Dieu nous veut grands, c’est pourquoi il nous veut libres

Dieu nous veut grands, c’est pourquoi il nous veut libres

SAMEDI (2e semaine de Carême) Michée 7,14…20 – Luc 15,1-3.11-32

vitrail Chartres parabole du fils prodigue
vitrail Chartres parabole du fils prodigue

Le père leur partagea son bien (Lc 15,12)

Quelles que soient les circonstances, Dieu respecte les choses qu’il a créées, leur nature et leurs lois, la dureté du fer, la pesanteur de la terre, la chaleur du feu.

Mais il existe des êtres plus hauts que la matière brute : Dieu a voulu l’homme, et à l’homme il a fait le cadeau le plus grand possible : il nous a donné la liberté. Cette liberté, Dieu va la respecter jusqu’au bout.

C’est Jésus lui-même qui nous suggère cela dans un de ses récits : Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : Père, donne-moi ma part d’héritage. Et le père leur parta­gea son bien. Peu de jours après, le plus jeune, rassem­blant tout ce qu’il avait, partit pour un pays lointain et y dissipa son bien dans une vie de prodigue (Lc 15,11-13).

Pourquoi donc ce père a-t-il laissé partir l’enfant malgré la douleur que cela lui causait, malgré le tort que son fils se faisait à lui-même et qu’il prévoyait bien ?

Justement parce que celui qui réclamait la liberté était son fils. Si un esclave, un domestique engagé par contrat était venu réclamer sa liberté, le maître l’aurait renvoyé à son travail au besoin par la force. Mais le père savait que son petit ne serait jamais heureux s’il le retenait malgré lui. Il a respecté sa liberté d’homme, quoi qu’il pût en coûter à lui ou à ce petit qu’il aimait plus que lui-même.

Dieu n’est pas un dictateur. Tous les dictateurs veulent rendre leurs peuples heureux, mais par la force. Et leurs peuples ne sont pas heureux parce qu’ils ne sont pas libres.

Dieu n’est pas « paternaliste » : les patrons paternalistes veulent rendre leurs ouvriers heureux comme eux, patrons, l’entendent et sous leur tutelle. Et les ouvriers préfèrent plus que tout leur liberté.

Dieu est père : il veut nous voir marcher par nous-mêmes, comme des hommes libres et non comme des en­fants.

Croyons-nous vraiment à la grandeur de la liberté ?

Si oui, nous comprendrons que ce qui fait sa valeur, c’est de l’acheter à un grand prix comme il le faut.

Ceux qui sont prêts à être des esclaves gras ne comprendront jamais cela. Souvenons-nous des heures où (durant la seconde guerre mondiale) nous étions privés de notre liberté ; alors, même des gens d’habitude calmes, aimant vivre dans leurs pantoufles, ont frôlé la mort, la prison, la torture et parfois les ont subies pour redevenir eux et leur pays des hommes libres.

Dieu nous a voulus grands, non pas tant par nos actions qui souvent sont limitées mais par la liberté que nous avons de les faire ou non.

Jacques Loew « Fêtes et Saisons », n » 117, août 1957, p. 9.

L’homme est appelé à se donner, par un élan de géné­rosité consentie, qui lui fait dépasser ses frontières et l’in­troduit dans le monde bienheureux de la communion et de l’amour. (Jean Mouroux)

BIENHEUREUX HENRI SUSO

2 Mars BIENHEUREUX HENRI SUSO +1365.

Aux XIIIe et XIVe siècles la vie mystique prit sur les bords du Rhin un étonnant développement. Trois Dominicains furent à la tête de ce mouvement : le premier fut maître Eckhart, puis deux de ses élèves, Jean Tauler et le bienheureux Henri Suso.

Bienheureux Henri Suso Basilique - Sainte Marie-Madeleine de Saint-Maximin.
Bienheureux Henri Suso Basilique – Sainte Marie-Madeleine de Saint-Maximin.

Henri Suso naquit le 21 mars 1295, à Constance. Von Gerg, son père était aussi violent que mondain. Sa mère, de Suse, au contraire, était d’une nature douce et pieuse. Ce fut le caractère maternel qui domina chez Henri ; lui-même adopta le nom de sa mère de préférence au nom paternel.

Il revêtit l’habit dominicain à l’âge de treize ans. Réagissant contre le relâchement de la discipline, à dix-huit ans, il prit la résolution de donner son cœur tout entier à Dieu, et tint parole. A la suite de son noviciat, il fit ses études de philosophie et de théologie, et fut en­suite envoyé au couvent de Cologne. C’est là qu’il connut maître Eckhart, le prince de la mystique allemande.

Lorsqu’il eut achevé ses études et reçu le titre de Lecteur, Henri Suso fut envoyé professer à Constance. C’est vers cette époque qu’il composa son « Livre de la Sagesse ». A partir de ce moment il se mit à chanter l’amour, « non l’amour qui passe, ne laissant après lui que regrets et dégoûts », mais l’amour de Dieu, l’amour qui commence ici-bas pour ne jamais finir dans l’éternité.

