La grâce de Dieu fait persévérer dans l’espérance

La grâce de Dieu fait persévérer dans l’espérance

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L’Année Sainte 2025 s’inscrit dans la continuité des événements de grâce précédents. Lors du dernier Jubilé ordinaire, le seuil du deuxième millénaire de la naissance de Jésus-Christ a été franchi. Ensuite, le 13 mars 2015, j’ai proclamé un Jubilé extraordinaire dans le but de manifester et de permettre à tous de rencontrer le “visage de la miséricorde” de Dieu, annonce centrale de l’Évangile pour toute personne de toute époque.

Le temps est venu d’un nouveau Jubilé au cours duquel la Porte Sainte est à nouveau grande ouverte pour offrir l’expérience vivante de l’amour de Dieu qui suscite dans le cœur l’espérance certaine du salut dans le Christ. En même temps, cette Année Sainte guide la marche vers un autre anniversaire fondamental pour tous les chrétiens.

En 2033 seront célébrés les deux mille ans de la Rédemption accomplie par la passion, la mort et la résurrection du Seigneur Jésus. Nous sommes ainsi devant un parcours marqué par de grandes étapes dans lesquelles la grâce de Dieu précède et accompagne le peuple qui marche avec zèle dans la foi, œuvre dans la charité et persévère dans l’espérance (cf. 1 Th 1, 3).

Fort de cette longue tradition et convaincu que cette Année Jubilaire est pour toute l’Église une expérience intense de grâce et d’espérance, j’ai décidé que la Porte Sainte de la Basilique Saint-Pierre du Vatican soit ouverte le 24 décembre de cette année 2024, marquant ainsi le début du Jubilé ordinaire.

Le dimanche suivant, le 29 décembre 2024, j’ai ouvert la Porte Sainte de ma cathédrale Saint-Jean-de-Latran qui a fêté le 1700ème anniversaire de sa dédicace, le 9 novembre de cette même année.

Puis, le 1er janvier 2025, en la Solennité de Marie Mère de Dieu, a été ouverte la Porte Sainte de la Basilique papale Sainte-Marie-Majeure. Enfin, le dimanche 5 janvier, la porte sainte de la Basilique papale Saint-Paul-hors-les-murs a été ouverte. Ces trois dernières portes saintes seront fermées au plus tard le dimanche 28 décembre de la même année.

En outre, j’ai établi que le dimanche 29 décembre 2024, dans toutes les cathédrales et co-cathédrales, les évêques diocésains célèbrent la Sainte Eucharistie pour l’ouverture solennelle de l’Année Jubilaire, selon le Rituel préparé pour l’occasion. Pour la célébration dans l’église co-cathédrale, l’évêque peut se faire remplacer par un Délégué spécialement désigné.

Un pèlerinage, partant d’une église choisie pour la collectio vers la cathédrale, sera le signe du chemin d’espérance qui, illuminé par la Parole de Dieu, rapproche les croyants. Au cours de ce pèlerinage, des passages du présent document sont lus, et l’Indulgence jubilaire annoncée au peuple, indulgence qui peut être obtenue selon les prescriptions contenues dans le même Rituel pour la célébration du Jubilé dans les Églises particulières.

Au cours de l’Année Sainte, qui s’achèvera le dimanche 28 décembre 2025 dans les Églises particulières, on veillera à ce que le Peuple de Dieu accueille avec une pleine participation tant l’annonce d’espérance de la grâce de Dieu que les signes qui en attestent l’efficacité.

Le Jubilé ordinaire se terminera par la fermeture de la Porte Sainte de la Basilique papale de Saint-Pierre-du-Vatican, le 6 janvier 2026, Épiphanie du Seigneur. Puisse la lumière de l’espérance chrétienne atteindre chacun comme message de l’amour de Dieu adressé à tous ! Puisse l’Église être un témoin fidèle de cette annonce dans toutes les parties du monde !

