ ; la rencontre avec Dieu Amour qui interpelle non seulement le cœur, mais également l’esprit:

« La reconnaissance du Dieu vivant est une route vers l’amour, et le oui de notre volonté à la sienne unit intelligence, volonté et sentiment dans l’acte totalisant de l’amour. Ce processus demeure cependant constamment en mouvement: l’amour n’est jamais « achevé » ni complet » (ibid., n. 17).

De là découle pour tous les chrétiens, et en particulier, pour les « personnes engagées dans les services de charité », la nécessité de la foi, de la « rencontre avec Dieu dans le Christ, qui suscite en eux l’amour et qui ouvre leur esprit à l’autre, en sorte que leur amour du prochain ne soit plus imposé pour ainsi dire de l’extérieur, mais qu’il soit une conséquence découlant de leur foi qui devient agissante dans l’amour » (ibid. n. 31a).

Le chrétien est une personne conquise par l’amour du Christ et donc, mû par cette amour – « caritas Christi urget nos » (2 Co 5, 14) –, il est ouvert de façon concrète et profonde à l’amour pour le prochain (cf. ibid., n. 33). Cette attitude naît avant tout de la conscience d’être aimés, pardonnés, et même servis par le Seigneur, qui se penche pour laver les pieds des Apôtres et s’offre lui-même sur la croix pour attirer l’humanité dans l’amour de Dieu.

« La foi nous montre le Dieu qui a donné son Fils pour nous et suscite ainsi en nous la certitude victorieuse qu’est bien vraie l’affirmation: Dieu est Amour… La foi, qui prend conscience de l’amour de Dieu qui s’est révélé dans le cœur transpercé de Jésus sur la croix, suscite à son tour l’amour.

Il est la lumière – en réalité l’unique – qui illumine sans cesse à nouveau un monde dans l’obscurité et qui nous donne le courage de vivre et d’agir » (ibid., n. 39). Tout cela nous fait comprendre que l’attitude principale qui distingue les chrétiens est précisément « l’amour fondé sur la foi et modelé par elle » (ibid., n. 7).

2. La charité comme vie dans la foi

Toute la vie chrétienne est une réponse à l’amour de Dieu. La première réponse est précisément la foi comme accueil, plein d’émerveillement et de gratitude, d’une initiative divine inouïe qui nous précède et nous interpelle. Et le « oui » de la foi marque le début d’une histoire lumineuse d’amitié avec le Seigneur, qui remplit et donne son sens plénier à toute notre existence.

Mais Dieu ne se contente pas que nous accueillions son amour gratuit. Il ne se limite pas à nous aimer, mais il veut nous attirer à lui, nous transformer de manière profonde au point que nous puissions dire avec saint Paul: ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi (cf. Ga 2, 20).

Quand nous laissons place à l’amour de Dieu, nous devenons semblables à lui, nous participons de sa charité même. Nous ouvrir à son amour signifie le laisser vivre en nous, et nous conduire à aimer avec lui, en lui et comme lui; ce n’est qu’alors que notre foi devient vraiment opérante par la charité (cf. Ga 5, 6) et qu’il prend demeure en nous (cf. 1 Jn 4, 12).

La foi, c’est connaître la vérité et y adhérer (cf. 1 Tm 2, 4); la charité, c’est « cheminer » dans la vérité (cf. Ep 4, 15). Avec la foi, on entre dans l’amitié avec le Seigneur; avec la charité, on vit et on cultive cette amitié (cf. Jn 15, 14s). La foi nous fait accueillir le commandement du Seigneur et Maître; la charité nous donne la béatitude de le mettre en pratique (cf. Jn 13, 13-17).

Dans la foi, nous sommes engendrés comme fils de Dieu (cf. Jn 1, 12s); la charité nous fait persévérer concrètement dans la filiation divine en apportant le fruit de l’Esprit Saint (cf. Ga 5, 22). La foi nous fait reconnaître les dons que le Dieu bon et généreux nous confie; la charité les fait fructifier (cf. Mt 25, 14-30).

