le don de la vie nouvelle

le don de la vie nouvelle

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Et si devant la mort, séparation douloureuse qui nous oblige à quitter nos affections les plus chères, aucune rhétorique n’est permise, le Jubilé nous offrira l’occasion de redécouvrir, avec immense gratitude, le don de cette vie nouvelle reçue dans le Baptême, capable de transfigurer le drame.

Il est important de penser à nouveau, dans le contexte du Jubilé, à la manière dont ce mystère a été compris dès les premiers siècles de la foi. Pendant longtemps, par exemple, les chrétiens ont construit les fonts baptismaux en forme octogonale et, aujourd’hui encore, nous pouvons admirer de nombreux baptistères anciens qui conservent cette forme, comme à Rome, à Saint-Jean-de-Latran.

Cela indique que, dans les fonts baptismaux, un huitième jour est inauguré, le jour de la résurrection, le jour qui dépasse le rythme habituel marqué par l’échéance hebdomadaire, ouvrant ainsi le cycle du temps à la dimension de l’éternité, à la vie qui dure pour toujours. Tel est le but vers lequel nous tendons dans notre pèlerinage terrestre (cf. Rm 6, 22).

Le témoignage le plus convaincant de cette espérance nous est offert par les martyrs qui, fermes dans leur foi au Christ ressuscité, ont été capables de renoncer à leur vie ici-bas pour ne pas trahir leur Seigneur. Ces confesseurs de la vie qui n’a pas de fin sont présents à toutes les époques, et ils sont nombreux à la nôtre, peut-être plus que jamais. Nous avons besoin de garder leur témoignage pour rendre féconde notre espérance.

Ces martyrs appartenant aux différentes traditions chrétiennes sont aussi des semences d’unité car ils expriment l’œcuménisme du sang. C’est pourquoi je souhaite ardemment qu’il y ait au cours du Jubilé une célébration œcuménique, afin que la richesse du témoignage de ces martyrs soit mise en évidence.

Regarde l’Étoile

Dans un célèbre discours (Homel. super Missus est, II, 17), saint Bernard compare Marie à l’étoile que les navigateurs suivent du regard pour ne pas faire fausse route. Il écrit ces paroles célèbres : Regarde l’Étoile

Ô homme qui te sens dériver, dans cette marée du monde parmi les orages et tempêtes, plutôt que marcher sur la terre ferme, ne détourne pas les yeux de l’éclat de cet astre, si tu ne veux pas sombrer dans la bourrasque. Quand se lève le vent des tentations, quand tu es emporté vers les récifs de l’adversité, regarde l’étoile, appelle Marie !

Si tu es ballotté par les vagues de l’orgueil, de l’ambition, du dénigrement, de la jalousie, regarde l’étoile, appelle Marie !

Si la colère ou l’avarice ou les sortilèges de la chair secouent la nacelle de ton âme, regarde vers Marie.

Si, tourmenté par l’immensité de tes crimes, honteux des souillures de ta conscience, terrorisé par l’horreur du jugement, tu te laisses déjà happer par le gouffre de la tristesse, par l’abîme du désespoir, pense à Marie !

Dans les périls, dans les angoisses, dans les situations critiques, pense à Marie, invoque Marie !

Que son nom ne quitte pas tes lèvres, qu’il ne quitte pas ton cœur, et pour obtenir le suffrage de ses prières, ne négliges pas l’imitation de sa vie.

Si tu la suis, point ne dévies; si tu la pries, point ne désespères; si tu penses à elle, point ne t’égares. Si elle te tient, plus de chute, si elle te protège, plus de crainte, si elle te guide, plus de fatigue. Avec sa bienveillance, tu parviens au port.

Les grâces déjà reçues doivent augmenter notre confiance.

*I. Il est naturel que les faveurs dont un ami ne cesse de combler son ami depuis longues années, augmentent la confiance de ce dernier en la bonté du premier ; et si, après toutes ces épreuves, celui-ci commençait à se défier de la bonté de son ancien ami, l’autre aurait raison de s’en offenser, comme d’une grande injure qu’il lui aurait faite.

Tout cela serait beaucoup plus vrai, si en la place de ces deux amis, on mettait un père et son propre fils. Combien donc cela doit-il être plus vrai, si en la place de cet ami et de ce père, nous mettons Dieu même, dont la bonté surpasse celle de tous les amis et de tous les pères autant que l’infini surpasse le fini ?

