Il nous faut traverser la Samarie (cf. Jn 4, 4)
Gn 24, 10-33 Abraham et Rébecca près du puits
Ps 42 Comme une biche se tourne vers les cours d’eau
2 Co 8, 1-7 La générosité des Églises de Macédoine
Jn 4, 1-4 Il devait traverser la Samarie
Jésus et ses disciples quittèrent la Judée pour regagner la Galilée. La Samarie est située entre ces deux régions. Or, certains préjugés pesaient sur elle et les Samaritains. En Samarie cohabitaient de nombreuses races et religions et cette situation était à l’origine de sa mauvaise réputation. Il n’était pas inhabituel que soient empruntées des routes permettant d’éviter de traverser le territoire de la Samarie.
Que signifie donc la phrase : « Il fallait traverser la Samarie » que nous lisons dans l’Évangile de Jean ? Bien plus qu’une question de géographie, il faut y voir un choix de Jésus : « Traverser la Samarie » semble vouloir dire qu’il est nécessaire d’aller à la rencontre de l’autre, de celui qui est différent et qui est souvent perçu comme une menace.
Le conflit opposant Juifs et Samaritains remontait à de nombreuses années. Les anciens Samaritains avaient rompu avec la monarchie du sud qui exigeait que les célébrations aient toutes lieu à Jérusalem (1 R 12). Lorsque les Assyriens envahirent la Samarie en déportant une grande partie de la population qui y résidait, ils y firent venir un grand nombre de peuples étrangers, chacun ayant ses propres dieux et divinités (2 R 17, 24-34). À partir de ce moment, les Samaritains devinrent aux yeux des Juifs « une population mélangée et impure ». Plus loin dans l’Évangile de Jean, les Juifs, voulant jeter le discrédit sur Jésus, l’accusent en disant : « N’avons-nous pas raison de dire que tu es un Samaritain et un possédé ? » (Jn 8, 48).
Les Samaritains eux aussi acceptaient difficilement les Juifs (Jn 4, 8). Les blessures du passé s’amplifièrent encore davantage aux alentours de l’année 128 av. J.-C., quand le chef juif, Jean Hyrcanus, ordonna la destruction du temple construit par les Samaritains sur le Mont Gerizin. Et comme le rapporte l’Évangile de Luc – cet épisode n’étant peut-être pas un cas isolé –, un village de Samaritains refusa d’accueillir Jésus simplement parce qu’il se rendait en Judée (Lc 9, 52). La réticence au dialogue existait donc de part et d’autre.
L’Évangile de Jean est clair : Jésus choisit sciemment de « traverser la Samarie » ; il veut dépasser les frontières de son propre peuple. Ainsi nous montre-t-il que si nous nous isolons de ceux qui sont différents de nous et n’établissons de relations qu’avec des personnes qui nous ressemblent, nous sommes responsables de notre propre appauvrissement. Dialoguer avec ceux qui sont différents de nous nous fait grandir.
Questions
1. Pour moi-même et ma communauté de foi, que signifie « traverser la Samarie » ?
2. Quels efforts mon Église a-t-elle réalisés pour aller à la rencontre des autres Églises et quels sont les enseignement que les Églises en ont retiré ?
Prière
Ô Dieu de tous les peuples,
enseigne-nous à traverser la Samarie
pour aller à la rencontre de nos frères et sœurs des autres Églises !
Fais que nous nous y rendions le cœur prêt à recevoir
pour que nous puissions apprendre de toutes les Églises et de toutes les cultures !
Toi qui es la source de l’unité,
accorde-nous l’unité que le Christ veut pour nous.
Amen.