MOIS DE SAINT JOSEPH – XIVe JOUR

MOIS DE SAINT JOSEPH – XIVe JOUR

Saint Joseph donne à Notre-Seigneur le nom de Jésus.

I

ISIDORE ISOLANO (1477-1528)

Saint Joseph nomme Jésus chapelle saint Yves Guipavas au Douvez Finistère
Saint Joseph nomme Jésus chapelle saint Yves Guipavas au Douvez Finistère

« Ce fut un grand honneur pour saint Joseph que de recevoir la mission/impliquée dans cette parole de l’Ange : Vous lui donnerez le nom de Jésus. Par l’imposition de ce nom sacré au Christ, saint Joseph dévoila à la terre le secret divin; et, tenant en quelque sorte la place du Père éternel, il manifesta le mystère du Saint-Esprit, jusqu’alors caché sous le voile des psaumes et des prophéties.

Devenu, par cet acte auguste, l’auxiliaire de la bienheureuse Vierge Marie dans l’œuvre de la Rédemption, son ministère le rend l’égal des Anges, dont la dignité sublime n’a rien qui puisse surpasser la sienne.

« Chez tous les peuples du monde, la loi reconnaît aux pères le droit d’imposer un nom à leurs fils. Jésus était le Fils de Dieu, et saint Joseph eut la gloire de remplacer Dieu auprès de lui. Lorsqu’on baptise le fils d’un roi, à qui, je vous prie, le roi cède-t-il l’honneur de désigner le nom de son fils, si ce n’est à un autre roi, ou à son ambassadeur, ou à tel autre personnage illustre? Or Dieu ne trouva pas sur toute la terre d’homme plus digne que Joseph d’être chargé de cette mission auprès de son propre Fils.

(Ne croyez pas, ô Joseph, que parce que le Sauveur a été conçu du Saint-Esprit vous soyez complètement étranger à l’économie de ce grand mystère… C’est vous qui le nommerez. Bien qu’il ne soit pas votre fils, vous aurez pour lui toutes les sollicitudes d’un père, et en lui imposant le nom qu’il portera vous lui serez uni par tous les liens de la paternité. Saint Jean Chrysostome, 4e homélie sur Saint Matthieu.)

« L’Esprit-Saint, en parlant par la bouche des prophètes, a désigné le Rédempteur sous l’allégorie de divers autres noms : Son nom sera Emmanuel, est-il dit dans Isaïe; et ailleurs : Son nom sera l’Admirable, le Dieu fort, le Père du siècle futur, le Prince de la paix. Donnez-lui pour nom : Hâte-toi de recueillir les dépouilles. Messie, qui veut dire Christ, est un nom très – connu des Hébreux ; on trouve encore dans les psaumes : Son nom est comme une huile répandue; et dans saint Luc : II sera appelé le Fils du Très-Haut.

«Par l’unique imposition du nom de Jésus à Celui qui devait être le Rédempteur des hommes, saint Joseph découvrit tous ces mystères au monde, qui les ignorait encore, ou, du moins, qui n’en pénétrait pas le véritable sens; quel honneur que d’avoir été dans une telle circonstance l’instrument du Saint-Esprit !

« L’Ange, ayant d’abord révélé le nom de Jésus à Marie, puis à Joseph, lorsque celui-ci l’imposa au Sauveur enfant, il était auprès de lui le délégué du monarque divin.

« Mais une autre question se présente : Saint Joseph devenu le collaborateur de la sainte Vierge, dans l’œuvre de la Rédemption, imposa-t-il le nom de Jésus au Fils de Dieu, en vertu d’une autorité égale à celle de sa sainte Épouse?

« Le doute n’est guère possible à cet égard ; car les privilèges de la paternité, l’ordre de l’Ange, et la pudeur même de Marie, exigeaient que les hommes le vissent et le crussent ainsi ; mais aux yeux de Dieu et aux yeux des anges, cette autorité n’appartenait qu’à la sainte Vierge, car c’était la seule créature au monde qui avait un droit véritable sur le Christ. Dieu, l’Ange, Marie et Joseph, participèrent donc à cette imposition du nom de Jésus, Dieu en le voulant, l’Ange en le révélant à Marie, Marie en transmettant à Joseph l’ordre de l’Ange, et Joseph en exécutant cet ordre.

