Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

MOIS DE SAINT JOSEPH – 1er JOUR

MOIS DE SAINT JOSEPH – 1er JOUR

PIERRE D’AILLY : Exposition des douze gloires de saint Joseph.

Georges-de-la-Tour-Le-songe-de-saint-Joseph-XVIIe-siècle
Georges-de-la-Tour-Le-songe-de-saint-Joseph-XVIIe-siècle

« Si nous réunissons tout ce que les Écritures et les Évangiles rapportent de saint Joseph , nous y trouvons un sujet incomparable de louange pour ce saint homme dans les éminents privilèges dont il a été comblé. Aussi notre sainte mère l’Église célèbre-t-elle par de joyeuses fêtes les gloires qui le couronnent.

« La première gloire de saint Joseph est d’être né de la lignée de David, comme l’atteste l’Évangile, en terminant ainsi la généalogie de Jésus : « Christ, fils d’Abraham et de David : Jacob, qui engendra Joseph, époux de Marie, de laquelle est né le Christ. »

« La 2e gloire de saint Joseph est d’avoir été le véritable et proche parent de la Vierge Marie et de son divin fils Jésus-Christ; puisqu’il est prouvé, par le témoignage des Écritures, que tous les trois sont nés de la race de David, et que l’Évangéliste l’atteste non-seulement à l’occasion de saint Joseph, mais aussi de son épouse Marie.

« La 3e gloire de saint Joseph est d’avoir été uni par le mariage à la Vierge mère de Dieu, comme le rappellent souvent les Évangiles dans des textes tels que celui-ci : Une Vierge fiancée à un homme nommé Joseph, époux de Marie. Et cela non point en vertu d’un lien vulgaire, mais en vertu d’un contrat sacré et par le lien du saint amour.

« La 4e gloire de saint Joseph lui est décernée avec le titre de vierge. Assurément Joseph était l’époux de Marie lorsque l’ange Gabriel lui apparut, et lui dit : Voilà que vous concevrez et enfanterez un fils auquel vous donnerez le nom de Jésus ; et elle répondit : Comment cela se fera-t-il? car elle gardait le dessein de conserver une virginité perpétuelle, du consentement de son époux.

« La 5e gloire de saint Joseph est d’avoir été choisi pour servir non-seulement là Vierge, mais son fils Jésus ; car, outre plusieurs rai sons générales, les saints reconnaissent certaines raisons spéciales du mariage de Joseph avec Marie. Le mariage fut fait, d’après eux :
1° pour que la naissance de Jésus-Christ fût cachée au démon ;
2° pour que saint Joseph fût le témoin de cette naissance, et qu’il défendît la Vierge de tout soupçon ;
3° pour qu’elle ne fût pas sujette à subir les rigueurs de la loi mosaïque; enfin pour que la mère comme le fils eussent un protecteur et un nourricier.

« La 6e gloire de saint Joseph est que le mystère de l’Incarnation lui fut révélé comme à un dépositaire des secrets célestes par le ministère de l’ange qui lui apparut durant son sommeil, et lui dit : Ne craignez par de garder avec vous Marie votre épouse, car ce qui est né d’elle est formé non par l’œuvre humaine, mais par l’œuvre divine, et provient du souffle mystique de l’Esprit-Saint. L’ange ne révéla pas seulement à Joseph le mystère de l’Incarnation, mais aussi par ce mystère celui de la Rédemption du genre humain. Elle enfantera un fils à qui on donnera le nom d’Emmanuel ; et expliquant la signification de ce nom, ce qui veut dire Dieu avec nous.

« La 7e gloire de saint Joseph ressort de ce témoignage de l’Évangile, que Joseph était un homme juste, c’est-à-dire éprouvé dans la foi, l’espérance, la charité, et dans la pratique de toutes les vertus; car, sous le nom de justice, la sainte Écriture exprime généralement la sainteté d’une vie sans tache. C’est pourquoi Joseph était juste comme son père Abraham, qui crut en Dieu, et dont Dieu proclama la justice. Joseph, lui aussi, crut que le Messie naîtrait non4’un homme, mais du Saint-Esprit, d’une femme vierge et de la race de David ; ainsi il fut justifié par sa foi, et mérita d’être appelé juste.