C’est sous cette inspiration, qu’un jour, fortement excité par l’amour, il se rendit dans sa cellule, prit un stylet et commença à graver dans sa chair vive le nom de Jésus (I.H.S.) sur son cœur. Après cela il sortit de sa chambre et alla, dans la chaire, s’agenouiller sous le crucifix et supplier « l’Amour unique de son cœur et de son âme », de graver lui-même au fond de son cœur le nom bien-aimé en lettres éternelles.

Grande aussi était sa dévotion envers la Sainte Vierge. Pendant la première nuit de janvier, les jeunes gens de sa ville natale avaient l’habitude de chanter, en s’accompagnant d’instruments, devant la mai­son de leurs fiancées, qui leur jetaient des couronnes de fleurs.

« Ô ma bien-aimée Souveraine, disait alors Frère Henri, ce que font ces insen­sés pour l’amour de la créature, pourrais-je ne pas le faire pour vous ? » Et se prosternant devant l’image de Marie, il lui chantait le plus beau cantique qu’il connût, et la suppliait de lui accorder en récompense une couronne de grâces et de vertus.

Ce fervent religieux pratiquait une vie de mortification extraordinai­re, plus digne d’admiration que d’imitation. Dans sa cellule il n’avait ni matelas, ni couvertures ; et son lit consistait en une vieille porte sur laquelle il étendait une petite natte de jonc ; c’est là qu’il reposait tout habillé, ne quittant que ses chaussures.

Il ne faisait qu’un repas très frugal par jour, se donnait la discipline deux fois le jour, et lavait ses plaies avec du sel et du vinaigre, etc. Il supporta ce supplice pen­dant dix-sept ans, et ne l’abandonna que sur inspiration d’en haut.

Depuis le jour où Henri Suso quitta ces étranges pénitences cor­porelles. Dieu les remplaça par des tribulations spirituelles plus doulou­reuses ; celles-ci lui vinrent de la publication de ses ouvrages, dans lesquels on crut trouver des hérésies.

Cité devant le Chapitre provincial il fut déposé de sa charge de Prieur ; dans cette épreuve plus encore que dans ses austérités apparut la vertu du saint religieux. Sans se lais­ser accabler il se mit à traduire en latin son premier ouvrage qu’il inti­tula « Horologium Sapientiae ». Cet ouvrage connut un succès incompa­rable, supérieur même à celui du livre de l’ « Imitation ».

Sa direction des âmes était très recherchée : de toutes parts on ve­nait lui demander conseils et encouragements. Henri Suzo termina ses jours à Ulm, le 25 janvier 1365.

« La Bonté a converti plus de pécheurs que le zèle, l’éloquence ou la science ; et ces trois choses n’ont jamais converti personne que la Bonté n’y ait eu quelque part. » (P. Faber).

J.-M. Planchet, cm

Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

LE MOIS DE SAINT JOSEPH – IIe JOUR

LE MOIS DE SAINT JOSEPH – IIe JOUR

Saint Joseph figuré par le patriarche Joseph dans l’Ancien Testament

I

Albert le grand

Le songe du patriarche Joseph Ancien Testament - cathédrale de Bourges
Le songe du patriarche Joseph Ancien Testament – cathédrale de Bourges

« Chaque personnage de l’Ancien Testament a une signification prophétique conforme aux traits principaux de son caractère et de sa vie. Si donc on se demande quel est celui d’entre eux qui a été la figure de saint Joseph, on peut douter, au premier abord, que ce soit le premier Joseph, fils de Jacob ; car celui-ci paraît avoir été plutôt l’image de Notre-Seigneur, comme ayant été le fils, de Rachel, né dans la vieillesse de son père, comme ayant été vendu, comme ayant été destiné à délivrer son peuple et à sauver son pays.

« Cependant, si l’on étudie de plus près les analogies des Écritures, on reconnaît qu’à une seule et même personne est attribué, dans l’Ancien Testament, des symboles divers et multiples. Ainsi, quand on raconte qu’il fut dit à Abraham : Prends ton fils, le saint patriarche était la figure de Dieu le Père, qui n’épargna pas son propre Fils ; et ailleurs, quand il lui fut ordonné de sortir de la terre de Canaan, il figurait Jésus-Christ, qui était sorti de sa patrie céleste et de sa famille, c’est-à-dire du sein de son Père, pour venir en ce monde. Enfin, quand on raconte du même Abraham qu’il s’assit sous le portique de sa tente durant la chaleur du jour, c’est qu’il figure alors les anciens patriarches, qui s’assirent à l’ombre de la loi, et attendirent avec de fervents désirs l’incarnation du Verbe.

