Tu es riche en miséricorde, Seigneur !

Tu es riche en miséricorde, Seigneur !

MERCREDI (2e semaine de Pâques) Ac 5,17-26 Jn 3,16-21
Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique (Jn 3,16)

Dieu riche en miséricorde Jean Paul II
Dieu riche en miséricorde Jean Paul II

Aie pitié de moi, ô Dieu, selon ta grande miséricorde (Ps 50,3). Non pas selon la miséricorde des hommes, qui est petite, mais selon la tienne, qui est grande, qui est immense, qui est incompréhensible, qui excède à l’infini tous les péchés : selon cette miséricorde par laquelle tu as tant aimé le monde que tu lui as donné ton Fils unique.

Quelle plus grande miséricorde imaginer ? Quelle plus grande charité ? Qui pourra désormais désespérer, qui pourra n’avoir pas confiance ? Dieu s’est fait homme et il a été crucifié pour les hommes.

Aie donc pitié, Dieu, selon cette grande miséricorde qui t’a fait livrer ton Fils pour nous, effacer par lui les péchés du monde, illuminer par sa croix tous les hommes, rétablir par lui tout ce qui est sur la terre et dans les deux (Col 1,20). Lave-moi, Seigneur, dans son sang, illumine-moi dans son humilité, rétablis-moi dans sa résurrection.

Aie pitié de moi, ô Dieu, non selon ta petite miséricorde. C’est ta petite miséricorde de soulager les misères corporelles des hommes. Ta grande miséricorde, c’est de remettre les péchés et de soulever les hommes par ta grâce au-dessus de toutes les grandeurs de la terre. Aie pitié de moi, Seigneur, selon cette grande miséricorde, pour me convertir à toi, pour détruire mes péchés, pour me justifier par ta grâce.

Ta miséricorde, Seigneur, c’est l’abondance de pitié qui t’a fait regarder avec tendresse les indigents. Marie
Madeleine vient à tes pieds, bon Jésus, elle les lave de ses larmes, les essuie de ses cheveux ; tu lui pardonnes et la renvoies en paix : voilà, Seigneur, une de tes miséricordes.

Pierre te renie, il proteste avec serment qu’il ne te connaît pas ; tu le regardes, il pleure amèrement ; tu lui pardonnes, tu le confirmes prince des apôtres : voilà de nouveau, Seigneur, une de tes miséricordes.

Le brigand sur la croix est sauvé par une seule parole. Paul, alors dans la fureur de la persécution, est appelé et rempli aussitôt de l’Esprit Saint. Voilà, Seigneur, tes miséricordes. Le temps me manquerait si je commençais d’énumérer toutes tes miséricordes. Autant de justes, autant de miséricordes. Aucun ne pourrait se glorifier de lui-même.

Que tous les justes comparaissent, ceux de la terre et ceux du ciel, et demandons-leur, devant toi, s’ils ont été sauvés par leur propre force. Tous répondront, d’un cœur, d’une voix : Non pas à nous, Seigneur, non pas à nous, mais à ton nom donne la gloire, pour ta miséricorde et pour ta fidélité ! (Ps 113 B, 1).

Jérôme Savonarole (XVe siècle) Méditation sur le psaume « Miserere », coll. « Foi Vivante » 77, Savonarole, en prison, dernière méditation, DDB, 1968, p. 33-35.

« Ne t’étonne pas si je t’ai dit : Il vous faut renaître. »

« Ne t’étonne pas si je t’ai dit : Il vous faut renaître. »

Mardi semaine 2 de Pâques

VIE, MORT, RÉSURRECTION

Pourquoi vivre? pourquoi la mort? Le Christ ressuscité est l’unique réponse aux questions des hommes.

(Saint Augustin)

Le pays où fleurit le naître et le mourir est un pays de souffrance. Les hommes cherchent à être heureux au pays de la souffrance. Ils cherchent l’éternité au pays de la mort. Mais le Seigneur nous parle, la vérité nous dit : Ce que vous cherchez n’est pas ici, car il n’est pas d’ici. C’est le bonheur que vous cherchez, car tout homme y aspire.