3. Le lien indissoluble entre foi et charité

A la lumière de ce qui a été dit, il apparaît clairement que nous ne pouvons jamais séparer, voire opposer, foi et charité. Ces deux vertus théologales sont intimement liées et il est erroné de voir entre celles-ci une opposition ou une « dialectique ».

En effet, d’un côté, l’attitude de celui qui place d’une manière aussi forte l’accent sur la priorité et le caractère décisif de la foi au point d’en sous-évaluer et de presque en mépriser les œuvres concrètes de la charité et de la réduire à un acte humanitaire générique, est limitante.

Mais, de l’autre, il est tout aussi limitant de soutenir une suprématie exagérée de la charité et de son activité, en pensant que les œuvres remplacent la foi. Pour une vie spirituelle saine, il est nécessaire de fuir aussi bien le fidéisme que l’activisme moraliste.

L’existence chrétienne consiste en une ascension continue du mont de la rencontre avec Dieu pour ensuite redescendre, en portant l’amour et la force qui en dérivent, de manière à servir nos frères et sœurs avec le même amour que Dieu. Dans l’Écriture Sainte nous voyons que le zèle des Apôtres pour l’annonce de l’Évangile que suscite la foi est étroitement lié à l’attention charitable du service envers les pauvres (cf. Ac 6, 1-4).

Dans l’Église, contemplation et action, symbolisées d’une certaine manière par les figures évangéliques des sœurs Marie et Marthe, doivent coexister et s’intégrer (cf. Lc 10, 38-42). La priorité va toujours au rapport avec Dieu et le vrai partage évangélique doit s’enraciner dans la foi (cf. Catéchèse lors de l’Audience générale du 25 avril 2012).

Parfois, on tend en effet à circonscrire le terme de « charité » à la solidarité ou à la simple aide humanitaire. Il est important, en revanche, de rappeler que la plus grande œuvre de charité est justement l’évangélisation, c’est-à-dire le « service de la Parole ».

Il n’y a pas d’action plus bénéfique, et donc charitable, envers le prochain que rompre le pain de la Parole de Dieu, le faire participer de la Bonne Nouvelle de l’Évangile, l’introduire dans la relation avec Dieu: l’évangélisation est la promotion la plus élevée et la plus complète de la personne humaine.

Comme l’écrit le Serviteur de Dieu le Pape Paul VI dans l’Encyclique Populorum progressio, le premier et principal facteur de développement est l’annonce du Christ (cf. n. 16). C’est la vérité originelle de l’amour de Dieu pour nous, vécue et annoncée, qui ouvre notre existence à accueillir cet amour et rend possible le développement intégral de l’humanité et de tout homme (cf. Enc. Caritas in veritate, n. 8).

En somme, tout part de l’Amour et tend à l’Amour. L’amour gratuit de Dieu nous est communiqué à travers l’annonce de l’Évangile. Si nous l’accueillons avec foi, nous recevons ce premier et indispensable contact avec le divin en mesure de nous faire « aimer l’Amour », pour ensuite demeurer et croître dans cet Amour et le communiquer avec joie aux autres.

A propos du rapport entre foi et œuvres de charité, une expression de la Lettre de saint Paul aux Ephésiens résume peut-être leur corrélation de la meilleure des manières : « C’est bien par la grâce que vous êtes sauvés, à cause de votre foi. Cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Cela ne vient pas de vos œuvres, il n’y a pas à en tirer orgueil.

C’est Dieu qui nous a faits, il nous a créés en Jésus-Christ, pour que nos œuvres soient vraiment bonnes, conformes à la voie que Dieu a tracée pour nous et que nous devons suivre » (2, 8-10). On perçoit ici que toute l’initiative salvifique vient de Dieu, de sa Grâce, de son pardon accueilli dans la foi; mais cette initiative, loin de limiter notre liberté et notre responsabilité, les rend plutôt authentiques et les orientent vers les œuvres de charité.