« On peut donc admettre aussi que le premier Joseph figurait Notre-Seigneur dans sa captivité, dans sa délivrance, et dans son action de libérateur du peuple égyptien; mais dans sa fidélité, dans sa chasteté, dans la révélation qui lui fut faite des secrets divins et dans la charge qui lui fut confiée pour la conservation des fruits de la terre, il figurait le second Joseph.
Son nom de Joseph, qui veut dire progrès, lui convient d’ailleurs admirablement : il exprime la progression ascendante de ses vertus et de sa sainte renommée, la piété et le respect croissant dont il a été l’objet de la part des hommes; il exprime aussi la hauteur sublime où l’a élevé sa mission auprès du Sauveur et de la Vierge mère.
Que, si vous le comparez maintenant au grand patriarche jadis vendu sur la terre d’Égypte, vous trouverez qu’en recevant le même nom, Joseph de Nazareth fut revêtu de la même chasteté, doté de la même innocence et de la même grâce.
En effet, le patriarche Joseph, vendu et conduit en Égypte par suite de la haine que lui portaient ses frères, tout en représentant le Christ, qui devait être vendu par un traître, représente aussi saint Joseph, fuyant de son pays pour se dérober à la haine d’Hérode, et emportant le Christ en Égypte.
Le premier, repoussant de perfides suggestions, demeura fidèle à son maître ; le second, reconnaissant dans son épouse la Mère de Dieu, resta son chaste gardien et son protecteur fidèle.
L’un eut l’intelligence des songes, l’autre fut le témoin et le ministre des mystères célestes : l’un garda les blés en vue de la famine, non-seulement pour lui, mais pour tout le peuple ; l’autre reçut, pour le conserver au monde entier, le pain vivant descendu du ciel.
Oui, le fidèle et prudent serviteur du roi d’Égypte fut en réalité la figure du fidèle et prudent serviteur de Dieu, homme juste par excellence, que Jésus-Christ élut pour être le consolateur de sa Mère, le père nourricier de son humanité, et l’auxiliaire discret de ses grands desseins sur le monde.

« En étudiant la vie du premier Joseph, on voit donc combien les traits d’un tel caractère convenaient au second Joseph, à celui qui s’acquitta de sa mission protectrice envers la Mère de Dieu et son divin Fils avec la plus scrupuleuse fidélité, et qui éprouva pour eux, en remplissant ce ministère sacré, les sentiments du père le plus dévoué et de l’époux le plus tendre. »
(Albert le grand – Question sur le Messie, p. 42. Ce parallèle entre les deux Joseph, qui met en relief plusieurs traits importants de la figure de saint Joseph, a été souvent reproduit par les Pères de l’Église et par les auteurs mystiques, entre autres par saint Bernard, saint Bernardin de Sienne, saint Pierre Chrysologue, saint Augustin , etc.)

On le retrouve aussi dans le décret du Souverain Pontife. « De même, y est-il dit, que Dieu avait constitué Joseph, fils du patriarche Jacob, intendant de la terre d’Égypte, afin qu’il mit du blé en réserve pour le peuple, ainsi, au moment de la plénitude des temps où il devait envoyer sur la terre son Fils unique le Sauveur du monde, il choisit un autre Joseph dont le premier avait été la figure, il le fit maître et prince de sa maison et de son héritage, et lui donna la garde de ses principaux trésors. » Décret du 8 décembre 1870.)

II

Saint Alphonse de Liguori

« Figurons-nous donc, chrétiens, que le Seigneur, nous voyant dans la peine, nous dit à tous les paroles que Pharaon disait à son peuple pendant la famine de l’Égypte : Allez à Joseph. Allons donc à Joseph, si nous voulons être secourus et consolés. Grâce à Dieu, il n’y a maintenant au monde aucun chrétien qui n’ait de la dévotion à ce grand saint; mais ceux qui en reçoivent le plus de grâces sont ceux qui l’invoquent le plus souvent et avec le plus de confiance.
Aussi ne manquons jamais chaque jour, et plusieurs fois par jour, de nous recommander à lui, puisque sa puissance auprès de Dieu l’emporte sur celle de tous les autres saints, et n’est surpassée que par celle de la sainte Vierge. Adressons-lui habituellement quelques prières spéciales; ayons soin de les multiplier pendant sa neuvaine, et de faire avec fidélité le jeûne de sa vigile. Mais que notre culte se tourne surtout à étudier sa vie et à imiter ses vertus. » (Sermon sur saint Joseph.)

« 0 bienheureux Joseph!
nous vous appelons à notre aide dans les souffrances
de la ténébreuse Égypte,
où nous sommes exilés.
Comme l’illustre patriarche
dont la prudence conserva le pain à son peuple,
soyez notre sauveur,
et ranimez les forces de ceux qui vont mourir de faim. »

« Compatiens esto, hos heu retinet tenebrosa
Torquet et AEgyptus, sis salvator velut alter,
Egregius patriarcha Joseph frumenta recondens
Providus. O jam jamque ferme refove precantes. »
(Josephina, de Gerson.)

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