L’Angélus de nos campagnes

L’Angélus de nos campagnes

Henri Vincenot (1912-1985), cheminot et artiste bourguignon aux multiples talents (à la. fois écrivain, peintre, sculpteur), reconnu sur le tard, a été rendu célèbre par ses passages à l’émission littéraire de télévision Apostrophes dans les années 70. Il est l’auteur de nombreux romans et de récits d’enfance (tels La Billebaude, Le Pape des escargots,  Psaumes à Notre-Dame en faveur de notre fils [décédé} ou Mémoires d’un enfant du rail), qui ont pour théâtre la Bourgogne, ses coutumes, ses légendes et son franc-parler puisant à la fois au patois bourguignon et au bon sens paysan.

Jean-François Millet - l'Angélus Musée d'Orsay 1859
Jean-François Millet l’Angélus Musée d’Orsay 1859

Et puis, tout en marchant (marcher stimule la pensée), je me permets de développer ce paradoxe qui ne fait de mal à personne :

En somme, le progrès industriel dont je dis tant de mal en toutes occasions, a eu au moins pour résultat, et ce n’est pas le moindre, cet ensauvagement de mes campagnes qui donne bien du bonheur à ceux qui ont la bonne idée d’y rester … ou d’y retourner.

Comme j’arrive à cette conclusion, l’Angélus se met à sonner dans un des villages de la vallée, à mes pieds. L’Angélus justement : carillon de trois fois trois coups, suivi de la volée de la babillarde, et qui salue la Femme, la génitrice, l’être choisi pour être l’origine du fils de l’homme.

C’est un plaisir rare aujourd’hui d’entendre l’Angélus, car les clochers sont muets. «On ne sonne plus l’Angélus parce qu’on n’a plus le temps!» m’ont dit, ici et là, des gens dont certains étaient les descendants du dernier marguiller-bedeau. On n’a plus le temps ! J’en prends note non sans étonnement. Moi, à qui on avait faire croire que la civilisation de la machine allait nous donner du temps, au contraire ! Me serais-je trompé ? M’aurait-on trompé ?

Dans quelques villages pourtant, des gens, souvent obscurs, et pas toujours des bien-pensants, ont résolu de sonner encore les trois Angélus du jour – parfois seulement celui du soir.

J’en connais un, de ces sonneurs entêtés. C’est une sorte de vieux mécréant -anticlérical et misogyne, qui cultive son jardin, pèche la truite et la vandoise, boit vigoureusement et ronchonne en cueillant l’herbe de ses lapins. Tous les matins à l’aube et chaque soir à sept heures, on le voit descendre la «ruelle aux orties» où débouche sa turne, et chacun de dire : Tiens ! Le Lazare va se pendre !

De fait il se suspend à deux cordés, à la fois, celle de « la Grosse » et celle de « la babillarde » et il les fait «causer». Trois coups de l’une et trois coups de l’autre. A midi, il ne sonne pas. Les mauvaises langues disent qu’il n’en aurait plus la force.

Si on lui demande pourquoi cette fidélité à une tradition perdue il dit : « C’est comme ça ! » Il m’a dit une fois: « J’aime entendre ça ! Quand l’ancien bedeau est mort, aucun bien-pensant n’a voulu le remplacer. Sonner les cloches, c’est bon pour les petites gens, et il n’y a plus de petites gens. On est resté comme ça, sans Angélus, pendant un temps. Ça me manquait, alors je m’y suis mis ! »

Lui, le vieux misogyne, il sonne en l’honneur de la femme, aux heures féminines entre toutes : l’aube et le crépuscule. Les heures où l’homme cherche à retrouver la Femme.

Il n’en pense pas si long. Il sonne parce qu’au fond, il sait qu’au fond de ses cloches toute la région se met à vibrer de souvenirs.

Bien qu’éloignées, celles que j’entends ce soir font vrombir toute la forêt. C’est peut-être le vieux qui tire les ficelles, c’est peut-être une vieille fille, nostalgique du temps où on récitait des « Ave », c’est peut-être (je sais qu’il en existe) un jeune gars ou une jeune fille qui persiste. On dit d’eux que ce sont des poètes. La poésie a bon dos. Il y a peut-être bien autre chose que de la poésie dans la tête de ces gens-là. Ou alors dans la poésie, il y a peut-être bien autre chose que ce que l’on croit !

Toujours est-il que les vibrations montent sur les versants, jusqu’à moi, et je l’ai remarqué, les feuilles ont l’air de se mettre à l’unisson et les oiseaux se taisent. (Mon village a trois cloches qui sont muettes. Pourquoi ne les ferais-je pas chanter, moi aussi ?)

On peut, si l’on veut, réciter ce texte, assez mystérieux, que les grands-mères nous apprenaient : « Je suis la servante du Seigneur. Qu’il me soit fait selon votre parole ».

On peut se mettre à méditer sur les choses essentielles -ou sur les choses secondaires, sur soi et sur les autres.

On peut aussi, tout simplement, se laisser envahir par les vibrations et se mettre à vibrer soi-même, avec toute la forêt, avec tous les insectes, avec tout le pays qui est le mien.

C’est un moment de détente où je retrouve le calme qui m’envahissait lorsque, lâchant les nippes qu’elles ravaudaient, les vieilles femmes se mettaient à marmonner les phrases dites « angéliques », alors que tous les bruits cessaient et qu’il se fabriquait un silence de haute qualité.