Il veut que tous les bienfaits généraux et particuliers, dont il ne cesse de nous combler depuis tant d’années, fortifient de plus en plus notre confiance en sa bonté paternelle ; et si nous n’en faisons point cet usage, il s’en tiendra offensé, et punira cette injure que nous aurons faite à sa bonté.

*II. Ce qui irrita davantage Dieu contre les Israélites, c’est qu’après avoir souvent éprouvé en Égypte et dans le désert les effets de sa bonté sur eux, ils perdirent néanmoins la confiance dans les nouveaux périls et les grandes épreuves où ils furent exposés.

C’est pour cela, dit le Prophète (Ps. 77,21.43), que Dieu les rejeta loin de lui, qu’un feu s’alluma contre Jacob, et que la colère du Seigneur se leva contre Israël, parce qu’ils ne crurent point en Dieu et qu’ils n’espérèrent point en son assistance salutaire.

Ils ne se souvinrent point de la puissance qu’il avait fait paraître au jour qu’il les délivra de l’ennemi qui les affligeait ; de quelle sorte il fit éclater dans l’Égypte les signes de sa puissance. Nos pères, dit encore le Prophète (Ps. 105, 7), ne comprirent point vos merveilles dans l’Égypte ; ils ne se souvinrent point de la multitude de vos miséricordes, et ils vous irritèrent auprès de la mer Rouge.

Qu’on se souvienne que toutes les merveilles que Dieu opéra en faveur de son ancien peuple, n’étaient que les ombres de celles qu’il a opérées en notre faveur pour nous délivrer de la servitude du péché et des démons : et qu’on comprenne par la combien nous irriterons Dieu contre nous, si toutes ces merveilles que Dieu a opérées par Jésus-Christ en notre faveur, ne nous inspirent une confiance capable de nous soutenir dans tous les dangers et dans toutes les épreuves.

*III. Pourquoi les Apôtres représentent- ils si souvent dans leurs Épîtres aux premiers fidèles l’état horrible d’où Dieu les avait tirés en les appelant à la foi, les grâces qu’ils en avaient reçues depuis leur vocation ? Ce n’était pas seulement pour les exciter à l’amour et à la reconnaissance ; c’était encore pour les animer à une vive confiance, par le souvenir des grâces déjà reçues.

J’ai une ferme confiance que celui qui a commencé en vous le bien, ne cessera point de le perfectionner et de l’achever jusqu’au jour de Jésus-Christ (Philip. 1, 6. 7) ; et l’Apôtre ajoute aussitôt : Il est juste que j’aie ce sentiment de vous tous. Il veut que nous regardions les premières grâces comme un gage de la dernière. Le gage ou les arrhes sont une assurance que donne une personne, qu’elle accomplira ce qu’elle a promis.

C’est ainsi que le grand Apôtre veut que nous regardions la part que Dieu a bien voulu nous donner aux grâces de son Esprit saint comme un gage et une espèce d’assurance qu’il fera tout le reste, et qu’il accomplira en nous le grand ouvrage de notre salut.

C’est pour cette raison qu’en plusieurs de ses Épîtres il appelle le Saint-Esprit que nous avons reçu, Les gages et les arrhes de notre héritage éternel (Éphésiens 1, 13. 14 ; 2 Cor. 1, 22 et 5, 5 ). Ce que Dieu nous a déjà donné est donc un gage qui nous répond de ce que nous devons attendre de sa bonté.

*IV. Ce qu’il a déjà fait pour notre salut, est plus que ce qui lui reste à faire. S’il s’agissait encore d’envoyer son Fils unique au monde, d’en faire un homme de douleurs, de le traiter comme un ver de terre, et comme le rebut et l’opprobre de l’univers, et de le livrer de nouveau à la mort de la croix ; qui de nous oserait espérer que Dieu portât l’excès de sa charité jusqu’à faire pour lui des choses si étonnantes ?

Mais ce n’est plus de quoi il s’agit. Il n’est plus nécessaire que Dieu le fasse ; il a déjà fait ce que personne n’aurait osé ni espérer, ni même penser. Il a envoyé au monde ce Fils unique, il l’a anéanti pour l’amour de nous, il l’a immolé sur la croix : il n’est point nécessaire qu’il le livre de nouveau pour nous à la mort. Le prix de cette mort est infini et s’étend à tous les siècles.

