Prier et servir dans la joie : Kateri Tekakwitha, première sainte autochtone nord-américaine

Prier et servir dans la joie :
Kateri Tekakwitha, première sainte autochtone nord-américaine

Durant sa catéchèse lors de l’audience générale du mercredi 30 août, le Pape François a parlé de la figure de Kateri Tekakwitha, la première femme autochtone nord-américaine à avoir été canonisée. En prenant exemple sur la dévotion totale de cette sainte pour la croix, le Saint-Père nous appelle à nous engager avec un cœur sans partage dans la vocation et la mission» confiée par Dieu.
PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI
Mercredi 30 août 2023

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Résumé de la catéchèse

– La passion pour l’évangélisation : le zèle apostolique du croyant

– 19. Prier et servir dans la joie : Kateri Tekakwitha, première sainte autochtone nord-américaine

Chers frères et sœurs,

aujourd’hui nous poursuivons notre catéchèse sur le zèle et la passion apostolique grâce à la figure de sainte Kateri Tekawitha, première sainte autochtone d’Amérique du Nord au XVIIe siècle. Seule sa mère, d’une tribu différente de celle de son père, était baptisée et c’est elle qui apprit à Kateri à prier et à chanter Dieu.

Mais une épidémie de variole rendit la petite orpheline ; elle garda même toute sa vie des marques sur son visage et une vue très abîmée. Après le baptême, reçu a 20 ans, l’engagement de Kateri dans la mission des pères jésuites auprès des enfants et des personnes malades ou âgées, comme sa manière de servir humblement, de prier ou de supporter ses croix, faisait l’édification de tous et manifestait clairement un grand zèle apostolique.

Son désir de se donner totalement à Dieu l’amena à émettre un vœu de virginité à l’âge de 23 ans, une année avant sa mort précoce. La courte vie de Kateri Katewitha révèle la joie silencieuse et la liberté d’une vie ouverte au Seigneur et aux autres dans un quotidien tout donné.

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Catéchèse

Chers frères et sœurs, bonjour !

Maintenant, poursuivant notre catéchèse sur le thème du zèle apostolique et de la passion pour l’annonce de l’Évangile, regardons aujourd’hui sainte Kateri Tekakwitha, la première femme autochtone d’Amérique du Nord à être canonisée.

Née vers 1656 dans un village du nord de l’État de New York, elle était la fille d’un chef mohawk non baptisé et d’une mère chrétienne algonquienne, qui a appris à Kateri à prier et à chanter des hymnes à Dieu. Beaucoup d’entre nous ont également été présentés au Seigneur pour la première fois au sein de la famille, notamment par nos mères et nos grands-mères.

C’est ainsi que commence l’évangélisation et en effet, ne l’oublions pas, la foi est toujours transmise en dialecte par les mères et les grands-mères. La foi doit se transmettre en dialecte et nous la recevons dans ce dialecte des mères et des grands-mères.

L’évangélisation commence souvent ainsi : par des petits gestes simples, comme celui des parents qui aident leurs enfants à apprendre à parler à Dieu dans la prière et qui leur parlent de son grand et miséricordieux amour. Et les fondements de la foi de Kateri, et souvent aussi de nous, ont été posés de cette manière. Elle l’avait reçu de sa mère en dialecte, le dialecte de la foi.

Quand Kateri avait quatre ans, une grave épidémie de variole a frappé son peuple. Ses parents et son jeune frère sont morts, et Kateri elle-même s’est retrouvée avec des cicatrices au visage et des problèmes de vision.

À partir de ce moment, Kateri dut faire face à de nombreuses difficultés : certes physiques, dues aux effets de la variole, mais aussi aux incompréhensions, aux persécutions et même aux menaces de mort qu’elle subit après son baptême le dimanche de Pâques 1676. Tout cela, il donna à Kateri un grand amour pour la croix, signe définitif de l’amour du Christ, qui s’est donné jusqu’au bout pour nous.

En effet, le témoignage de l’Évangile ne concerne pas seulement ce qui est agréable ; il faut aussi savoir porter nos croix quotidiennes avec patience, confiance et espérance. Patience, face aux difficultés, aux croix : la patience est une grande vertu chrétienne. Celui qui n’a pas de patience n’est pas un bon chrétien.