Celles-ci ne sont pas principalement le fruit de l’effort humain, dont tirer gloire, mais naissent de la foi elle-même, elles jaillissent de la Grâce que Dieu offre en abondance. Une foi sans œuvres est comme un arbre sans fruits: ces deux vertus s’impliquent réciproquement.

Le Carême nous invite précisément, avec les indications traditionnelles pour la vie chrétienne, à alimenter la foi à travers une écoute plus attentive et prolongée de la Parole de Dieu et la participation aux Sacrements, et, dans le même temps, à croître dans la charité, dans l’amour de Dieu et envers le prochain, également à travers les indications concrètes du jeûne, de la pénitence et de l’aumône.

4. Priorité de la foi, primat de la charité

Comme tout don de Dieu, foi et charité reconduisent à l’action de l’unique et même Esprit Saint (cf. 1 Co 13), cet Esprit qui s’écrie en nous « Abbà ! Père » (Gal 4, 6), et qui nous fait dire: « Jésus est Seigneur » (1 Co 12, 3) et « Maranatha ! » (1 Co 16, 22; Ap 22, 20).

La foi, don et réponse, nous fait connaître la vérité du Christ comme Amour incarné et crucifié, adhésion pleine et parfaite à la volonté du Père et miséricorde divine infinie envers le prochain; la foi enracine dans le cœur et dans l’esprit la ferme conviction que précisément cet Amour est l’unique réalité victorieuse sur le mal et sur la mort.

La foi nous invite a regarder vers l’avenir avec la vertu de l’espérance, dans l’attente confiante que la victoire de l’amour du Christ atteigne sa plénitude. De son côté, la charité nous fait entrer dans l’amour de Dieu manifesté dans le Christ, nous fait adhérer de manière personnelle et existentielle au don total de soi et sans réserve de Jésus au Père et à nos frères.

En insufflant en nous la charité, l’Esprit Saint nous fait participer au don propre de Jésus: filial envers Dieu et fraternel envers chaque homme (cf. Rm 5, 5).

La relation qui existe entre ces deux vertus est semblable à celle entre les deux sacrements fondamentaux de l’Église : le Baptême et l’Eucharistie. Le Baptême (sacramentum fidei) précède l’Eucharistie (sacramentum caritatis), mais il est orienté vers celle-ci, qui constitue la plénitude du cheminement chrétien.

De manière analogue, la foi précède la charité, mais se révèle authentique seulement si elle est couronnée par celle-ci. Tout part de l’humble accueil de la foi (« se savoir aimé de Dieu »), mais doit arriver à la vérité de la charité (« savoir aimer Dieu et son prochain »), qui demeure pour toujours, comme accomplissement de toutes les vertus (cf. 1 Co 13, 13).

Chers frères et sœurs, en ce temps de Carême, où nous nous préparons à célébrer l’événement de la Croix et de la Résurrection, dans lequel l’Amour de Dieu a racheté le monde et illuminé l’histoire, je vous souhaite à tous de vivre ce temps précieux en ravivant votre foi en Jésus Christ, pour entrer dans son parcours d’amour envers le Père et envers chaque frère et sœur que nous rencontrons dans notre vie.

A cette fin j’élève ma prière à Dieu, tandis que j’invoque sur chacun et sur chaque communauté la Bénédiction du Seigneur!

Du Vatican, le 15 octobre 2012

BENEDICTUS PP. XVI


Copyright © Dicastero per la Comunicazione – Libreria Editrice Vaticana

Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

À la suite du Christ, vivre la disproportion de l’amour

À la suite du Christ, vivre la disproportion de l’amour

Avant la prière de l’Angélus, le Pape François a parlé de l’amour de Dieu : il est extraordinaire, il dépasse les critères selon lesquels l’homme vit ses relations. Il transforme les conflits. Ne mesurons pas l’amour à l’échelle des calculs et des commodités, mais suivons la logique de la gratuité.  « Jésus n’est pas un bon comptable », il demande à chacun de vivre un « déséquilibre d’amour », « de répondre au mal par le bien », avec « un amour qui transforme lentement les conflits ».

