Anniversaire du sermon de Folleville par saint Vincent de Paul
le jour de la conversion de Saint Paul
25 janvier 1617
Vincent va prêcher sur la confession générale pour réconcilier
avec Dieu, avec soi-même et avec son prochain.
Saint Vincent, toi l’ami des pauvres et des petits Apprends-nous, chaque jour à servir Jésus Christ En accueillant le cri des blessés de la vie En engageant nos mains au partage du pain.
1- Sur ta route des hommes, aux croisées des chemins
Des terres de Gascogne aux pays plus lointains,
Ton regard a perçu la misère des pauvres
Et en eux tu as vu les trésors du Royaume.
2- Sur la route des hommes privés de liberté
Sans droit et sans parole, galériens, prisonniers.
Ton regard a perçu dans leurs mains la souffrance
Et pour eux tu as su réveiller l’espérance.
3- Sur la route des hommes enfermés dans la nuit
Enfants qu’on abandonne, malades ou sans-abri,
Ton regard a perçu dans leurs yeux la détresse
Et pour eux tu as rompu le pain de la tendresse.
PRIÈRE POUR LE IVe CENTENAIRE DE L’INSTITUTION
DE LA CONGRÉGATION DE LA MISSION
Louange et honneur à toi. Dieu de miséricorde, qui accompagne toujours nos pas sur les chemins de l’histoire. Nous te rendons grâce parce que tu as choisi Vincent de Paul et pour ton Église tu l’as transformé en prophète de la charité et de la justice.
Tu l’as appelé à être une icône du Christ, le Bon Pasteur qui prend soin des derniers et des fragiles, des perdus et des exclus. Ton Esprit de vérité et de lumière a enflammé son cœur d’un grand amour. Par lui, tu as donné naissance à la petite Compagnie qui, depuis quatre siècles témoigne de ta solidarité avec les pauvres de la terre.
Fais de nous aujourd’hui des hommes de prières capables de poser ton regard sur le misères humaines, nourris de l’Eucharistie que tu mets entre nos mains et de l’Évangile que tu confies à nos lèvres. Fais brûler dans nos cœurs le feu de tendresse et de mission. Fais que nous ne perdions jamais la mémoire que tu est ton don. Amen.
EN ce 25 janvier, nous célébrons la conversion de saint Paul. Comment la rencontre a-t-elle pu se faire un jour entre le judaïsme passionné de Saul de Tarse et le message libérateur de Jésus ?
Car quand Saul, – son nom avant sa conversion – entendit parler de Jésus de Nazareth et de ses disciples, ce fut pour s’y opposer violemment de tout son zèle de juif fervent et pour persécuter… jusqu’au jour où sa vie fut soudain retournée par un évènement et une expérience inoubliable dont nous avons trois récits dans les Actes des Apôtres (9,3 ; 22,6 ; 26,13).
C’est au terme d’un voyage de Jérusalem à Damas. Il est midi. Or, voici que soudain une lumière plus lumineuse que le soleil, qui est pourtant dans tout son éclat, enveloppe Saul et sa troupe. Tous sont terrassés et tombent à terre.
Saul entend une voix lui parler : «Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ?» Il lui répond : «Qui es-tu, Seigneur ?» La voix reprend : «Je suis Jésus que tu persécutes.» Et Saul, de nouveau : «Seigneur, que veux-tu que je fasse ?» La voix répond : «Relève-toi, va à Damas ; là, on te dira tout ce qu’il t’est prescrit de faire.»
Saul se relève mais, bien qu’il ait les yeux grands ouverts, le voici devenu aveugle. Il restera ainsi trois jours dans la nuit complète. Il est conduit par la main jusqu’à Damas, et là il logera chez un certain Jude qui habite la rue Droite, la grande rue de Damas.
C’est lui-même qui nous donne la vérité sur cette conversion lorsqu’il déclare : «J’ai été empoigné par Jésus Christ» (Philippiens 3,12). Cette emprise personnelle du Christ sur sa vie, à partir de ce moment-là, sera radicale. Il dira plus tard : «Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi.»
