Le Pape exhorte à diffuser le parfum de paix et de justice de l’Évangile
Lors de la rencontre ce mardi matin en la cathédrale de Dili avec les évêques, les prêtres, les séminaristes, les religieux, les personnes consacrées et les catéchistes, le Pape François les a encouragés à être le parfum de Jésus. Il les a aussi mis en garde contre la tentation de l’orgueil et de l’argent, invitant à prendre soin du peuple.
C’est «au bout du monde» que se trouve le «centre de l’Évangile»: c’est par ce «paradoxe» que le Pape François, reprenant les mots du président de la conférence épiscopale est-timoraise, Mgr Amaral, souligne combien le Timor oriental est cher à son cœur. «Dans le cœur du Christ – nous le savons – les périphéries sont le centre».
Mais c’est à partir d’un épisode dans l’Évangile de Jean, celui de la visite de Jésus chez ses amis Lazare, Marie et Marthe, que le Pape tisse son discours aux trois évêques du pays, aux prêtres, aux séminaristes, aux religieux et religieuses, aux personnes consacrées et aux catéchistes. Marie oint les pieds de Jésus d’un parfum. Et c’est ce parfum, celui du Christ lui-même, que nous sommes appelés à garder et à répandre.
«Vous êtes le parfum du Christ», «nous avons été oints d’une huile d’allégresse», ce qui fait dire à saint Paul que «nous sommes pour Dieu la bonne odeur du Christ». «Comme un arbre de santal, toujours vert, fort, croissant et portant des fruits, vous êtes aussi des disciples missionnaires parfumés par l’Esprit Saint pour imprégner la vie de votre peuple».
Combattre la médiocrité et la mondanité
Ce parfum, il faut le garder «avec soin», précise le Pape, pour qu’il ne se fane pas et qu’il ne perde pas son odeur. Autrement dit, nous devons nous rappeler que «le parfum n’est pas pour nous-mêmes mais pour oindre les pieds du Christ, en annonçant l’Évangile et en servant les pauvres», et ne pas oublier d’être vigilant «car la médiocrité et la tiédeur spirituelle sont toujours à l’affût».
Le Pape François cite alors le cardinal De Lubac qui disait que «le pire qui peut arriver aux femmes et aux hommes d’Église est de tomber dans la mondanité, dans la mondanité spirituelle».
Le Pape dans la cathédrale de Dili
Invitant à regarder «avec gratitude» l’histoire qui nous a précédée, le Saint-Père préconise d’«attiser la flamme de la foi», en murissant dans la formation spirituelle, catéchétique et théologique, afin d’annoncer l’Évangile dans sa culture, et de la «purifier des formes archaïques et parfois superstitieuses».
«La prédication de la foi doit s’inculturer dans votre culture et votre culture doit être évangélisée. Cela vaut pour tous les peuples, pas seulement le vôtre. Si une Église est incapable d’inculturer la foi, incapable d’exprimer la foi dans les valeurs propres de cette terre, elle sera une Église éthicienne et sans fécondité».
Renouveler l’élan missionnaire
Gardien de ce parfum, il faut maintenant le répandre. Dans ce second point, le Pape cite cette fois l’Évangile de Marc qui précise que Marie brise le vase d’onguent en voulant oindre les pieds de Jésus. Nous aussi nous devons trouver le courage de «casser» le vase, de «briser la carapace qui nous enferme souvent sur nous-mêmes et de sortir d’une religiosité paresseuse, confortable, vécue uniquement pour un besoin personnel».
L’Église du Timor oriental a besoin «d’un nouvel élan dans l’évangélisation» pour que le parfum de l’Évangile soit celui de la «réconciliation et de paix après les années de souffrance de la guerre», soit un parfum «de compassion qui aidera les pauvres à se remettre sur pied et qui suscitera l’engagement de relever le niveau économique et social du pays», un parfum «de justice contre la corruption» qui peut entrer «dans nos communautés, dans nos paroisses».
Troisième mise en garde du Pape qui poursuit sa description du parfum de l’Évangile, qui «doit être répandu contre tout ce qui humilie, défigure et même détruit la vie humaine, contre ces fléaux qui produisent le vide intérieur et la souffrance, tels que l’alcoolisme, la violence et le manque de respect pour les femmes».
Le Pape interpelle alors directement les religieuses présentes qui doivent adresser le message que «les femmes sont ce qui est de plus important dans l’Église parce qu’elles prennent soin de ceux qui en ont le plus besoin». «Soyez les mères du peuple de Dieu».
Le ministère est un service
Les prêtres ne sont pas épargnés. «Vous venez du peuple, vous êtes nés de mères issues du peuple, vous avez grandi au sein du peuple, n’oubliez pas la culture du peuple que vous avez reçue. Vous n’êtes pas supérieurs. Cela ne doit pas vous faire sentir supérieurs aux gens, vous faire tomber dans la tentation de l’orgueil et du pouvoir».
«Le ministère est un service». «Et si certains d’entre vous ne se sentent pas serviteur du peuple, allez demander conseil à un prêtre sage pour qu’il vous aide à avoir cette dimension si importante». Ce sont les plus pauvres les plus favorisés et «jamais le prêtre ne doit profiter de son rôle, il doit toujours bénir, consoler, être un ministre de compassion et un signe de la miséricorde de Dieu».
Pour adoucir son message, à l’issue de son discours, François remercie les prêtres et les religieuses les plus âgés, nos modèles, conclut-il.