La patience de tolérer : tolérer les difficultés et aussi tolérer les autres, qui parfois nous ennuient ou nous posent des difficultés… La vie de Kateri Tekakwitha nous montre que chaque défi peut être surmonté si nous ouvrons notre cœur à Jésus, qui nous accorde la grâce dont nous avons besoin : de la patience et un cœur ouvert à Jésus, voilà une recette pour bien vivre.

Après avoir été baptisée, Kateri doit se réfugier chez les Mohawks dans la mission jésuite près de la ville de Montréal. Là, elle assiste à la messe tous les matins, consacre du temps à l’adoration devant le Saint-Sacrement, récite le Rosaire et mène une vie de pénitence.

Ses pratiques spirituelles ont impressionné tout le monde à la Mission ; ils ont reconnu en Kateri une sainteté qui attirait parce qu’elle naît de son amour profond pour Dieu : c’est typique de la sainteté d’attirer. Dieu nous appelle par attraction, il nous appelle avec ce désir d’être proche de nous et elle a ressenti cette grâce d’attraction divine.

En même temps, elle a enseigné aux enfants de la Mission à prier et, à travers l’accomplissement constant de ses responsabilités, y compris le soin des malades et des personnes âgées, elle a donné l’exemple d’un service humble et aimant envers Dieu et le prochain. La foi s’exprime toujours dans le service. La foi n’est pas pour se constituer soi-même, l’âme : non ; c’est servir.

Même si elle a été encouragée à se marier, Kateri a plutôt voulu consacrer pleinement sa vie au Christ. Ne pouvant entrer dans la vie consacrée, elle fait vœu de virginité perpétuelle le 25 mars 1679. Ce choix révèle un autre aspect de son zèle apostolique : le dévouement total au Seigneur.

Bien sûr, tout le monde n’est pas appelé à faire le même vœu que Kateri ; cependant, chaque chrétien est appelé chaque jour à s’engager de tout son cœur dans la vocation et la mission que Dieu lui a confiées, en le servant ainsi que son prochain dans un esprit de charité.

Chers frères et sœurs, la vie de Kateri témoigne encore une fois que le zèle apostolique implique à la fois une union avec Jésus, nourrie par la prière et les sacrements, et le désir de diffuser la beauté du message chrétien à travers la fidélité à sa vocation particulière. Les derniers mots de Kateri sont magnifiques. Avant de mourir, elle a dit : « Jésus, je t’aime ».

Nous aussi, puisant la force du Seigneur, comme l’a fait sainte Kateri Tekakwitha, apprenons à accomplir des actions ordinaires de manière extraordinaire et à grandir ainsi chaque jour dans la foi, la charité et le témoignage zélé du Christ.

Ne l’oublions pas : chacun de nous est appelé à la sainteté, à la sainteté du quotidien, à la sainteté de la vie chrétienne commune. Chacun de nous a cette vocation : avançons sur ce chemin. Le Seigneur ne nous laissera pas tomber.
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Je salue cordialement les pèlerins de langue française présents à cette audience, notamment les sœurs de la Présentation de Marie qui tiennent leur chapitre général dans la lumière de la canonisation récente de leur fondatrice Marie Rivier.

Chers frères et sœurs, puissiez-vous vous laisser prendre par le zèle et la passion apostolique que l’Esprit saint insuffle à toute époque à ceux qui aiment Dieu et le mettent au-dessus de tout.

Que Dieu vous bénisse !
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APPEL

Après-demain, 1er septembre, est célébrée la Journée mondiale de prière pour le soin de la création, inaugurant le « Temps de la création » qui durera jusqu’au 4 octobre, fête de saint François d’Assise. A cette date, j’ai l’intention de publier une Exhortation, un deuxième Laudato si’.

Rejoignons nos frères et sœurs chrétiens dans notre engagement à prendre soin de la création en tant que don sacré du Créateur. Il est nécessaire de se tenir aux côtés des victimes de l’injustice environnementale et climatique, en s’efforçant de mettre fin à la guerre insensée contre notre Maison commune. J’exhorte tout le monde à travailler et à prier pour qu’il regorge à nouveau de vie.

J’adresse une pensée aux jeunes, aux malades, aux personnes âgées et aux jeunes mariés. Seul le Christ possède les paroles de la vie éternelle : je souhaite donc que vous le suiviez toujours avec un cœur ouvert et enthousiaste et que vous en rendiez témoignage chaque jour de votre vie.