On en ressentait un bienfait immédiat et immense – et je ne serais pas étonné que les médecins d’aujourd’hui aient un mot, Je suggère même, et gratuitement, au médecin qui le voudra, de faire installer, dans la clinique, deux cloches donnant l’accord de tierce, ou de tierce diminuée, et, aux heures convenables, qui sont celles de la tendresse et de la paix, de faire sonner l’Angélus. Encore faudrait-il reconstituer l’espace sonore nécessaire, les monts, les combes, les champs, l’air libre …

Mais alors pourquoi ne pas transporter tout simplement les malades (qui ne l’est pas aujourd’hui ?) dans leur pays natal, je veux dire sur la terre de leur race et d’y faire sonner l’Angélus deux ou trois fois par jour ? La sécurité sociale rembourse certainement des remèdes moins efficaces que celui-là.

Henri Vincenot, dans Terres de mémoire, éditions Jean-Pierre Delarge, 1979.

Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

Notre-Dame du Divin Amour

Notre-Dame du Divin Amour

Notre-Dame du Divin Amour
Notre-Dame du Divin Amour

Prière du Pape François:

« Ô Marie,

vous brillez toujours sur notre chemin

comme un signe de salut et d’espoir.

Nous nous confions à vous, Santé des malades,

qui, auprès de la Croix, avez été associée à la douleur de Jésus,

en restant ferme dans la foi.

Vous, Salut du peuple romain,

vous savez de quoi nous avons besoin

et nous sommes sûrs que vous y pourvoirez

pour que, comme à Cana de Galilée,

la joie et la fête reviennent

après cette épreuve.

Aidez-nous, Mère de l’amour divin,

à nous conformer à la volonté du Père

et à faire ce que nous dira Jésus,

qui a pris sur lui nos souffrances

et s’est chargé de nos douleurs

pour nous conduire à travers la Croix,

à la joie de la résurrection. Amen.

Sous Votre protection, nous cherchons refuge, Sainte Mère de Dieu.

Ne méprisez pas les suppliques de ceux d’entre nous qui sont dans l’épreuve,

et délivrez-nous de tout danger, ô Vierge glorieuse et bénie. »

Prière composée par le Saint-Père dans laquelle il confie à Marie le peuple romain et toutes les personnes affectées par le coronavirus au sanctuaire marial romain de Notre-Dame du Divin Amour, site de pèlerinage populaire au sud de Rome.


© Copyright – Libreria Editrice Vaticana

Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

La prière du Seigneur

La prière du Seigneur

Quand vous priez, dites Notre Père
Quand vous priez, dites Notre Père

Le Notre Père, la prière du Seigneur, c’est Jésus qui nous l’a enseignée. Elle est la prière que Jésus nous a apprise : « Comme nous l’avons appris du Sauveur et selon son commandement, nous osons dire :… »

Mais également  cette prière est « la » prière par excellence, le modèle de toute prière, peut être considérée comme la prière que Jésus lui-même adresse à son Père : il nous fait entrer dans sa propre prière et nous fait participer à sa vie filiale.

« Quelle prière peut être plus spirituelle que celle-là, écrit saint Cyprien, puisqu’elle nous a été donnée par le Christ, lui qui nous a envoyé l’Esprit Saint. Quelle prière peut être plus vraie que celle-là, puisque elle est sortie de la bouche du Fils qui est la Vérité ? »

 « Vous donc, priez ainsi… » (Mt 6, 8)

C’est par ces mots que Jésus introduit son enseignement sur le Notre Père. Jésus vient de dénoncer les déformations de la prière : « Quand vous priez, ne soyez pas comme ceux qui se donnent en spectacle… ne rabâchez pas comme les païens qui s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés… Vous, donc, priez ainsi : Notre Père, qui es aux cieux… »

Saint Augustin dit que la prière du Seigneur contient et achève toute prière : « Si tu parcours toutes les formules des prières sacrées, tu ne trouveras rien, je crois, qui ne soit contenu dans cette prière du Seigneur et n’y trouve sa conclusion. On est donc libre, lorsque l’on prie, de dire les mêmes choses avec des paroles diverses, mais on n’est pas libre dire autre chose. » (Lettre à Proba)

Dans La Règle de saint Benoît, on trouve cette formule : « Notre esprit doit être en harmonie avec notre voix », « notre cœur doit être en harmonie avec notre parole ». Normalement la pensée précède la parole. Mais pour la prière des psaumes, et la prière liturgique en général, c’est l’inverse : la parole et la voix nous précèdent ; notre esprit, notre cœur, doivent se conformer à cette parole.

Dans la prière des psaumes, dans la prière liturgique, nous nous laissons façonner par les mots mêmes que le Seigneur nous donne. Il en est ainsi du « Notre Père ».

La prière du Seigneur est plus qu’une formule de prière : elle est un chemin de vie spirituelle. « L’oraison dominicale est vraiment le résumé de tout l’Évangile » (Tertullien). Elle reprend tout l’Évangile, tout le mystère du Christ, comme passage de la mort à la vie, de la servitude à la liberté.

Pour redécouvrir cette prière qui nous est si familière, partons de la dernière demande : « délivre nous du mal » pour cheminer, degré après degré, vers « Notre Père qui es aux cieux ». Le mouvement interne du Notre Père fait écho à la lutte de Jésus qui veut nous arracher au « prince de ce monde » pour nous conduire vers le Père.

Nous suivons le Christ qui nous arrache au pouvoir du mal et nous entraîne derrière lui à la rencontre de notre Père. C’est un enfantement : il s’agit de nous laisser enfanter, de devenir conforme à Celui qui est le Fils Unique.

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