« La 8e gloire de saint Joseph est que ce nom de Jésus, voulu de Dieu dans l’éternité, révélé par l’ange dans le temps, Joseph fut chargé de le communiquer solennellement aux hommes, selon l’ordre du messager céleste : Vous l’appellerez Jésus. Précepte clairement formulé et scrupuleusement exécuté ; car, après huit jours, l’enfant fut circoncis; il fut appelé Jésus, parce que l’ange l’avait ainsi nommé avant même qu’il fût conçu dans le sein de sa mère.

« La 9° gloire de saint Joseph résulte de ce que plusieurs grands mystères de notre foi se sont accomplis en sa présence. C’est en sa présence que le Christ naquit, et que les pasteurs proclamèrent ses merveilles; car, selon le témoignage de l’Évangile, ils trouvèrent Marie et Joseph, et l’enfant couché dans une crèche. C’est en sa présence que le Christ fut circoncis, et que les prémices de ce sang innocent furent répandues. Alors commençait la passion du Christ pour nous, et la compassion de Joseph pour le Christ. C’est en sa présence qu’il fut adoré par les Mages ; c’est en sa présence qu’il enseigna dans le Temple quand Marie et lui le perdirent à Jérusalem.

« La 10e gloire de saint Joseph est d’avoir été instruit non-seulement par les oracles des anciens prophètes, mais par ceux des nouveaux; car le vieillard Siméon bénit l’enfant Jésus et prédit à Joseph la passion du Christ, quand il dit à Marie, sa mère : Votre cœur sera transpercé d’un glaive de douleurs.

« La 11e gloire de saint Joseph est d’avoir été instruit non-seulement par la voix d’un prophète, mais par les entretiens familiers et intimes des anges. Car nous avons entendu quatre fois les paroles du messager céleste résonner à ses oreilles :
1° Lorsqu’il songeait à se séparer de Marie, l’ange lui dit : Ne craignez pas de garder avec vous Marie votre épouse.
2° Lorsqu’allait éclater la persécution d’Hérode : Levez-vous, hâtez-vous de prendre l’Enfant et sa mère, fuyez en Égypte.
3° Après la mort d’Hérode : Levez-vous, et retournez dans la terre d’Israël; car ceux qui en voulaient à la vie de l’Enfant sont morts.
4° Lorsque, revenant en Israël, il craignait Archélaüs, fils d’Hérode, l’ange lui ordonna de se retirer en Galilée.

« La 12e gloire de saint Joseph est que non-seulement la Mère de Dieu, la Reine et la maîtresse du ciel, mais le Fils de Dieu, mais le Roi devant lequel tout genou fléchit dans le ciel, sur la terre et dans les enfers, comme l’attestent les Écritures et l’Évangile historique, ont voulu être placés l’un et l’autre sous la dépendance de saint Joseph. Car, puisque l’homme est le chef de la femme, qui pourrait douter que la bienheureuse Vierge n’ait été soumise à son époux, et sous sa puissance ? L’Évangile témoigne aussi du Fils qu’il leur était soumis : à eux, à Marie et à Joseph. Oh ! étonnante merveille ! oh ! nouveauté admirable ! Oh ! incomparable humilité ! le Maître obéit à son serviteur, et Dieu s’abaisse devant un homme. »

Pierre d’Ailly , chancelier de l’Université de Paris, et évêque de Cambrai au XVe siècle.

L’envie et la vanité, ancrées dans «une fausse idée de Dieu»

L’envie et la vanité, ancrées dans «une fausse idée de Dieu»

Lors de l’audience générale du mercredi 28 février en salle Paul VI, en cette troisième semaine de Carême, le Pape a examiné deux vices capitaux que sont l’envie et la vaine gloire. Il poursuit son cycle de catéchèses initié en début d’année et consacré aux vices et aux vertus.

Résumé de la catéchèse du Saint-Père

Frères et sœurs, nous examinons aujourd’hui deux vices, l’envie et la vaine gloire qui sont caractéristiques d’une personne aspirant à être le centre du monde, l’objet de toute louange et de tout amour.