Et s’il vous plaît, renouvelons notre proximité et nos prières pour l’Ukraine chère et tourmentée, si éprouvée par de grandes souffrances.

À vous tous, ma bénédiction.


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Texte traduit et présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

Le Christ n’est pas du passé, il est vivant et marche avec nous

Le Christ n’est pas du passé, il est vivant et marche avec nous

Lors de sa catéchèse avant la prière de l’Angélus, dimanche 27 août, le Pape François ,depuis la fenêtre du palais apostolique, a parlé de la présence du Christ dans la vie d’aujourd’hui, non pas comme un personnage de l’Histoire mais comme «le Dieu du présent».

 

LE PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint-Pierre
dimanche 27 août 2023

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Chers frères et sœurs, bonjour !

Aujourd’hui, dans l’Évangile (cf. Mt 16, 13-20), Jésus pose une bonne question à ses disciples : « Qui est, dit-on, le Fils de l’homme ? » (v. 13).

C’est une question que nous pouvons nous aussi nous poser : que disent les gens de Jésus ? Des choses généralement belles : beaucoup le voient comme un grand maître, comme une personne spéciale : bonne, juste, cohérente, courageuse… Mais est-ce suffisant pour comprendre qui il est, et surtout est-ce suffisant pour Jésus ? Il semble que non.

S’il n’était qu’un personnage du passé – comme les personnages mentionnés dans le même Évangile l’étaient pour les gens de l’époque, Jean-Baptiste, Moïse, Élie et les grands prophètes – ce ne serait qu’un beau souvenir d’une époque qui était . Et cela ne fonctionne pas pour Jésus.

C’est pourquoi, immédiatement après, le Seigneur pose à ses disciples la question décisive : « Mais vous, vous ! -, D’après vous, pour qui je suis ? » (v. 15). Qui suis-je pour toi maintenant ? Jésus ne veut pas être un protagoniste de l’histoire, mais il veut être un protagoniste de votre aujourd’hui, de mon aujourd’hui ; pas un prophète lointain : Jésus veut être le Dieu proche !

Le Christ, frères et sœurs, n’est pas une mémoire du passé, mais le Dieu du présent. S’il n’était qu’un personnage historique, il serait impossible de l’imiter aujourd’hui : on se retrouverait face au grand fossé de l’époque et surtout face à son modèle, qui est comme une montagne très haute et inaccessible ; désireux de l’escalader, mais manquant des compétences et des moyens nécessaires.

Au contraire, Jésus est vivant : rappelons-le, Jésus est vivant, Jésus vit dans l’Église, il vit dans le monde, Jésus nous accompagne, Jésus est à nos côtés, il nous offre sa Parole, il nous offre sa grâce, qui nous éclaire et nous ressource dans notre voyage : Lui, guide expert et avisé, se fait un plaisir de nous accompagner sur les chemins les plus difficiles et sur les ascensions les plus imperméables.

Chers frères et sœurs, sur le chemin de la vie, nous ne sommes pas seuls, car le Christ est avec nous, le Christ nous aide à marcher, comme il l’a fait avec Pierre et avec les autres disciples.

Pierre lui-même, dans l’Évangile d’aujourd’hui, comprend cela et reconnaît par grâce en Jésus « le Christ, le Fils du Dieu vivant » (v. 16) : « Tu es le Christ, tu es le Fils du Dieu vivant », dit Pierre. ; ce n’est pas un personnage du passé, mais le Christ, c’est-à-dire le Messie attendu ; non pas un héros décédé, mais le Fils vivant de Dieu, fait homme et venu partager les joies et les difficultés de notre voyage.

Ne nous décourageons pas si parfois le sommet de la vie chrétienne nous paraît trop élevé et le chemin trop escarpé. Nous regardons toujours vers Jésus ; regardons vers Jésus qui marche à nos côtés, qui accueille nos fragilités, partage nos efforts et pose son bras ferme et doux sur nos faibles épaules.

Lui proche, tendons-nous aussi la main les uns aux autres et renouvelons notre confiance : avec Jésus ce qui semble impossible seul ne l’est plus, avec Jésus nous pouvons avancer !

Aujourd’hui, cela nous fera du bien de répéter la question décisive qui sort de sa bouche : « Selon vous, qui suis-je ? (voir v. 15). Toi – Jésus te dit – toi, qui dis-tu que je suis ? Nous entendons la voix de Jésus nous le demandant.

Autrement dit : qui est Jésus pour moi ? Un grand personnage, une référence, un modèle inaccessible ? Ou est-ce le Fils Dieu, qui marche à mes côtés, qui peut m’emmener au sommet de la sainteté, là où je ne peux pas atteindre seul ? Jésus vit-il vraiment dans ma vie, Jésus vit-il avec moi ?

Est-ce mon Seigneur ? Est-ce que je compte sur Lui dans les moments difficiles ? Est-ce que je cultive sa présence à travers la Parole, à travers les sacrements ? Est-ce que je me laisse guider par lui, avec mes frères et sœurs, dans la communauté ?

Marie, Mère du chemin, aide-nous à sentir ton Fils vivant et présent à nos côtés.

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Après l’Angélus

Chers frères et sœurs !

Jeudi je partirai pour un voyage de quelques jours au cœur de l’Asie, en Mongolie. C’est une visite très désirée, qui sera l’occasion d’embrasser une Église petite en nombre mais vivante dans la foi et grande dans la charité ; et aussi de rencontrer de près un peuple noble, sage et de grande tradition religieuse que j’aurai l’honneur de connaître, notamment dans le cadre d’un événement interreligieux.

Je voudrais maintenant m’adresser à vous, frères et sœurs de Mongolie, pour vous dire que je suis heureux de voyager pour être parmi vous comme frère de tous. Je remercie vos autorités pour leur aimable invitation et tous ceux qui préparent ma venue avec un grand engagement. Je demande à chacun d’accompagner cette visite par la prière.

Je vous assure de mon souvenir dans mes prières pour les victimes des incendies qui ont éclaté ces jours-ci dans le nord-est de la Grèce et j’exprime ma solidarité avec le peuple grec. Et nous restons aussi toujours proches du peuple ukrainien, qui souffre et souffre beaucoup de la guerre : n’oublions pas l’Ukraine !

Je vous salue tous, Romains et pèlerins d’Italie et de nombreux pays.

Aujourd’hui, nous nous souvenons de sainte Monique, mère de saint Augustin : avec ses prières et ses larmes, elle a demandé au Seigneur la conversion de son fils ; femme forte, femme bonne ! Prions pour les nombreuses mères qui souffrent lorsque leurs enfants sont un peu perdus ou se trouvent sur des chemins difficiles dans la vie.

Et je vous souhaite à tous un bon dimanche. S’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir !


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Les sanctuaires marials, des oasis de consolation

Les sanctuaires marials, des oasis de consolation

Durant sa catéchèse lors de l’audience générale du mercredi 23 juin, le Pape François  a parlé de la figure de saint Juan Diego, à qui la Vierge est apparu à Guadalupe, pour rappeler l’importance de la persévérance dans l’annonce, à l’écoute de la Mère de Dieu. Les sanctuaires marials sont des lieux où la foi s’exprime dans un langage maternel.

 

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI
Mercredi 23 août 2023

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Résumé de la catéchèse

Chers frères et sœurs,

nous poursuivons notre découverte de la passion pour l’annonce de l’Évangile en portant notre regard sur la Guadeloupe où la Vierge est apparue, habillée de vêtements des autochtones. À travers Marie, Dieu continue à s’incarner dans la vie des peuples. Elle annonce Dieu dans la langue maternelle de ces personnes.

Dans ses diverses apparitions, la Vierge a toujours choisi des personnes simples et parle à chacun dans un langage qui lui est compréhensible. Saint Juan Diego, messager de la Vierge de Guadeloupe, était une personne humble sur qui s’est posé le regard de Dieu. Il vit sur une colline la Mère de Dieu. Elle l’appela et l’envoya auprès de l’évêque pour demander la construction d’un temple sur le lieu de l’apparition.

Après plusieurs tentatives auprès de l’évêque, qui restait incrédule, saint Juan Diego se découragea. Mais consolé par la Vierge, il retourna auprès de l’évêque et celui-ci exigea un signe. Comme preuve, la Vierge demanda à saint Juan Diego d’apporter des fleurs à l’évêque.

L’image de la Vierge apparut sur le tissu du manteau dans lequel il avait emballé les fleurs. Ainsi le sanctuaire fut construit et saint Juan Diego se consacra à son service, en accueillant et en évangélisant les pèlerins.