Benoît XVI aux millions de jeunes des Journées Mondiales de la Jeunesse : « L’espérance est la vertu par laquelle nous désirons fermement et durablement ce pour quoi nous sommes sur la terre : louer Dieu, Le servir et trouver notre accomplissement en Dieu, ce en quoi consiste notre vrai bonheur. Car c’est en Dieu qu’est notre demeure finale. »

Pape François – Bulle d’indiction au Jubilé 2025

L’espérance inébranlable de la Vierge Marie

Le Christ, homme parfait, était le seul à pouvoir justifier le monde et les hommes qui le peuplent. La Vierge connaissait son fils et avait reconnu en lui le Sauveur universel. Aussi Dieu ne pouvait-Il pas ne pas répondre à l’importance incommensurable de sa mort par un mystère qui ne le céderait en rien à la dimension vertigineuse de celle-ci : ce sera la Résurrection. La portée de celle-ci enveloppe toute l’histoire humaine parce qu’elle est la réponse à l’événement inouï du Calvaire. Le Samedi saint, la Vierge a l’intuition de cette vérité. Voilà pourquoi elle confie toute son espérance à Dieu.

Le danger du peu de confiance en Dieu

Le peu de confiance en Dieu est une source de tentations dangereuses, parce que cela ravit à l’âme la paix, la remplit de troubles, fortifie l’opposition naturelle aux vertus chrétiennes.

1 Le royaume de Dieu, dès à présent, est au dedans de vous, dit Jésus-Christ (Luc 17, 21). Et ce royaume ou ce règne de Dieu consiste, dit Saint Paul(Rom.14.17), dans la justice, dans la paix et dans la joie du Saint-Esprit.

Cette paix et cette joie intérieure sont le fruit de la justice et de la piété chrétienne, et n’en doivent pas être séparées, suivant ces paroles d’Isaïe (Isaïe 32,17.18) : La paix sera l’ouvrage de la justice, et mon peuple se reposera dans la beauté de la paix.

Les Apôtres ont cru que cette paix de l’âme était si liée avec la grâce ou la justice chrétienne, que toutes leurs épîtres, hors deux ou trois, portent à la tête cette bénédiction qu’ils adressent à tous les fidèles. La grâce et la paix, la miséricorde et la paix, la charité et la paix.

C’est cette paix, laquelle surpasse tout autre sentiment et tout autre plaisir, qui conserve nos cœurs et nos esprits en J. C., qui affaiblit et surmonte toutes les tentations (Philippiens 4, 7). C’est cette paix, cette joie du S. Esprit qui fait toute notre force contre toutes les attaques des ennemis de notre salut, suivant ces paroles de l’Écriture : La joie du Seigneur est notre force (2 Esdras 2. 10).

2 Or la défiance affaiblit ou ruine cette joie et cette paix de l’âme qui fait toute sa force, la remplit de scrupules, de crainte, de trouble, d’inquiétude, de tristesse ; et après lui avoir ôté presque toute sa force, la laisse exposée à une infinité de tentations très dangereuses, auxquelles cette défiance ouvre la porte. « La source et le commencement des plus funestes tentations, dit l’auteur du livre de l’Imitation (Lib. 1. ch. 13. n.4), c’est l’inconstance de l’âme et le peu de confiance en Dieu. »

3 La véritable piété doit être simple humble et tranquille : tout ce qui rend la vertu pleine de scrupules, d’anxiétés, de retours, de raisonnements, devient une tentation dangereuse qui porte insensiblement à quitter le parti de la piété. L’homme n’a déjà que trop de peine à vaincre l’opposition continuelle qu’il trouve dans la corruption de sa nature à la pratique des vertus chrétiennes.

Cette tentation toute seule en a renversé plusieurs qui avaient bien commencé ; mais qui n’ont pas eu la force de soutenir un combat si long et si pénible.

Mais lorsqu’au lieu de la force qu’une âme tirait des exercices de piété pour soutenir ce combat, et vaincre son opposition naturelle à la vertu, elle ne trouve plus dans les pratiques de piété que des peines, des amertumes et des difficultés toujours nouvelles, la tentation devient alors tout autrement forte et violente, et infiniment plus capable de la renverser et de lui faire abandonner au moins une partie de ses devoirs.

