le Mois de janvier, LE MOIS DU SAINT NOM DE JÉSUS
Dans un temps où les Mois DE MARIE et de JOSEPH sont honorés d’un certain nombre de fidèles, le Mois DE JÉSUS, de son SAINT NOM, semble destiné à offrir un nouvel aliment à la piété de celles et de ceux qui font profession d’une dévotion particulière à la sainte famille. C’est notre cas en tant qu’Associés de la Médaille Miraculeuse.
(D’après un texte de Malines 1839)
1.° Le mois de JANVIER est le premier de l’année, et c’est assurément la bien commencer que de se mettre dès les premiers jours sous la protection du Sauveur des hommes.
2. L’Église célèbre dans le cours de ce mois plusieurs mystères, tels que la CIRCONCISION de Notre-Seigneur, son saint Nom, l’adoration des Mages et le Baptême de Jésus-Christ.
3. Ce mois n’est pas éloigné du carême, et on peut le faire servir de préparation à ce saint temps. Enfin c’est une époque à laquelle les fidèles servantes et serviteurs de Dieu ne sauraient trop multiplier leurs prières et leurs bonnes œuvres pour compenser les outrages que Jésus-Christ éprouve de la part de ceux qui passent ordinairement les jours de ce mois dans le désordre et la dissolution.
Daigne le Dieu de toute miséricorde continuer de nous bénir et de nous accorder la consolation de voir s’augmenter le nombre des disciples de Jésus-Christ, dans ces temps malheureux ! Alors les âmes fidèles pourront former entre elles une sainte alliance qui aura pour but de stimuler l’abondance de leurs mérites et la ferveur de leurs prières.
PRIÈRE
Pour obtenir de Jésus la grâce de passer saintement le mois qu’on lui aura consacré:
O adorable Jésus! prosterné aujourd’hui devant vous, je reconnais humblement que je ne suis capable par moi-même d’aucune œuvre méritoire pour mon salut, et que je ne puis même prononcer votre saint Nom sans l’assistance de l’Esprit de lumière : mais, aidé de votre grâce puissante, il n’est aucune vertu dont la pratique me soit impossible, aucun obstacle que je ne sois capable de surmonter : Je puis tout en celui qui me fortifie.
C’est pourquoi, plein de confiance en votre miséricorde, je viens implorer le secours de cette grâce merveilleuse, et solliciter les forces qui me sont nécessaires pour résister aux attaques du démon, et conserver le précieux trésor de votre amour pendant le mois dans lequel je vais entrer.
Aidez-moi durant ces saints jours à méditer les mystères de votre vie et de votre mort. Que je sois uniquement occupé de votre charité sans bornes, de votre pauvreté, de votre douceur, de votre humilité, et que je m’applique par-dessus tout à conformer ma vie à la vôtre.
Que je sois fidèle aux résolutions que votre grâce m’inspirera, et que je m’éloigne soigneusement de toutes les occasions qui pourraient me faire perdre les sentiments de dévotion et de piété que j’aurai puisés dans la méditation de tout ce que vous avez fait pour moi.
Que les années de ma vie ne s’écoulent pas dans l’indifférence pour mon salut, dans l’oubli de vos préceptes et la recherche d’un bonheur imaginaire : que je comprenne enfin, ô mon Dieu ! qu’il n’y a sur la terre de félicité solide que pour celui qui s’attache à vous servir, et que le cœur de l’homme sera dans une perpétuelle agitation, jusqu’à ce qu’il se repose en vous.
Daignez parler à mon âme, et que la douceur de votre voix qui a ramené tant de pécheurs endurcis, me détermine enfin à demeurer étroitement uni à vous jusqu’au dernier jour de ma vie. Ainsi soit-il.
ORAISON JACULATOIRE
qu’on pourra réciter au commencement ou à la fin de chaque méditation.
PAR les mérites que vous m’avez acquis en prenant un corps semblable au mien, ô très-aimable Jésus ! faites que j’obtienne la grâce d’une sincère contrition et le don de la persévérance finale.
ÉTRENNES A JÉSUS
Jésus, je vous offre pour étrennes ce que je possède ; je vous consacre mon corps, mon âme, mes parents, mes amis et mes bienfaiteurs ; mon esprit avec toutes ses pensées, mon cœur avec toutes ses affections. Je dépose à vos pieds toutes mes larmes, tous mes soupirs, toutes mes résolutions de bonté, de bienveillance envers mon prochain.
Aimable et doux Jésus, acceptez cette offrande que la plus pure des vierges, Marie, ma Mère bien-aimée, vous fait avec moi.
En souvenir de vos souffrances, de votre dénuement dans l’étable, j’emploierai une partie des dons du nouvel an à adoucir la misère des pauvres ; unissant mon offrande à votre sacrifice, daignez la présenter à la très-sainte Trinité, comme hommage de mon adoration pendant tous les jours de ma vie, la priant de répandre sur tous ceux qui me sont chers et sur moi-même la plénitude de vos grâces pendant tous les jours de cette année.
PREMIER JOUR : INCARNATION DE NOTRE-SEIGNEUR.
(On fera bien, avant de commencer cette Méditation, de réciter les Litanies du saint Nom de Jésus)
Et Verbum caro factum est.
Et le Verbe s’est fait chair. Jn 1.
Ier POINT.
LE premier homme n’eut pas plus tôt transgressé les ordres de son Créateur, qu’il recueillit les fruits amers de sa désobéissance.
Banni du jardin de délices qui lui avait été donné en partage, il se vit errant sur une terre ingrate et solitaire, privé de la contemplation des ineffables beautés qui avaient enchanté les premiers moments de sa création, et ne conservant de son bonheur primitif qu’un souvenir désespérant qui semait d’amertume les jours de son exil.
L’affliction et la douleur qui lui étaient inconnues lorsqu’il vivait sous l’heureux empire de l’innocence, s’attachèrent à lui pour ne le plus quitter; et les horreurs de la mort qu’il devait subir un jour, commencèrent à se dévoiler autour de lui.
Ces funestes effets d’une désobéissance aux ordres de Dieu, ne se bornèrent pas à causer le malheur du premier homme : ils s’étendirent dans la suite sur tout le genre humain, dont il était le père, et cette ré¬volte fatale, semblable à une sève empoisonnée, gagnant toutes les branches du grand arbre de la création, altéra dans chacune d’elles tous les germes de la vie.
Quelle ressource restait alors au genre humain dégradé, pouvait-il espérer une réconciliation avec le Ciel? Tout paraissait perdu pour lui, et le prince des ténèbres s’applaudissait déjà de son funeste triomphe. Mais le Verbe de Dieu, par le¬quel toutes choses ont été faites, et dans qui réside la plénitude de la vie, avait arrêté, de toute éternité, le grand ouvrage de notre rédemption : il s’était offert, avant tous les siècles, à son Père comme une victime d’expiation pour les péchés des hommes.
O quel touchant spectacle pour les intelligences célestes, lorsque le Fils de Dieu renouvela, après la chute de l’homme, cette offrande de lui-même qu’il avait faite à son Père de toute éternité! S’il était permis de se représenter sous des formes humaines, la scène attendrissante qui se passa dans le Ciel en cette occasion, quels prodiges d’amour n’aurions-nous pas à admirer de la part de Jésus-Christ!
Tandis que l’éternelle Justice s’apprête à frapper le genre humain d’une réprobation universelle, nous ver¬rions ce Fils adorable quitter la droite de son Père, et se prosternant à ses pieds, lui dire:
« ô mon Père ! il est vrai, les hommes sont bien coupables : votre majesté outragée infiniment a besoin d’une prompte et éclatante réparation; mais votre justice ne peut-elle se satisfaire qu’en prononçant une sentence de mort sur la créature que vous avez formée à votre image? Les trésors de votre miséricorde n’offriraient-ils à tant de mal¬heureuses victimes aucune ressource pour échapper aux redoutables effets de votre vengeance ?
Ah ! si les enfants des hommes ne sont plus à vos yeux qu’une race de prévaricateurs et d’ingrats ; si la fumée de leur encens et l’oblation de leurs victimes sont en abomination devant vous ; voyez, ô mon Père ! voyez ce Fils qui participe, de toute éternité, à vos divins attributs : il est prêt à se revêtir des caractères de l’humanité, et à s’offrir en holocauste pour le salut de votre créature infidèle. Qu’il devienne dès ce moment l’objet de vos malédictions : punissez en sa personne toutes les iniquités du monde : mais épargnez l’homme : Hébr. 10. Ps. 39.
0 mon âme ! as-tu jamais sérieusement médité sur la grandeur et l’excellence de ce mystère ? pour expier tes fautes, pour te sauver de la mort, le Fils de Dieu, égal en tout à son Père, interrompt en quel¬que sorte l’éternel repos de sa divinité : il abandonne le séjour de sa gloire, et s’anéantit pour te relever !…
Combien il faut que ton salut lui soit cher ! ne semble-t-il pas que son bonheur resterait imparfait, s’il ne pouvait réussir à te réconcilier avec son Père ? Ah ! si la désobéissance du premier homme a été pour toi la source de tant de misères, n’est-tu pas tentée de t’écrier ici avec un célèbre docteur : ô heureuse faute qui a mérité d’avoir un si auguste Rédempteur!
