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LE MOIS DES FIDÈLES DÉFUNTS – 30 novembre

LE MOIS DES FIDÈLES DÉFUNTS – 30 novembre

Selon LE MOIS DE NOVEMBRE CONSACRÉ AU SOUVENIR DES ÂMES DU PURGATOIRE par des considérations sur les peines qu’elles y souffrent, les motifs et les moyens de les soulager et sur l’utilité de la pensée du purgatoire. –  L. Grandmont Liège 1841

CONCLUSION.

« Vous avez sauvé mon âme, dit saint Augustin, vous avez prédestiné la vôtre. » Et le Saint-Esprit nous fait cette promesse dans Isaïe : Si vous assistez les pauvres avec effusion de cœur, et si vous remplissez de consolation l’âme affligée, le Seigneur vous tiendra toujours en repos, il remplira votre âme de ses splendeurs.

Aussi saint Paul plaçait tout l’espoir de son salut éternel en ce qu’il pro­curait le salut des autres ; ce qui lui faisait écrire à ses disciples de Thessalonique : Quelle est notre espérance et la couronne de notre gloire ? N’est-ce pas vous qui l’êtes devant le Seigneur J.-C.

Or, ne pouvons-nous pas appliquer ces divers textes au zèle pour la délivrance des âmes du purgatoire ? Quand par nos efforts, par nos prières, par nos aumônes, nous aurons hâté l’entrée dans le ciel de quelqu’une de ces âmes chéries de Dieu, ne sera-ce pas pour nous un motif puissant d’espérance ?

N’est-ce pas à nous que s’adressent ces paroles du Sauveur : Heureux ceux qui sont misé­ricordieux, parce qu’ils obtiendront miséri­corde ? Cette dévotion est le fruit de cette sublime charité dont parle saint Paul : Sur toutes choses revêtez-vous de la charité, qui est le lien de la perfection.

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Quand j’aurais une foi capable de transporter les montagnes, quand je parlerais le langage des Anges, si je n’ai pas la charité, je n’ai rien. — Pesez bien ces dernières paroles : Si je n’ai pas la cha­rité, je n’ai rien. Or, si nous négligeons, si nous délaissons les âmes du purgatoire, avons-nous la charité ?

Si, après avoir lu cet ouvrage, qui nous donne une idée des souf­frances de ces âmes, des motifs et des moyens de les soulager; si, après avoir acquis ces lumières, dont la privation nous rendait peut- être excusables, nous continuons à ne rien faire pour nos frères souffrants, pouvons-nous nous rendre le témoignage que nous avons la charité?

Pouvons-nous, la main sur la con­science, nous flatter que nous aimons Dieu de toutes nos forces, que nous aimons notre prochain comme nous-mêmes? Où donc serait la preuve de cet amour, si l’œuvre la plus agréable à Dieu et la plus utile à notre pro­chain nous trouve insensibles ; si, pouvant si aisément procurer la gloire de Dieu et le plus grand soulagement à nos frères, nous n’en faisons rien?

Mais ne nous appesantissons pas sur cette pensée, c’est sans doute inutile, puisque tous les lecteurs de cet ouvrage n’ignorent plus les immenses avantages atta­chés à la dévotion pour les âmes du purgatoire : l’intérêt de la gloire de Dieu, l’intérêt de ces saintes âmes, et notre propre intérêt ; la cha­rité, la justice, la reconnaissance; tout se réunit pour faire aimer et pratiquer cette dévotion.

Le peu de développement donné à ce sujet, si intéressant et si vaste, suffit pour inspirer à tout fidèle la résolution de s’occuper fréquemment de la pensée du pur­gatoire, dans le double but d’y porter du soulagement et de s’instruire à la vue de ces tourments infligés par un Dieu juste et saint, pour la satisfaction des moindres péchés.

