Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

Pâques 2012

Sainte fête de Pâques !

Le pape Benoît XVI a exprimé ses vœux de Pâques ce dimanche 8 avril en 65 langues, au terme de son message à la ville et au monde – « urbi et orbi » – depuis la loggia des bénédictions de la basilique Saint-Pierre :

« Recherchez toujours le Christ ressuscité, la lumière de la Vérité, qui a dissipé les ténèbres de la mort, et a offert au monde la splendeur de Dieu. Gardez dans votre cœur le rayonnement de paix et de joie qui vient de la résurrection du Christ qui donne force et sens à toute attente et à tout projet de bien. »

« Le Christ est ressuscité. Sainte fête de Pâques ! Que pour vous ce mystère soit source de bonheur et de paix profonde. »

Voici LE MESSAGE PASCAL DU PAPE URBI ET ORBI

Méditons aussi, en tant qu’associés de Médaille Miraculeuse, en ce saint jour de Pâques ce beau texte de Louis Bouyer (+), en union de cœur avec notre Sainte Mère :

Au soir du vendredi Saint, le Crucifié a été descendu de la croix, Nicodème et Joseph d’Arimathie l’ont déposé à la hâte dans un sépulcre neuf. La pierre a été roulée sur lui, puis tout s’est tu dans le grand silence du Sabbat. Au matin du premier jour de la semaine, les femmes portant la myrrhe accourent. La pierre est ôtée, les linges pliés à part et le tombeau vide. Des anges apparaissent : « Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ? »La grande nouvelle à laquelle on n’ose croire passe de bouche en bouche : «Le Seigneur est ressuscité.» Mais les cœurs abattus se refusent à l’espérance. Alors il apparaît lui-même au milieu d’eux : « La paix soit avec vous… » (Luc 23, 50-24, 36 et Jean 20, 18-23).

Le tombeau vide, la résurrection du Crucifié, voilà le fondement de l’Église, comme l’Église en est par sa seule existence le principal et perpétuel témoignage.

Sans doute, dès le moment où le Christ ferma les yeux sur la croix, il était victorieux. Mais de sa victoire, lui seul pouvait encore être sûr ; pour son âme seule elle était encore réelle. La résurrection l’a rendue réelle pour tout son être humain, dans tout ce qui le rattachait au nôtre. Elle a mis le Chef à même de la rendre réelle pour nous aussi, agrégés à lui. La victoire n’est plus une réalité cachée avec son âme au sein de Dieu, mais une réalité inscrite dans l’histoire de notre monde.

Notre foi n’est plus celle de l’Ancienne Alliance, elle ne repose plus sur de simples promesses, mais sur un don parfait, effectif, entièrement achevé. Le Christ une fois descendu aux enfers, la descente de l’Agapè-Amour divin jusqu’au terme de notre égarement était complète. Notre remontée avec lui pouvait commencer.  Le Christ une fois ressuscité, le retour de notre humanité à Dieu est opéré de fait en son Chef, et les membres suivront.

Depuis, tout le culte chrétien n’est qu’une célébration continue de la Pâque : le soleil qui ne cesse de se lever sur la terre traîne après lui un sillage d’eucharisties qui ne s’interrompt pas un seul instant, et chaque messe célébrée, c’est la Pâque qui se prolonge.

Chaque jour de l’année liturgique, et dans chaque jour, chaque instant de la vie de l’Église qui ne dort jamais continue et renouvelle cette Pâque que le Seigneur avait désiré d’un si grand désir manger avec les siens, en attendant celle qu’il mangera dans son royaume avec eux et qui se prolongera durant l’éternité.

La Pâque annuelle que nous ne cessons ni de nous remémorer ni d’attendre nous maintient sans relâche dans le sentiment des premiers chrétiens qui s’écriaient, tournés vers le passé : « Le Seigneur est vraiment ressuscité ! » et tournés vers l’avenir : « Viens ! Seigneur Jésus ! Viens bientôt ! »

Louis Bouyer

le serpent d’airain

le serpent d'airain
le serpent d’airain

Ce dimanche 18 mars 2012, quatrième dimanche de carême, Benoît XVI a présidé la prière de l’angélus depuis la fenêtre de son bureau donnant sur la place Saint-Pierre, en présence de milliers de visiteurs. Il nous explique la comparaison du Christ sur la croix au serpent d’airain qui sauvait de la mort.