« Quand ce nom glorieux fut prononcé pour la première fois, ce fut par un être supérieur à l’homme, afin qu’on ne pût douter que l’homme ne l’avait ni créé ni choisi. Par la même raison , quand ce nom fut imposé pour la première fois, ce fut par un homme supérieur aux autres hommes. Il ne fallait pas moins que saint Joseph pour le révéler au monde, en le donnant à l’Enfant Dieu. »

(Somme des Vertus de saint Joseph)

II

Mais à ce privilège d’imposer le nom du Sauveur, qui faisait participer saint Joseph à la jouissance de Dieu sur son Fils, se joignit, pour le saint Patriarche, un ministère qui devait l’associer aux souffrances du Rédempteur pour les hommes. On croit généralement qu’il fut non-seulement le témoin, mais le ministre de la circoncision.

« Avec quelle compassion il s’acquitta de ce devoir! s’écrie le bienheureux Louis de Grenade. Comme il devait être ému en voyant d’un côté couler le sang de l’Enfant, de l’autre les larmes de la mère, c’est-à-dire, de deux êtres qu’il aimait du « plus ardent amour! »

Saint Joseph ne devait pas suivre Jésus-Christ au Calvaire; mais il ne pouvait rester étranger au sacrifice qui était le but et le terme de la Rédemption ; c’est pourquoi il fut chargé d’en offrir les prémices dans le temple de Jérusalem.

Après avoir été uni aux joies de la maternité divine de Marie, il en partageait ainsi les premières amertumes et en pressentait les longues douleurs. Le sang de la circoncision, dit un pieux auteur, fut son Gethsêmani et son Golgotha.

Le premier don de l’Esprit à demander est la sagesse

Le premier don de l’Esprit à demander est la sagesse

Le Pape François, depuis la place Saint-Pierre, a poursuivi son cycle de catéchèses sur les vices et les vertus, centrant son audience ce mercredi sur la conduite vertueuse. «Le chapitre sur la conduite vertueuse, en ces temps dramatiques où nous sommes souvent confrontés au pire de l’humain, devrait être redécouvert et pratiqué par tous. »

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 13 mars 2024

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Catéchèse – Les vices et les vertus – 11. La conduite vertueuse

Résumé

Frères et sœurs, après un tour d’horizon sur les vices, notre réflexion sera centrée sur le chapitre des vertus, car le cœur de l’homme est fait pour le bien. L’exercice des vertus est le fruit d’une longue germination qui demande de l’effort et de la souffrance aussi.

La personne vertueuse est celle qui est fidèle à sa vocation et qui se réalise ainsi pleinement. Nous faisons fausse route si nous pensons que les saints sont des exceptions de l’humanité. Les saints sont ceux qui réalisent la vocation de tout homme.

Le Catéchisme de l’Église Catholique définit la vertu comme une disposition habituelle et ferme à faire le bien. La vertu est un habitus de la liberté. Comment faire pour la conquérir ? La première aide pour le chrétien est la grâce de Dieu.

Selon la sagesse des ancêtres, la vertu grandit et peut être cultivée. Pour que cela se réalise, le premier don de l’Esprit que l’on peut demander est la sagesse. Ensuite il faut la bonne volonté, cette capacité de choisir le bien, de nous façonner avec l’exercice ascétique.

AUDIENCE GÉNÉRALE

Chers frères et sœurs, bonjour !

Après avoir conclu le tour d’horizon des vices, le moment est venu de tourner notre regard vers le tableau symétrique, qui s’oppose à l’expérience du mal. Le cœur humain peut se livrer à de mauvaises passions, il peut écouter des tentations nuisibles déguisées sous des vêtements persuasifs, mais il peut aussi s’opposer à tout cela.

Aussi fatigant que cela puisse être, l’être humain est fait pour le bien, celui qui le réalise véritablement et peut aussi pratiquer cet art, faisant en sorte que certaines dispositions deviennent permanentes en lui. La réflexion autour de cette merveilleuse possibilité qui est la nôtre forme un chapitre classique de la philosophie morale : le chapitre des vertus.

Les philosophes romains l’appelaient virtus, les philosophes grecs l’appelaient aretè. Le terme latin souligne avant tout que la personne vertueuse est forte, courageuse, capable de discipline et d’ascétisme ; donc l’exercice des vertus est le fruit d’une longue germination, qui demande des efforts et même de la souffrance.