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La prière pour les morts et la méditation des peines du purgatoire doivent nous faire prendre la ferme résolution de profiter de ce temps de miséricorde, de ces jours de propitiation que nous accorde la bonté divine, pour expier les peines temporelles dues à nos péchés : expiation si facile en cette vie, tandis qu’en l’autre la justice seule règne, et exige une satisfaction entière avec la dernière rigueur ; le coupable ne pouvant plus ni mériter, ni rien offrir qui puisse adoucir son malheureux sort.

Nous seuls, nous pouvons venir à son secours ; et n’oublions pas qu’en satisfaisant pour ces âmes souffrantes, nous n’y perdons rien pour nous-mêmes, puisque, par là, nous nous préparons des protecteurs, des amis près de Dieu, dont ils nous obtiendront les secours nécessaires dans cette terre d’exil et de combats.

Offrons donc tous les jours, pour ces frères de l’église souffrante, le sang du divin Rédempteur, qui est répandu encore tous les jours sur nos autels pour eux. Recourons sans cesse au moyen si efficace des indulgences que l’Église permet d’appliquer à ces saintes âmes.

Prions et faisons des bonnes œuvres avec l’intention de satisfaire pour ces membres souffrants de Jésus-Christ : oh! de quelle reconnaissance ne seront-ils pas pénétrés après leur délivrance? Notre charité pour eux ne sera-t-elle pas récom­pensée au centuple ?

Tous les motifs présentés dans cet ouvrage ne suffisent-ils pas pour faire embrasser à tout chrétien cette dévotion ? hé bien ! en voici un dernier à la portée de tout le monde, et qui doit lever tout doute et ne laisser aucun prétexte à l’esprit le plus opiniâtre, au cœur le plus insensible.

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La prière la plus digne de notre vénération, la plus agréable à Dieu, est sans doute l’Oraison Dominicale, puisque c’est Jésus-Christ lui-même qui l’a composée et l’a apprise à ses disciples. Or, voici les trois premières demandes de cette prière du Sauveur : Que votre nom soit sanctifié, — que votre règne arrive, — que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel.

N’entrons-nous pas dans l’esprit de ces trois demandes en priant pour les âmes du purgatoire? En travaillant à leur obtenir quelque soulagement, à hâter le moment où elles pourront glorifier Dieu dans le ciel, ne travaillons-nous pas à faire sanctifier son nom, à avancer l’époque de l’établissement de son règne dans ces âmes comblées de ses grâces, et à procurer l’accomplissement de la volonté divine?

Et,  si ces demandes ne sont pas une simple formule, mais nous imposent l’obligation de faire tout ce que nous pouvons pour produire ce qu’elles expriment, ne de­vons-nous pas en conclure que l’Oraison Do­minicale contient un précepte, pour ainsi dire formel, de prier pour les âmes du purgatoire ?

Du moins cette dévotion est un moyen sûr et infaillible de prouver à Dieu que nous désirons que son nom soit sanctifié dans ces saintes âmes, en leur procurant la gloire céleste ; que son règne arrive pour elles, et que sa volonté divine s’accomplisse, en les faisant jouir du bonheur pour lequel elles ont été créées, et en unissant par cette prière l’église de la terre, l’église militante avec les deux autres églises, souffrante et triomphante.

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Qu’il est bon, qu’il est doux à des frères d’être unis, s’écrie le Psalmiste : union en Dieu, établis­sement de son règne, gloire de l’adorable Trinité : telle est la fin de la prière pour les morts; tel est le but que nous nous pro­posons en la faisant.

Et tel est, par consé­quent, un des moyens efficaces de prouver à Dieu que nous ne nous bornons pas à exprimer machinalement les désirs que con­tiennent les trois premières demandes du Pater, mais que nous voulons travailler réel­lement à procurer sa gloire en hâtant, par tout ce que nous faisons pour les morts, le moment où ils jouiront du bonheur éternel.

Tâchons donc, chacun comme nous le pour­rons, d’entrer dans l’esprit des trois premières demandes de l’Oraison Dominicale, en secourant les âmes du purgatoire par le saint sacrifice de la messe, par la prière, par les indulgences, par les bonnes œuvres.

