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MOIS DU ROSAIRE – jour 10 – De l’excellence de la dévotion du Rosaire

MOIS DU ROSAIRE – jour 10 – De l’excellence de la dévotion du Rosaire

mois du rosaire10
mois du rosaire10  manuel Liège 1847

La dévotion du rosaire se justifie par elle-même ; il suffit d’en connaître l’objet et la fin, l’esprit et les pratiques. Son objet est de faire connaître Dieu et Jésus-Christ, son Fils ; d’honorer Marie et de rendre des actions de grâces à la très sainte Trinité ; ses pratiques sont la méditation des saints mystères chrétiens et la récitation des trois plus belles prières de l’Église, le Pater, l’Ave Maria et le Gloria Patri, on y joint le Credo pour commencer.

Or, une dévotion appuyée sur ces fondements, ne peut être qu’une dévotion solide et excellente ; aussi est-elle justifiée par la raison, consacrée par l’autorité, confirmée par le suffrage de la tradition, autorisée par des miracles, favorisée par le concours unanime des fidèles, enrichie enfin de la précieuse indulgence du Saint-Siège.

La dévotion du rosaire est justifiée par la raison. Pour connaître l’excellence de la dévotion du rosaire, il suffit de parcourir les médiations des vingt mystères du rosaire et de paraphraser les prières qu’on récite ; on voit que le rosaire est tout à la fois un livre de méditation, de prières et d’actions de grâces.

C’est un livre de méditation sur la venue, la vie, la passion et la gloire du Fils de Dieu, Jésus-Christ Notre-Seigneur ; c’est la substance de tout l’Évangile, le précis de sa doctrine et l’abrégé des grandeurs de Marie.

En effet, dans les mystères joyeux, le fidèle découvre combien Dieu nous a aimés, jusqu’à nous donner son propre Fils ; quel a été le zèle de Jésus-Christ pour notre salut ; par quelles voies il a marché le premier pour nous tracer la route que nous devons suivre.

Il y apprend encore quels sont les obstacles au salut qu’il faut vaincre; les honneurs, les richesses et les plaisirs qu’il faut dédaigner ; les vertus d’humilité, de pauvreté et d’obéissance qu’il faut pratiquer ; en un mot, il voit dans la vie du divin Sauveur tout ce que son amour infini a fait pour nous, et tout ce que nous devons faire pour lui.

Dans les mystères lumineux, le chrétien va à la source des deux sacrements principaux, baptême et eucharistie, à travers le propre baptême de Jésus et la sainte Cène du Jeudi Saint.

Provoqué par Marie, le signe de Cana montre le premier signe de la mission de Jésus. Dans les béatitudes se trouve le cœur de l’enseignement du Maître. Et la transfiguration dévoile sa qualité divine, comme déjà au baptême : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! »

Dans les mystères douloureux, le chrétien comprend quelle est la malice du péché ; l’horreur qu’il doit nous inspirer ; les châtiments qu’il nous prépare et quelle vengeance Dieu tirera des pécheurs impénitents, puisqu’il n’a pas épargné son propre Fils.

Il voit ce que c’est que le péché, puisqu’il a fallu offrir une si grande victime à Dieu pour le réparer ; ce que c’est que l’enfer, puisqu’il a fallu tant de douleurs pour nous en arracher ; ce que c’est que le paradis, puisqu’il a fallu la mort du Fils de Dieu pour nous le mériter ; ce que vaut notre âme et ce qu’elle a coûté, puisqu’elle a été achetée à un si haut prix, au prix du sang d’un Dieu.

Eh ! qui pourrait, à la vue des tourments de Notre-Seigneur, refuser de souffrir et de porter ses croix avec patience ? Combien elles doivent nous paraître légères, en comparaison de nos offenses, et avec quelle reconnaissance nous devons les recevoir de la main de Dieu.

Dans les mystères glorieux, le fidèle entrevoit les biens et la gloire que Jésus-Christ prépare dans le ciel à ceux qui l’auront imité sur la terre ; le bonheur d’une âme ressuscitée à la grâce par l’Esprit – Saint, et l’inébranlable fondement de notre espérance, Jésus, au plus haut des cieux, où il est notre pontife, notre avocat et notre intercesseur.

