MOIS DU ROSAIRE – jour 20 –Devoirs des confrères et consœurs du Rosaire
Si nous avons, dit Saint Bernard, quelque espérance de salut et si nous cherchons à tout faire pour être du nombre des élus, toute notre confiance est en Marie, toute notre ressource est dans ses mérites et dans sa tendresse pour nous, qui surpasse celle de tous les Saints.
Mais, pour mériter sa protection spéciale, les confrères et consœurs du Rosaire doivent avoir une dévotion éclairée, une dévotion pleine de bonnes œuvres; ils doivent remplir tous les devoirs de leur état et être fidèles aux devoirs ou prescriptions de la confrérie.
En un mot, honorer Marie par le soin continuel d’augmenter toujours le trésor de leurs vertus pour lui en faire hommage: c’est à ce seul titre que Marie, ainsi honorée, viendra au jour de leur agonie et de leur mort, calmer leurs inquiétudes, écarter les embûches du démon, leur prodiguer tous les soins d’une tendre mère, et leur ouvrir les cieux.
Dans toutes les Confréries ou équipes, les membres qui en font partie ont des devoirs à remplir, et il leur importe de les connaître, afin de s’y conformer. Ces devoirs sont ou généraux, ou particuliers; nous allons développer les uns et les autres. Pour entrer dans le véritable esprit des confréries et par conséquent de celle du rosaire, il ne faut jamais oublier qu’il y a des devoirs essentiels, communs à tous les chrétiens et qui doivent, en tout temps, l’emporter toujours sur les devoirs de surérogation.
L’Église, aussi sage et prudente qu’elle est magnifique dans la dispensation de ses bienfaits, ouvre des trésors aux serviteurs de Marie; mais elle veut que, pour pouvoir y puiser, ils soient d’abord les serviteurs de Dieu, les enfants de son Église et les imitateurs de Marie, comme elle est elle-même l’imitatrice de Jésus-Christ. Marie nous dit à tous: « Soyez mes imitateurs, comme je l’ai été de Jésus-Christ ».
Il faut donc remplir tous les devoirs du christianisme, c’est-à-dire: 1° Être fidèle à la Loi de Dieu et aux commandements de son Église. 2° Être exact à remplir tous les devoirs de sa condition, de son état ou de sa profession. 3° S’adonner à la pratique des vertus et des bonnes œuvres.
Quelle fausse dévotion ne serait-ce pas, si l’on prétendait pouvoir se prévaloir de son affiliation à la confrérie du rosaire, pour former dans son cœur la monstrueuse alliance de J.-C. et de Bélial, en laissant régner le péché dans les membres de Jésus-Christ, qui sont devenus le temple du Saint-Esprit !
Ce serait imiter cet empereur romain qui était assez insensé pour honorer tour à tour ses idoles et l’image de Jésus-Christ qu’il conservait dans son palais. Combien néanmoins ne voyons-nous pas de ces faux dévots ? Les uns sont superstitieux et ignorants: ils se croiraient perdus s’ils passaient un seul jour sans dire une partie du rosaire, et ils ne se font aucun scrupule de passer des mois entiers dans le dérèglement, dans les fêtes mondaines, etc.
Les autres, superficiels, sont rigides observateurs des usages et des règles de la confrérie, et ils risquent de négliger les devoirs essentiels du christianisme. N’est-ce pas se faire illusion? et les paroles suivantes de l’apôtre Saint Jacques ne s’appliquent elles point : « Si quelqu’un d’entre vous croit être vraiment chrétien et religieux, en s’abusant ainsi lui-même; il se trompe étrangement, et sa religion est vaine et chimérique ».
Quant aux devoirs particuliers des confrères, les uns sont d’obligation, les autres de conseil seulement; mais ni les uns ni les autres n’obligent sous peine de péché : ceux qui remplissent ces devoirs, sont participants des grâces, faveurs et indulgence y relatives, et des mérites des bonnes œuvres de l’ordre ou de la confrérie; ceux qui sont négligents à les remplir, se privent seulement des avantages particuliers attachés aux devoirs qu’ils ont omis.
Les devoirs particuliers d’obligation pour les confrères du Rosaire, sont ceux qu’il faut remplir nécessairement pour être membre de la confrérie et pour jouir de ses privilèges, c’est-à-dire: 1° être inséré dans l’équipe ou la confrérie; 2° avoir un rosaire ou chapelet béni; 3° réciter le rosaire en entier une fois dans la semaine; 4° méditer sur chaque dizaine le mystère correspondant; 5° s’approcher des Sacrements, aux jours de l’indulgence plénière de la confrérie.