Souvenons-nous qu’en travaillant pour elles, c’est pour Jésus-Christ que nous travaillons, puisqu’il nous dit : Je vous le dis en vérité, autant de fois que vous avez rendu ces devoirs à l’un des moindres de mes frères, soit sur la terre, soit dans le lieu d’ex­piation, c’est à nous-même que vous les avez rendus.

— Et quelle sera la récompense de cette charité ? Tressaillez, âmes touchées de compassion pour vos frères souffrants, tres­saillez de joie; car voici la sentence que votre juge suprême prononcera : Venez, vous qui êtes bénis de mon Père, possédez le royaume qui vous a été préparé dès le commencement du monde!

Exemple.

Nous sommes heureux de pouvoir offrir à la jeunesse un modèle qu’elle s’empressera sans doute de suivre : c’est l’intéressant et pieux Hyacinthe Lecudon, mort en 1819, à l’âge de 16 ans : sa vie a été publiée dans les Souvenirs des petits séminaires.

« Le soulagement des âmes détenues dans le purgatoire avait toujours été pour Hyacinthe une de ses plus chères dévotions ; il s’en occupa dans sa dernière maladie, jusqu’à s’oublier entièrement lui-même en faveur de ces pauvres âmes. Un de ses amis étant venu le voir lui demanda s’il voulait qu’on fit pour lui des prières particulières. « Non, répondit-il, je  ne crains pas la mort; mais qu’on prie pour les âmes du purgatoire. »

Un autre jour, quelques congréganistes lui apprirent qu’on avait récité pour lui l’office de la sainte Vierge : «Qu’on a grand tort ! s’écria-t-il. On ferait bien mieux de prier pour les âmes du purgatoire. Je n’y souffre pas encore ; et peut-être avant que je meure pourriez-vous en délivrer quelqu’une. Il sera temps de penser à moi quand je serai à leur place. »

Quelques heures avant sa mort, il s’entre­tenait encore avec ses amis de l’état douloureux où sont les âmes du purgatoire. En parlant des flammes qui les tourmentent et les purifient, « je mériterais bien d’y être précipité, disait-il, mais en montrant avec un air de satisfaction l’image de la sainte Vierge qui était sous ses yeux, la bonne mère… ah! elle est si bonne qu’elle me fera sauter par-dessus. »

« Regardez et faites selon ce modèle. »

Indulgence applicable aux morts. — Indulgence accordées à tous les Fidèles qui, dans l’intention d’honorer d’une manière particulière Jésus, Marie, Joseph, donneront à manger à trois pauvres , avec un cœur contrit et repentant.

1° Indulgence pour chaque fois.

2° Indulgence plénière, si le même jour, s’étant confessé et ayant communié, on prie selon les in­tentions de l’Église.

(Rescrit du 15 Juin 1815 )

LE MOIS DES FIDÈLES DÉFUNTS – 29 novembre

LE MOIS DES FIDÈLES DÉFUNTS – 29 novembre

Selon LE MOIS DE NOVEMBRE CONSACRÉ AU SOUVENIR DES ÂMES DU PURGATOIRE par des considérations sur les peines qu’elles y souffrent, les motifs et les moyens de les soulager et sur l’utilité de la pensée du purgatoire. –  L. Grandmont Liège 1841

Le Purgatoire considéré comme motif de patience dans les maladies.

Le premier fruit, que les malades doivent tirer de la pensée du purgatoire, est la haine et la détestation du péché : car, si l’on peut juger de l’horreur que nous devons avoir de la plus petite faute, par la grandeur de la peine que Dieu nous impose pour la punir, qui ne sait que les peines du purgatoire sont en cela semblables à celles de l’enfer ; qu’elles surpassent, non seulement tout ce que nous pouvons souffrir en cette vie, mais encore tout ce que notre imagination peut se figurer.