Enfin, il découvre dans l’élévation de Marie et dans son couronnement, les grandeurs de la mère de Dieu, et le motif de notre confiance en la puissance et en la Unité de celle qui a été établie la reine du ciel et de la terre, la dispensatrice des grâces, la mère et la médiatrice de tous les chrétiens, la protectrice de tous les peuples et de tous les empires.

Le rosaire est aussi un livre de prières ; il se compose des prières les plus usitées dans l’Église, et les plus parfaites. Quoi de plus parlait que la prière du Pater, l’Oraison dominicale, c’est-à-dire, l’oraison que le Seigneur a daigné nous apprendre lui-même ?

Pouvons-nous réciter une prière plus sublime que cette prière divine descendue des cieux, qui renferme tout ce que nous pouvons demander pour la gloire de Dieu, pour nous-mêmes et pour le prochain ?

Nous demandons d’abord la gloire de Dieu, l’accomplissement de sa volonté sur la terre, comme les Anges l’accomplissent dans le ciel ; pour nous et le prochain, les biens spirituels du salut, les biens temporels de la vie présente, et les biens éternels du royaume de Dieu ; enfin, la grâce d’être délivrés des maux passés, par le pardon de nos fautes, et des maux présents, par la préservation du péché ; et des maux futurs, par le triomphe sur nos passions, afin de jouir de la paix de cette vie et du bonheur de l’autre.

Quoi de plus touchant que la prière de l’Ave Maria que nous avons expliquée et paraphrasée longuement les premiers jours de ce mois ? Cette prière est composée des paroles de la sainte Écriture et de celles de l’Église qui nous rappelle les grandeurs et les privilèges de Marie et y joint les louanges de la mère de Dieu, pour augmenter les motifs de notre confiance et la ferveur de notre prière.

Quoi de plus noble que cette doxologie du Gloria Patri, qui termine chaque dizaine ? Profession de foi si précise à l’égard du mystère ineffable d’un seul Dieu en trois personnes, que nous ne saurions trop louer et bénir ; hymne de reconnaissance sublime, que les fidèles à l’exemple des chœurs célestes, répètent souvent avec l’Église dans l’office divin, en l’honneur de la très-sainte Trinité.

Enfin, quoi de plus propre à nourrir et à entretenir la foi que la récitation du Credo, du symbole des Apôtres, qui contient l’abrégé des principales vérités que nous devons croire ? Voilà tout le plan du rosaire développé ; voilà son esprit mis à la portée de tous : eh bien ! je le demande à toute personne sensée, y a-t-il la moindre chose que la raison puisse désavouer ?

Ce serait donc faire trop d’honneur à l’irréligion, que de vouloir traiter sérieusement les questions oiseuses que son ignorance a mises quelquefois en avant sur la simplicité, sur l’uniformité des prières du rosaire sur l’ordre et la division des mystères qui le composent ; si, d’un autre côté, il n’est rien de plus simple, de plus naturel, de plus populaire, de l’autre, est-il rien de plus beau, de plus profond et de plus élevé ?

Est-il rien de plus agréable à Jésus-Christ et à Marie, de plus utile aux hommes et, par conséquent, de plus digne de Dieu ? Que pouvez-vous désirer à Dieu de plus grand que la sanctification de son saint nom, l’avènement de son règne et l’accomplissement de sa volonté ? Que pouvez-vous demander à Dieu de plus nécessaire pour vous que votre pain quotidien, le pardon de vos offenses, le secours contre les tentations, la délivrance des vrais maux ?

Que pouvez-vous dire à Marie de plus agréable que les paroles de l’Archange, en lui annonçant le mystère du Verbe incarné ? Et pouvez-vous employer plus utilement la protection de Marie, qu’en la priant d’être votre médiatrice pendant la vie et à la mort ?

Admirez la divine Providence ; elle n’a pas voulu confier à l’éloquence humaine le modèle de nos prières, ni l’éloge des vertus de Marie ; le Fils de Dieu est venu nous apprendre lui-même à bien prier, et il a envoyé un Archange pour nous apprendre à louer sa Mère.

L’Oraison dominicale est l’abrégé de toute la religion, la règle de nos devoirs, le symbole de la foi le plus sublime, le code de morale le plus parfait, et la leçon de charité la plus touchante : le Père qui nous promet  ; le Fils qui pardonne ; le Saint-Esprit qui accorde : rien n’est oublié ; et dans la Salutation Angélique le mystère ineffable d’un Dieu fait homme, d’une Vierge Mère de Dieu : quels sujets divins à contempler !

