Le règne de Marie
Le règne de Marie correspond à l’apothéose de la mère dans toutes les expressions figuratives de la vie, a dit le Père Sertillanges. Quoi de plus humain et de plus attendrissant que cette jeune femme toute pure, tenant dans ses bras un enfant qui est son doux Seigneur, puis nous le donnant au prix d’indicibles souffrances, et reportant sur nous, ingrats, son insigne amour ?
Dieu s’est humanisé en Jésus : il a achevé son humanisation dans la Vierge. Les deux parts de l’humanité sont ainsi assumées dans leur ordre, avec leur charme propre et avec leurs degrés.
De même, par la révélation de la Vierge Mère, complément de la prédication évangélique du Père céleste, l’idée de Dieu, dans le monde, s’est attendrie. Aussi un contact muet avec ce mystère est-il déjà un immense bienfait. Une vertu spirituelle en sort, qui se canalise d’elle-même dans nos pouvoirs de pensée, de sentiment et d’action.
Comment s’étonner, dès lors, du culte croissant de l’humanité religieuse pour sa Souveraine ? On ne peut craindre l’excès ; on ne doit redouter que les déviations. L’amour, tant qu’il est droit, n’a pas de mesure.
On a donc organisé ce culte saint. On a voué à Marie des tranches de durée qui sont siennes : le moment des Angélus le matin, à midi et le soir ; un jour de la semaine, le plus proche du Jour du Seigneur, qu’il prépare, en achevant la semaine écoulée ; enfin un mois de l’année, le plus beau, le plus chargé d’espérance,
parce que dans l’espérance du monde Marie a joué le rôle premier, sinon le rôle décisif.
On célèbre Marie quand les oiseaux nous offrent la primeur de leurs chants. Le printemps même lui dédie son cantique. Elle est chez elle, parmi les fleurs, les ramages, les parfums et les premières audaces ou les timidités exquises de la vie.
«Philippe, qui me voit voit mon Père», disait Jésus au disciple ébloui. Chrétien, qui voit Marie voit aussi Jésus. Les vingt Mystères du Rosaire sont leurs mystères à tous deux. ■
P. Jean-Daniel Planchot, cm