L’envie apparaît dans la Bible avec la haine de Caïn à l’égard d’Abel. Elle est déclenchée lorsqu’il se rend compte que les sacrifices de son frère plaisent à Dieu. À la base, se trouve une relation de haine et d’amour : on veut le mal de l’autre, mais secrètement,

on souhaite lui ressembler ! Sa réussite semble une injustice. L’envieux n’accepte pas que Dieu ait ses propres “mathématiques”, différentes des nôtres. Il voudrait imposer à Dieu sa logique égoïste, alors que la logique de Dieu c’est l’amour.

La vaine gloire est une estime de soi démesurée et sans fondement. Le vantard possède un ego encombrant: ses relations sont toujours instrumentalisées, marquées par la domination des autres. Perpétuel mendiant d’attention, sa personne, ses exploits et ses réalisations doivent être montrés à tous.

Pour vaincre la vanité, nous pouvons faire comme l’apôtre Paul qui dut toujours supporter un propre défaut qu’il ne parvenait pas à surmonter.

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Catéchèse – Les vices et les vertus – 9. L’envie et la vaine gloire

 

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI
Mercredi 28 février 2024

Chers frères et sœurs, bonjour !

Aujourd’hui nous examinons deux vices capitaux que nous trouvons dans les grands inventaires que la tradition spirituelle nous a laissés : l’envie et la vaine gloire.

Commençons par l’envie. Si nous lisons les Saintes Écritures (cf. Gn 4), elle nous apparaît comme l’un des vices les plus anciens : la haine de Caïn envers Abel se déchaîne lorsqu’il se rend compte que les sacrifices de son frère plaisent à Dieu.

Caïn était le fils aîné d’Adam et Eve, il avait pris la plus grande part de l’héritage de son père ; pourtant, il suffit qu’Abel, son jeune frère, réussisse un petit exploit pour que Caïn se mette en colère.

La tête de l’envieux est toujours triste : son regard est baissé, il semble continuellement sonder le sol, mais en réalité il ne voit rien, car son esprit est enveloppé de pensées pleines de méchanceté. L’envie, si elle n’est pas maîtrisée, conduit à la haine de l’autre. Abel sera tué par Caïn, qui n’a pas supporté le bonheur de son frère.

L’envie est un mal qui n’a pas seulement été étudié en contexte chrétien : elle a attiré l’attention de philosophes et d’érudits de toutes cultures.

À la base, il y a une relation de haine et d’amour : l’un veut le mal de l’autre, mais secrètement, il souhaite lui ressembler. L’autre est l’épiphanie de ce que nous voudrions être, et qu’en réalité nous ne sommes pas. Sa bonne fortune nous semble une injustice : nous aurions sûrement – pensons-nous – mérité bien davantage ses succès ou sa bonne fortune !

À la base de ce vice, il y a une fausse idée de Dieu : on n’accepte pas que Dieu ait ses propres « mathématiques », différentes des nôtres.

Par exemple, dans la parabole de Jésus sur les ouvriers appelés par le maître à aller à la vigne à différents moments de la journée, ceux de la première heure croient avoir droit à un salaire plus élevé que ceux qui sont arrivés en dernier ; mais le maître leur donne à tous le même salaire, et dit : « N’ai-je pas le droit de faire ce que je veux de mes biens ? Ou alors es-tu envieux parce que moi je suis bon ? » (Mt 20,15).

Nous voudrions imposer à Dieu notre logique égoïste, mais la logique de Dieu est l’amour. Les biens qu’il nous donne sont faits pour être partagés. C’est pourquoi saint Paul exhorte les chrétiens : « Soyez unis les uns aux autres par l’affection fraternelle, rivalisez de respect les uns pour les autres » (Rm 12,10). Voilà le remède à l’envie !

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Et nous arrivons au deuxième vice que nous examinons aujourd’hui : la vaine gloire. Elle va de pair avec le démon de l’envie et, ensemble, ces deux vices sont caractéristiques d’une personne qui aspire à être le centre du monde, libre d’exploiter tout et tout le monde, objet de toutes les louanges et de tous les amours.

La vaine gloire est une estime de soi exagérée et sans fondement. Le vantard possède un « moi » encombrant : il n’a aucune empathie et ne se rend pas compte qu’il existe d’autres personnes que lui dans le monde. Ses relations sont toujours instrumentales, marquées par la prévarication de l’autre. Sa personne, ses réalisations, ses succès doivent être montrés à tous : c’est un perpétuel mendiant d’attention.

