Aujourd’hui samedi, il est bon, en tant qu’associés de la Médaille Miraculeuse, d’honorer notre Sainte Mère en méditant sur le « Je vous salue, Marie », initié lors de l’Annonciation que nous allons célébrer liturgiquement le 25 de ce mois de mars.
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Parmi toute cette provision de formules, dont l’Église prend soin de munir ses chrétiens pour les aider dans leurs prières, s’il en est une qui a servi beaucoup plus que les autres, c’est le « Je vous salue, Marie ».
Il y a aussi le « Notre Père » et les deux prières sont si bien ajustées l’une à l’autre, qu’on les fait toujours aller ensemble.
Le « Notre Père » est une prière plus haute, plus noble, plus grande, et reste la plus belle de toutes les prières. Il n’y a même pas de comparaison à faire. Mais c’est aussi une prière tellement plus exigeante qu’il y faudrait l’âme même de Jésus-Christ pour la dire comme il faut. Nous y voilà, en effet, face à face avec Dieu, du premier coup, Dieu avec son ciel, sa gloire, sa volonté, son nom, et il est bien difficile d’en n’être pas intimidé. Souvent aussi nous avons tellement honte, il nous faudrait pour nous y trouver à l’aise un cœur pur et une âme droite, et cette bonne volonté dont nous ne sommes pas toujours très sûrs.
Le « Je vous salue, Marie » lui, est une prière sans condition :
• c’est la prière des enfants sur lesquels on ne peut pas trop compter,
• c’est la prière du pauvre qui sait bien qu’il n’a rien à donner,
• c’est la prière du pécheur qui ne sait pas trop à qui s’adresser,
• c’est la prière de la joie parce qu’elle est facile et simple,
• c’est la prière aussi de la souffrance et de la peine parce qu’on parle à la mère qui console et apaise, et cette mère-là a tant supporté et tant souffert.
On trouve le « Je vous salue, Marie » sur les lèvres de l’enfant qui prie. Mais c’est aussi la prière qu’il faut faire à l’heure de notre mort.
Rien d’étonnant que ce soit la prière qui ait le plus servi.
C’est sans doute à tant servir que ces mots de prières, à la longue, semblent s’être usés, si bien qu’on en vient à les dire machinalement, par habitude, à plein chapelet, sans même plus comprendre ce qu’ils signifient. Il faut donc, de temps en temps, reprendre un à un chacun de ces mots pour les nettoyer de toutes ces habitudes, de ces accoutumances et de ces routines, afin d’y redécouvrir, émerveillé, ce son unique et imprévu, qui en fait une si belle prière.
G. Brossard