LE MOIS DES FIDÈLES DÉFUNTS – 21 novembre
Selon LE MOIS DE NOVEMBRE CONSACRÉ AU SOUVENIR DES ÂMES DU PURGATOIRE par des considérations sur les peines qu’elles y souffrent, les motifs et les moyens de les soulager et sur l’utilité de la pensée du purgatoire. – L. Grandmont Liège 1841
Cession de nos bonnes œuvres en faveur des âmes du Purgatoire
Remarquons d’abord qu’il y a trois choses dans les bonnes œuvres : elles sont méritoires ; c’est-à-dire qu’elles méritent un degré de gloire ; elles sont impétratoires, en ce qu’elles obtiennent quelque grâce de Dieu ; elles sont satisfactoires parce qu’elles satisfont pour nos péchés.
Or, en tant qu’elles sont méritoires, nous n’en pouvons faire part à personne, car le mérite est personnel. C’est, à proprement parler, en tant qu’elles sont satisfactoires que nous pouvons les offrir pour les autres : c’est donc en ce sens que nous pouvons en faire un transport, une cession ; et, en ce cas, toute la satisfaction appartient à ceux en faveur desquels nous nous en privons.
C’est donc de cette manière que nous pouvons offrir toutes nos bonnes œuvres, nos souffrances, etc., pour les âmes du purgatoire.
Or, nous avons vu hier que toutes nos bonnes œuvres peuvent être des moyens de soulager les morts, et qu’ainsi l’on peut en mille circonstances venir à leur secours, sans rien faire d’extraordinaire. Nous allons aujourd’hui méditer une excellente résolution que nous proposons aux âmes voulant témoigner à Dieu leur parfait dévouement.
Elle consiste à lui offrir généralement tous les mérites expiatoires ou satisfactoires de la vie, en faveur des défunts. Nous conseillons, en outre, d’en laisser l’application à la sainte Vierge ; car personne ne peut plus saintement en disposer, puisqu’elle le fera toujours pour la plus grande gloire de Dieu, qui doit être la fin de toutes nos œuvres.
Ce sera, de plus, un témoignage du véritable amour que l’on a pour elle, puisqu’on lui remet tout ce qu’on a, et tout ce qu’on peut lui donner, l’honorant ainsi, non seulement par quelques actions particulières, mais par toutes généralement.
Ne craignons pas de nuire à nos intérêts, par ce transport général de nos bonnes œuvres. Quelque accumulées que puissent être les dettes dont nous nous croyons chargés envers la justice divine, quel risque courons-nous, en cédant à Dieu nos propres intérêts et nos droits les plus légitimes? Les péchés sans doute crient pénitence ; mais la charité crie encore plus haut en faveur des âmes souffrantes.
Le transport que nous faisons du fruit de nos travaux et de nos œuvres, par le motif d’une charité sublime, n’est-il pas incomparablement plus estimable en lui-même et plus méritoire devant Dieu, que tout ce que nous pourrions entreprendre par le motif de notre intérêt personnel.
Il est vrai que l’on se prive des satisfactions pour ses propres péchés, mais cet acte héroïque de charité nous est même plus utile que si nous nous réservions nos satisfactions, et a plus de force auprès de Dieu, qui est la charité même, pour nous acquitter de nos dettes.
Donnez, dit J.-C., et il vous sera donné. Mais de quelle mesure se servira-t-on ? Nous serons traités comme nous aurons traité les autres : si nous donnons peu, il nous sera donné peu ; si nous donnons tout, tout nous sera donné.
Le chrétien assez généreux pour consacrer à la gloire de Dieu tout le trésor de mérites qu’il pourra amasser pendant le cours de sa vie, en l’abandonnant aux nécessités pressantes de ses frères défunts, ne recevra-t-il pas au jour du jugement une mesure surabondante, si pleine qu’elle se répandra par-dessus, comme s’exprime l’Écriture ?
Mais, dit-on, la charité bien ordonnée commence par soi-même. — Rien de plus vrai, lorsqu’il est question du salut. Chacun est tenu d’employer à cette importante et unique affaire tout ce qu’il a reçu de talents et de grâces. A quelque prix que ce soit, il faut qu’il se sauve.
Mais pour soulager et secourir au plus tôt les amis de Dieu, nos frères souffrants, en leur faisant part des biens spirituels dont nous ne pouvons nous-mêmes recueillir les avantages qu’après la mort ; fallût-il nous dépouiller en leur faveur de toutes nos acquisitions en ce genre ; au fond et en dernière analyse, qu’est-ce qu’une pareille cession opérée, dirigée par des vues si nobles et si pures?
L’acte seul de cette cession n’est-il pas d’une plus grande valeur que tout ce qu’on cède ? N’est-ce pas une action de pure charité, et ainsi plus agréable à Dieu, et plus méritoire que si l’on avait en vue ses propres intérêts? On ne peut donc se dépouiller ainsi, sans être aussitôt revêtu de richesses beaucoup plus précieuses et inaliénables.
C’est pour Dieu, et conséquemment à Dieu, que l’on cède tout, que l’on donne tout. Or, en donnant tout à Dieu, est-il permis de penser qu’on coure aucun risque de perdre ? Donner à Dieu, c’est toujours un prêt saintement valide, dont Dieu lui-même se fait caution en nous disant : Donnez et il vous sera donné. Puisse une si sainte usure tenter la pieuse avarice de tous les fidèles?
