dédicace de Saint Jean du Latran
La liturgie nous fait célébrer aujourd’hui 9 novembre la Dédicace de la basilique du Latran, appelée « Mère et tête de toutes les églises de la ville et du monde. » En effet, cette basilique a été la première à être construite après l’édit de l’empereur Constantin qui, en 313, a accordé aux chrétiens la liberté de pratiquer leur religion.
Le même empereur donna au pape Miltiade l’ancien domaine de la famille des Laterani et il y fit édifier la basilique, le baptistère et le « patriarcat », c’est-à-dire la résidence de l’évêque de Rome, où les papes habitèrent jusqu’à la période d’Avignon.
La dédicace de la Basilique fut célébrée par le pape Sylvestre vers 324 et l’église fut dédiée au Très Saint Sauveur; c’est seulement après le VIe siècle que furent ajoutés les titres des saints Jean Baptiste et Jean l’Évangéliste, d’où son appellation habituelle.
Cette fête concerna d’abord uniquement la ville de Rome, puis à partir de 1565, elle s’étendit à toutes les Églises de rite romain. Ainsi, en honorant l’édifice sacré, on entend exprimer amour et vénération pour l’Église romaine qui, comme l’affirme saint Ignace d’Antioche, « préside à la charité » de toute la communion catholique (Aux Romains, 1, 1).
En cette solennité, la Parole de Dieu rappelle une vérité essentielle : le temple de pierres est le symbole de l’Église vivante, de la communauté chrétienne, que déjà les apôtres Pierre et Paul considéraient, dans leurs lettres, comme un « édifice spirituel », construit par Dieu avec les « pierres vivantes » que sont les chrétiens, sur le fondement unique qu’est Jésus Christ, comparé à son tour à une « pierre angulaire » (cf. 1 Co 3, 9-11.16-17 ; 1 P 2, 4-8; Ep 2, 20-22).
« Frères, vous êtes le temple de Dieu », écrit saint Paul qui ajoute : « le temple de Dieu est sacré, et ce temple, c’est vous » (1 Co 3, 9 c.17). La beauté et l’harmonie des églises, destinées à rendre louange à Dieu, nous invite nous aussi, les êtres humains, limités et pécheurs, à nous convertir pour former un « univers », une construction bien ordonnée, en étroite communion avec Jésus qui est le vrai Saint des Saints.
Cela culmine dans la célébration eucharistique dans laquelle « l’ecclesia », c’est-à-dire la communion des baptisés, se retrouve unie pour écouter la Parole de Dieu et pour se nourrir du corps et du sang du Christ.
Autour de cette double table, l’Église de pierres vivantes s’édifie dans la vérité et dans la charité, et elle est façonnée intérieurement par l’Esprit Saint : elle se transforme en ce qu’elle reçoit, et elle se conforme toujours davantage à son Seigneur Jésus Christ. Elle-même, si elle vit dans une unité sincère et fraternelle, devient ainsi un sacrifice spirituel agréable à Dieu.
Chers amis, la fête d’aujourd’hui célèbre un mystère toujours actuel : Dieu veut édifier dans le monde un temple spirituel, une communauté qui l’adore en esprit et vérité (cf. Jn 4, 23-24). Mais cette fête nous rappelle aussi l’importance des édifices matériels, dans lesquels les communautés se rassemblent pour célébrer les louanges de Dieu.
Chaque communauté a donc le devoir de garder avec soin ses édifices sacrés, qui constituent un précieux patrimoine religieux et historique. Invoquons pour cela l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie, pour qu’elle nous aide à devenir, comme elle, la « maison de Dieu », le temple vivant de son amour.
BENOÎT XVI ANGÉLUS Place Saint-Pierre Dimanche 9 novembre 2008
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