4 Notre cœur cherche naturellement et nécessairement le bonheur. L’amour du bonheur est, selon saint Augustin, le principe de toutes ses actions. S’il n’en trouve plus aucun dans la piété, il en cherchera hors de la vertu : tout ce qui se fait avec une grande répugnance et contre toutes les inclinations du cœur, lasse, dégoûte, et ne saurait être de longue durée.

Rien n’est donc plus dangereux que de se laisser enlever, par les artifices du tentateur, la joie et la paix chrétiennes sous quelque prétexte que ce soit. Une crainte et une défiance excessive ne sont pas moins contraires au salut, que la paix et le repos léthargique des méchants.

Prière du Jubilé

Père céleste,
En ton fils Jésus-Christ, notre frère,
Tu nous as donné la foi,
Et tu as répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint, la flamme de la charité
Qu’elles réveillent en nous la bienheureuse espérance de l’avènement de ton Royaume.

Que ta grâce nous transforme,
Pour que nous puissions faire fructifier les semences de l’Évangile,
Qui feront grandir l’humanité et la création tout entière,
Dans l’attente confiante des cieux nouveaux et de la terre nouvelle,
Lorsque les puissances du mal seront vaincues,
Et ta gloire manifestée pour toujours.

Que la grâce du Jubilé,
Qui fait de nous des Pèlerins d’Espérance,
Ravive en nous l’aspiration aux biens célestes
Et répande sur le monde entier la joie et la paix
De notre Rédempteur.
A toi, Dieu béni dans l’éternité,
La louange et la gloire pour les siècles des siècles.
Amen !

Prières de la messe du jour

Rends-moi justice, ô mon Dieu, soutiens ma cause contre un peuple sans foi ; de l’homme qui ruse et qui trahit, libère-moi, Dieu qui es mon secours. (Ps 42, 1-2)

Que ta grâce nous obtienne, Seigneur, d’imiter avec joie la charité du Christ qui a donné sa vie par amour pour le monde. Lui qui vit et règne pour les siècles des siècles.

Exauce tes serviteurs, Dieu tout-puissant: tu les as initiés à la foi chrétienne, qu’ils soient purifiés par ce sacrifice. Par le Christ Notre-Seigneur.

Femme, dis Jésus, personne ne t’a condamnée ?
– Personne, Seigneur.
– Moi non plus, je ne te condamne pas.
Va, et désormais ne pèche plus.

« Vraiment, dit le Seigneur, si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ;
mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit. » (Jn 12, 24-25)

Accorde-nous, Dieu tout-puissant, d’être toujours comptés parmi les membres du Christ, nous qui communions à son corps et à son sang.  Lui qui vit et règne pour les siècles des siècles.

Seigneur, bénis ton peuple qui attend le bienfait de ta compassion,
accorde-lui, dans ta largesse, de voir exaucés les désirs que toi-même lui inspires. Par le Christ Notre-Seigneur.

Un chemin d’espérance

Un chemin d’espérance

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De cet entrelacement entre espérance et patience apparaît clairement le fait que la vie chrétienne est un chemin qui a besoin de moments forts pour nourrir et fortifier l’espérance, compagne irremplaçable qui laisse entrevoir le but : la rencontre avec le Seigneur Jésus. J’aime à penser que l’indiction du premier Jubilé de 1300 fut précédé d’un chemin de grâce, animé par la spiritualité populaire.

Nous ne pouvons pas oublier, en effet, les diverses formes à travers lesquelles la grâce du pardon fut abondamment répandue sur le saint Peuple fidèle de Dieu. Rappelons, par exemple, le grand “pardon” que saint Célestin V voulut accorder à ceux qui se rendaient à la Basilique Sainte-Marie-de-Collemaggio, à L’Aquila, les 28 et 29 août 1294, six ans avant que le pape Boniface VIII institue l’Année Sainte.