LE PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint-Pierre
dimanche 19 février 2023

______________________________________

Chers frères et sœurs, bonjour !

Les paroles que Jésus nous adresse dans l’Évangile de ce dimanche sont exigeantes et semblent paradoxales : il nous invite à tendre l’autre joue et à aimer jusqu’à nos ennemis (cf. Mt 5, 38-48).

Il est normal que nous aimions ceux qui nous aiment et que nous soyons amis avec ceux qui sont amis avec nous ; pourtant, Jésus nous provoque en disant : si vous agissez ainsi, « que faites-vous d’extraordinaire ? (v. 47). Que faites-vous d’extraordinaire ? Voici le point sur lequel je voudrais attirer votre attention aujourd’hui, ce que vous faites d’extraordinaire à ce sujet.

« Extraordinaire » est ce qui dépasse les limites de l’habituel, qui dépasse les pratiques habituelles et les calculs normaux dictés par la prudence. En général, au lieu de cela, nous essayons d’avoir tout en ordre et sous contrôle, afin que cela corresponde à nos attentes, à notre mesure.

Craignant de ne pas recevoir le retour ou de trop s’exposer et ensuite d’être déçu, nous préférons n’aimer que ceux qui nous aiment pour éviter les déceptions, ne font du bien qu’à ceux qui nous sont bons, ne soient généreux qu’avec ceux qui peuvent nous rendre un service ; et à ceux qui nous traitent mal, nous répondons avec la même pièce, donc nous sommes en équilibre. Mais le Seigneur nous avertit : cela ne suffit pas !

Nous dirions : ce n’est pas chrétien ! Si on reste dans l’ordinaire, dans l’équilibre entre donner et recevoir, les choses ne changent pas. Si Dieu devait suivre cette logique, nous n’aurions aucun espoir de salut ! Mais, heureusement pour nous, l’amour de Dieu est toujours « extraordinaire », il va au-delà, il va au-delà des critères habituels avec lesquels nous, humains, vivons nos relations.

Les paroles de Jésus nous interpellent donc. Tandis que nous essayons de rester dans l’ordinaire du raisonnement utilitaire, Il nous demande de nous ouvrir à l’extraordinaire, à l’extraordinaire d’un amour gratuit ; alors que nous essayons toujours d’équilibrer les comptes, le Christ nous stimule à faire l’expérience du déséquilibre de l’amour. Jésus n’est pas un bon comptable : non !

Cela conduit toujours au déséquilibre de l’amour. Ne soyons pas surpris par cela. Si Dieu ne s’était pas déséquilibré, nous n’aurions jamais été sauvés : c’est le déséquilibre de la croix qui nous a sauvés ! Jésus ne serait pas venu nous trouver alors que nous étions perdus et loin, il ne nous aurait pas aimés jusqu’au bout, il n’aurait pas embrassé la croix pour nous, qui ne méritions pas tout cela et ne pouvions rien lui donner en retour.

Comme l’écrit l’apôtre Paul, « presque personne n’est prêt à mourir pour un homme juste ; peut-être que quelqu’un oserait mourir pour une bonne personne. Mais Dieu prouve son amour pour nous en ce que, alors que nous étions encore pécheurs, le Christ est mort pour nous » (Rm 5, 7-8). Ici, Dieu nous aime tant que nous sommes pécheurs, non parce que nous sommes bons ou capables de lui rendre quoi que ce soit.

Frères et sœurs, l’amour de Dieu est toujours en excès, toujours sans calcul, toujours démesuré. Et aujourd’hui, il nous demande aussi de vivre ainsi, car ce n’est qu’ainsi que nous en témoignerons vraiment.

Frères et sœurs, le Seigneur nous propose d’abandonner la logique de l’intérêt personnel et de ne pas mesurer l’amour à l’échelle des calculs et des convenances. Il nous invite à ne pas répondre au mal par le mal, à oser faire le bien, à risquer de donner, même si nous recevons peu ou rien en retour.