Rappelons-nous tout ce que nous avons médité sur ce sujet les premiers jours de ce mois, pendant l’octave des morts. Mais surtout pensons à la privation de Dieu : c’est sans doute le comble de leurs maux, tant à cause de l’amour que ces âmes lui portent, que parce que la possession de Dieu doit être leur béatitude.

C’est là où tendent leurs plus ardents souhaits, et néanmoins elles s’en voient éloignées par leur faute, avec la perte de tant de degrés de gloire qu’elles pouvaient acquérir si facilement, et dont elles se sont rendues indignes pour de si basses et si légères occasions. O péché ! que tu es un cruel poison et une funeste source de maux ! ô sainteté divine! que vous haïssez l’iniquité, puisque vous punissez si rigoureusement les moindres fautes dans vos amis !

Le second fruit, que les malades doivent tirer de la pensée du purgatoire, est la pa­tience dans leurs peines, et le désir de faire leur purgatoire en ce monde plutôt qu’en l’autre. C’est un acte de prudence d’écouter les gémissements des fidèles trépassés, et d’ap­prendre d’eux à ne point tomber en de semblables tourments.

Comme ils ont plus de charité que le mauvais riche, ils enverraient volontiers des messagers aux malades pour les avertir charitablement, et pour les exciter à souffrir les incommodités de leur maladie avec tant de résignation et de vertu, qu’il ne leur restât rien à payer à l’autre monde.

Un jour de fièvre, une tristesse d’une heure, une douleur, un ennui passager qu’ils endureront volontiers pour l’amour de Dieu, abrégera leur séjour dans le purgatoire, parce que le temps de l’autre vie est un temps de justice, où Dieu fait payer en rigueur tout ce qu’on lui doit, au lieu que cette vie est un temps de grâce et de miséricorde, où il se contente de peu pour le paiement d’une grande dette.

En sorte qu’on peut dire qu’il a mis le purgatoire de sa douceur et de son amour dans la maladie, mais qu’il réserve celui de sa sévérité après la mort ; et, ce qui est très-important, les peines qu’il fait souffrir après la mort sont pures peines sans mérite, et sans aucun accroissement de grâce, tandis que, dans la maladie, un acte de patience pratiqué comme il faut, nous apporte un trésor inestimable de grâce et de gloire.

C’est pourquoi saint Augustin avait raison de faire cette prière, que le malade doit souvent répéter : «Seigneur, purifiez-moi en cette vie, et me rendez tel que je ne sois point obligé de passer par le feu d’expiation, que je désire éviter, non tant pour m’exempter de la peine, que pour être plus tôt uni à mon souverain bien et à ma dernière fin. »

Le troisième fruit, que les malades doivent tirer de la pensée du purgatoire, est la charité qui les porte à offrir à Dieu leurs souffrances, pour délivrer quelqu’une de ces âmes saintes qui sont détenues dans les flammes. On ne | peut douter que cette œuvre de miséricorde l spirituelle ne soit fort agréable au Fils de Dieu.

Le cardinal de Vilry rapporte, dans la vie de sainte Christine, que cette admirable fille étant morte dans la fleur de son âge, se releva du cercueil, lorsqu’on disait la messe sur son corps, et qu’elle tint ce discours : L’Ange du Seigneur m’a menée dans le pur­gatoire, où j’ai vu de si horribles tourments que je croyais certainement que ce fut l’enfer.

De là, il m’a conduite au trône de Jésus-Christ qui m’a donné le choix de demeurer au ciel, ou de retourner au monde pour soulager les âmes du purgatoire par mes prières et par mes souffrances ; ajoutant que, si je faisais ce dernier choix, je lui ferais plaisir.