Peut-on se lasser de les admirer, et peut-on ne pas répéter souvent et avec transport les paroles qui sont consacrées pour nous les rappeler ? Quel plaisir de les dire et de les redire cent fois ! N’est-il pas infiniment doux de se rappeler ce qu’on aime ? Il n’y a qu’un cœur indifférent qui puisse en trouver la répétition ennuyante. Quant à l’ordre et à la division de ces mystères, rien n’est plus adapté à l’économie de notre sainte religion.

Les mystères du premier ordre sont les objets de la joie de Marie, parce qu’ils sont le principe de notre salut ; les mystères du second ordre sont éclairants sur le Mission de Jésus, à laquelle participe Marie ; les mystères du troisième ordre sont les motifs de ses douleurs, parce qu’ils accusent notre ingratitude ; les mystères du quatrième ordre sont les sujets de sa gloire, parce qu’ils nous ouvrent le paradis.

Or, quelles leçons instructives dans tous ces détails et dans tous ces objets, dans ces motifs, dans ces exemples? Quoi de plus propre à éclairer notre esprit, à toucher notre cœur et à diriger nos actions ?

Le rosaire nous apprend à bien prier, à bien vivre et à bien mourir ; que les fidèles étudient donc tous le rosaire avec soin : pour s’instruire, pour se convertir, pour se sanctifier, pour persévérer dans la perfection des voies divines : la raison nous en ferait un devoir, si la foi n’en avait déjà révélé les avantages.

Résolution.

Ne négligeons pas de réfléchir aux motifs que le simple bon sens nous donne pour montrer l’excellence de la dévotion du rosaire. Saint Paul exige des fidèles de rendre à Dieu un culte raisonnable.

Sans doute, il suffit à tout fidèle de savoir une pratique de dévotion reçue dans l’Église, pour être sûr qu’elle est raisonnable ; mais il n’en doit pas être moins consolant pour nous d’avoir acquis aujourd’hui la conviction que le rosaire est une dévotion très appropriée aux besoins spirituels humains ; par conséquent, que nous ferons chose agréable à Dieu en la pratiquant.

PRIÈRE

Nous te rendons mille actions de grâces, Seigneur, d’avoir daigné faire connaître aux fidèles une pratique de dévotion si à la portée de tous, si aisée et si propre à leur inspirer les sentiments qui seuls peuvent t’être agréables.

Ne permets pas, Seigneur, que nous la négligions, ni que nous l’accomplissions sans cette ferveur et sans cet esprit de foi, d’espérance et de confiance filiale qui doivent distinguer tes vrais servantes et serviteurs. Nous te demandons ces grâces par l’intercession de Marie, notre bonne Mère. Ainsi soit-il.

D’après le manuel de Liège 1847

ELLE FUT BOULEVERSÉE

« Elle fut bouleversée et ‘elle se demandait ce que signifiait cette salutation’. »

Luc l’Évangéliste dit que Marie fut « bouleversée » par les paroles que l’Archange Gabriel lui adressa au moment de l’Annonciation, et qu’« elle se demandait ce que signifiait cette salutation » (Le 1, 23).

Cette « méditation de Marie » constitue le premier modèle de la prière du Rosaire. Elle est la prière de ceux qui aiment la salutation angélique à Marie. Les personnes qui récitent le Rosaire reprennent, par la pensée et le cœur, la méditation de Marie et, en le récitant, ils méditent « ce que signifie une telle salutation ».
Saint Jean-Paul II – Osservatore Romano du 11-10-1983

MOIS DU ROSAIRE – jour 9 – Du Rosaire en général

MOIS DU ROSAIRE – jour 9 – Du Rosaire en général

Le rosaire, en général, est un chapelet plus étendu ou l’application d’un chapelet de vingt dizaines aux vingt principaux mystères chrétiens.