Ne craignons donc pas de négliger nos intérêts spirituels en faisant ce sacrifice, puisqu’au contraire c’est un moyen d’augmenter beaucoup le mérite de nos bonnes œuvres, et ainsi d’arriver à une plus grande gloire dans le ciel. Même plus on est grand pécheur, plus cet abandon semble devoir être héroïque, parce qu’alors on donne tout son nécessaire.
Si le juste ne peut exercer une plus grande charité, à plus forte raison le pécheur qui, malgré les nombreuses satisfactions qu’exigent ses péchés, vient au secours de son prochain, ne s’occupe que de ces âmes qui, ne pouvant plus mériter, sont dans la souffrance et dans l’éloignement de Dieu.
Il ne se réserve rien, il consacre tout à la gloire de ce Maître si bon, si magnifique; un tel sacrifice ne doit-il pas l’emporter sur tous les sacrifices des vertus subordonnées à la charité, telle que la pénitence ?
Car ce sacrifice, cet acte de pure charité, n’a-t-il pas principalement Dieu en vue? Heureux donc les chrétiens qui, dans un parfait oubli de tout intérêt propre, ne se regardent plus, n’envisagent que Dieu seul et son unique gloire ; qui ont, pour tout intérêt, le seul intérêt de Dieu !
Ils ne cherchent, ils ne veulent dans le ciel et sur la terre, dans le temps et dans l’éternité, que Dieu seul ; il leur suffit que la donation de toutes leurs bonnes œuvres le glorifie hautement ; car pour un seul degré de sa gloire il n’y a rien qu’ils ne fussent prêts à faire et à souffrir; et, en contribuant d’une manière si abondante à la délivrance des âmes du purgatoire, ils savent que c’est lui procurer la plus haute gloire qu’on lui puisse rendre.
Comme il y a différents degrés de charité, ceux qui n’en ont pas une si étendue peuvent offrir toutes leurs bonnes œuvres pour une année, pour un mois, pour une semaine, pour un jour, et réitérer quelquefois la même offrande.
Et, si notre désintéressement n’est pas assez complet, pour abandonner à la disposition de la sainte Vierge le choix des âmes auxquelles il lui plaira d’appliquer nos suffrages, rien n’empêche que l’on ne prie en particulier pour les personnes envers lesquelles l’on est plus obligé ; on peut s’adresser à cette Mère de miséricorde, afin qu’elle leur fasse part de nos satisfactions.
Mais là perfection de ce sacrifice fait tout laisser entre les mains de Dieu : les inclinations de la nature, les intérêts de la chair et du sang, tout cède à la pure gloire de Dieu.
RÉSOLUTION.
Le désir que nous avons de soulager les âmes du purgatoire, doit nous faire adopter avec empressement le moyen que nous venons de méditer, puisqu’il est appuyé sur tous les motifs que nous avons énumérés les 11e, 12e et 13e jours. Mais, comme nous savons que nos œuvres sont si souvent nulles à cause de notre tiédeur, adressons à Dieu de tout notre cœur la prière suivante pour obtenir de sa miséricorde de saints intercesseurs en faveur de nos frères souffrants.
PRIÈRE.
Esprit-Saint, vous avez suscité, à différentes époques, des ordres religieux de tous genres, propres à subvenir à tous les besoins de l’église militante :
Ô Père des lumières ! pénétrés de compassion et de zèle pour les morts, nous vous conjurons de susciter également, en faveur de l’église souffrante, un nouvel ordre, dont le but principal soit de s’occuper jour et nuit du soulagement et de la délivrance des âmes du purgatoire ; dont l’intention invariablement appliquée aux morts dirige les opérations tant du ministère que de la dévotion, comme jeûnes, veilles, oraisons, prédications, etc.
Vous seul, Esprit créateur, pouvez inspirer l’exécution d*un pareil établissement si propre à procurer la plus grande gloire de Dieu, et après lequel notre cœur ne cessera de soupirer. Ainsi soit-il.
Indulgence applicable aux morts. — Indulgence accordée à tous les Fidèles qui réciteront, avec dévotion, l’offrande suivante du très précieux sang de Notre-Seigneur J.-C. au Père éternel, pour obtenir sa sainte bénédiction, avec un Pater, un Gloria à la très sainte Trinité, en action de grâce de tous les bienfaits que nous avons reçus de sa miséricorde. (Rescrit du 25 Oct. 1825 ) .
Indulgence pour ceux qui l’auront récitée tous les jours pendant un mois, pourvu que, s’étant confessés et ayant communié, ils prient selon les intentions de l’Église.
OFFRANDE.
Père éternel, nous vous offrons le très précieux sang qui coula pour nous de la plaie de la main droite de Jésus, et, par les mérites et la vertu de ce sang précieux, nous supplions votre divine Majesté de nous accorder sa sainte bénédiction, afin que par elle nous puissions être protégés contre nos ennemis et être délivrés de tous les maux : que la bénédiction du Dieu tout-puissant, du Père, du Fils et du Saint-Esprit descende sur nous et y demeure toujours. Ainsi soit-il. Pater, Ave, Gloria.