Quiconque veut devenir membre d’une confrérie du Rosaire, se fait inscrire dans la Confrérie établie dans sa paroisse, ou dans celte qu’il préfère ou affectionne le plus, quelque part qu’elle soit; la plupart des confrères préfèrent celle qui se trouve dans le lieu de leur résidence, et quelques-uns se font quelquefois inscrire dans plusieurs confréries, pour l’édification commune des personnes qui en font partie.
Aucun des confrères ne doit omettre la récitation hebdomadaire du Rosaire. Dans le temps de la primitive institution de la Confrérie du Rosaire, on était obligé de réciter le Rosaire en entier, tous les jours; on a ensuite substitué en 1584, à la récitation quotidienne la récitation hebdomadaire:
il en résulte qu’il suffit aujourd’hui de réciter le rosaire en entier, une seule fois dans la semaine, et qu’on peut le partager en plusieurs parties. En France l’usage prévaut parmi les confrères qui ne récitent pas le chapelet tous les jours, de dire le rosaire en entier, dans l’espace d’une semaine.
On peut réciter le Rosaire en tout temps et en tout lieu, à genoux ou debout, assis ou en marchant, en travaillant même si on se porte bien, et en se reposant si on est malade ou fatigué. Il faut non-seulement réciter le Rosaire de bouche, mais le dire de cœur, et par conséquent méditer et considérer tour à tour et par ordre, les vingt Mystères du Rosaire, non, d’une manière approfondie, mais de sorte qu’on puisse les avoir présents à son esprit, les goûter même et en retirer du fruit.
On peut s’en pénétrer par une suite de réflexions, ou mieux encore par une série d’élévations à Jésus et à Marie, sorte de méditations ou de raisonnement qui se confond avec la prière, tandis que l’onction divine s’insinue avec le sentiment au fond du cœur.
Nous donnerons une sorte de modèle de ce genre d’élévations après avoir traité de la nécessité de la méditation ou oraison mentale, afin d’en faciliter la méthode et la pratique; chacun est libre de s’y conformer, ou d’en adopter d’autres; mais il faut nécessairement méditer sur chaque mystère, d’une manière quelconque, pour s’acquitter de cette obligation et obtenir l’indulgence.
Les malades et autres personnes, pareillement incapables d’application ou de réflexions suivies, en sont seuls dispensés. Quant à la fréquentation des Sacrements, c’est le directeur de sa conscience que chaque confrère doit consulter afin de suivre ses conseils; mais aucun ne peut gagner l’indulgence plénière s’il ne s’approche pas du Sacrement de Réconciliation et de l’eucharistie.
Résolution
Si nous sommes dans une confrérie du Rosaire ou si nous sommes décidés à en faire partie, soyons bien résolus d’en remplir les devoirs; car, bien qu’on n’y soit nullement obligé sous peine de péché, on conçoit que ce n’est guère raisonnable d’être ou d’entrer dans une association sans vouloir remplir aucune des prescriptions de ses statuts.
Prière
Vierge sainte et puissante, obtenez à tous les confrères et consœurs du Rosaire, et à tous les fidèles qui pratiquent cette dévotion, la grâce d’être exacts à remplir les devoirs que l’Église a prescrits pour pouvoir avoir part aux faveurs spirituelles dont elle a comblé cette salutaire institution.
Ne permettez pas qu’ils soient négligents à s’en acquitter ni qu’ils s’en acquittent mal; faites au contraire, par Votre puissante intercession, qu’ils se distinguent par leur ferveur et par leur exactitude à réciter le Rosaire et à s’approcher des Saints Sacrements les jours d’indulgence plénière. Ainsi soit-il.
D’après le manuel de Liège 1847
TOURNONS-NOUS VERS LA MÈRE!
Tous ensemble, tournons-nous avec grande affection vers la Mère de Dieu, en répétant les paroles de l’Ange Gabriel:
« Je vous salue, ô pleine de grâce, le Seigneur est avec vous » et « vous êtes bénie entre toutes les femmes ».
Et du cœur de la liturgie d’aujourd’hui, écoutons « la réponse de Marie »:
« Mon âme exalte le Seigneur, et mon esprit tressaille de joie en Dieu mon Sauveur, parce qu’il a jeté les yeux sur son humble servante. Oui, désormais toutes les nations me diront bienheureuse… »
Saint Jean-Paul II – Osservatore Romano du 11-10-1983