Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

Semaine Sainte

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 27 mars
2013

Chers frères et sœurs, avec le dimanche des Rameaux, nous avons commencé la Semaine Sainte, centre de l’Année liturgique où nous vivons le sommet du dessein d’amour de Dieu pour l’humanité. Jésus entre dans Jérusalem pour se donner totalement. Il remet entre nos mains son Corps et son Sang pour demeurer toujours parmi nous. Il se livre volontairement à la mort pour correspondre à l’amour et à la volonté de son Père, et pour manifester son amour pour nous. Son chemin est aussi le mien, le tien, le nôtre. Vivre la Semaine Sainte, c’est apprendre à sortir de nous-mêmes pour aller surtout vers ceux qui ont besoin de compréhension, de consolation, d’aide. C’est entrer davantage dans la logique de Dieu qui est avant tout celle de l’amour et du don de soi. C’est ‘sortir’ de nous-mêmes, de nos manières routinières de vivre la foi qui ferment l’horizon de l’action créative de Dieu. Nous devons ‘sortir’ pour chercher avec Dieu la brebis perdue. Dieu pense avec miséricorde ! La Semaine Sainte est un temps de grâce que le Seigneur nous donne pour ouvrir les portes de nos cœurs, de nos vies, de nos paroisses, de nos mouvements, de nos associations, et ‘sortir’ vers les autres pour leur apporter la lumière et la joie de notre foi.

Notre monde a besoin de la présence vive de Jésus miséricordieux et riche d’amour. Je vous invite tous à bien vivre cette Semaine Sainte en suivant le Seigneur avec courage et en portant un rayon de son amour à ceux que vous rencontrerez. Bonne fête de Pâques !

© Copyright 2013 – Libreria Editrice Vaticana

La miséricorde change le monde

Premier angélus du pape François

« Faire l’expérience de la miséricorde change tout. C’est la meilleure parole que nous puissions  entendre: elle change le monde », a dit le pape François, lors de  son premier angélus, à 12h ce 17 mars 2013, depuis les appartements pontificaux donnant sur la place Saint-Pierre comble pour un temps de prière et de méditation.

 Frères et sœurs, bonjour !

 Après la première rencontre de mercredi dernier, aujourd’hui à nouveau je peux adresser mon salut à tous ! Et je suis heureux de le faire un dimanche, le jour du Seigneur ! C’st beau et important pour nous chrétiens de nous rencontrer le dimanche, de nous saluer, de nous parler comme maintenant, ici, sur cette place. Une place qui, grâce aux médias, a les dimensions du monde.

En ce cinquième dimanche de carême, l’Evangile nous présente l’épisode de la femme adultère (cf. Jn 8,1-11), que Jésus sauve de la condamnation à mort. L’attitude de Jésus touche : nous n’entendons pas des paroles de mépris, nous n’entendons pas des paroles de condamnation, mais seulement des paroles d’amour, de miséricorde, qui invitent à la conversion. « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus ! » (v. 11). Eh!, frères et soeurs, le visage de Dieu est celui d’un père miséricordieux, qui prend toujours patience. Avez-vous pensé à la patience de Dieu, la patience qu’il a avec chacun de nous ? C’est sa miséricorde. Il prend toujours patience, patience avec nous, nous comprend, s’occupe de nous, il ne se lasse pas de nous pardonner si nous savons revenir à lui avec le cœur contrit. « Grande est la miséricorde du Seigneur », dit le psaume.

Ces jours-ci, j’ai pu lire un livre d’un cardinal – le cardinal Kasper, un théologien très bien, un bon théologien – sur la miséricorde. Ce livre m’a fait tant de bien, mais ne croyez pas que je fais de la publicité pour les livres de mes cardinaux ! Ce n’est pas cela ! Il m’a fait tant de bien, tant de bien … Le cardinal Kasper disait que faire l’expérience de la miséricorde change tout. C’est la plus belle parole que nous puissions  entendre: elle change le monde. Un peu de miséricorde rend le monde moins froid et plus juste. Il nous faut bien comprendre cette miséricorde de Dieu, ce Père miséricordieux qui a tant de patience … Rappelons-nous du prophète Isaïe, qui affirmait que même si nos péchés étaient rouges comme l’écarlate, l’amour de Dieu les rendrait blancs comme la neige. C’est beau, la miséricorde!

Je me souviens qu’à peine nommé évêque, en 1992, la Vierge de Fatima est arrivée à Buenos Aires et l’on a fait une grande messe pour les malades. Je suis allé confesser, durant cette messe. Et presqu’à la fin de la messe, je me suis levé parce que je devais administrer une confirmation. Une dame âgée est venue vers moi, humble, très humble, à plus de 80 ans. Je l’ai regardée et je lui ai dit : « Grand-mère – parce que chez nous on s’adresse  ainsi aux personnes âgées : grand-mère – vous voulez vous confesser ? ». « Oui », m’a-t-elle dit. « Mais si vous n’avez pas péché … ». Et elle m’a dit : « Nous faisons tous des péchés … ». « Mais peut-être que le Seigneur ne les pardonne pas … ». « Le Seigneur pardonne tout », m’a-t-elle dit, assurée. « Mais comment le savez-vous, madame ? ». « Si le Seigneur ne pardonnait pas tout, le monde n’existerait pas ». J’ai eu envie de lui demander: « Mais dites-moi, madame, vous avez étudié à la Grégorienne ? » (l’université pontificale confiée aux jésuites, à Rome, ndlr), parce que c’est la sagesse que donne l’Esprit-Saint : la sagesse intérieure sur la miséricorde de Dieu.