Car c’est cet amour qui transforme lentement les conflits, raccourcit les distances, surmonte les inimitiés et guérit les blessures de la haine. Alors nous pouvons nous demander, chacun de nous : est-ce que je suis, dans ma vie, la logique de l’intérêt ou celle de la gratuité, comme Dieu le fait ?

L’amour extraordinaire du Christ n’est pas facile, mais il est possible ; c’est possible parce que lui-même nous aide en nous donnant son Esprit, son amour sans mesure.

Prions Notre-Dame qui, en répondant sans calcul à son « oui » à Dieu, lui a permis de faire d’elle le chef-d’œuvre de sa Grâce.

Angélus Domini nuntiavit Mariae….

_____________________

Après l’Angélus

Chers frères et sœurs,

l’amour de Jésus nous demande de nous laisser toucher par les situations de ceux qui sont éprouvés. Je pense en particulier à la Syrie et à la Turquie, aux nombreuses victimes du tremblement de terre, mais aussi aux tragédies quotidiennes du cher peuple ukrainien et des nombreux peuples qui souffrent à cause de la guerre ou de la pauvreté, du manque de liberté ou de la dévastation de l’environnement : de nombreux peuples…

En ce sens, je suis proche du peuple néo-zélandais, frappé ces derniers jours par un cyclone dévastateur. Frères et sœurs, n’oublions pas ceux qui souffrent et veillons à ce que notre charité soit attentive, c’est une charité concrète !

J’adresse mes salutations à vous tous, venus d’Italie et d’autres pays… Je souhaite à tous un bon dimanche. S’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir.


Copyright © Dicastero per la Comunicazione – Libreria Editrice Vaticana

Texte traduit et proposé par l’Association de la Médaille Miraculeuse

L’amour de la Vierge Marie, la prière de suffrage et l’attention aux pauvres

L’amour de la Vierge Marie,
la prière de suffrage et l’attention aux pauvres

Ce 17 février matin, au Palais apostolique du Vatican, le Saint-Père a reçu en audience les participants au Chapitre général de la Congrégation des Clercs marianistes de l’Immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie. Ce qu’il leur dit nous intéresse aussi pour ce samedi, jour de la Vierge Marie, en tant qu’Associés de la Médaille Miraculeuse.

Discours du Saint-Père

Chers frères, bonjour et bienvenue!

Je remercie le Supérieur général pour ses aimables paroles et je vous salue tous. Célébrez à nouveau ce Chapitre général dans le cadre du 350e anniversaire de la fondation de votre Institut, qui eut lieu à Cracovie en décembre 1670, par l’œuvre de saint Stanislas de Jésus et de Marie. Nous savons que ce n’était pas un début facile, tant pour la recherche de compagnons convenables que pour le long processus d’approbation, mais saint Stanislas n’a pas abandonné, confiant dans la puissance du Saint-Esprit.

Et justement pour chérir l’héritage qu’il vous a laissé avec sa ténacité, je voudrais rappeler avec vous trois grandes lignes de sa et de votre spiritualité, toutes marquées par un vif dynamisme ascétique et pastoral : l’amour de la Vierge Marie, la prière de suffrage et l’attention aux pauvres.

En premier lieu, l’amour de Marie. Il est intéressant de voir ce que saint Stanislas enseigne sur la dévotion mariale : il dit que le culte principal de Marie Immaculée est l’imitation de sa vie évangélique. C’est important, car la vraie dévotion à la Mère du Seigneur se nourrit et grandit dans l’écoute et la méditation de la Parole de Dieu : Marie est la Femme de l’Évangile (cf. Mt 12, 46-50).

Deuxième aspect : la prière de suffrage, qui caractérise la dimension eschatologique de votre congrégation. Saint Stanislas, cependant, insère dans ce regard sur l’horizon ultime la prière spéciale pour deux grands groupes de pauvres de son temps : les soldats tombés au combat et ceux qui sont morts de la peste. Aujourd’hui il en faut pour les soldats : ils tombent de partout !