Le mot grec aretè désigne quelque chose qui excelle, quelque chose qui surgit, qui suscite l’admiration. La personne vertueuse est donc celle qui ne se déforme pas mais est fidèle à sa vocation et se réalise pleinement.

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Nous aurions tort de penser que les saints sont des exceptions à l’humanité : une sorte de cercle restreint de champions qui vivent au-delà des limites de notre espèce. Les saints, dans cette perspective que nous venons d’introduire à propos des vertus, sont plutôt ceux qui deviennent pleinement eux-mêmes, qui réalisent la vocation de tout homme.

Quel monde heureux ce serait dans lequel la justice, le respect, la bienveillance mutuelle, l’ouverture d’esprit, l’espoir seraient la normalité partagée, et non une anomalie rare ! C’est pourquoi le chapitre sur l’action vertueuse, en ces temps dramatiques où nous avons souvent affaire au pire de l’humanité, devrait être redécouvert et pratiqué par chacun.

Dans un monde déformé, nous devons nous souvenir de la forme avec laquelle nous avons été façonnés, de l’image de Dieu qui est gravée en nous pour toujours.

Mais comment définir le concept de vertu ? Le Catéchisme de l’Église catholique nous offre une définition précise et concise : « La vertu est une disposition habituelle et ferme à faire le bien » (N. 1803). Il ne s’agit donc pas d’un bien improvisé et quelque peu aléatoire, qui tombe du ciel de manière épisodique.

L’histoire nous apprend que même les criminels, dans un moment de clarté, ont accompli de bonnes actions ; certes ces actes sont écrits dans le « livre de Dieu », mais la vertu est autre chose. C’est un bien qui naît d’une lente maturation de la personne, jusqu’à devenir une caractéristique interne.

La vertu est un habitus de liberté. Si nous sommes libres dans chaque acte, et chaque fois que nous sommes appelés à choisir entre le bien et le mal, la vertu est ce qui nous permet d’avoir l’habitude de faire le bon choix.

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Si la vertu est un si beau don, une question se pose immédiatement : comment peut-on l’acquérir ? La réponse à cette question n’est pas simple, elle est complexe.

Pour le chrétien, la première aide est la grâce de Dieu : en effet, l’Esprit Saint agit en nous, baptisés, agissant dans notre âme pour la conduire à une vie vertueuse. Combien de chrétiens sont parvenus à la sainteté dans les larmes, se rendant compte qu’ils ne parvenaient pas à surmonter certaines de leurs faiblesses !

Mais ils ont constaté que Dieu a achevé cette bonne œuvre qui pour eux n’était qu’une esquisse. La grâce précède toujours notre engagement moral.

En outre, nous ne devons jamais oublier la très riche leçon qui nous est venue de la sagesse des anciens, qui nous dit que la vertu grandit et peut être cultivée. Et pour que cela arrive, le premier don de l’Esprit à demander est la sagesse. L’être humain n’est pas un territoire libre de conquête des plaisirs, des émotions, des instincts, des passions, sans pouvoir rien faire contre ces forces, parfois chaotiques, qui l’habitent.

Un don inestimable que nous possédons est l’ouverture d’esprit, c’est la sagesse qui sait apprendre de ses erreurs pour bien diriger la vie. Ensuite, nous avons besoin de bonne volonté : la capacité de choisir le bien, de nous façonner par un exercice ascétique, en évitant les excès.

Chers frères et sœurs, c’est ainsi que nous commençons notre voyage à travers les vertus, dans cet univers serein qui apparaît exigeant, mais décisif pour notre bonheur.

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier les nombreux groupes scolaires venus de France. Frères et sœurs, en ce temps béni de Carême, tournons-nous vers la Sainte Vierge, Siège de la Sagesse, afin que par son intercession nous nous mettions au service du bien. Que Dieu vous bénisse !

Mes pensées vont enfin aux malades, aux personnes âgées, aux jeunes mariés et aux jeunes, en particulier aux nombreux étudiants présents… J’invite chacun à poursuivre avec engagement l’itinéraire du Carême, prêt à accomplir des gestes de solidarité chrétienne partout où la Providence vous appelle à opérer.

