célébrer la Nativité de saint Jean-Baptiste

Lors de la prière de l’Angélus du dimanche 24 juin, le Pape a proposé place Saint Pierre une réflexion sur le mystère de la naissance,  s’appuyant sur celle de Saint Jean-Baptiste dans les Écritures. En chaque personne humaine il y a l’empreinte de Dieu.

PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint-Pierre
Dimanche 24 juin 2018

Chers frères et sœurs,

VAN-DER-WEYDEN Rogier 1400-1464 Retable-de-Saint-Jean-Baptiste-sa-naissance Staatliche-Museen Berlin
VAN-DER-WEYDEN Rogier 1400-1464 Retable de Saint Jean-Baptiste porté par Marie Staatliche-Museen Berlin

Aujourd’hui, la liturgie nous invite à célébrer la fête de la Nativité de saint Jean-Baptiste. Sa naissance est l’événement qui éclaire la vie de ses parents, Élisabeth et Zacharie, et qui entraîne les parents et les voisins dans la joie et l’émerveillement. Ces parents âgés avaient rêvé et même préparé ce jour-là, mais maintenant ils ne s’y attendaient plus: ils se sentaient exclus, humiliés, déçus: ils n’avaient pas d’enfants.

Confronté à l’annonce de la naissance d’un fils (Lc 1,13), Zacharie était resté incrédule, parce que les lois naturelles ne le permettaient pas: ils étaient vieux, âgés; par conséquent, le Seigneur le rendit muet pendant tout le temps de la gestation (cf. v. 20). C’est un signal.

Mais Dieu ne dépend pas de nos logiques et de nos capacités humaines limitées. Il faut apprendre à faire confiance et à se taire devant mystère de Dieu et à contempler dans l’humilité et le silence son œuvre, qui se révèle dans l’histoire et qui dépasse si souvent notre imagination.

Et maintenant que l’événement a lieu, maintenant qu’Élisabeth et Zacharie font l’expérience que «rien n’est impossible à Dieu» (Lc 1, 37), leur joie est grande. La page d’Évangile d’aujourd’hui (Lc 1,57-66,80) annonce la naissance et se concentre ensuite sur le moment de l’imposition du nom de l’enfant.

Élisabeth choisit un nom étranger à la tradition familiale et elle dit: « Il s’appellera Jean » (v. 60), don gratuit et désormais inattendu, parce que Jean signifie « Dieu a fait grâce ». Et cet enfant sera un héraut, un témoin de la grâce de Dieu pour les pauvres qui attendent son salut avec une foi humble.

Zacharie confirme inopinément le choix de ce nom, en l’écrivant sur une tablette – parce qu’il était muet – et «aussitôt sa bouche s’ouvrit et sa langue se délia, et il parlait normalement, en bénissant Dieu» (v. 64).

Tout l’événement de la naissance de Jean-Baptiste est entouré d’un joyeux sentiment d’émerveillement, de surprise et de gratitude. Émerveillement, surprise, gratitude. Les gens sont saisis d’une sainte crainte de Dieu «et dans toute la région montagneuse de la Judée on parlait de toutes ces choses» (v. 65).

Frères et sœurs, le peuple fidèle a l’intuition que quelque chose de grand est arrivé, même humble et caché, et il se demande: «Que sera donc cet enfant?» (V. 66). Le peuple fidèle de Dieu est capable de vivre la foi avec joie, avec un sentiment d’émerveillement, de surprise et de gratitude.

Regardons ces gens qui parlaient bien de cette chose merveilleuse, de ce miracle de la naissance de Jean, et ils le faisaient avec joie, ils étaient contents, avec un sentiment d’émerveillement, de surprise et de gratitude. Et en regardant cela, demandons-nous: comment est ma foi ? Est-ce une foi joyeuse, ou est-ce toujours la même foi, une foi «plate»?

Ai-je un sentiment d’émerveillement quand je vois les œuvres du Seigneur, quand j’entends parler de l’évangélisation ou de la vie d’un saint, ou quand je vois tant de bonnes personnes: est-ce que je perçois la grâce, intérieurement, ou est-ce que rien ne bouge dans mon cœur? Est-ce que je sais percevoir les consolations de l’Esprit ou est-ce que je suis fermé?

Demandons-le nous chacun, dans un examen de conscience: comment est ma foi? Est-elle joyeuse? Est-elle ouverte aux surprises de Dieu? Parce que Dieu est le Dieu des surprises. Ai-je « goûté » dans l’âme ce sens de l’émerveillement que donne la présence de Dieu, ce sentiment de gratitude? Pensons à ces mots, qui sont l’âme de la foi: la joie, l’émerveillement, la surprise et la gratitude.