On pense qu’au XVIIe siècle environ 60% de la population européenne a été exterminée par les épidémies et les guerres ! Il fallait ensuite prier pour les âmes des défunts et pour le réconfort des familles et des communautés, marquées par la douleur et le deuil de la perte de leurs proches (cf. Jn 11, 35-36).

Et le troisième trait que je voudrais souligner est l’attention aux pauvres, en particulier dans le soutien aux curés. Les clercs marianistes ont ainsi contribué à répondre à quelques graves problèmes de l’époque : l’affaiblissement de la foi, surtout parmi les classes modestes, le manque de vocations sacerdotales et religieuses, l’état de pauvreté d’une grande partie de la population (voir Mt 9 : 35 -38).

Chers frères, saint Stanislas a tracé pour votre congrégation des lignes de spiritualité et d’action qui s’incarnent bien dans l’histoire concrète des hommes et des femmes de son temps. Et il est important que vous « preniez le relais » en continuant à répondre de manière créative aux défis que notre époque présente également. Ne vous découragez pas si vous rencontrez de l’opposition ou des difficultés.

Pensez aux grandes épreuves que votre famille religieuse a traversées au cours des siècles, par exemple lorsqu’elle a été réduite à un seul membre au début du XXe siècle ! Avec l’aide de Dieu vous avez récupéré, jusqu’à aujourd’hui vous vous trouvez autour de cinq cents religieux, présents dans dix-neuf pays du monde.

Dans ce contexte, nous rappelons la figure du bienheureux George Matulaitis (1871-1927), clerc marial, prêtre, évêque et nonce apostolique en Lituanie, l’un des protagonistes de votre renaissance. Il a su redonner de la vitalité à la communauté en mettant à jour ses Constitutions et en promouvant sans crainte son œuvre, au point de devoir agir clandestinement et de risquer l’arrestation, sans jamais renoncer à promouvoir la charité et l’unité entre religieux et entre fidèles.

Je vous encourage à garder vivante la fidélité à vos origines dans cette attention prophétique d’aujourd’hui. Vous l’avez fait ces derniers temps en plaçant parmi vos priorités pastorales l’ouverture aux laïcs, la protection de la vie de la conception à la mort, l’attention aux plus petits et le soutien aux familles en difficulté ; c’est très important : aujourd’hui la famille est toujours en danger…

Ce sont des choix qui se reflètent, par exemple, dans le centre de naprotechnologie et d’aide aux familles que vous avez créé au Sanctuaire de Licheń, en Pologne ; et dans les nouvelles zones de mission auxquelles vous vous êtes ouvert en Asie et en Afrique. Que le Seigneur vous aide à avancer sur ces routes.

Et je voudrais conclure notre rencontre d’aujourd’hui en reprenant trois titres mariaux avec lesquels saint Jean-Paul II vous invitait à vénérer l’Immaculée Conception.

Marie « Siège de la Sagesse », afin que votre témoignage évangélique soit ferme et solide; Marie « Consolatrice des affligés », afin que les hommes de notre temps trouvent en vous amour et compréhension, et soient attirés vers Dieu par votre charité et votre service désintéressé; et, troisièmement, Marie « Mère de Miséricorde », afin que vous soyez riches de compassion maternelle pour les âmes rachetées par le sang du Christ et qui vous sont confiées.[1]

Et là-dessus, s’il vous plaît, n’oublions pas le style de Dieu : proximité, miséricorde et tendresse. Dieu est ainsi : il est proche, il est miséricordieux, il est tendre. C’est notre Dieu. Un religieux, un prêtre, doit être proche, doit être miséricordieux, doit tout pardonner, et être tendre, non agressif, patient et charitable tous les jours. De tout mon cœur, je vous bénis ainsi que tous les confrères.

____________________________

[1] Cf. Saint Jean-Paul II, Discours au Chapitre général des Clercs mariaux de l’Immaculée Conception de la B.V. Marie, 22 juin 1993.


Copyright © Dicastero per la Comunicazione – Libreria Editrice Vaticana

Texte traduit et présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse