SAINT VINCENT DE LÉRINS

SAINT VINCENT DE LÉRINS. +445

Saint Vincent de Lérins
Saint Vincent de Lérins

Frère germain de Saint Loup, évêque de Troyes, Vincent de Lérins naquit à Toul. Il embrassa d’abord le métier des armes ; mais ses écrits prouvent qu’il avait fait de sérieuses études. Touché de la grâce, et peut être entraîné par l’exemple de son vertueux frère, il alla s’enfermer dans le monastère de Lérins, fondé par saint Honorat dans une des îles au large de Cannes.

Le grand mérite de cette vie dont les détails ne nous sont pas connus, gît dans un écrit contre les hérétiques de son temps. Trois ans après le Concile d’Éphèse (434), il composa un livre qu’il intitula « Avertissement », le « Commonitorium » et que par modestie il signa « Peregrinus » (le Voyageur).

C’est un aide-mémoire dont le but est de donner une règle sûre permettant « de distinguer la vraie foi catholique de l’erreur des hérésies. »  Ce livre fut longtemps une des lectures des hommes d’Église dans l’Occident et il mériterait de l’être encore à notre époque.

A cette époque, où l’autorité doctrinale de l’évêque de Rome était bien plus rarement évoquée que maintenant, Saint Vincent de Lérins sut mettre en relief le principe de la Tradition. Les hérétiques des premiers siècles, tout comme ceux de notre époque, expliquaient l’Évangile à leur façon et s’arrangeaient pour y découvrir les preuves de leurs théories.

Vincent établit comme règle infaillible pour distinguer la vérité de l’erreur la Tradition de l’Église. Cette règle, il la formula en cette phrase lapidaire :  Une vérité sur laquelle tous les fidèles, en tout temps, en tout lieu, sont d‘accord est une doctrine véritablement catholique. « Quod ubique, quod semper, quod omnibus creditum est ; hoc est enim vere proprieque catholicum. »

Vincent s’appliqua à mettre en garde les fidèles contre une des plus dangereuses tentations où leur foi fût exposée : ce qui arrive lorsque Dieu permet que de grands hommes, estimés pour leurs talents, et en réputation de sainteté, deviennent les docteurs de l’hérésie.

Il apportait comme exemple la chute de Tertullien et même les erreurs d’Origène. Il concluait que « tous les vrais catholiques doivent recevoir les Docteurs avec l’Église, mais ne pas abandonner la foi de l’Église à la suite des Docteurs ».

Une des plus belles pages de Vincent de Lérins, c’est celle où il dit : « Quelqu’un dira peut-être : ne peut-il donc y avoir de progrès dans l’Église du Christ ? — Si, il est possible qu’il y en ait, et qu’il y en ait beaucoup. Mais il faut néanmoins que ce soit vraiment un progrès, et non un simple changement… »

« Ainsi l’Église du Christ, soigneuse et prudente gardienne des dogmes à elle confiés, n’y change jamais rien, n’y diminue rien, n’y ajoute rien… En effet, quel autre but s’est-elle jamais proposé dans les décrets des Conciles, sinon de faire croire avec une foi plus vive ce que l’on croyait avec plus de simplicité ; de faire prêcher avec plus de force ce qui se prêchait avec plus de faiblesse ; de faire adorer avec plus de zèle ce que déjà l’on adorait avec sûreté… »

Saint Vincent de Lérins mourut en l’an 445. Ses restes sont respectueusement gardés à Lérins.

selon J. M. Planchet, cm