Le Pape François a été accueilli mercredi matin à la Maison Blanche par Barack Obama, premier évènement officiel de sa visite à Washington. Devant près de 20 000 personnes installées dans les jardins de la résidence présidentielle, dont les cardinaux américains, les responsables de la conférence épiscopale et les évêques auxiliaires de Washington, le président américain et sa femme Michelle ont salué le Saint-Père.
Le Pape s’est rendu mercredi en fin de matinée à la cathédrale Saint Matthieu de Washington pour y rencontrer les évêques américains. C’est dans cette cathédrale, située en plein centre de la capitale américaine que Jean-Paul II avait célébré la messe le 16 octobre 1979, lors de sa première visite aux États-Unis. Cette rencontre était particulièrement attendue dans la cathédrale avec l’épiscopat américain venu pour accueillir et écouter l’évêque de Rome.
Après avoir prié l’office du jour, le Saint-Père a pris la parole, en italien en saluant avant tout la communauté juive qui fête ces jours-ci la fête de Kippour. Puis le Pape est entré dans le vif du sujet. Il s’est réjoui du dynamisme de l’Église américaine, de son engagement indéfectible pour la cause de la vie et de la famille. ainsi que l’effort considérable d’accueil et d’intégration des émigrés. Le Pape a également fait allusion aux drame de la pédophilie qui fut une lourde épreuve pour l’épiscopat local, remerciant les évêques pour leur généreux engagement pour guérir les victimes, afin que de tels crimes ne se répètent plus jamais.
Un américain parmi les autres
«Je dois vous dire que je ne me sens pas parmi vous comme un étranger » a rappelé le Pape qui s’est présenté comme « évêque de Rome » venu rencontrer ses frères dans l’épiscopat. « Je n’entends pas tracer un programme, ni définir une stratégie » a précisé le Pape François qui a préférer souligner les aspects forts à ses yeux de la mission de l’Église aux États-Unis. « Notre joie la plus grande est d’être pasteurs, rien d’autre que pasteurs, d’un cœur sans partage et dans un don de soi irréversible. Il faut garder cette joie sans permettre qu’on nous la vole. »
« L’essence de notre identité doit se chercher dans la prière assidue, dans la prédication et dans le fait de paître. » Pour cela, il ne s’agit pas de prêcher des doctrines complexes, mais l’annonce joyeuse du Christ. La vie d’un pasteur consiste « à savoir se mettre en retrait, s’abaisser, se décentrer pour nourrir du Christ la famille de Dieu » et être donc au plus proche du troupeau. Le Pape a donc invité les évêques à ne « pas regarder vers le bas, enfermés dans l’autoréférentialité, mais toujours vers les horizons de Dieu qui dépassent tout ce que nous sommes capables de prévoir ou de planifier » et les a mis en garde contre toute tentation narcissique.
Culture de la rencontre
Dans son discours, le Saint-Père a aussi plaidé pour que les évêques soient les artisans d’une véritable « culture de la rencontre ». « Le dialogue est notre méthode, le chemin, c’est donc le dialogue entre vous, dialogue dans vos presbytères, dialogue avec les laïcs, dialogue avec les familles, dialogue avec la société. Je ne me lasserai pas de vous encourager à dialoguer sans peur ». Puis le Pape a développé l’appel à l’unité : « La grande mission que le Seigneur nous confie, nous l’exerçons en communion, de manière collégiale. Le monde est déjà tellement déchiré et divisé, le morcellement a désormais élu domicile partout. Par conséquent, l’Église, ‘‘la tunique sans couture du Seigneur’’, ne peut se laisser déchirer, être mise en morceaux, ou devenir objet de querelles. » Cette unité est particulièrement importante aux États-Unis, « pays dont les vastes ressources matérielles et spirituelles, culturelles et politiques, historiques et humaines, scientifiques et technologiques imposent des responsabilités morales non négligeables dans un monde assourdi et qui peine à la recherche de nouveaux équilibres de paix, de prospérité et d’intégration. »
Face aux nombreux défis, il n’est pas permis de se taire ni de fuir, mais bien témoigner de l’Évangile. Et ces défis ne manquent pas : « la victime innocente de l’avortement, les enfants qui meurent de faim ou sous les bombes, les immigrés qui se noient à la recherche d’un lendemain, les personnes âgées ou les malades dont on voudrait se débarrasser, les victimes du terrorisme, des guerres, de la violence et du narcotrafic, l’environnement dévasté par une relation déprédatrice de l’homme avec la nature, en tout cela, est toujours en jeu le don de Dieu dont nous sommes les nobles administrateurs, mais non les maîtres. »
Hommage à l’Église proche des migrants
Le Pape a achevé son discours en faisant deux recommandations aux évêques américains, la première, d’être « des pasteurs proches de vos gens, et des serviteurs », qui sont l’expression de la maternité de l’Église qui engendre et fait grandir ses enfants. La seconde regardait en particulier le thème des migrants. Le Saint-Père a ainsi rendu un vibrant hommage à l’Église et aux institutions catholiques américaines dans l’accueil fait aux migrants et leur travail auprès d’eux, apprenant leur langue et soutenant leur cause. « Encore à présent, aucune institution américaine ne fait davantage pour les immigrés que vos communautés chrétiennes. »
« Non seulement comme Évêque de Rome, mais aussi comme pasteur venu du Sud, je sens le besoin de vous remercier et de vous encourager. Il ne sera peut-être pas facile pour vous de lire leur âme, peut-être serez-vous mis au défi par leurs diversités. Sachez, toutefois, qu’ils possèdent aussi des ressources à partager. Accueillez-les donc sans peur. Offrez-leur la chaleur de l’amour du Christ et déchiffrez le mystère de leur cœur. Je suis certain que, encore une fois, ces gens enrichiront l’Amérique et son Église. »
« Que Dieu vous bénisse et que la Vierge Marie vous garde ! Merci ! »