Par cette unique oblation, il a rendu parfaits pour toujours ceux qu’il a sanctifiés (Hébreux. 10. 14) : c’est-à-dire que par cette unique oblation il a achevé de préparer le fonds de mérites qui étaient nécessaires pour sanctifier et sauver les hommes de tous les siècles. Il ne s’agit plus que de leur appliquer la vertu et les mérites de ce Sacrifice unique.

Si Dieu a fait pour nous ce qui nous aurait paru ou impossible ou incroyable, comment ne ferait-il pas ce qui est si croyable et si facile ? Si lorsque nous étions pécheurs, J. C. selon les ordres presque incroyables de son Père, est mort pour nous ; maintenant que nous avons été justifiés par son sang, et qu’il ne s’agit plus que de continuer à nous appliquer la vertu de ce sang, nous serons à plus forte raison délivrés par lui de la colère de Dieu.

Car si lorsque nous étions ennemis de Dieu, nous avons été réconciliés avec lui par la mort de son Fils, que le Père a livré pour nous à tous les tourments les plus grands et les plus ignominieux ; à plus forte raison étant maintenant réconciliés avec lui nous serons sauvés par la vie de son Fils (Rom. 5. 8. 9. 10), qui est toujours vivant pour intercéder pour nous, et pour nous appliquer les fruits et les mérites de sa mort.

Ceux que Dieu par sa grâce a déjà tirés du péché, lorsqu’ils vivaient dans l’oubli de Dieu, peuvent-ils se défier de sa miséricorde, lorsqu’ils le cherchent, qu’ils ne craignent rien tant que de l’offenser et de le perdre ? Tant de bienfaits déjà reçus ne méritent-ils pas bien toute leur confiance ? Et pourraient-ils la lui refuser sans une injustice criante et une honteuse ingratitude ?

Leur plus douce consolation doit donc être de se souvenir de l’état horrible d’où J. C. les a tirés, de s’occuper de tout ce qu’il a fait et souffert pour eux, et de s’animer sans cesse par cette vue, à une confiance plus pleine, et à un amour plus ardent.

*V. Jésus-Christ étant un jour monté sur une barque, voulut passer la mer. Or les disciples avaient oublié de prendre des pains, et ils n’en avaient qu’un seul dans la barque ; et Jésus leur donna cet avis : Ayez soin de vous bien garder du levain des pharisiens et du levain d’Hérode ( Marc. 8. vers. 13. et suiv.).

Par ce levain Jésus- Christ entendait l’orgueil, l’hypocrisie et l’envie ; mais ses disciples alors ne le comprirent pas. A l’occasion du mot de levain, ils se souvinrent qu’ils avaient oublié de faire provision de pains, et ils se disaient l’un à l’autre : Nous n’avons pas de pain.

Ce que Jésus connaissant, il leur dit : Pourquoi vous occupez-vous de cette pensée, que vous n’avez point de pain ? Quoi ! vous n’avez encore ni sens, ni intelligence, et votre cœur est toujours dans l’aveuglement ? Aurez- vous toujours des yeux sans voir, et des oreilles sans entendre ? Et avez-vous même perdu la mémoire ? Lorsque je distribuai les cinq pains à cinq mille hommes, combien remportâtes-vous de paniers pleins de morceaux qui étaient restés Douze, lui dirent- ils.

Et lorsque je distribuai les sept pains à quatre mille hommes, combien aviez-vous remportés de corbeilles pleines de morceaux qui étaient restés. Sept, lui dirent- ils. Et comment donc, ajouta- t- il, n’avez-vous point encore d’intelligence ? En d’autres occasions Jésus-Christ avait déjà repris ses disciples de leur peu de foi et de confiance. Mais il ne leur avait jamais fait des reproches si vifs et si durs en apparence, que dans cette rencontre.

La raison que Jésus- Christ leur en donne, est bien remarquable. C’est parce qu’ils avaient déjà éprouvé en deux occasions différentes les effets de sa providence, de sa puissance et de sa bonté paternelle, et qu’ils n’en avaient point profité pour animer et augmenter leur confiance en lui.

Voilà pourquoi Jésus-Christ leur parle comme en colère, et se sert des termes les plus durs et les plus humiliants, pour leur faire sentir plus vivement leur faute. Mais ces reproches de Jésus-Christ ne nous regardent-ils pas encore plus que ses disciples ? Combien de grâces avons- nous reçues de sa bonté ? Avons-nous profité de toutes ses miséricordes pour rendre notre confiance plus vive et plus forte ?