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Catéchèse.
La passion pour l’évangélisation : le zèle apostolique du croyant.
18. L’annonce dans la langue maternelle : San Juan Diego, messager de la Vierge de Guadalupe

Chers frères et sœurs, bonjour !

Dans notre chemin pour redécouvrir la passion pour l’annonce de l’Évangile, pour voir comment le zèle apostolique, cette passion pour l’annonce de l’Évangile s’est développée dans l’histoire de l’Église – dans ce chemin nous regardons aujourd’hui vers les Amériques. Ici, l’évangélisation a une source toujours vivante : Guadalupe. C’est une source vivante. Les Mexicains sont contents

Bien sûr, l’Évangile vous était déjà parvenu avant ces apparitions, mais malheureusement il avait aussi été accompagné d’intérêts mondains. Au lieu de la voie de l’inculturation, on a choisi trop souvent la voie hâtive de la transplantation et de l’imposition de modèles préétablis, européens par exemple, au mépris des populations indigènes.

La Vierge de Guadalupe, quant à elle, apparaît vêtue des vêtements des indigènes, parle leur langue, accueille et aime la culture du lieu : Marie est la Mère et sous son manteau chaque enfant trouve une place. En elle, Dieu s’est fait chair et, à travers Marie, continue de s’incarner dans la vie des peuples. En effet, Notre-Dame annonce Dieu dans la langue la plus appropriée, c’est-à-dire la langue maternelle.

Et à nous aussi, Notre-Dame parle dans sa langue maternelle, celle que nous comprenons bien. L’Évangile est transmis dans la langue maternelle. Et je voudrais dire merci aux nombreuses mères et grands-mères qui la transmettent à leurs enfants et petits-enfants : la foi passe avec la vie, c’est pourquoi les mères et les grand-mères sont les premiers hérauts. Applaudissements aux mères et grands-mères !

Et l’Évangile se communique, comme Marie le montre, dans la simplicité : Notre-Dame choisit toujours les simples, sur la colline de Tepeyac au Mexique comme à Lourdes et à Fatima : en leur parlant, elle parle à chacun, avec un langage qui convient à tous, avec un langage compréhensible, comme celui de Jésus.

Arrêtons-nous ensuite sur le témoignage de San Juan Diego, qui est le messager, c’est le garçon, c’est l’indigène qui a reçu la révélation de Marie : le messager de Notre-Dame de Guadalupe. C’était un homme humble, un Indien du peuple : le regard de Dieu se pose sur lui, qui aime faire des merveilles à travers les petits. Juan Diego était déjà devenu adulte et marié.

En décembre 1531, il avait environ 55 ans. Alors qu’il est en chemin, il voit sur une colline la Mère de Dieu, qui l’appelle tendrement, et comment la Madone l’appelle-t-elle ? « mon petit fils bien-aimé Juanito » (Nican Mopohua, 23 ans). Puis il l’envoie à l’évêque pour lui demander de construire un temple là où il était apparu.

Juan Diego, simple et disponible, y va avec la générosité de son cœur pur, mais il lui faudra attendre longtemps. Finalement, il parle à l’évêque, mais on ne le croit pas. Parfois, nous les évêques… Il rencontre à nouveau Notre-Dame, qui le console et lui demande de réessayer.

L’Indien revient chez l’évêque et le rencontre avec beaucoup de difficulté, mais celui-ci, après l’avoir écouté, le congédie et envoie des hommes pour le suivre. Voilà l’effort, la preuve de l’annonce : malgré le zèle, l’inattendu arrive, parfois de l’Église elle-même.

En effet, pour le proclamer, il ne suffit pas de témoigner du bien, il faut savoir supporter le mal. N’oublions pas ceci : il est très important pour annoncer l’Évangile, il ne suffit pas de témoigner du bien, mais il faut pouvoir supporter le mal. Un chrétien fait le bien, mais il supporte le mal. Les deux vont de pair, c’est la vie.

Aujourd’hui encore, en bien des lieux, pour inculturer l’Évangile et évangéliser les cultures, il faut de la persévérance et de la patience, il faut ne pas craindre les conflits, ne pas se décourager. Je pense à un pays où les chrétiens sont persécutés parce qu’ils sont chrétiens et ne peuvent pas pratiquer correctement et en paix leur religion.