MOIS DU ROSAIRE - jour 9 - Marie et la Trinité
MOIS DU ROSAIRE – Marie et la Trinité

L’étymologie du mot rosaire est la même que celle du chapelet ; il dérive aussi de couronne ou bouquet de roses. On l’appelle ainsi, parce que de même qu’on dit que nos prières sont, devant Dieu, un encens d’agréable odeur, de même la couronne du saint rosaire est l’hommage d’une couronne spirituelle, formée de louanges et de prières, que l’on offre à la sainte Vierge et à son divin Fils, comme on dépose à leurs pieds des couronnes de fleurs et de roses.

Saint Grégoire de Nazianze avait donné la première idée du chapelet ; sainte Brigide en avait inventé la forme et promulgué la dévotion ; saint Dominique perfectionna l’une et l’autre, et lui donna le nom de Rosaire.

Le chapelet ordinaire de Sainte Brigide était composé de 6 dizaines ou de 68 Ave Maria, en l’honneur des 63 années de la très-sainte Vierge ; saint Dominique, pour honorer les mystères du Verbe incarné composa le rosaire, de 150 Ave Maria distribués en 15 dizaines, précédées chacune d’un Pater et terminées par le Gloria Patri, qu’il substitua au Credo qui termine chaque dizaine du chapelet de Sainte Brigide.

Ce nombre de 150 Ave Maria, qui répond au chiffre des psaumes de David, et ce verset du Gloria Patri imité de l’usage introduit par le pape Damase, en 868, à la fin de chaque psaume de l’office divin, firent appeler le rosaire le Psautier de la sainte Vierge.

Le rosaire consiste à réciter les Ave Maria sur les dix grains unis et le Pater sur les grains isolés et à méditer à chaque dizaine, sur l’un des mystères que l’on divise en mystères joyeux, douloureux, glorieux auxquels saint Jean-Paul II a depuis ajouté les mystères lumineux.

Les cinq mystères joyeux sont : l’Annonciation, la Visitation, la Naissance de Jésus-Christ, sa présentation et son recouvrement dans le temple. Les cinq mystère lumineux sont : le baptême de Jésus, les noces de Cana, les béatitudes, la transfiguration et l’eucharistie.

Les cinq mystères douloureux sont : l’agonie de Notre-Seigneur au jardin des Oliviers, la flagellation, le couronnement d’épines, le porte ment de la croix et le crucifiement. Les cinq mystères glorieux sont : la Résurrection du Sauveur, sou Ascension, la descente du Saint-Esprit, l’Assomption de la sainte Vierge et son couronnement dans le ciel.

Ces vingt mystères sont un abrégé de l’Évangile, un précis de l’histoire, de la vie, des souffrances et des triomphes de Jésus-Christ mis dans un ordre à la portée de tout le monde, et propre à graver dans la mémoire l’essentiel du christianisme.

Il ne suffit pas de connaître le rosaire superficiellement, pour se déterminer à embrasser cette dévotion ; il faut encore connaître à fond la formule des prières et des méditations dont elle se compose, son excellence, ses avantages, les devoirs et les usages des groupes, afin de se conformer aux règles tracées par l’Église, et de pouvoir ainsi jouir des fruits qui en résultent, comme des faveurs qui y sont attachées.

Nous développerons, les jours suivants, tout ce qui pourra éclairer notre piété, nourrir et perfectionner notre dévotion par rapport au rosaire, de manière à rendre ce qui concerne cette dévotion aussi complète que possible.

Le rosaire perpétuel est une dévotion dans le genre de l’adoration perpétuelle. On lui donne le nom de céleste, d’abord, parce qu’il imite et fait la fonction des esprits célestes qui sont continuellement en adoration, dans le ciel devant le trône de Dieu.

Ensuite, parce qu’il remplace l’office divin continuel et successif qui avait lieu autrefois dans plusieurs abbayes où les religieux divisés en plusieurs chœurs, se succédaient perpétuellement dans l’église, et se relevaient successivement même la nuit, pour y chanter sans aucune interruption les louanges de Dieu.

Quelle dévotion plus céleste, en effet,. que celle qui, dans toutes les parties du monde, laisse près de l’autel, en tout temps et à toute heure du jour cl de la nuit, des âmes ferventes, pour offrir à Jésus et à Marie les hommages, les vœux et les prières de tant de personnes unies par les liens de la charité ? Est-il rien de plus touchant, de plus doux, de plus consolant que la pensée de ce spectacle qui est en si parfaite harmonie avec celui des cieux ?