On sait les tourments incroyables qu’elle endura depuis pour plaire à son céleste époux, qui mérite bien sans doute que nous suivions son inclination, en renonçant à nos propres inté­rêts pour le contenter. C’est aussi ce qu’ont fait plusieurs Saints, qui ont pris sur eux de satisfaire pour les membres de l’église  souffrante

Il serait facile de citer des traits des plus authentiques et des plus merveilleux, mais nous aimons mieux rappeler au souvenir des lecteurs une contemporaine, dont plusieurs d’entre eux connaissent sans doute les Médi­tations sur la Passion de J.-C., Anne-Catherine Emmerich, religieuse Augustine en Westphalie, morte en 1824.

L’ouvrage intitulé : La douloureuse Passion de N.-S. J.-C., d’après les méditations de cette religieuse, contient l’abrégé de sa vie ; on y lit page XX : « une grande partie de ses maladies et de ses dou­leurs (elle fut 20ans continuellement souffrante) provenait de ce qu’elle prenait sur elle les souffrances des autres.

Elle avait donc à sup­porter des maladies qui lui étaient propres, des maux qu’elle prenait à autrui, certaines douleurs pour expier les fautes des autres,… et très-fréquemment des souffrances de satisfactions fort diverses pour les âmes du purgatoire. »

RÉSOLUTION.

Lorsque la maladie nous accablera, ou lorsque nous visiterons et consolerons des malades, appliquons-nous à trouver, dans la pensée du purgatoire, un puissant motif de patience. En outre, sans cesse mille autres occasions se présentent de pratiquer la vertu de patience; recourons donc sans cesse au même moyen, à la pensée du purgatoire, pour rendre méritoires toutes ces pénibles circonstances de notre vie.

PRIÈRE.

Père des miséricordes, qui avez autrefois retiré Isaac du bûcher, et votre serviteur Loth de l’embrasement de Sodome, ayez, s’il vous plaît, mon Dieu, la même bonté pour ces âmes qui sont privées de votre gloire, et qui attendent le temps où il vous plaira de les en faire jouir. Ne différez pas plus longtemps le bonheur après lequel elles soupirent.

Ne regardez pas ce qu’elles méritent, mais ce que votre très-cher Fils a souffert pour les rendre dignes du paradis. Appliquez-leur le mérite de son précieux sang ; et, si votre justice exige encore d’elles quelque satisfaction, recevez par votre souveraine clémence le désir que j’ai d’y satisfaire, et mettez sur moi les offenses qu’elles ont com­mises contre vous.

Que si mon indignité empêchait l’effet de ma demande, mettez mon âme dans un état qui vous soit agréable, afin de hâter le bonheur de ces saints et aimables prisonniers, dont le seul désir est de vous aimer, de vous voir, de vous louer et de vous posséder dans l’éternité. Par N.-S. J.-C. Ainsi soit-il.

Indulgence applicable aux morts. — Indulgence accordée à perpétuité à tous les Fidèles qui réci­teront, avec un cœur contrit, les Litanies de la bonne mort.

1° Indulgence une fois par jour.

2° Indulgence plénière, une fois par mois, pour tous les Fidèles qui réciteront les litanies tous les jours pendant le mois, le jour, à leur choix, où s’étant confessés et ayant communié, visiteront une église ou chapelle publique, et y prieront selon les intentions de l’Église.

(Rescrits du 12 Mai 1802 et du 11 Août 1824.)

LE MOIS DES FIDÈLES DÉFUNTS – 28 novembre

LE MOIS DES FIDÈLES DÉFUNTS – 28 novembre

Selon LE MOIS DE NOVEMBRE CONSACRÉ AU SOUVENIR DES ÂMES DU PURGATOIRE par des considérations sur les peines qu’elles y souffrent, les motifs et les moyens de les soulager et sur l’utilité de la pensée du purgatoire. –  L. Grandmont Liège 1841

Nous pouvons éviter le purgatoire en endurant en esprit de pénitence les afflictions que Dieu nous envoie.