Chers frères et sœurs!

Dans notre cheminement vers Pâques, nous sommes parvenus au quatrième dimanche de Carême. C’est un cheminement avec Jésus à travers le « désert », c’est-à-dire, une période durant laquelle il faut davantage écouter la voix de Dieu et aussi exposer les tentations qui parlent en nous. A l’horizon de ce désert se profile la Croix. Jésus sait qu’elle est l’aboutissement de sa mission : en effet, la Croix du Christ est le sommet de l’amour, qui nous donne le salut. Il dit lui-même dans l’Évangile d’aujourd’hui: «Comme Moïse a élevé le serpent dans le désert, il faut que le Fils de l’homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle» (Jn 3,14-15). Il fait référence à l’épisode dans lequel, lors de l’exode d’Egypte, les Juifs ont été attaqués par des serpents venimeux, et beaucoup sont morts. Dieu alors avait ordonné à Moïse de faire un serpent d’airain et l’avait fait placer sur une colonne: si l’on était mordus par des serpents, en regardant le serpent de bronze, on était guéri (cf. Nb 21, 4 à 9). De même Jésus sera élevé sur la croix, afin que  quiconque, en danger de mort à cause du péché, soit sauvé en se tournant avec foi vers Lui qui est mort pour nous. « Car Dieu – écrit saint Jean – n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour condamner le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui» (Jn 3:17).

Saint Augustin commente: «Le médecin, pour ce qui dépend de lui, est là pour guérir les malades. Si vous ne suivez pas les prescriptions du médecin, vous allez à la ruine. Le Sauveur est venu dans le monde… Si vous ne voulez pas être sauvés par lui, vous vous jugerez vous-même » (Sur l’Évangile de Jean, 12, 12: PL 35, 1190).  Si donc infini est l’amour miséricordieux de Dieu, qui en est venu à ce point de donner son Fils unique comme rançon pour nos vies, grande est notre responsabilité : chaque fois qu’on est reconnu malade, pour être guéri, on doit confesser son péché, pour que le pardon de Dieu, déjà donné sur la Croix, prenne effet dans le cœur et la vie. Saint Augustin écrit: « Dieu condamne vos péchés, et si vous les condamnez, vous vous joignez à Dieu … Quand tu commences à détester ce que tu as fait, commencent alors tes bonnes œuvres, car tu condamnes tes mauvaises œuvres. Les bonnes œuvres commencent par la reconnaissance des mauvaises actions » (ibid., 13: PL 35, 1191). Parfois, l’homme aime les ténèbres plus que la lumière, parce qu’il est attaché à ses péchés. Mais ce n’est qu’ouvert à la lumière et juste en confessant franchement ses péchés à Dieu que nous trouvons la vraie paix et la vraie joie. Il est donc important de s’approcher du sacrement de la Pénitence régulièrement, surtout pendant le carême, pour recevoir le pardon du Seigneur et renforcer notre chemin de conversion.

Que ce temps du Carême nous donne de recentrer toute notre vie sur le Christ, qui a pris sur Lui nos souffrances et nos peines. Je Lui confie la douleur des parents belges qui, à cause de l’accident tragique en Suisse, ont perdu leur enfant, et celle de ceux qui se sont vus privés d’un proche. Je les assure de ma proximité et de ma prière.

Chers amis, demain, nous célébrons la fête de saint Joseph. Je remercie sincèrement tous ceux qui ont une pensée pour moi dans la prière, au jour de ma fête. En particulier, je vous demande de prier pour le voyage apostolique au Mexique et à Cuba, où je vais partir vendredi prochain. Confions le à l’intercession de la Bienheureuse Vierge Marie, tant aimée et vénérée dans ces deux pays que je vais visiter.  Demain donc, nous célébrerons la fête de Saint-Joseph : puisse le Seigneur, par l’intercession de mon saint patron de baptême, me donner la force de confirmer mes frères et sœurs dans la foi ! Comme Saint Joseph, ne craignez pas de prendre Marie chez vous, qu’elle vous montre son Fils, le Christ notre Sauveur ! Que Dieu vous bénisse !