L’Église faisait donc déjà l’expérience de la grâce jubilaire de la miséricorde. Et même avant, en 1216, le Pape Honorius III avait accueilli la supplique de saint François qui demandait l’indulgence pour ceux qui visiteraient la Portioncule les deux premiers jours du mois d’août.

Il en va de même pour le pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle : le Pape Calixte II, en 1122, permit que le Jubilé soit célébré dans ce sanctuaire chaque fois que la fête de l’apôtre Jacques coïnciderait avec un dimanche. Il est bon que cette modalité “diffuse” de célébrations jubilaires se poursuive, afin que la force du pardon de Dieu soutienne et accompagne le cheminement des communautés et des personnes.

Ce n’est pas un hasard si le pèlerinage est un élément fondamental de tout événement jubilaire. Se mettre en marche est caractéristique de celui qui va à la recherche du sens de la vie. Le pèlerinage à pied est très propice à la redécouverte de la valeur du silence, de l’effort, de l’essentiel. L

’année prochaine encore, les pèlerins de l’espérance ne manqueront pas d’emprunter des chemins anciens et modernes pour vivre intensément l’expérience jubilaire. Dans la ville même de Rome, il y aura aussi des itinéraires de foi, en plus des traditionnels itinéraires des catacombes et des sept églises.

Transiter d’un pays à l’autre comme si les frontières étaient abolies, passer d’une ville à une autre dans la contemplation de la création et des œuvres d’art, permettra de tirer profit des expériences et des cultures diverses pour porter en soi la beauté qui, harmonisée par la prière, conduit à remercier Dieu pour les merveilles qu’Il a accomplies.

Les églises jubilaires, le long des itinéraires et dans l’Urbs, seront des oasis de spiritualité où l’on pourra se rafraîchir sur le chemin de la foi et s’abreuver aux sources de l’espérance, avant tout en s’approchant du sacrement de la réconciliation, point de départ irremplaçable d’un véritable chemin de conversion.

Dans les Églises particulières, l’on veillera de manière spéciale à la préparation des prêtres et des fidèles aux confessions et à l’accessibilité du sacrement sous forme individuelle.

Je voudrais, au cours de ce pèlerinage, adresser une invitation particulière aux fidèles des Églises orientales, surtout à ceux qui sont déjà en pleine communion avec le Successeur de Pierre. Eux qui ont tant souffert – souvent jusqu’à la mort – en raison de leur fidélité au Christ et à l’Église, ils doivent se sentir particulièrement les bienvenus dans cette Rome qui est aussi leur Mère et qui conserve de nombreux souvenirs de leur présence.

L’Église catholique, enrichie par leurs très anciennes liturgies, par la théologie et par la spiritualité des Pères, des moines et des théologiens, veut exprimer symboliquement leur accueil, ainsi que celui de leurs frères et sœurs orthodoxes, alors qu’ils vivent déjà le pèlerinage de la Via Crucis qui les contraint souvent à quitter leurs terres d’origine, leurs terres saintes desquelles ils sont chassés, par la violence et l’instabilité, vers des pays plus sûrs.

Pour eux, l’expérience d’être aimés par l’Église, qui ne les abandonnera pas mais qui les suivra où qu’ils aillent, rend le signe du Jubilé encore plus fort.

BULLE D’INDICTION DU JUBILÉ ORDINAIRE DE L’ANNÉE 2025 – PAPE  FRANÇOIS

La Vierge Marie a connu le trou d’air le plus vertigineux de l’histoire

La perte qu’a subie Marie sur le Calvaire est incommensurable. Certes, elle sait obscurément que c’est au bénéfice des hommes que Jésus a donné sa vie. Toutefois, cela n’empêche pas sa douleur d’être « immense comme la mer » (Lm 2, 13), à la mesure de l’être qu’elle a perdu : Jésus, le Messie et Fils de Dieu.

Autrement dit, la Vierge n’a pas attendu de Dieu, le Samedi saint, lendemain de la crucifixion de Jésus, une consolation à hauteur d’homme, une demi-mesure susceptible d’atténuer provisoirement son deuil. La Vierge savait que la réponse de Dieu serait à la hauteur de ce que représentait Jésus pour Lui.