 

La religion m’apprend que si j’ai encore à ma mort des dettes à acquitter envers la justice divine, je les acquitterai dans le purgatoire, prison passagère, il est vrai, mais d’où l’on ne sort qu’après avoir versé jusqu’à la dernière obole ; et où, en attendant une satisfaction complète, réglée par la justice de Dieu, on endure de grandes souffrances.

Saint Césaire d’Arles dit que la moindre peine qu’on l’y souffre est plus grande que la plus terrible qu’on puisse même imaginer. Il est rare qu’après la mort on ne descende dans ce lieu d’expiation. Il y a néanmoins des moyens de n’y point aller, ou du moins d’y demeurer peu de temps. Parmi ces moyens je dois compter les afflictions : la religion m’apprend que, supportées avec patience et en esprit de pénitence, elles peuvent servir à acquitter dès cette vie toutes mes dettes.

Dieu ne tire pas une double vengeance du même péché. Il m’envoie des afflictions dans le dessein que je les accepte avec humilité et avec résignation comme une punition de mes ini­quités ; que si je me conforme à ce dessein de miséricorde, après cette vie il exigera de moi beaucoup moins.

Ôtez la rouille de l’argent, dit le Sage (Prov. 25, 4.), et on en fera un vase très pur. C’est ainsi qu’il faut que mon âme soit purifiée de ses taches, avant de paraître au festin éternel du Roi des cieux. Si elle l’est aujourd’hui par le feu de la tribulation, elle n’aura pas besoin des flammes du purgatoire.

De deux maux il faut toujours choisir le moindre, dit l’auteur de l’imitation de J.-C., si vous dites que vous ne pouvez pas tout souffrir, comment, ajoute-t-il, pourrez-vous supporter les peines du purgatoire ? II est vrai que je souffre depuis bien des années ; mais ces années, si je sais en profiter, valent peut-être pour moi des siècles que je passerais à souffrir dans l’autre vie.

Car, à présent Dieu use tou­jours de clémence, il pardonne aisément ; mais le jour viendra où il faudra satisfaire en toute rigueur ; d’autant plus qu’il ne tenait qu’à moi, lorsque j’étais sur la terre, d’acquitter beaucoup avec peu de travail. Daignez donc, Seigneur, dirai-je souvent avec saint Augustin, daignez effacer par tous les moyens que vous jugerez convenables tout ce qui resterait encore de souillures à mon âme, afin qu’après la mort, il ne lui reste plus rien à expier.

Si je suis rempli de l’esprit du christianisme, mon âme, semblable à l’épouse sacrée, doit être dans une sainte impatience de voir le bien-aimé. Or, pour savoir si j’ai lieu d’espérer que je le verrai aussitôt, ou du moins bientôt après que j’aurai rendu le dernier soupir, je n’ai qu’à interroger mes afflictions.

Elles me diront que, servant à me purifier toujours davantage de mes péchés, elles contribuent à me procurer le bonheur de le voir après la mort, beaucoup plus tôt que je ne l’aurais vu sous le poids éternel d’une gloire souveraine et incomparable, si je passais au­jourd’hui ma vie dans le calme et la tranquillité.

Dans quelle affliction n’est pas en cette vie une âme à qui l’on diffère la jouissance d’un bien qu’elle regarde comme sa félicité ! Qu’est-ce cependant que ce bien où tendraient ses avides désirs ! Fût-il question d’un trône, c’est au fond un néant.

Mais je dois juger de là quelle sera la douleur aiguë de mon âme dans le purgatoire, si j’ai le malheur d’y être détenu, quand elle se verra privée, pour un temps, de la jouissance du seul bien qui soit désirable, et qui mérite le nom de bien, de la possession de vous-même, ô mon Dieu ! souveraine félicité, pour laquelle je suis créé. Un seul instant de délai paraîtra un siècle. Cette seule peine sera plus dure mille fois que toutes les autres.