C’est le bonheur que vous cherchez, car il est doux de vivre. Mais nous sommes nés à la condition de mourir. Délaisse l’objet de tes vœux, et considère les lois qui ont régi ta venue en ce monde : nous sommes nés à la condition de mourir. Nous désirons la vie, mais ces morts en sursis que nous sommes ne peuvent la garder.

Notre malheur n’en est que plus grand. Car mourir, quand on aime la vie, serait un moindre mal. Mais notre malheur extrême vient de ce que nous voulons vivre, mais nous sommes acculés à la mort.

L’homme vient au monde et chacun dit : «je veux vivre », et nul n’aspire à mourir. Et malgré son horreur de la mort, il est acculé à la mort. De toute sa force il vit : il mange, il court, il dort, il marche, il ouvre l’œil, il veut vivre. Souvent il sort victorieux de nombreux périls. Il survit. Mais qu’il garde, s’il le peut, son bel âge ! Qu’il ne parvienne pas à la vieillesse!

I1 se tire des dangers d’un jour et il dit : «J’ai échappé à la mort! » — Comment as-tu échappé à la mort ? —« En triomphant des dangers d’un jour. » Tu n’as pourtant fait qu’ajouter un jour. Tu as vécu un jour de plus, mais à la réflexion, tu en as perdu un. Car si tu dois vivre, disons trente ans, ce jour écoulé se retranche du total de tes jours et approche l’échéance de ta mort.

A mesure qu’une année disparaît, une autre arrive. Mais, lorsqu’elle est là, tu ne peux empê­cher sa fuite. Angoissé, tu vis une autre année; la vie ôte la vie; le temps ronge ton existence et elle n’est plus. Car elle n’est plus, à l’aube du dernier jour.

Mais vint Notre Seigneur Jésus Christ, qui nous dit en quelque sorte : « Que craignez-voas9 hommes que j’ai créés et que je n’ai pas abandonnés? Hommes, de vous est venue la ruine, de moi la création. Hommes, pourquoi craignez-vous de mourir? Voilà que je meurs, voilà que je souffre. Ne redoutez plus ce que vous redoutiez; je vous montre votre espérance ».

Oui, il l’a fait; il nous a manifesté sa résurrection pour l’éternité.

Saint Augustin Sermon Guelferbytanus 12. mystère de Pâques Centurion-Grasset 1965 p. 217-218

PRIÈRE

Seigneur, tu as renouvelé et rajeuni ton peuple ; fais qu’il soit pour toujours dans l’allégresse : Aujourd’hui, nous sommes heureux d’avoir retrouvé notre gloire de fils de Dieu, mais affermis-nous dans l’espérance en attendant le jour de notre résurrection.

EUCHARISTIE MÉDITÉE 9

EUCHARISTIE MÉDITÉE 9

Le divin Maître

A qui irions-nous, Seigneur ? vous avez les paroles de la vie éternelle. (Jean, VI, 69.)

Eucharistie- Motif sculpté sur porte d'église - Bruxelles
Eucharistie- Motif sculpté sur porte d’église – Bruxelles

9e Action de grâces – Jésus enseigne seul la véritable science

Parlez, Seigneur, parce que votre serviteur vous écoute. C’est bien maintenant, ô Jésus, que je puis vous adresser ces paroles, maintenant que tout se tait et fait silence en moi pour entendre votre voix et goûter en paix la douceur de vos divins entretiens.

Oui ! que tout se taise au-dedans et au-dehors, que tout disparaisse pour moi ; je ne veux plus entendre, je ne veux plus voir que vous, ô Jésus, mon Sauveur bien-aimé ! Trop longtemps j’ai prêté l’oreille aux voix mensongères du monde et des créatures, trop longtemps elles m’ont enchanté et séduit ; mais vous avez parlé, ô divin Maître, et j’ai reconnu leur séduction et leur mensonge.

A présent, votre voix seule est pour moi pleine de charmes ; elle m’enchante, me ravit, et sa douceur me tient lieu de toutes les fausses douceurs de la terre.

Uni à vous, mon souverain bien, je comprends la relativité de tout ce qui passe, de tout ce qui n’est pas vous. Vous m’éclairez, et je vois à votre lumière la vanité du monde, de ses honneurs, de ses richesses et de ses plaisirs.

Ah ! que d’autres les ambitionnent et les poursuivent, moi je les dédaigne ; je n’envie plus qu’un seul honneur, celui de vous plaire, de vous aimer, et de voir votre amour croître sans cesse dans mon cœur, pour qu’il en soit enfin embrasé, consumé comme un holocauste offert à la gloire de votre éternelle majesté.

Je vis en ce moment de vous et par vous, ô Sauveur adoré, et je comprends mieux que jamais que ces quelques jours que nous passons ici-bas, et que nous appelons la vie, ne sont qu’une mort véritable, une épreuve qui sera bientôt terminée, puisque chaque pas que nous faisons sur la terre nous rapproche de la tombe.

Ah ! puisse chacun des miens me rapprocher de vous par la pratique d’un nouvel acte de vertu, par un accroissement d’amour ! Alors la mort ne sera plus que l’objet de mes désirs, le terme de ma captivité, elle sera mon espérance, et, lorsqu’elle viendra de votre part, je la recevrai comme une amie longtemps attendue, comme une messagère de bonheur, je la saluerai comme ma libératrice, comme l’aurore de mon plus beau jour.

Pénétré de ces sentiments, que me fait à présent, ô mon Dieu, que le jour de la vie soit pour moi sans joie et sans bonheur ? que m’importe que ce jour s’écoule dans la tristesse et dans le deuil ? J’ai compris sur votre cœur, ô Jésus, la béatitude des larmes, de la pauvreté, du renoncement et de la croix. Oui, souffrir avec vous et pour vous, ô Sauveur adoré, voilà le vrai bonheur de la terre, le seul qu’ambitionne et désire mon âme.

Soutenu par l’exemple de votre sainte vie, encouragé, fortifié et consolé par la divine parole que vous faites entendre à mon cœur, je veux, ô mon adorable Maître, suivre avec fidélité les inspirations de votre grâce, ne plus écouter d’autres maîtres que vous, et par ma docilité vous prouver ma reconnaissance et mon amour.

Ah ! faites, Seigneur, que mon cœur soit cette bonne terre de l’Évangile qui rend au centuple, et sur laquelle la semence de la divine parole produit des fruits abondants. Pourrait-elle demeurer stérile, cette terre si souvent couverte de la rosée de votre précieux sang  ?

Non, non, vous ne permettrez pas que j’abuse ainsi de vos bienfaits et de vos grâces, et que ces dons, qui, dans les vues de votre miséricorde, doivent servir à ma sanctification et à mon salut, deviennent la matière de mon jugement et le sujet de ma condamnation.

Vous serez ma force, ô Jésus, vous me protégerez contre ma propre faiblesse ; vous serez vous-même le gardien de mes promesses, de mes résolutions, et vous mettrez le sceau à tous vos dons en m’accordant celui de la persévérance finale.

0 Marie, Vierge fidèle, vous qui écoutiez toutes les paroles de Jésus et qui les conserviez dans votre cœur pour en faire la règle de votre conduite et de votre vie, vous qui êtes la copie fidèle et la vivante image de votre Fils, vous qui l’avez aimé et imité mieux que personne ne l’aimera et ne l’imitera jamais, ayez pitié de ma faiblesse ; voyez mon cœur, il veut être à Jésus, il veut y être tout entier, sans réserve et sans retour.

Mais, hélas ! il est faible, fragile, inconstant. Ah ! soyez son soutien, sa caution, son guide. Je vous le donne ce pauvre cœur, ô ma tendre Mère ; cachez-le dans le vôtre ; gardez-le pour l’offrir à Jésus, pour l’instruire et le sanctifier à l’école du vôtre. Ainsi soit-il.

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