L’amour de la Vierge Marie,
la prière de suffrage et l’attention aux pauvres
Ce 17 février matin, au Palais apostolique du Vatican, le Saint-Père a reçu en audience les participants au Chapitre général de la Congrégation des Clercs marianistes de l’Immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie. Ce qu’il leur dit nous intéresse aussi pour ce samedi, jour de la Vierge Marie, en tant qu’Associés de la Médaille Miraculeuse.
Discours du Saint-Père
Chers frères, bonjour et bienvenue!
Je remercie le Supérieur général pour ses aimables paroles et je vous salue tous. Célébrez à nouveau ce Chapitre général dans le cadre du 350e anniversaire de la fondation de votre Institut, qui eut lieu à Cracovie en décembre 1670, par l’œuvre de saint Stanislas de Jésus et de Marie. Nous savons que ce n’était pas un début facile, tant pour la recherche de compagnons convenables que pour le long processus d’approbation, mais saint Stanislas n’a pas abandonné, confiant dans la puissance du Saint-Esprit.
Et justement pour chérir l’héritage qu’il vous a laissé avec sa ténacité, je voudrais rappeler avec vous trois grandes lignes de sa et de votre spiritualité, toutes marquées par un vif dynamisme ascétique et pastoral : l’amour de la Vierge Marie, la prière de suffrage et l’attention aux pauvres.
En premier lieu, l’amour de Marie. Il est intéressant de voir ce que saint Stanislas enseigne sur la dévotion mariale : il dit que le culte principal de Marie Immaculée est l’imitation de sa vie évangélique. C’est important, car la vraie dévotion à la Mère du Seigneur se nourrit et grandit dans l’écoute et la méditation de la Parole de Dieu : Marie est la Femme de l’Évangile (cf. Mt 12, 46-50).
Deuxième aspect : la prière de suffrage, qui caractérise la dimension eschatologique de votre congrégation. Saint Stanislas, cependant, insère dans ce regard sur l’horizon ultime la prière spéciale pour deux grands groupes de pauvres de son temps : les soldats tombés au combat et ceux qui sont morts de la peste. Aujourd’hui il en faut pour les soldats : ils tombent de partout !
On pense qu’au XVIIe siècle environ 60% de la population européenne a été exterminée par les épidémies et les guerres ! Il fallait ensuite prier pour les âmes des défunts et pour le réconfort des familles et des communautés, marquées par la douleur et le deuil de la perte de leurs proches (cf. Jn 11, 35-36).
Et le troisième trait que je voudrais souligner est l’attention aux pauvres, en particulier dans le soutien aux curés. Les clercs marianistes ont ainsi contribué à répondre à quelques graves problèmes de l’époque : l’affaiblissement de la foi, surtout parmi les classes modestes, le manque de vocations sacerdotales et religieuses, l’état de pauvreté d’une grande partie de la population (voir Mt 9 : 35 -38).
Chers frères, saint Stanislas a tracé pour votre congrégation des lignes de spiritualité et d’action qui s’incarnent bien dans l’histoire concrète des hommes et des femmes de son temps. Et il est important que vous « preniez le relais » en continuant à répondre de manière créative aux défis que notre époque présente également. Ne vous découragez pas si vous rencontrez de l’opposition ou des difficultés.
Pensez aux grandes épreuves que votre famille religieuse a traversées au cours des siècles, par exemple lorsqu’elle a été réduite à un seul membre au début du XXe siècle ! Avec l’aide de Dieu vous avez récupéré, jusqu’à aujourd’hui vous vous trouvez autour de cinq cents religieux, présents dans dix-neuf pays du monde.
Dans ce contexte, nous rappelons la figure du bienheureux George Matulaitis (1871-1927), clerc marial, prêtre, évêque et nonce apostolique en Lituanie, l’un des protagonistes de votre renaissance. Il a su redonner de la vitalité à la communauté en mettant à jour ses Constitutions et en promouvant sans crainte son œuvre, au point de devoir agir clandestinement et de risquer l’arrestation, sans jamais renoncer à promouvoir la charité et l’unité entre religieux et entre fidèles.
Je vous encourage à garder vivante la fidélité à vos origines dans cette attention prophétique d’aujourd’hui. Vous l’avez fait ces derniers temps en plaçant parmi vos priorités pastorales l’ouverture aux laïcs, la protection de la vie de la conception à la mort, l’attention aux plus petits et le soutien aux familles en difficulté ; c’est très important : aujourd’hui la famille est toujours en danger…
Ce sont des choix qui se reflètent, par exemple, dans le centre de naprotechnologie et d’aide aux familles que vous avez créé au Sanctuaire de Licheń, en Pologne ; et dans les nouvelles zones de mission auxquelles vous vous êtes ouvert en Asie et en Afrique. Que le Seigneur vous aide à avancer sur ces routes.
Et je voudrais conclure notre rencontre d’aujourd’hui en reprenant trois titres mariaux avec lesquels saint Jean-Paul II vous invitait à vénérer l’Immaculée Conception.
Marie « Siège de la Sagesse », afin que votre témoignage évangélique soit ferme et solide; Marie « Consolatrice des affligés », afin que les hommes de notre temps trouvent en vous amour et compréhension, et soient attirés vers Dieu par votre charité et votre service désintéressé; et, troisièmement, Marie « Mère de Miséricorde », afin que vous soyez riches de compassion maternelle pour les âmes rachetées par le sang du Christ et qui vous sont confiées.[1]
Et là-dessus, s’il vous plaît, n’oublions pas le style de Dieu : proximité, miséricorde et tendresse. Dieu est ainsi : il est proche, il est miséricordieux, il est tendre. C’est notre Dieu. Un religieux, un prêtre, doit être proche, doit être miséricordieux, doit tout pardonner, et être tendre, non agressif, patient et charitable tous les jours. De tout mon cœur, je vous bénis ainsi que tous les confrères.
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[1] Cf. Saint Jean-Paul II, Discours au Chapitre général des Clercs mariaux de l’Immaculée Conception de la B.V. Marie, 22 juin 1993.
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Texte traduit et présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse