LE MOIS DU SAINT NOM DE JÉSUS – XIIe JOUR.
SUITE DES PRÉDICATIONS DE JÉSUS-CHRIST.
Et circuibatJesus omnes civitates et castella, docens in syuagogis, et predicans Evangelium.
Jésus parcourait les villes et les villages, enseignant dans les synagogues et prêchant l’Évangile. Matthieu 9.
D’après le mois de Jésus – Malines 1839
ler Point.
Quoique le Fils de Dieu enseignât, dans toutes ses prédications, une doctrine qui ne se trouvait point en harmonie avec les penchants corrompus de la nature de l’homme, il ne cessait d’être accompagné d’une multitude de peuple qui se montrait avide de recueillir toutes les paroles qui sortaient de sa bouche.
Parmi cette foule d’auditeurs, on en voyait de temps en temps qui, ébranlés par l’excellence de la morale qu’il annonçait, venaient se ranger au nombre de ses disciples ; mais on en voyait aussi beaucoup qui, tout en admirant la sagesse de ses oracles, endurcissaient leurs cœurs, et continuaient de rester dans les ténèbres.
C’est ce qui donna lieu à Jésus de proposer au peuple qui le suivait cette belle parabole, où il compare la parole de Dieu au grain qu’un homme s’en va semer en différents endroits. De tous les lieux où il répand cette semence, il ne s’en trouve qu’un seul où elle fructifie, parce qu’elle y a rencontré de la bonne terre.
C’est ainsi, ajoute-t-il, qu’après avoir répandu le grain de la parole de Dieu dans les cœurs , il s’en trouve enfin quelques-uns qui la conservent avec fidélité, et lui font porter des fruits abondants.
0 mon âme ! tu l’as reçue bien souvent cette semence sacrée de la parole évangélique ; n’as-tu point de reproches à te faire à ce sujet ? ne l’as-tu pas presque toujours écoutée avec indifférence comme s’il s’agissait de choses qui te fussent étrangères, ou par un motif de curiosité, sans avoir l’intention d’y conformer ta conduite ?
Ou si tu l’as reçue quelquefois, si elle t’a inspiré de salutaires résolutions, ne t’es-tu point livrée immédiatement après à une dissipation excessive qui t’en a fait perdre tout le fruit, as-tu résisté courageusement aux attaques du démon, lorsqu’il s’est présenté pour l’enlever cette précieuse semence avant qu’elle eût jeté de profondes racines ?
Enfin ne l’as-tu point laissé étouffer en toi par l’avarice, l’amour des plaisirs, et toutes les autres passions qui sont autant d’épines qu’il fallait arracher pour que le grain de cette divine parole pût fructifier ? O mon âme ! malheur à toi si tu profanes ainsi les dons de Dieu !
C’est Jésus même qui te l’annonce, en prononçant les plus terribles malédictions sur les villes où sa parole avait été méconnue : Malheur à toi, Corozaïn, s’écriait-il, malheur à toi, Bethsaïde ! parce que si les choses qui ont été faites parmi vous, avaient été faites dans Tyr et dans Sidon, ( qui étaient deux villes païennes ) elles auraient fait pénitence avec le cilice et la cendre.
Ne pourrions-nous pas dire aujourd’hui avec trop de raison, que si les faveurs que le Ciel nous accorde étaient portées à d’autres peuples, ils en profiteraient bien mieux que nous ?
La parole de Dieu est annoncée dans nos villes et dans nos campagnes ; partout sont dressées des chaires évangéliques qui ne cessent, en quelque sorte, de retentir des oracles célestes ; nous voit-on bien empressés à participer à la distribution de ce pain spirituel ? peut – on reconnaître en nous des chrétiens nourris des vérités du salut ?
Ah ! si tant de contrées où les ténèbres de l’idolâtrie subsistent encore, avaient le bonheur de jouir des mêmes privilèges que nous, quelle abondante moisson s’offrirait à recueillir aussitôt qu’on y aurait répandu la semence de la parole évangélique ! du moins n’est-ce pas là ce que nous portent à croire tant d’exemples admirables qui nous sont rapportés tous les jours ?
A peine nos nouveaux apôtres de la foi sont-ils arrivés sur ces rivages lointains que tout prend une face nouvelle : l’étendard de la croix s’élève triomphant au milieu des déserts : des peuplades entières viennent pour recevoir les eaux de la régénération, et protester de leur foi à ce qu’on leur annonce.
S’ils n’ont point de ces édifices somptueux où nous nous réunissons pour écouter les oracles évangéliques, ils ont des cœurs dans lesquels cette divine semence fructifie abondamment; et l’ombrage du palmier sous lequel ils se rassemblent pour écouter la parole de vie, se transforme en un temple consacré au Seigneur, où tout retrace l’image de la foi la plus parfaite et de la piété la plus tendre.
En les éclairant sur leurs devoirs, la religion les réunit sous le sceptre bienfaisant de la charité, sa compagne inséparable; et du sein de ces pays sortent souvent des fidèles dont le zèle et la ferveur rappellent les premiers siècles du christianisme.
O mon âme! si ces exemples sont pour nous un sujet de confusion, ne doivent-ils pas aussi nous entretenir dans la crainte et le tremblement ?
Qui nous dit qu’après avoir fait des dons de Dieu le sujet de tant de profanations, nous ne lasserons pas enfin le Ciel par notre ingratitude et notre endurcissement ? qui nous assure que les faveurs qu’il nous prodigue ne nous seront pas retirées pour être portées à des nations plus dociles et plus reconnaissantes?
lle Point.
Jésus employait souvent dans ses discours la forme de paraboles, soit pour exercer l’attention de ses auditeurs, soit pour punir l’obstination et l’aveuglement de quelques-uns d’entre eux qu’il regardait comme indignes de comprendre les grandes vérités qu’il annonçait.
Le but de ses prédications étant rétablissement de cette religion à laquelle nous avons le bonheur d’appartenir, on peut les rapporter toutes au grand précepte de l’amour de Dieu, d’où découlent évidemment l’amour du prochain et l’amour de nous-mêmes, c’est-à-dire, l’accomplissement des devoirs que nous avons à remplir envers le prochain et envers nous-mêmes.
C’est là ce que le Fils de Dieu nous a donné constamment à entendre, et il ne fit pas d’autre réponse à un docteur de la loi qui était venu lui demander ce qu’il fallait faire pour avoir la vie éternelle.
Vous savez, lui dit-il, ce qui est écrit dans la loi : Vous aimerez le Seigneur votre Dieu de tout votre cœur, de toute votre âme. et de toutes vos forces, et voici le second commandement qui est semblable à celui-ci : Vous aimerez votre prochain comme vous-même ; toute la loi et les prophètes sont compris dans ces deux commandements.
Il est donc bien vrai, ô mon âme ! que la religion de Jésus est une religion d’amour. O bonté ineffable ! ô sagesse incompréhensible qui a placé l’assemblage de tous nos devoirs dans le sentiment qui nous est le plus naturel !
En effet, le cœur de l’homme éprouve continuellement le besoin d’aimer : on le voit sans cesse cherchant un point vers lequel il puisse diriger ses affections ; et c’est lorsqu’il se méprend sur ce point, c’est lorsqu’il prostitue son amour à des objets incapables de le mériter, qu’il tombe dans l’aveuglement, et qu’il s’égare par des voies arides et désolées.
« Les hommes aiment diverses choses, dit saint Augustin, et quand nous voyons quelqu’un jouir de ce qu’il aime, nous le croyons heureux : cependant le vrai bonheur consiste, non pas à jouir de ce qu’on aime, mais à aimer ce qu’il faut aimer. Plusieurs sont plus misérables en possédant les objets de leur amour qu’en ne les possédant pas : ils sont misérables par l’amour des choses mauvaises, et ils le sont encore plus par la jouissance de ces mêmes choses» ( in Ps.26). »
Si donc nous voulons combler le vide immense que laisse dans notre cœur l’amour des objets terrestres, aimons Dieu sans partage, car il est le seul être qui renferme en lui-même toutes les perfections et toutes les amabilités. Aimons-le d’un amour ardent et sincère, et nous accomplirons toute la loi, parce qu’en l’aimant nous vivrons dans la crainte de lui déplaire.
Mais indépendamment du bonheur et des consolations que la religion procure à ceux qui s’attachent à la pratique de ses préceptes, elle est encore sur la terre la première garantie et le plus ferme appui des institutions sociales.
C’est elle qui établit et entretient parmi les hommes cette harmonie touchante et admirable qui constitue l’ordre ; en sorte que toute société n’est heureuse qu’à proportion de l’influence qu’exerce sur elle cette religion divine et bienfaisante.
C’est elle qui dit aux rois et aux princes de la terre : vous n’êtes élevés au-dessus du reste des hommes que pour protéger et étendre parmi eux le triomphe de la vertu : en attirant sur vous les regards de la multitude, vous devez l’édifier par vos exemples, et vous souvenir sans cesse que vous aurez à rendre compte de votre conduite à un roi devant lequel tous les monarques du monde ne sont que poussière.
C’est elle encore qui dit aux peuples : soyez soumis aux puissances que le Ciel a établies pour vous gouverner : regardez-les comme les représentants de Dieu sur la terre, et gardez-vous de rien entreprendre contre leur autorité, car ce n’est pas en vain quelles portent le glaive.
Enfin c’est la religion de Jésus-Christ qui dit à tous les hommes: Aimez-vous les uns les autres comme des frères : soyez toujours disposés à vous rendre réciproquement service : pardonnez de bon cœur toutes les offenses, tous les torts qu’on pourra vous faire, et vengez-vous du mal en faisant le bien.
La voilà, cette religion divine que l’impiété moderne se plaît tant à décrier. Que leur a-t-elle donc fait, à ces indignes blasphémateurs ?
Elle proclame le pardon, dans le même moment où ces malheureux la traitent d’intolérante ; elle répond à leurs imprécations par des paroles de douceur et de bonté ; elle multiplie ses bienfaits sur eux à mesure qu’ils multiplient leurs outrages ; et si elle les voit revenir à elle, elle est toujours prête à les accueillir.
O religion de Jésus ! qu’ils sont aveugles et dignes de pitié ceux qui vous méconnaissent! et qu’elle serait heureuse la contrée dont tous les habitants seraient dévoués à l’observance de vos préceptes !
PRIÈRE.
Soyez béni et remercié à jamais, ô Jésus ! pour le don précieux que vous nous avez fait en nous éclairant des lumières de cette religion que vous êtes venu apporter sur la terre! daignez maintenir parmi nous ce flambeau sacré dans tout son éclat, quoique nous nous soyons rendus si souvent indigne de cette faveur par l’indifférence et l’ingratitude dont nous l’avons payée.
Malheureux que nous sommes ! comment ne tremblerions-nous pas en voyant aujourd’hui plongées dans l’ignorance et la barbarie les contrées qui furent autrefois les premières à recueillir vos divins oracles ? Ne peut-il pas arriver pour nous un jour où toutes vos faveurs nous seront retirées pour être portées chez d’autres peuples ? Jour fatal ! vous n’êtes peut-être pas éloigné.
O mon Dieu ! écartez de nous ce malheur ; épargnez la multitude des méchants qui vous méconnaissent, en considération du petit nombre de justes dont la pureté n’a rien souffert de la corruption ; et faites que cette belle France qui a produit tant de martyrs et de zélés confesseurs de votre nom, soit encore la France de saint Louis, le royaume très-chrétien.
résolutions.
1,° Je n’écouterai jamais la Parole de Dieu qu’avec respect et attention; je me persuaderai que c’est Jésus lui-même qui m’annonce ses divins oracles, et je ferai en sorte que cette précieuse semence produise dans mon cœur les fruits les plus abondants.
2.° Je demanderai souvent à Dieu qu’il daigne étendre et propager le bienfait de la vraie religion ; je prierai pour la conversion des pécheurs, la persévérance des justes, et le retour de beaucoup à la véritable foi.