Par sa foi, la mère du Christ sait que Dieu proportionne toujours son Salut à la situation qui le requiert. Or, avec la mort de Jésus, c’est l’édifice du monde qui a tremblé sur ses bases.

(Jean-Michel Castaing )

un obstacle à l’amour de Dieu.

  1. Ce qui affaiblit si fort le sentiment des grâces et des miséricordes de Dieu, affaiblit nécessairement l’amour de Dieu. On ne peut aimer Dieu, qu’autant qu’il nous paraît aimable ; et il ne nous paraît aimable qu’à proportion que les biens que nous en avons reçus et que nous espérons d’en recevoir, nous paraissent grands et font de plus grandes impressions sur notre cœur.
    Il n’y a point de chrétien assez désespéré pour refuser d’aimer Dieu, s’il pouvait se persuader que Dieu l’aime, et qu’il l’aime jusqu’à vouloir le rendre éternellement participant du trône et du royaume de son Fils unique.
    Mais il n’est pas possible d’aimer, si l’on ne croit point être aimé, si l’on se croit rejeté, si on n’a point la consolation de plaire par son amour. Tout le fond de la piété dépend de l’amour ; mais l’amour lui-même dépend absolument d’une vive persuasion de l’amour que Dieu a pour nous. Il faut avant toutes choses établir dans nos cœurs cette intime persuasion comme le fondement immobile de toute piété.
    Aussi l’apôtre S. Jean représente- t-il tous les chrétiens comme des personnes pleinement convaincues que Dieu les aime. Nous avons reconnu, dit-il au nom de tous (1. Jn, 4. 16), et nous croyons l’amour que Dieu a pour nous.
  2. Mais on ne peut se mettre dans l’esprit une vérité aussi consolante que celle-ci, et aussi essentielle à la piété : on s’amuse à raisonner au lieu de croire. Tous, quand on les interroge, disent de bouche qu’ils le croient, et il y en a beaucoup moins qu’on ne pense qui en soient intimement persuadés. Nous portons dans le fond du cœur un principe intime d’incrédulité, d’hésitation, de timidité, de défiance : il n’y a même personne qui n’en ait quelque levain.
  3. On se laisse séduire par ce raisonnement si ordinaire : Le moyen, dit-on, de croire qu’on ait tant de part à la charité et à la miséricorde de Dieu, lorsqu’on ne trouve en soi que ténèbres, insensibilité, et une misère si universelle et si profonde, qu’on est insupportable à soi-même !
    Mais ceux qui parlent ainsi, font-ils réflexion qu’ils contredisent ouvertement l’Écriture qui nous apprend que Dieu nous a aimés le premier, avant qu’il trouvât en nous rien qui fût digne de son amour ? L’amour de Dieu envers nous, dit St Jean, consiste en ce que ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais que c’est lui qui nous a aimés le premier. (1 Jn 4.40)
    Paul a grand soin de nous faire remarquer que Dieu a fait éclater son amour envers nous, lors même que nous étions pécheurs et impies. Son amour ne suppose rien d’aimable dans ce qu’il aime, car son amour est tout gratuit, et n’a point d’autre source ni d’autre fondement qu’une miséricorde toute pure.
  4. L’amour des créatures est faible et indigent : il suppose le bien dans les objets qu’il aime ; il ne l’y produit point ; il cherche dans les créatures quelque bien ; il tâche par-là de suppléer à une petite partie de son indigence et de ses besoins.
    Mais comme cet amour est impuissant, il ne peut changer la nature et les qualités des objets. Mais l’amour de Dieu est infiniment riche, et indépendant de ses créatures. Vous êtes mon Dieu, dit le Prophète, parce que vous n’avez aucun besoin de mes biens (Ps. 15. 1. ).
    Notre amour ne peut le rendre plus heureux ; il trouve dans la plénitude infinie de son être et de ses perfections un bonheur souverain qui ne peut recevoir aucun accroissement, comme il ne peut souffrir aucune diminution (Rom. 5, 6. 8).
    Dieu nous aime, parce qu’il veut nous aimer, parce qu’il est charité, parce qu’il est la bonté et la miséricorde même. Il ne faut point chercher d’autre raison de son amour. Son amour est tout-puissant, il ne suppose point le bien dans l’objet qu’il aime ; mais il le produit en nous et avec nous dans le degré qu’il lui plaît.
    Croyons donc que Dieu est tout amour, qu’il nous a aimés le premier malgré toute notre corruption et notre indignité. Reconnaissons et croyons, comme S. Jean nous l’ordonne, la charité que Dieu a pour nous, et nous commencerons à être pénétrés de reconnaissance, de confiance et d’amour.
    N’opposons point notre insensibilité à notre confiance, opposons au contraire notre confiance à notre insensibilité. Notre dureté nous fait douter que nous soyons aimés : croyons-le, t nous ne serons plus ni durs ni incrédules.
  5. Travaillons sans relâche à détruire en nous ces racines secrètes d’incrédulité qui ont infecté les hommes, qui presque jamais ne sont entièrement arrachées du cœur des fidèles, qui rendent la foi plus lente et plus engourdie, qui arrêtent l’activité de l’espérance, et qui sont un venin présent contre la charité, laquelle tire sa force et sa vie de la persuasion que Dieu nous aime, et qu’il veut être aimé de nous.
    Comprenons combien une espérance faible et timide nuit à notre amour pour Dieu ; que nous n’avancerons dans cet amour qu’autant que nous aurons la confiance d’en être aimés.
    N’opposons pas nos indispositions à notre espérance, comme s’il fallait avoir des dispositions parfaites pour espérer ; et comme s’il était au pouvoir de l’homme de donner le premier quelque chose à Dieu, et de lui offrir ce qu’il n’aurait pas reçu de sa bonté toute gratuite.
    En tout état il faut commencer par s’affermir dans l’espérance. C’est par cette espérance que commencent les dispositions nécessaires, plus grandes dans les uns, plus imparfaites dans les autres ; et bien loin d’opposer la nécessité de ces dispositions à l’espérance, c’est au contraire par l’espérance qu’il faut tacher de les obtenir.   (P GAUD)