Et si des fois ses qualités ne sont pas reconnues, il se met dans une colère féroce. Les autres sont injustes, ils ne comprennent pas, ils ne sont pas à la hauteur. Dans ses écrits, Évagre le Pontique décrit l’amère histoire de certains moines frappés par la vanité. I

l arrive qu’après ses premiers succès dans la vie spirituelle, il se sente déjà arrivé et se précipite dans le monde pour en recevoir les louanges. Mais il ne réalise pas qu’il n’est qu’au début du voyage spirituel et qu’une tentation le guette, qui le fera bientôt tomber.

Pour guérir le vantard, les maîtres spirituels ne proposent pas beaucoup de remèdes. Car au fond, le mal de la vanité a son remède en lui-même : les louanges que l’orgueilleux espérait récolter du monde se retourneront bientôt contre lui. Et combien de personnes, trompées par une fausse image d’elles-mêmes, sont ensuite tombées dans des péchés dont elles auraient bientôt eu honte !

Le meilleur enseignement pour vaincre la vanité se trouve dans le témoignage de Saint Paul. L’apôtre s’est toujours heurté à un défaut qu’il n’a jamais pu surmonter. À trois reprises, il demanda au Seigneur de le délivrer de ce tourment, mais finalement Jésus lui répondit : « Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse ».

Depuis ce jour, Paul a été libéré. Et sa conclusion devrait aussi devenir la nôtre : « C’est donc très volontiers que je mettrai plutôt ma fierté dans mes faiblesses, afin que la puissance du Christ fasse en moi sa demeure » (2 Co 12,9).

* * *

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier une délégation du Conseil National de Monaco, ainsi que les paroisses et les jeunes venus de France.

En ce temps de Carême efforçons nous de ne pas nous mettre toujours au centre, mais cherchons plutôt à nous effacer pour laisser la place aux autres, les promouvoir et nous réjouir de leurs qualités et de leurs succès.

Que Dieu vous bénisse.


APPEL

Le 1er mars marquera le 25e anniversaire de l’entrée en vigueur de la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel, qui continuent de frapper des civils innocents, en particulier des enfants, de nombreuses années après la fin des hostilités.

J’exprime ma proximité aux nombreuses victimes de ces engins sournois, qui nous rappellent la cruauté dramatique des guerres et le prix que les populations civiles sont contraintes de payer.

À cet égard, je remercie tous ceux qui contribuent à l’assistance aux victimes et au déminage des zones infestées. Leur travail est une réponse concrète à l’appel universel à être des artisans de paix, en prenant soin de nos frères et sœurs.


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La prière est la clé qui ouvre le cœur miséricordieux de Dieu

« La prière est la clé qui ouvre le cœur miséricordieux de Dieu. » Pour illustrer cette expression du Pape François, voici les dernières ligne du Petit traité sur la Prière d’Alexis Carrel :

Le sens du sacré revêt, par rapport aux autres activités de l’esprit, une importance singulière. Car il nous met en communication avec l’immensité mystérieuse du monde spirituel. C’est par la prière que l’homme va à Dieu et que Dieu entre en lui. Prier apparaît comme indispensable à notre développement optimum.

Nous ne devons pas prendre la prière pour un acte auquel seuls se livrent les faibles d’esprit, les mendiants ou les lâches. « Il est honteux de prier » écrivait Nietzsche. En fait, il n’est pas plus honteux de prier que de boire ou de respirer. L’homme a besoin de Dieu comme il a besoin d’eau et d’oxygène.

Joint à l’intuition, au sens moral, au sens du beau et à la lumière de l’intelligence, le sens du sacré donne à la personnalité son plein épanouissement. Il n’est pas douteux que la réussite de la vie demande le développement intégral de chacune de nos activités physiologiques, intellectuelles, affectives et spirituelles.

L’esprit est à la fois raison et sentiment. Il nous faut donc aimer la beauté de la science et aussi la beauté de Dieu. Nous devons écouter Pascal avec autant de ferveur que nous écoutons Descartes.