© Libreria Editrice Vaticana 2012

Préparer l’Annonciation

la Vierge de l'Annonciation Taddeo di Bartolo (1363 -1422)
la Vierge de l’Annonciation Taddeo di Bartolo (1363 -1422)

Lors de l’Angélus du dimanche 11 mars 2012, Benoît XVI a dit : « La Pâque de Jésus introduit un nouveau culte, le culte de l’amour, et un nouveau sanctuaire qui est Jésus lui-même, le Christ ressuscité, à travers lequel tout croyant peut adorer Dieu le Père « en esprit et en vérité » (Jn 4, 23). L’Esprit- Saint a commencé à construire ce nouveau sanctuaire dans le sein de la Vierge Marie. »

A ce propos, bientôt nous allons célébrer cet événement. Pour nous y préparer, nous pouvons méditer l’homélie donnée justement par le pape Benoît XVI la première année de son pontificat « en la solennité liturgique de l’Annonciation du Seigneur, et sous le soleil que nous donne le Seigneur. »

Dans l’Incarnation du Fils de Dieu, nous reconnaissons en effet les débuts de l’Église. Tout provient de là. Toute réalisation historique de l’Église et également chacune de ses institutions doivent se référer à cette Source originelle. Elles doivent se référer au Christ, Verbe de Dieu incarné. C’est Lui que nous célébrons toujours:  l’Emmanuel, le Dieu-avec-nous, par l’intermédiaire duquel s’est accomplie la volonté salvifique de Dieu le Père. Et cependant (nous contemplons cet aspect du Mystère précisément aujourd’hui) la Source divine s’écoule par un canal privilégié:  la Vierge Marie…

En célébrant l’Incarnation du Fils nous ne pouvons pas, par conséquent, ne pas honorer sa Mère. C’est à Elle que fut adressée  l’annonce  de  l’ange; Elle l’accueillit, et lorsque du plus profond de son coeur elle répondit:  « Je suis la servante du Seigneur; qu’il m’advienne selon ta parole » (Lc 1, 38), à ce moment-là, le Verbe éternel commença à exister comme être humain dans le temps.

De génération en génération, on continue de s’émerveiller devant ce mystère ineffable. Imaginant s’adresser à l’Ange de l’Annonciation, Saint Augustin demande:  « Dites-moi donc, ange de Dieu, d’où vient cette faveur à Marie? » La réponse, dit le Messager, est contenue dans les paroles mêmes de la salutation:  « Je vous salue, pleine de grâce » (cf. Sermo 291, 6). Effectivement, l’Ange, en « entrant chez Elle », ne l’appelle pas par son nom terrestre, Marie, mais par son nom divin, comme Dieu la voit et la qualifie depuis toujours:  « Pleine de grâce », la grâce n’étant rien d’autre que l’amour de Dieu, c’est ainsi que nous pourrions à la fin traduire:  « aimée » de Dieu (cf. Lc 1, 28).

Origène observe que jamais un tel titre ne fut donné à un être humain, que rien de semblable n’est décrit dans l’ensemble des Saintes Écritures (cf. In Lucam, 6, 7). Il s’agit d’un titre exprimé sous une forme passive, mais cette « passivité » de Marie, qui est depuis toujours et pour toujours l’ « aimée » du Seigneur, implique son libre consentement, sa réponse personnelle et originale:  dans le fait d’être aimée, en recevant le don de Dieu, Marie est pleinement active, car elle accueille avec une disponibilité personnelle la vague de l’amour de Dieu qui se déverse en elle.

En cela également, Elle est la parfaite disciple de son Fils, qui à travers l’obéissance à son Père réalise entièrement sa propre liberté et précisément de cette manière exerce la liberté, en obéissant. Dans la deuxième lecture,  l’auteur de la Lettre aux Hébreux interprète le Psaume 39, précisément à la lumière de l’Incarnation du Christ:  « Aussi, en entrant dans le monde, le Christ dit: … Me voici, mon Dieu, je suis venu pour faire ta volonté » (He 10, 5-7). Face au mystère de ces deux « me voici », le « me voici » du Fils et le « me voici » de la Mère, qui se reflètent l’un dans l’autre et forment un unique Amen à la volonté d’amour de Dieu, nous demeurons émerveillés et, remplis de reconnaissance, nous adorons.

© Libreria Editrice Vaticana 2006