 N’oublions pas cette parole : Dieu ne se lasse jamais de pardonner, jamais ! « Eh, père, quel est le problème? ». Eh, le problème est que nous, nous nous lassons, nous ne voulons pas, nous nous lassons de demander pardon. Il ne se lasse jamais de pardonner, mais nous, parfois, nous nous lassons de demander pardon. Ne nous lassons jamais, ne nous lassons jamais ! Il est le Père amoureux qui toujours pardonne, qui a un cœur de miséricorde pour nous tous. Et nous aussi, apprenons à être miséricordieux avec tous. Invoquons l’intercession de la Vierge qui a eu entre ses bras la Miséricorde de Dieu fait homme.

J’adresse un salut cordial à tous les pèlerins. Merci de votre accueil et de vos prières. Priez pour moi, je vous le demande. J’embrasse à nouveau les fidèles de Rome, et vous tous, qui venez de divers endroits de l’Italie et du monde, ainsi que tous ceux qui sont unis à nous grâce aux moyens de communications. J’ai choisi le nom du saint patron d’Italie, saint François d’Assise, et ceci renforce mon lien spirituel avec cette terre, où sont – comme vous le savez – les origines de ma famille. Mais Jésus nous a appelés à faire partie d’une nouvelle famille : son Eglise, cette famille de Dieu, en cheminant ensemble sur le chemin de l’Evangile. Que le Seigneur vous bénisse, que la Madone vous protège. N’oubliez pas : le Seigneur ne se lasse jamais de pardonner ! C’est nous qui nous lassons de demander le pardon.

la parabole du père et des deux fils

En ce quatrième dimanche de carême, on proclame l’Évangile du père et des deux fils, plus connu comme parabole du « Fils prodigue » (Lc 15, 11-32). Cette page de saint Luc constitue un sommet de la spiritualité et de la littérature de tous les temps. En effet, que serait notre culture, l’art, et plus généralement notre civilisation sans cette révélation d’un Dieu Père plein de miséricorde? Elle ne cesse pas de nous bouleverser et, à chaque fois que nous l’écoutons, ou que nous la lisons, elle est en mesure de nous suggérer toujours de nouvelles significations. Ce texte évangélique a surtout le pouvoir de nous parler de Dieu, de nous faire connaître son visage, mieux encore, son cœur. Après que Jésus nous a parlé du Père miséricordieux, les choses ne sont plus comme auparavant, à présent nous connaissons Dieu:  Il est notre Père qui, par amour, nous a créés libres et nous a dotés de conscience, qui souffre si nous nous perdons et qui fête notre retour. C’est pourquoi, la relation avec Lui se construit à travers une histoire, de façon analogue à ce qui arrive à tout enfant avec ses parents:  au début, il dépend d’eux; puis, il revendique son autonomie; et finalement – si le développement est positif -, il arrive à un rapport mûr, fondé sur la reconnaissance et sur l’amour authentique.

Dans ces étapes, nous pouvons également lire les moments du chemin de l’homme dans son rapport avec Dieu. Il peut y avoir une phase qui est comme l’enfance:  une religion animée par le besoin, la dépendance. Peu à peu, l’homme grandit et s’émancipe, veut s’affranchir de cette soumission et devenir libre, adulte, capable d’agir tout seul et de faire ses choix de façon autonome, en pensant aussi pouvoir se passer de Dieu. Cette phase, précisément, est délicate, elle peut conduire à l’athéisme, mais cela cache aussi souvent l’exigence de découvrir le vrai visage de Dieu. Heureusement pour nous, Dieu ne manque jamais d’être fidèle, et, même si nous nous éloignons et que nous nous perdons, il continue à nous suivre avec son amour, en pardonnant nos erreurs et en parlant intérieurement à notre conscience pour nous rappeler à lui. Dans la parabole, les deux fils se comportent de façon opposée:  le cadet s’en va et tombe de plus en plus bas, alors que l’aîné reste à la maison, mais lui aussi a une relation immature avec le Père; en effet, lorsque son frère revient, l’aîné n’est pas heureux, comme l’est en revanche le Père, au contraire, il se fâche et ne veut pas rentrer chez lui. Les deux fils représentent deux manières immatures d’être en relation avec Dieu:  la révolte et une obéissance infantile. Ces deux formes se surmontent grâce à l’expérience de la miséricorde. Ce n’est qu’en faisant l’expérience du pardon, en nous reconnaissant aimés d’un amour gratuit, plus grand que notre misère, mais aussi que notre justice, que nous entrons finalement dans une relation vraiment filiale et libre avec Dieu.

Chers amis, méditons cette parabole. Regardons-nous dans les deux fils et, surtout, contemplons le cœur du Père. Jetons-nous dans ses bras, et laissons-nous régénérer par son amour miséricordieux. Que la Vierge Marie, Mater misericordiae, nous y aide.

Que la Vierge Marie soit pour vous une étoile et un guide et que la prière et l’amitié de vos frères et sœurs vous soutienne ! A tous bon dimanche!

Sa Sainteté Benoît XVI – Angélus du 14 mars 2010, place Saint Pierre à Rome.

© Copyright 2010 – Libreria Editrice Vaticana