Juan Diego, découragé parce que l’évêque le retardait, demande à Notre-Dame de le dispenser et de nommer quelqu’un de plus estimé et plus capable que lui, mais il est invité à persévérer. Il y a toujours le risque d’une certaine cession dans l’annonce : quelque chose ne va pas et on recule, on se décourage et on se réfugie peut-être dans ses propres certitudes, dans de petits groupes et dans certaines dévotions intimes.

La Vierge, au contraire, tout en nous réconfortant, nous soutient et nous fait ainsi grandir, comme une bonne mère qui, tout en suivant les traces de son fils, le lance dans les défis du monde.

Juan Diego, ainsi encouragé, revient vers l’évêque qui lui demande un signe. Notre-Dame le lui promet, et le réconforte par ces paroles : « Ne dérange pas ton visage, ton cœur : […] Ne suis-je pas là, qui suis ta mère ? (ibid., 118-119) C’est beau, Notre-Dame bien des fois, lorsque nous sommes dans la désolation, dans la tristesse, dans la difficulté, elle nous le dit aussi, dans le cœur : « Ne suis-je pas là, qui suis ta mère ?  »

Toujours proche pour nous consoler et nous donner la force de continuer. Puis elle lui demande d’aller au sommet sec de la colline pour cueillir des fleurs. C’est l’hiver mais, malgré cela, Juan Diego en trouve de belles, les met dans son manteau et les offre à la Mère de Dieu, qui l’invite à les apporter à l’évêque comme preuve.

Il s’en va, attend patiemment son tour et enfin, en présence de l’évêque, ouvre sa tilma – ce que les indigènes utilisaient pour se couvrir – il ouvre sa tilma en montrant les fleurs et voici : sur le tissu du manteau apparaît l’image de la Madone, l’extraordinaire et vivante que l’on connaît, dans les yeux de laquelle les protagonistes de cette époque sont encore imprimés.

Voici la surprise de Dieu : quand il y a disponibilité, quand il y a obéissance, Il peut faire quelque chose d’inattendu, à des moments et de manière que nous ne pouvons pas prévoir. C’est ainsi qu’a été construit le sanctuaire demandé par la Vierge et qu’on peut aujourd’hui visiter.

Juan Diego abandonne tout et, avec la permission de l’évêque, consacre sa vie au sanctuaire. Elle accueille les pèlerins et les évangélise. C’est ce qui se passe dans les sanctuaires mariaux, lieux de pèlerinage et lieux d’annonce, où chacun se sent chez soi – parce que c’est la maison de la mère, c’est la maison de la mère – et ressent le mal du pays, c’est-à-dire la nostalgie du lieu où est la Mère, Paradis.

Là, la foi est accueillie de manière simple, la foi est accueillie de manière authentique, de manière populaire, et Notre-Dame, comme elle le disait à Juan Diego, entend nos larmes et guérit nos souffrances (cf. ibid., 32). Nous apprenons ceci : quand il y a des difficultés dans la vie, nous allons vers la Mère ; et quand la vie est heureuse, nous allons vers Mère et partageons cela aussi.

Il faut aller vers ces oasis de consolation et de miséricorde, où la foi s’exprime dans la langue maternelle ; où les difficultés de la vie sont déposées dans les bras de la Madone et où l’on revient à la vie avec la paix du cœur, peut-être avec la paix des enfants.

Salutations

Je salue cordialement les personnes de langue française, particulièrement les pèlerins venus du Burkina Faso. Frères et sœurs, apprenons à fréquenter les sanctuaires marials où, dans un langage maternel, nous déposerons les difficultés de la vie dans les mains de la Vierge Marie. Elle nous consolera et nous aidera à retrouver la paix du cœur. Que Dieu vous bénisse !

J’adresse maintenant une pensée aux jeunes, aux malades, aux personnes âgées et aux jeunes mariés. Que l’exemple de l’apôtre Saint Barthélemy, dont nous célébrerons la fête demain, vous aide à être des témoins sincères de Jésus et à supporter avec foi la souffrance, en pensant à celles souffertes par les apôtres de l’Évangile.

Nous confions également la chère Ukraine, si durement éprouvée par la guerre, à l’intercession de Saint-Barthélemy. Frères et sœurs, prions pour nos frères et sœurs ukrainiens : ils souffrent tant. La guerre est cruelle ! Tant d’enfants disparus, tant de morts. Prions, s’il vous plaît ! N’oublions pas l’Ukraine meurtrie. Aujourd’hui est une date importante pour leur pays.

À vous tous, ma bénédiction.


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