Tandis que vous vaquez aux affaires de votre état et aux sollicitudes du jour et de la vie, des milliers de membres  offrent humblement dans le sanctuaire,  en votre nom et pour vous, la prière qui  réjouit la terre et ouvre les cieux. Vous en recueillez le fruit, le mérite et les bénédictions qui y sont attachées.

Nous rapportons aujourd’hui les paroles de Grégoire XVI, dans son bref du 27 Janvier 1842 :

« Nous n’avons pas hésité de revêtir une pratique si salutaire de notre autorité et de notre approbation pontificale et de l’accréditer, parce que nous nous rappelons les grands avantages qu’a ressentie toute l’Église catholique, lorsque le peuple fidèle a commencé à implorer la puissante protection de la sainte Vierge par la récitation du rosaire. Car nous avons la ferme confiance qu’un des heureux effets de cet exercice sera de contribuer par sa facilité même, à rendre plus fréquente la récitation d’une prière si propre à honorer saintement la Mère de Dieu, en tout temps et en tout lieu, et à lui communiquer une nouvelle force par l’union et le concert de tant d’associés qui le récitent. »

Résolution.

Que notre résolution de ce jour soit d’unir la méditation à la prière ; c’est le moyen de bien prier le mois d’octobre, et nous avons déjà une idée assez nette du rosaire, pour comprendre qu’il a pour but d’accoutumer à la méditation les personnes qui le récitent. Joignons-nous, au moins d’esprit, aux fidèles qui le récitent, en tout ou en partie, chaque jour, avec une nouvelle ferveur pour toucher le cœur de Dieu et attirer sa divine miséricorde.

PRIÈRE

Je me joins, Seigneur, à tes fervents serviteurs et servantes, attentifs à te  payer chaque jour leur tribut d’hommages, de prières et d’actions de grâces, en récitant en tout ou en partie le rosaire, qui a procuré et qui procure encore de si grands avantages à l’Église, en faisant implorer avec tant de ferveur la puissante protection de la sainte Vierge. Mon désir est de voir s’établir davantage dans ce pays le saint rosaire ; je te promets, Seigneur, de m’y tenir ; dès maintenant, je me propose de me  consacrer à la récitation des vingt dizaines du rosaire, faite avec attention et ferveur. Ainsi soit-il.

D’après le manuel de Liège 1847

LA PLUS HAUTE EXPRESSION DE L’HUMANITÉ EN PRIÈRE

Le Chapelet s’adresse avec insistance à Celle qui est l’expression la plus élevée de l’humanité en prière, modèle de l’Église orante et suppliante, dans le Christ, la miséricorde du Père. De même que le Christ est « toujours vivant pour intercéder en notre faveur » (cf. He 7, 25), ainsi Marie continue au ciel sa mission de Mère et devient pour chaque homme la voix de tout homme, jusqu’au couronne­ment définitif du nombre des élus (cf. L G, 62).

En la priant, nous la supplions de nous venir en aide dans le cours entier de notre vie présente et par-des­sus tout à ce moment décisif pour notre destinée éternelle, que sera l’« heure de notre mort ». Le Chapelet est la prière qui indique la prospective du Royaume de Dieu et oriente les hommes à recevoir les fruits de la Rédemption.
Saint Jean-Paul II – Osservatore Romano du 04-10-1983

 

 

MOIS DU ROSAIRE – jour 8 – Saint Dominique

MOIS DU ROSAIRE – jour 8 – Saint Dominique

Sainte Vierge - Rosaire, Paris, Couvent des Jacobins - estampe de Jean Lepautre graveur (+1682)
Sainte Vierge – Rosaire, Paris, Couvent des Jacobins – estampe de Jean Lepautre graveur (+1682)

Comme c’est à Saint Dominique qu’on doit cette méthode de prier, appelée rosaire, pratique de dévotion qu’il établit après une apparition dont la sainte Vierge l’honora en 1208, pendant qu’il prêchait contre les Albigeois, il est bon de faire connaître ce grand Saint. Il naquit à Calarvéja en Espagne. Il était fils de Don Félix de Gusman, nom célèbre qui subsiste encore aujourd’hui. Sa mère s’appelait Dona Jeanne de Aza.