Le Ressuscité s’est manifesté à Saul comme Messie glorifié en Dieu et vivant dans ses disciples avec lesquels il ne fait qu’un. ■
P. Jean-Daniel Planchot, cm
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SAINT PAUL :
COURTE BIOGRAPHIE
LES brefs morceaux choisis des lettres de saint Paul qui sont lus à la messe du dimanche ne donnent qu’une faible idée de ce que sont réellement ces lettres, et de ce que fut l’extraordinaire aventure de Paul avec le Christ et avec les hommes.
Il faudrait lire chaque lettre comme un tout, en la replaçant dans son contexte historique. Les Bibles contiennent des introductions qui peuvent y aider. Mais on peut aussi essayer de résumer ce qui s’est passé pour Paul.
SAUL APPROUVAIT
Paul n’était pas n’importe qui. Ses parents étaient « citoyens romains ». Lui-même avait reçu, à Jérusalem, la meilleure éducation qui se puisse, à l’école du plus grand maître d’alors, Gamaliel. Il était Pharisien, et connaissait certainement à fond les Écritures et leurs commentaires. Le jour où Étienne fut lapidé, Saul (c’est son nom juif) était là, et « il approuvait ».
LE CHEMIN DE DAMAS
Nous avons vu que Saul était sincère dans son opposition farouche au christianisme naissant. Celui-ci apparaissait comme une secte nouvelle, une hérésie dangereuse, une déformation de la vraie foi au Dieu d’Abraham et de Moïse. Saul part pour Damas afin d’y arrêter les adeptes de Jésus le Nazaréen.
Qu’est-ce que Saul pensait de ce Jésus ? Est-il possible que jamais il ne se soit demandé : « Et si finalement c’était vrai ?… » Or, voici qu’en chemin il est soudain renversé et aveuglé ; Jésus vivant lui parle : « Pourquoi me persécutes-tu ? »
Ainsi, ce Jésus crucifié est donc vivant, et de plus il identifie à lui ses disciples…
L’APÔTRE DU CHRIST RESSUSCITÉ
Cet évènement, qu’on appelle la « conversion » de saint Paul, est une vocation, une désignation, un choix fait par le Christ. Paul sera l’instrument de l’Évangile dans le monde grec et romain.
Mais surtout et d’abord, cet évènement est une rencontre personnelle avec le Christ Jésus ressuscité. Cela est vrai pour tous : il n’y a pas de vie chrétienne authentique sans d’abord une rencontre personnelle avec le Christ.
Cette rencontre, et ce choix, font de Paul un « apôtre » du Christ, au même titre que les Douze. Cela, Paul le revendiquera souvent et fortement.
PAUL S’ADRESSE AUX JUIFS
Après son baptême (à Damas) Paul est retourné à Tarse (Turquie). C’est là en effet que Barnabé est venu le chercher, et tous deux s’en vont à Antioche annoncer le Christ ressuscité. Dans toutes les villes de cette région (Asie Mineure) il y avait des communautés de Juifs.
C’est à eux que Paul s’adresse, dans les synagogues, le jour du sabbat. Il s’efforce de leur montrer que Jésus de Nazareth est le Messie annoncé par les Prophètes, et que Dieu a réalisé en Jésus les promesses faites à Abraham, Moïse et David.
PAUL SE TOURNE VERS LES PAÏENS
En fait, une énorme hostilité se déploie contre Paul. Les Juifs refusent totalement son message. Il est roué de coups, lapidé, laissé pour mort…
Devant cette attitude de refus de ses frères Juifs, Paul décide de se tourner vers les non-Juifs, les «païens», et de leur annoncer Jésus-Christ. Car, finalement, l’Évangile du Christ est pour tous ! Jésus est le Sauveur de tous les hommes, et non seulement des Juifs.
Intuition décisive, audace inouïe, point de départ qui va donner à l’Évangile sa vraie dimension.
LE CONCILE DE JÉRUSALEM
Les esprits étaient si peu préparés à cette idée d’un salut pour tous en Jésus qu’une grave discussion s’élève. Certains prétendent que les païens qui veulent le baptême doivent d’abord se faire Juifs et accepter la Loi de Moïse.
