LA CHANDELEUR

La Présentation Fra Angelico couvent San Marco Florence

« Chers amis, jeudi prochain 2 février, nous célèbrerons la fête de la Présentation du Seigneur au Temple, Journée mondiale de la vie consacrée. Invoquons avec confiance Marie Très Sainte, afin qu’elle guide nos cœurs à toujours puiser dans la miséricorde divine, qui libère et guérit notre humanité, la comblant de grâces et de bienveillance, par la puissance de l’amour. »
– Paroles de Benoît XVI à l’angélus, dimanche 29 janvier 2012.

1. — La solennité de ce jour, qui clôt le temps de Noël, est une fête de Jésus aussi bien que de Marie : Jésus est présenté au Temple par sa Mère, accompagnée de Joseph, quarante jours après sa naissance, selon la prescription de la loi ; et Marie se soumet au rite de la purification.

Fresque de Fra Angelico sur le mur de la cellule 10 du Couvent Saint Marc à Florence : Saint Pierre Martyr et la bienheureuse Villana de l’ordre dominicain contemplent les quatre autres figures de l’histoire évangélique.

La liturgie célèbre, avant tout, la première entrée de Jésus-Enfant dans le Temple : «Voici que le Souverain Seigneur vient dans son saint Temple : Réjouis-toi et sois dans l’allégresse, Sion, en accourant au-devant de ton Dieu». Allons à sa rencontre, nous aussi ; que nos sentiments rivalisent avec ceux du vieillard Siméon qui, «mû par l’Esprit Saint, alla au Temple» et, plein de joie, reçut l’Enfant Jésus dans ses bras.

Aujourd’hui, c’est la fête des cierges, des chandelles ou Chandeleur. Pour mieux célébrer cette rencontre, l’Église bénit les cierges et nous les remet ; en procession, cierges allumés, nous entrons dans le temple. Le cierge allumé est le symbole de la vie chrétienne, de la foi et de la grâce qui doivent resplendir dans notre âme. Mais il est aussi l’image du Christ, lumière du monde, «lumière qui doit éclairer les nations», tel que l’a salué Siméon. Le cierge allumé nous rappelle que nous devons toujours porter avec nous le Christ, source de notre vie, auteur de la foi et de la grâce. Jésus lui-même, par sa grâce, nous dispose à aller à sa rencontre avec une foi plus vive et un plus grand amour. Puisse, en ce jour, notre rencontre avec lui être particulièrement intime et sanctifiante !

Jésus est présent au Temple pour être offert au Père. Le rachat n’a pas d’effet sur lui, comme sur les autres premiers-nés des Hébreux. Il est la Victime qui devra être immolée pour le salut du monde. Sa présentation au Temple est, pour ainsi dire, l’offertoire de sa vie, le sacrifice s’accomplira plus tard sur le Calvaire. Offrons-nous en même temps que Jésus et remercions-le en cette Journée pour la Vie consacrée.

2. — Jésus est présenté au Temple par sa Mère : contemplons donc aujourd’hui Marie qui offre son fils. La Vierge n’ignore pas que Jésus est le Sauveur du monde et, à travers le voile de la prophétie, elle sent que sa mission s’accomplit dans un mystère de douleur auquel elle aura à participer, en sa qualité de Mère. La prophétie de Siméon «quant à toi, un glaive de douleur transpercera ton âme» (Lc 2, 35), confirme son intuition. Dans le secret de son cœur, Marie a dû répéter en cet instant son fiat : «Voici la Servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole» (Lc 1, 38). En offrant son Fils, elle s’offre elle-même, toujours intimement unie à son sort.

Mais avant d’entrer dans le Temple pour y présenter Jésus, Marie veut se soumettre à la loi de la purification légale. Bien qu’elle soit consciente de sa virginité, elle se met au rang de toutes les autres mères juives et, confondue avec elles, elle attend humblement son tour, portant «une paire de tourterelles», l’offrande des pauvres, accompagnée de Joseph. Nous voyons Jésus et Marie se soumettre à des lois auxquelles ils n’étaient pas tenus : Jésus ne devait pas être racheté, Marie ne devait pas être purifiée. Leçon d’humilité et de respect envers la loi de Dieu.

Il y a des lois auxquelles nous sommes tenus et auxquelles notre amour-propre nous soustrait sous de faux prétextes : ce sont des dispenses abusives réclamées au nom de droits en réalité inexistants. Gardons-nous dans l’humilité et, alors que Marie n’avait nullement besoin d’être purifiée, reconnaissons notre extrême besoin de purification intérieure.

3. « O Jésus, tu es allé t’offrir au Temple. Qui t’a offert ? La Vierge Marie qui n’a jamais eu d’égale, et n’en aura jamais. Marie t’a offert, elle qui, par la bouche de la sagesse, est appelée la « toute belle »… A qui t’a-t-elle offert ? Au Dieu infini, sublime dans sa création, fécond dans son héritage, insondable dans ses desseins, gracieux et suave dans l’amour. — Et qu’a-t-elle offert ? Toi, Verbe éternel et divin, Fils du Très-haut, législateur de l’univers, toi, qui as reçu tant de noms illustres et choisis : O clef de David, ô Roi des nations, ô Emmanuel. »

« Que m’enseignes-tu, Seigneur, en t’offrant au Temple ? Tu me montres ton respect pour la loi en voulant l’observer ; Tu m’enseignes l’adoration, car tu t’es offert au Père, non comme son égal, quoique tu le fût vraiment, mais comme homme. Tu m’as donné ici le modèle du respect que je dois à ta loi.. Cette loi m’est toute douceur et suavité, mais je me la rends amère quand je ne renonce pas à moi-même, car alors, au lieu de la porter suavement, la loi est obligée de me porter » (Sainte Marie-Madeleine de Pazzi).

O Jésus, par les mains de Marie, je veux m’offrir aujourd’hui avec toi au Père éternel. Mais tu es l’Hostie pure, sainte, immaculée, tandis que je suis misère, péché. O Marie, ma Mère, vous qui avez voulu être purifiée, bien qu’exempte de la moindre ombre d’imperfection, purifiez, je vous prie, ma pauvre âme, afin qu’elle soit moins indigne d’être offerte au Père en même temps que Jésus. O Vierge très pure, acheminez-moi vers une purification sérieuse et profonde et puis, accompagnez-moi vous-même, afin que ma peur ne me fasse pas défaillir devant l’âpreté du chemin.