On lui donna le nom de Dominique en l’honneur d’un saint abbé, appelé Dominique de Silos. Il ne fut pas plus tôt en état de faire usage de sa raison que sa vertueuse mère l’instruisit de ce qu’il devait à Dieu. Sa ferveur était si grande dans sa jeunesse que souvent il se levait pendant la nuit pour prier ; il aimait aussi dès lors les pratiques de la mortification.

Il fit de rapides progrès dans ses études et acquit une parfaite connaissance de l’Écriture et des Pères. Instruit par les Livres saints que l’esprit du Seigneur n’habite que dans les âmes chastes, il veillait avec la plus grande attention sur son cœur et sur ses sens. Toujours occupé de la présence de Dieu, il s’entretenait avec les gens modérément et ne parlait même qu’en peu de mots.

Les exemples de sa mère lui avaient inspiré une tendre dévotion pour la sainte Vierge et un amour extraordinaire pour les pauvres. Sa charité éclata surtout dans une famine : il se défit de son argent, de ses biens, de ses livres et généralement de tout ce qu’il possédait, pour assister les malheureux. Une pauvre femme, fondant en larmes, lui demanda un jour de quoi contribuer au rachat de son frère que les Maures avaient fait esclave.

Les entrailles de Dominique furent émues de compassion ; mais, comme il ne lui restait plus rien à donner, il dit à cette femme : « Je n’ai ni or, ni argent ; ne vous affligez cependant pas, je sais travailler ; offrez-moi, aux Maures, en échange pour votre frère ; je veux être esclave à sa place. Celle-ci étonnée d’une pareille proposition n’osa l’accepter ; mais Dominique n’en eut pas moins devant Dieu le mérite de la charité.

Après avoir passé ses examens à l’université de Palencia, il y donna des leçons publiques d’Écriture sainte et y annonça la parole de Dieu avec un succès étonnant. L’Évêque d’Osina le fit associer aux chanoines réguliers de Saint Augustin qui formaient le chapitre de sa cathédrale ; il en fut nommé sous-prieur. Malgré cette charge, il continua à prêcher jusqu’en 1203, année où son évêque l’emmena avec lui en France.

Il le conduisit de là à Rome, d’où le pape les renvoya en France avec la mission de prêcher l’un et l’autre aux Albigeois, afin de les convaincre et de les convertir. Voici quelques-unes des erreurs adoptées par ces hérétiques. Ils admettaient deux principes, l’un bon et l’autre mauvais. Ils soutenaient qu’il y avait deux Christs, l’un mauvais qui avait paru sur la terre ; l’autre bon, qui n’avait jamais vécu dans ce monde.

Ils niaient la résurrection de la chair et croyaient que nos âmes étaient des démons condamnés à être renfermés dans des corps, en punition des péchés qu’ils avaient commis dans un état précédent ; ils condamnaient les sacrements, etc.

L’évêque d’Osma et Saint Dominique ne négligèrent rien pour réussir dans la mission que le souverain Pontife leur avait confiée ; mais bientôt l’évêque se retira dans son diocèse et Saint Dominique se trouva chef de la mission ; c’était en 1207. Saint Dominique n’employa contre les erreurs que les armes de la persuasion.

Il imitait la douceur, la charité, l’humilité et la pauvreté des Apôtres : mais la corruption des mœurs, l’ignorance des peuples, l’impiété des hérétiques, le fanatisme des infidèles mirent longtemps un grand obstacle au succès de la mission. Saint Dominique en triompha enfin, après trois ans de travaux et de fatigues, par la prédication du rosaire.

Ce héros de la foi, un de ces hommes extraordinaires que Dieu tient en réserve dans les conseils de sa Providence, pour les opposer, comme un mur d’airain, à la fureur des tempêtes, s’adressait avec la plus entière confiance filiale à la sainte Vierge qui a reçu le pouvoir de vaincre toutes les hérésies, comme le proclame l’Église dans ses chants ; mais il joignait aux prières les plus ferventes, les larmes, les jeûnes et toutes les pratiques de la plus austère pénitence afin de pouvoir fléchir plus sûrement la justice de Dieu.

Marie intercède ; Dieu exauce les prières du saint apôtre. Un jour, la Reine du ciel apparaît à Saint Dominique dans la ferveur de son oraison, le console et lui inspire d’opposer au torrent de l’erreur la prière chrétienne et la majestueuse simplicité de la foi.