Avec véhémence, et contre Pierre lui-même, Paul affirme alors que la foi en Jésus-Christ suffit, que c’est elle qui sauve, et non la Loi de Moïse. Paul s’en expliquera longuement dans ses lettres aux Romains et aux Galates. Oui, le Christ suffit.
Ainsi est accompli un nouveau pas décisif. Le christianisme naissant se dégage du Judaïsme qui l’a préparé. Le chrétien est l’homme qui se définit d’abord et avant tout par référence au Christ, et non pas uniquement par référence à Abraham et à Moïse.
Au Concile de Jérusalem, rassemblé pour débattre de tout cela, les Douze demandèrent seulement que, de toute façon, on s’abstienne de ce qui choquerait trop les chrétiens venus du judaïsme (viandes offertes aux idoles, viandes étouffées…).
AU CŒUR DE LA CIVILISATION
Paul veut maintenant porter l’Évangile au cœur de la civilisation, dans les grandes villes intellectuelles et commerçantes. Il pense à Éphèse (Turquie). Mais un songe lui indique de franchir la mer et de passer en Grèce.
Voilà que l’Évangile pénètre en Europe. Après la ville de Philippes (en Macédoine), Paul se rend à Corinthe, alors capitale de la Grèce. Déjà, sans doute, il pense à Rome, capitale de l’empire. Il a même remplacé son nom juif Saul par un nom romain : Paulus.
Le Christianisme est ainsi né principalement dans les villes, et d’abord dans les milieux les plus pauvres : dockers, petits artisans, esclaves, etc. Bientôt, cependant, il gagnera les grandes familles, les penseurs, et plus tard l’empereur lui-même (Constantin).
PHILOSOPHIES ET RELIGION
Paul a d’abord cru qu’il devait s’adresser aux païens en leur montrant que son Dieu, le Dieu de Jésus-Christ, est le vrai Dieu, bien plus excellent que toutes leurs idoles et divinités mythologiques. Il s’est mis à leur faire des démonstrations philosophiques.
Et… ce fut son échec cuisant d’Athènes. Lorsqu’il en vint, dans son discours, à la résurrection du Christ, tous se moquèrent de lui ! Les philosophies d’alors (Stoïciens, Épicuriens) excluaient complètement toute idée d’une résurrection.
Paul comprit alors quel fossé séparait l’Évangile de toutes ces philosophies. Dès lors, il prêche résolument le mystère pascal du Christ, Jésus mort et ressuscité, donc un message explicitement fou aux yeux du monde, mais en réalité sagesse véritable, sagesse de Dieu !
L’Évangile n’est pas une philosophie. Il est un mystère de salut, fondé sur une personne vivante, Jésus-Christ, et sur un évènement, sa résurrection.
Ici encore, un pas décisif est accompli.
CHRÉTIENS DANS LE MONDE PAÏEN
Reste à Paul une œuvre de longue haleine : former les nouvelles communautés chrétiennes et les aider à trouver, au sein du monde païen d’alors, la forme de vie qui soit conforme à l’Évangile de Jésus ressuscité. C’est ainsi que, peu à peu, il dégage des grands traits de la vie chrétienne et de l’homme nouveau re-né en Jésus-Christ. On en trouve des échos dans presque toutes ses lettres.
Paul est arrêté à Jérusalem pour avoir fait entrer avec lui dans le Temple un non-Juif. Il en appelle à l’empereur. Après un voyage périlleux sur la Méditerranée, il est donc conduit à Rome, où il séjourne deux ans, en liberté surveillée. Libéré, il visite encore les Églises qu’il a fondées. Puis, on ne sait au juste à quelle occasion, il est de nouveau arrêté, condamné à mort, et exécuté, à Rome, sur la route d’Ostie.
Textes présentés par l’Association de la Médaille Miraculeuse
De la tradition syriaque
Quiconque vit dans l’amour au sein de cette création respire la vie venant de Dieu. Alors qu’il est encore dans ce monde, il respire déjà l’air de la nouvelle naissance. C’est dans cet air que les justes se délecteront à la résurrection. L’amour est le Royaume que notre Seigneur a mystiquement promis aux disciples, la nourriture qu’ils mangeront dans son royaume : « Vous mangerez et boirez à la table de mon royaume ». Que mangeraient-ils, sinon de l’amour ? L’amour suffit à nourrir l’homme au lieu d’aliments et de boissons. C’est le vin qui réjouit le cœur de l’homme. Heureux celui qui boit de ce vin !