Prière du Jubilé

Père céleste,
En ton fils Jésus-Christ, notre frère,
Tu nous as donné la foi,
Et tu as répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint, la flamme de la charité
Qu’elles réveillent en nous la bienheureuse espérance de l’avènement de ton Royaume.
 
Que ta grâce nous transforme,
Pour que nous puissions faire fructifier les semences de l’Évangile,
Qui feront grandir l’humanité et la création tout entière,
Dans l’attente confiante des cieux nouveaux et de la terre nouvelle,
Lorsque les puissances du mal seront vaincues,
Et ta gloire manifestée pour toujours.
 
Que la grâce du Jubilé,
Qui fait de nous des Pèlerins d’Espérance,
Ravive en nous l’aspiration aux biens célestes
Et répande sur le monde entier la joie et la paix
De notre Rédempteur.
A toi, Dieu béni dans l’éternité,
La louange et la gloire pour les siècles des siècles.
Amen !

Prières de la messe du jour

Les flots de la mort m’étreignaient, les torrents infernaux me happaient; dans mon angoisse, j’appelai le Seigneur. Lui qui me retire du gouffre des eaux, il m’a libéré, car il m’aime. (Ps 17, 5. 7. 17. 20)

Sans toi, Seigneur, il nous est impossible de te plaire : dans la tendresse que tu nous portes, guide-nous, dirige nos cœurs. Par Jésus Christ.

Accueille nos offrandes, Seigneur, avec bienveillance; et si nos volonté se rebellent, ramène-les vers toi.
Par Jésus.

Nous avons été rachetés par le sang précieux du Christ, de l’Agneau sans défaut et sans tache. (1 P 1, 19)

Que tes saints mystères nous purifient, Seigneur : qu’ils agissent en nous pour nous rendre agréables à tes yeux. Par Jésus.