Dominique comprend parfaitement que la source de tous les maux est l’ignorance ou l’oubli des vérités de la foi et du salut ; guidé par la sainte Vierge, il prend pour symbole le rosaire, formé de trois chapelets ou de quinze dizaines [maintenant quatre depuis saint Jean-Paul II], et y applique autant de mystères qu’il développe aux fidèles, avec cette éloquence irrésistible qui triomphe de tous les obstacles.

Ce fut à Toulouse, en l’année 1208, qu’il institua le rosaire et qu’il commença à le prêcher aux peuples. Toulouse, Montpellier, Agen, etc., furent tour à tour le théâtre de ses combats et de ses succès.

Ces succès de la prédication du rosaire furent si rapides qu’ils surpassèrent toutes les espérances et étonnèrent Rome elle-même. Les peuples accouraient en foule pour s’unir à la récitation du rosaire ; ils se pressaient autour de la chaire de vérité pour entendre le développement des mystères ; ils baisaient le rosaire, l’arrosaient de larmes, et en interrompaient la récitation par leurs sanglots.

Bientôt les églises ne peuvent plus suffire au nombre prodigieux des assistants. Saint Dominique est obligé de se porter dans tous les endroits ; et sa parole puissante étend au loin tous ses prodiges. L’éloquent panégyriste du rosaire de Marie, en peu de temps a tout changé et converti au moyen d’une simple formule de prières ; et tous les peuples célèbrent avec lui la sainteté, la gloire et la puissance de la Mère de Dieu.

Telle fut l’origine du rosaire ; et ce fait historique n’est plus aujourd’hui contesté : douze souverains Pontifes, au moins, ont déclaré que Saint Dominique était en effet l’auteur du rosaire, que c’était lui qui l’avait institué.

Résolution

Admirons la Providence qui aime pour ainsi dire à recommander l’humilité par les moyens simples qu’elle inspire d’employer pour obtenir ses plus grands effets. Des hommes très distingués par leur savoir et par leurs vertus furent chargés de travailler à la conversion des hérétiques, et ils n’obtinrent presque aucun succès ; Dieu voulait régénérer le pays et abattre l’hérésie par la formule de prière la plus simple, la plus humble, la plus populaire.

Efforçons-nous donc de mettre toute notre confiance dans la prière ; prions, et nous apprendrons à connaître l’efficacité de ce grand moyen de salut.

PRIÈRE

Seigneur, Dieu de bonté, qui, en inspirant à l’un de tes fidèles serviteurs l’efficacité de la prière jointe à la méditation des principaux mystères de la religion, as voulu nous donner lieu de nous pénétrer de ce tendre et sincère esprit de piété d’où découle l’eau vivante qui sanctifie toutes nos actions, accorde-nous la grâce de pratiquer cet exercice de dévotion avec ferveur et avec fruit. Nous avons la certitude que cette dévotion t’est agréable : c’en est assez, Seigneur, pour nous la faire aimer et pratiquer avec la plus entière confiance. Ainsi soit-il.

D’après le manuel de Liège 1847

LA PRIÈRE DE L’HOMME POUR L’HOMME

La prière du Chapelet est la prière de l’homme pour l’homme: c’est la prière de la solidarité humaine, prière collégiale des rachetés, qui réfléchit l’esprit et les intentions de la première rachetée, Marie, mère et image de l’Église: prière pour tous les hommes, du monde et de l’histoire, vivants ou défunts, appelés à être avec nous Corps du Christ et à devenir avec Lui cohéritiers de la gloire du Père.

Si nous considérons les orientations spirituelles suggérées par le Chapelet, prière simple et évangéli­que (cf. Marialis Cultus, 46), nous retrouvons les intentions que saint Cyprien notait dans le « Notre Père ». Il écrivait: « Le Seigneur, maître de paix et d’unité, n’a pas voulu que nous priions individuelle­ment et seuls. En effet, nous ne disons pas: “Mon Père qui es au cieux”, ni: “Donne-moi mon pain quotidien”.

Notre prière est pour tous; de sorte que lorsque nous prions, nous ne le faisons pas pour un seul, mais pour tout le peuple, car avec tout le peuple nous formons une seule chose. »
Saint Jean-Paul II – Osservatore Romano du 04-10-1983