– Isaac de Ninive (VIIe siècle), Première collection 43
Pistes pour la réflexion
1. L’amour sera la réalité du Royaume de Dieu. Les actions concrètes de charité rendent ce
Royaume présent dans nos vies.
2. Vivant dans l’attente du Royaume de Dieu, comment incarnons-nous les signes du Royaume
à venir dans le monde d’aujourd’hui ?
3. Nous sommes appelés à nous préparer à la seconde venue du Seigneur. Comment nous y
préparons-nous ?
Prière
℟ : Jésus Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père !
Ô Christ Seigneur, toi qui t’es fait pauvre pour nous
et as promis que les pauvres hériteront du Royaume des Cieux,
tu nous combles de tes richesses. ℟
Seigneur Jésus, toi qui es doux et humble de cœur
et révèles un monde nouveau à ceux qui placent en toi leur confiance,
tu nous offres ta plénitude. ℟
Ô Christ Seigneur, toi qui t’es agenouillé et as prié le visage contre terre,
toi qui, dans la tristesse, as tracé un chemin de consolation,
tu es la joie dont rien ni personne ne peut nous priver. ℟
Seigneur Jésus, toi qui a dépouillé les autorités et les pouvoirs
et qui revêts les artisans de paix d’une robe glorieuse,
tu nous transformes à ton image. ℟
Ô Christ Seigneur, toi qui est miséricorde et compassion,
et qui, sur la Croix, a pardonné au malfaiteur mort avec toi,
nous t’en supplions : souviens-toi de nous quand tu viendras dans ton royaume. ℟
Prions:
Seigneur, hâte la venue de ton grand et glorieux jour ! Dans nos ténèbres, beaucoup d’hommes et de femmes n’osent plus espérer. Protège la flamme de la foi dans le cœur de ceux qui sont faibles et qui souffrent. Que l’Église soit un messager fidèle de la victoire du Christ, ton Fils, sur la mort, et un flambeau portant l’attente de son retour dans la gloire. Il est le Vivant, avec toi et le Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles. AMEN.
Lectures patristiques alternatives
De la tradition grecque
Toi, Seigneur, tu nous as libérés de la crainte de la mort. Tu as fait de la fin de cette vie le commencement de la vraie vie. Pour un temps, tu laisses nos corps reposer dans le sommeil, puis tu les réveilles au son de la dernière trompette. Tu donnes à la terre notre terre, que tu as façonnée de tes mains, pour qu’elle la garde en sécurité. Un jour, tu reprendras ce que tu as donné, transfigurant par l’immortalité et la grâce nos restes mortels et repoussants. (…) Tu nous as ouvert le chemin de la résurrection, en brisant les portes de l’enfer et en réduisant à néant celui qui avait le pouvoir de la mort.
– Grégoire de Nysse (335 env. – 395 env.), Vie de Sainte Macrine 24
De la tradition latine
Par l’espérance, Dieu nous allaite, nous nourrit, nous fortifie et nous console dans cette vie pleine d’épreuves. C’est dans cette espérance que nous chantons « alléluia ». Et si l’espérance nous procure une si grande joie, que sera la réalité ? Vous demandez : « Qu’est-ce que cela peut être » ? Écoutez ce qui est dit : «Ils s’enivreront de l’abondance de ta maison ». Telle est la réalité de l’espérance. Nous avons soif, nous avons faim, il faudra nous rassasier. Mais tant que durera le chemin, nous aurons faim ; nous ne serons rassasiés qu’en parvenant à ta demeure. Quand serons-nous satisfaits ? « Je serai satisfait quand ta gloire sera révélée ». (…) Ce sera alors un « alléluia » réel, alors qu’il n’est pour l’instant qu’une espérance.
– Augustin d’Hippone (354 – 439), Sermons 255, 5