Et s’il vous plaît, persévérons dans une prière fervente pour ceux qui souffrent des terribles conséquences de la guerre. Aujourd’hui, on m’a apporté un chapelet et l’Évangile d’un jeune soldat mort au front : il a prié avec cela. Beaucoup de jeunes, beaucoup de jeunes vont mourir ! Prions le Seigneur de nous donner la grâce de surmonter cette folie de la guerre qui est toujours une défaite. Ma bénédiction à vous tous !


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Tout recevoir sans rien posséder

Tout recevoir sans rien posséder

MERCREDI (4e semaine de Carême) Is 49,8-15 – Jn 5,17-30

Le Fils ne peut rien faire de lui-même sinon ce qu’il voit faire au Père (Jn 5,19)

vitrail église Fribourg
vitrail église Fribourg (Suisse)

Jésus est pauvre intérieurement, non pas, comme il arrive souvent, qu’il sache profiter des biens de la terre tout :n faisant profession de les mépriser. Il sait au contraire es recevoir et les estimer à leur prix, mais sans la moindre peur de les perdre, sans jamais se préoccuper de les retenir et de les amasser.

Il est pauvre totalement, et non pas seulement détaché des biens matériels, mais aussi libre levant tous les appuis sur lesquels les hommes font repo­ser leur existence. Rien ne lui appartient, ni ses amis, ni son avenir, ni ses projets, ni sa pensée, ni son œuvre.

Son langage est éloquent : une de ses expressions favo­rites est pour dire ce qu’il ne possède pas, ce qu’il ne fait pas, ce qu’il n’est pas : Je ne puis rien faire de moi-même… \e ne cherche pas ma volonté (Jn 5,30) ; Je ne cherche pas ma gloire (8,50) ; Ma doctrine n’est pas de moi (7,16) ; Je ne suis pas de ce monde (8,23) ; Je n’ai pas parlé de moi-même (12,49) ; ses disciples, ce n’est pas lui qui se les attache, c’est le Père qui les lui donne (cf. 6,37.44).

Cette dépossession n’est pas de sa part incertitude, peur de s’affirmer ou d’agir. Nul, au contraire, n’a comme lui conscience de ce qu’il est, conscience d’être en plénitude et de façon unique ce qu’il est :

Je suis le Messie, moi qui te parle (4,26) ; Je suis le pain de vie (6,48) ; Je suis la lumière du monde (9,5) ; Je suis la porte des brebis (10,7) ; Je suis le bon pasteur (10,11) ; Je suis la résurrection (11,25) ; Je suis maître et seigneur (13,13) ; Je suis le chemin, la vérité et la vie (14,6) ; Je suis le vrai cep (15,1) ; et tout simple­ment : Je suis (8,58).

Aucune contradiction, aucune distan­ce entre ces deux réactions : autant il est sûr de lui et de ce qu’il fait, autant il éprouve que son assurance lui vient d’un autre, de celui qu’il ne cesse d’entendre et de regarder son Père.

Un mot résume le fond de son être, le secret qu’il révèle aux siens, c’est à la fois : Je suis et Je ne fais rien de moi-même (8,28). Formule que nous sommes tentés de prendre pour un paradoxe : être, pensons-nous, c’est s’affirmer in­dépendant, n’avoir besoin de personne et posséder tout ce dont on a besoin.

Jésus, lui, est et s’affirme, comme Dieu seul est capable d’être et de s’affirmer, sans commence­ment et sans déclin, sans risque d’accident ou de déchéance. Mais tout ce qu’il a et tout ce qu’il est, il le tient du Père, il ne cesse de le recevoir. Fils égal au Père et riche de toute la richesse de Dieu, rien ne lui est propre de toute cette richesse, il est infiniment riche parce qu’il reçoit éternelle­ment la plénitude de Dieu.

Voilà pourquoi, étant de condi­tion divine, au lieu de retenir jalousement le rang qui l’égalait à Dieu, il s’est anéanti lui-même, prenant condi­tion d’esclave (Ph 2,6-7). Non pas caprice du riche repu, fatigué de ses trésors, mais mouvement spontané du Fils comblé qui vient faire partager aux hommes la joie filiale de ne rien posséder et de tout recevoir.

Mais qui donc, parmi les hommes, est capable de tout recevoir, sinon le pauvre ? Et Jésus, pour vivre en Fils notre condition, la vit dans la pauvreté suprême.

Jacques Guillet Jésus-Christ hier et aujourd’hui, DDB, 1963, p. 96-98.

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