Vos Saints, lorsqu’ils étaient encore sur la terre, auraient acquis par tous les supplices le bonheur de jouir, pour quelques moments, de votre présence. O mon Sauveur ! plutôt que de permettre qu’après la mort le bonheur de vous voir me soit différé, envoyez-moi aujourd’hui toutes les souffrances que je suis capable d’endurer ; je les accepte d’avance avec reconnaissance ; mais je vous demande la grâce de les supporter avec cet esprit de sou­mission et de pénitence qui les rend méritoires à vos yeux.

Si j’avais de Dieu , de ses grandeurs, de ses perfections une juste idée, si je comprenais bien ce que c’est que le péché, le caractère de révolte et d’ingratitude qu’il porte avec lui, loin de me plaindre de ce que je souffre, je trouverais que je souffre trop peu pour réparer , par la souf­france , autant qu’il est en moi , les outrages que j’ai faits à Dieu.

Pour lui rendre, par la souffrance, autant de gloire, s’il se pouvait, que je lui en ai enlevé par le péché ; et je dirais avec St. Bernard : « Toutes les afflictions sont faciles à supporter, quand je pense à mes péchés passés qui m’ont été remis. » Oui, ces péchés m’avaient mérité l’enfer : la bonté divine a daigné me les remettre par les mérites infinis du sang de l’Homme-Dieu répandu pour moi.

Mais je dois endurer les peines dues à ces péchés ; la justice suprême l’exige, et, si je meurs sans les avoir endurées, le purgatoire sera ma demeure aussi longtemps que je n’aurai pas entièrement satisfait, car rien de souillé n’entrera dans la céleste Jérusalem.

Or les souffrances, les plus petites souffrances, sont pour moi un moyen certain d’éviter ce terrible séjour dans le lieu d’expiation ; ainsi elles peu­vent me donner de quoi endurer en peu de temps jusqu’à la dernière obole.

Ne perdons donc point le fruit de ces précieuses souffrances, et pour ne pas le perdre, pensons souvent au purgatoire qu’elles nous feront éviter, en nous en faisant faire un sur cette terre, mille fois plus doux que celui qui nous était réservé dans l’autre vie. Disons donc avec le Sage : « Les maux que Dieu nous envoie sont moins des traits de sa colère que de son amour ».

Et reconnaissons la vérité des paroles de saint Jacques : « Mes frères, regardez comme le sujet d’une joie parfaite les diverses afflictions qui vous arrivent. »

RÉSOLUTION.

Prenons la résolution de nous occuper de l’idée du purgatoire dans nos afflictions, nos maladies, etc., afin qu’elle nous les fasse supporter chrétiennement et que nous amassions un trésor de mérites pour rendre en ce monde toutes les dettes dont notre âme est chargée.

PRIÈRE.

O Dieu miséricordieux ! accordez-moi la grâce de profiter de toutes les afflictions de cette vie pour faire mon purgatoire en ce monde, « sachant quel est celui à qui j’ai cru, et tenant cette espérance au fond de mon cœur, que le moment si court et si léger des afflictions que nous souffrons en cette vie produira en nous le poids éternel d’une gloire souveraine et incomparable ».  St Paul 2 Co. 4, 17)

Faites, ô mon Dieu, que je n’oublie pas non plus cette maxime de vos saintes Écritures : « Le Seigneur corrige celui qu’il aime ; et en le corrigeant, Il a pour lui une vraie tendresse de père ; il le regarde comme l’objet de ses plus chères délices.» (Prov. 3, 12) Par J.-C. N. S. Ainsi soit-il.

Indulgence applicable aux morts. — Indulgence accordées aux Fidèles qui réciteront une fois par jour avec un cœur contrit, sept Ave Maria, en ajoutant, après chacun d’eux, la strophe du Stabat : Sainte Mère, faites que les plaies de mon Sauveur soient gravées dans mon cœur.

Indulgence plénière, une fois par mois, pour tous ceux qui feront tous les jours ce pieux exercice, le jour du mois, à leur choix , où, s’étant confessés et ayant communié, ils prieront selon les intentions de l’Église. (Bref du 1e‘ Décembre 1815)