IIe POINT.
Mais si le mystère de l’Incarnation a été si admirable dans sa préparation, il ne l’est pas moins dans son accomplissement. Sans doute il était libre au Verbe de s’unir à telle nature qu’il eût voulu : mais il choisit la nature humaine, dit saint Léon, parce qu’il fallait que le démon fût vaincu dans cette nature que lui-même avait vaincue.
Le temps prédit par les prophéties étant arrivé, une des intelligences qui composent la milice céleste, fut choisie pour porter sur la terre la nouvelle des grandes miséricordes qui allaient s’opérer, et reçut l’ordre de se rendre auprès de celle que Dieu avait prédestinée de toute éternité pour être la mère de son Fils. Chargé de cette glorieuse mission, l’auguste ambassadeur quitte le séjour de la béatitude, et descend sur la terre.
De quel côté tournera-t-il ses pas? va-t-il se diriger vers cette cité orgueilleuse qui s’arroge le titre de capitale du monde, et chercher dans le palais des Césars la créature privilégiée qui doit porter dans son sein la fortune du Ciel et le salut de la terre ? Ah ! que les desseins de Dieu sont sublimes et impénétrables ! qu’elle est admirable, cette puissance qui se sert des instruments les plus fragiles pour opérer de si grandes merveilles!
C’est vers un humble bourg de la Galilée, vers un village à peine connu dans la province dont il faisait partie, que l’envoyé du Ciel a reçu l’ordre de diriger son vol: c’est là qu’une Vierge, dérobée au monde, mène, dès sa plus tendre enfance, une vie angélique et solitaire.
La faveur incomparable que le Ciel lui accorde, n’excitera pas l’admiration et les applaudissements de ses concitoyens ; personne ne publiera cette glorieuse nouvelle, et l’heureuse créature qui vient d’être initiée aux mystères célestes, ne montrera pas le moindre empressement à se faire connaître pour la mère d’un Dieu. N’importe; elle est humble et chaste, voilà ce que Jésus-Christ chérit le plus en elle.
O mon âme ! quelles leçons pour toi dans l’exécution de cet auguste mystère ! Le Verbe éternel descend du trône qu’il occupe dans le Ciel à la droite de son Père ; il vient parmi les hommes : et s’enferme pendant neuf mois dans le sein d’une Vierge.
Puis-je bien assurer que je crois fermement à un tel acte d’humilité de la part de mon Dieu, et vivre comme je le fais, moi qui crains tant de passer dans le monde pour être d’une condition inférieure à celle où la Providence m’a placé; moi qui me livre au dépit et à l’impatience lorsque je me vois assimilé à des personnes auxquelles je me crois supérieur ; moi qui suis si plein de joie lorsque je m’aperçois que mes talents ou mes bonnes œuvres sont connues et publiées ; moi qui savoure avec tant de plaisir les louanges qu’on m’adresse sur des qualités que souvent je ne possède pas? Oh! que je suis éloigné de la ressemblance que je dois avoir avec mon divin modèle.
PRIÈRE
Oui, Jésus! je le confesse aujourd’hui, à ma honte et à ma confusion :
j’ai été jusqu’à ce moment un indifférent et un ingrat ; j’ai été un indifférent, puisque j’ai négligé de m’occuper des mystères adorables qui m’ont valu d’être arraché aux ténèbres et à l’empire de la mort ; j’ai été un ingrat, puisque j’ai abusé de vos mérites et de cette charité incompréhensible qui vous a déterminé à prendre un corps semblable au mien.
Que serais-je devenu, si vous n’aviez daigné vous intéresser en ma faveur auprès de votre Père ? Objet des malédictions divines, victime dévouée à la mort, j’étais privé pour toujours du bonheur de vous aimer, et exclus de la possession de votre gloire. Soyez béni et remercié à jamais, ô mon Rédempteur qui avez fermé l’abîme sous mes pas. Que tous les hommes comprennent enfin que c’est à vous qu’ils sont redevables de leur salut.
RÉSOLUTIONS
1.° Je méditerai souvent sur la grandeur de l’amour que Jésus-Christ m’a témoigné en s’offrant à ma place pour satisfaire à la justice de son Père. J’accepterai avec joie toutes les occasions de satisfaire pour mes péchés, et je ferai à Dieu le sacrifice des répugnances que je pourrai éprouver à exercer certaines œuvres de piété.
2.° Je m’étudierai particulièrement à acquérir l’humilité, puisque c’est cette vertu qui me donnera le plus de conformité avec Jésus-Christ, et qu’elle est appelée par les saints Pères le trésor assuré de toutes les vertus.
D’après un texte de Malines 1839