Saint Vincent Ferrier, Frère dominicain

Saint Vincent Ferrier, Frère dominicain

Saint Vincent Ferrier, Frère dominicain
Saint Vincent Ferrier, Frère dominicain

« A propos du prochain, exerce-toi en sept autres dispositions: tendre compassion, joyeuse allégresse, patiente tolérance et pardon des insultes, affabilité pleine de bienveillance, humble respect, parfaite concorde, don de ta vie à l’exemple de Jésus. Comme lui tu seras prêt à donner la santé pour tes frères» (des écrits de saint Vincent Ferrer).

Fils d’un notaire de Valence, encore avant sa naissance sa mère voit en songe la prémonition de sa future grandeur. A l’âge de 17 ans il reconnaît sa propre vocation et entre dans l’Ordre dominicain.

Après la formation, il enseigne la logique, la philosophie et la théologie à l’université et commence à collaborer avec le cardinal aragonais Pedro de Luna, bras droit de Clément VII, premier antipape à Avignon, et à son tour futur antipape Benoît XIII ( à ne pas confondre avec le pontife romain Benoît XIII, de son nom civil Pierre François Orsini, monté au siège de Pierre en 1724).

Le Grand Schisme d’Occident

En 1378 meurt Grégoire XI, qui, après 70 ans, a ramené le siège papal d’Avignon à Rome. Le conclave suivant influencé par des troubles populaires toujours plus violents élit l’archevêque de Bari qui devient Urbain VI; mais vite, ce dernier se montre hostile à beaucoup de prélats, dont certains fuient et élisent un autre pontife, Clément VII, qui retourne s’établir à Avignon. C’est le Schisme.

Autour de deux Papes se créent des regroupements politiques, les Etats se divisent et l’Europe entre dans une période de crise profonde et d’ incertitude qui durera presque quarante ans. En 1409, pour dépasser les contrastes entre les deux, se déroule à Pise un Concile où de fait est élu un troisième pape, Alexandre V.

C’est le point le plus douloureux de l’histoire. C’est seulement avec le Concile de Constance, convoqué, en 1417, et l’intervention de l’empereur Sigismond, que revient l’unité autour du nouveau pape Martin V.

En route à travers l’Europe

En ce contexte, en 1398 Vincent devient le confesseur du Pape avignonnais Benoît XIII, quand il reçoit en songe du Seigneur la mission de partir pour vingt ans de prédication et d’évangélisation de toute l’Europe, de la Provence au Piémont et en Lombardie, ensuite pour retourner à nouveau en France et en Espagne.

Il se déplace sur un bourriquot; Vincent, sous la pluie et le soleil, sous la chaleur de l’été et les rigueurs de l’hiver, n’ a que le vêtement dominicain pour se protéger, long jusqu’à couvrir ses pieds nus. C’est ainsi que commencent à le suivre des clercs et des paysans, des nobles et des théologiens, des hommes, des femmes et des enfants auxquels il impose une règle et un habit blanc et noir.

Ce qui les attire c’est sa passion, la fougue avec laquelle Vincent prêche, alternant des réparties d’esprit avec des sermons, des invectives et des anecdotes de voyage.

« L’Ange de l’Apocalypse»

Quand la situation de l’Église s’aggrave, ses paroles se font prophétiques, parfois dignes de celles «de l’Ange de l’Apocalypse». En effet Vincent, habitué aux visites du démon, parle de l’imminence de la fin du monde et des événements prodigieux qui la précèdent, du retour d’Élie et de la nécessité de se convertir pour sauver son âme.

Ce qu’il dit effrayant. Il ne néglige pas non plus sa propre mortification corporelle à travers le jeûne continu et la privation du sommeil pour consacrer plus de temps à la prière. Il mourra comme il a vécu, en voyage, mais déjà vénéré comme saint. L’Ordre dominicain le célèbre à une date différente, le 5 mai.


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