Le peu d’usage que nous avons fait de ses dons, l’oubli de ses miséricordes, l’inapplication à tous ses bienfaits généraux et particuliers, notre peu de soin à nous en servir pour croître en confiance et en amour, ne mériteraient- ils pas que Jésus-Christ entrât en colère contre nous, et nous dit comme à ses disciples : Aurez-vous toujours des yeux sans voir, des oreilles sans entendre ? Avez-vous même perdu la mémoire ? Quoi ! vous n’avez encore ni sens, ni intelligence, et votre cœur est toujours dans l’aveuglement ?

*VI. Pour éviter ce reproche, usons des dons de Dieu, comme il veut que nous en usions ; servons-nous – en pour augmenter notre confiance. C’est ainsi que le Prophète, dans ses divins Cantiques, s’anime lui-même à la confiance, par la vue des miséricordes que Dieu lui avait déjà faites par le passé, et qu’il regarde, presque dans tous ses Psaumes, la délivrance de ses périls et de ses maux passés, comme un titre de confiance en sa bonté pour tous les périls et les maux à venir.

Entrons dans ces sentiments de saint Augustin si conformes aux maximes que nous avons établies. « Je sens une humble joie de ce que Dieu a commencé en moi son ouvrage, et j’attends avec foi et avec confiance qu’il lui plaise de l’achever ; afin de n’être ni ingrat, en ne reconnaissant pas assez ce qu’il m’a déjà donné ; ni incrédule, en n’espérant pas ce qu’il ne m’a pas encore donné. » (Saint Augustin. Ép. 52. ad Macedon.).

Considérons que, selon ce saint Docteur, ce serait en nous un manque de foi et une incrédulité, si nous n’avions pas une humble et ferme confiance que Dieu, qui nous a déjà fait tant de biens, nous donnera encore ce qui nous manque, et achèvera son œuvre en nous.

Demandons à Dieu avec toute l’Église qu’il nous fasse connaître quelle est l’étendue de sa miséricorde, afin que par les dons que nous en avons déjà reçus, nous apprenions à attendre avec une ferme espérance ceux qu’il nous reste à recevoir.

Accordez-nous de comprendre votre miséricorde, afin que, de la perception des dons présents, naisse une ferme attente des dons futurs. (Oraison après la septième prophétie du Samedi-Saint).

P. Gaud

Prière du Jubilé

Père céleste,
En ton fils Jésus-Christ, notre frère,
Tu nous as donné la foi,
Et tu as répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint, la flamme de la charité
Qu’elles réveillent en nous la bienheureuse espérance de l’avènement de ton Royaume.
 
Que ta grâce nous transforme,
Pour que nous puissions faire fructifier les semences de l’Évangile,
Qui feront grandir l’humanité et la création tout entière,
Dans l’attente confiante des cieux nouveaux et de la terre nouvelle,
Lorsque les puissances du mal seront vaincues,
Et ta gloire manifestée pour toujours.
 
Que la grâce du Jubilé,
Qui fait de nous des Pèlerins d’Espérance,
Ravive en nous l’aspiration aux biens célestes
Et répande sur le monde entier la joie et la paix
De notre Rédempteur.
A toi, Dieu béni dans l’éternité,
La louange et la gloire pour les siècles des siècles.
Amen !

Prières de la Messe du jour

Puisque le Seigneur t’a fait entrer
dans un pays ruisselant de lait et de miel,
que la loi du Seigneur soit toujours dans ta bouche, alléluia. (Ex 13, 5.9)

Le Seigneur est ressuscité d’entre les morts,
comme il l’avait dit:
exultons, soyons dans la joie,
car il règne pour l’éternité, alléluia.

Seigneur Dieu, +
tu fais grandir sans cesse ton Église
en lui donnant de nouveaux enfants; *
accorde leur de te servir
et d’être fidèles par toute leur vie /
au sacrement qu’ils ont reçu dans la foi.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur, +
qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit, /
Dieu, pour les siècles des siècles.

Accueille avec bonté, nous t’en prions, Seigneur,
les présents de ton peuple; *
il a été renouvelé en confessant ton nom
et en recevant le baptême: /
accorde-lui de parvenir au bonheur sans fin.

Ressuscité d’entre les morts, le Christ ne meurt plus;
sur lui la mort n’a plus aucun pouvoir, alléluia. (Rm 6,9)

Que la grâce du mystère pascal,
Seigneur, nous t’en prions,
surabonde en nos cœurs; *
puisque tu nous as mis sur le chemin du salut éternel, /
rends-nous dignes de tes bienfaits.
Par le Christ, notre Seigneur.