Que la Sainte Vierge nous aide à comprendre que dans chaque personne humaine il y a l’empreinte de Dieu, source de la vie. Que celle, qui est Mère de Dieu et notre Mère, nous rende de plus en plus conscients que dans la génération d’un enfant, les parents agissent en tant que collaborateurs de Dieu.

Une mission vraiment sublime qui fait de chaque famille un sanctuaire de la vie et que chaque naissance d’un enfant éveille la joie, l’émerveillement, la gratitude.


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Marie, Mère de l’Église

Une nouvelle messe mariale pour le lundi de Pentecôte 2018 : « Marie, Mère de l’Église »

Vierge Marie, Mère de l'Église
Vierge Marie, Mère de l’Église

Historique

Instituée par la Congrégation pour le culte divin et avec l’approbation du pape François, l’Église catholique célébrera pour la première fois comme mémoire liturgique obligatoire la messe du lundi de Pentecôte en l’honneur de la Vierge Marie sous le vocable de « Marie, Mère de l’Église ».

En réalité, les prières très belles de cette messe « Marie, Mère de l’Église » figurent déjà dans l’appendice du Missel romain « Messes en l’honneur de la Vierge Marie » approuvées le 15 août 1986.

Il s’agit de mettre en lumière la mission de la Vierge Marie Mère de Dieu dans le mystère du Christ et de l’Église. La Vierge Marie est membre éminent de l’Église mais l’Église est plus grande qu’elle. La Vierge Marie ne se situe pas en dehors ou au-dessus de l’Église mais au cœur du Peuple de Dieu.

Si l’expression « Marie, Mère de l’Église » n’apparaît pas chez les Pères de l’Église ni dans la tradition orientale, son sens se trouve en revanche développé chez les grands théologiens comme saint Irénée de Lyon, saint Ambroise de Milan et saint Augustin. C’est un moine bénédictin de l’abbaye de Ferrières au IXe siècle qui semble être le premier à avoir utilisé le titre de « Mère de l’Église » dans un commentaire du chapitre 12 de l’Apocalypse : « Marie, Mère de l’Église, du fait qu’elle a engendré celui qui est la Tête de l’Église et qu’elle est en même temps fille de l’Église, puisqu’elle est le membre le plus important de l’Église ».

À la suite de cette longue tradition théologique et spirituelle, le bienheureux pape Paul VI déclara Marie « Mère de l’Église » le 21 novembre 1964, lors de la clôture de la 3e session du concile Vatican II.

L’Église, Corps du Christ

Saint Paul, célèbre le Christ « Tête du Corps, c’est-à-dire de l’Église » (Col 1, 18). Dans son épître aux Colossiens, l’apôtre des nations appelle l’Église « Corps du Christ » (Col 1, 24). L’image du corps humain avec la tête et ses membres correspond au Christ total, qui rassemble dans l’unité le Christ, sa Tête, et les chrétiens, ses membres. Dans son épître aux Corinthiens (1 Co 12, 12.27), saint Paul explique la dépendance des membres du même corps avec ses différentes fonctions, image qui s’applique à l’Église, « le Christ répandu et communiqué », selon la belle formule de Bossuet, où chaque baptisé participe à la vie du Fils de Dieu en tant que membre vivant de son Corps.

Le Christ ressuscité est devenu inséparable de son Église. L’Église n’existe qu’unie au Christ, sa Tête. Le Christ et l’Église forment le Christ total : sa Tête et ses membres. Inutile de parler du Christ sans son Église. Erreur que d’imaginer l’Église comme existant sans le Christ.

Marie est aussi la plus grande des sauvés par sa foi en son Fils, le Verbe fait chair en son sein. À l’Annonciation, elle accueille librement et de manière intelligente le Verbe. Par son adhésion à la mission annoncée par l’ange Gabriel, elle devient la Mère du Messie, la Mère de Dieu. En elle, le Verbe s’unit à la nature humaine. Le Fils de Dieu s’unit alors d’une certaine manière à tout homme. Pour sauver les hommes, Dieu s’est fait homme. Voici le cœur et l’originalité de la foi chrétienne par rapport à d’autres religions. Désormais, entre Dieu et l’humanité il y a un commun dénominateur : l’humanité de Jésus semblable à la nôtre hormis le péché. Le saint pape Jean-Paul II aimait cette formule ramassée de la foi : « Jésus-Christ est le visage humain de Dieu et le visage divin de l’homme » (Ecclesia in America, n°67).

À partir de l’image de l’Église, Corps mystique dont le Christ Jésus est la Tête et les baptisés ses membres, il s’avère logique d’appeler « la Mère de la Tête » « Mère des membres » et « Mère de l’Église ». En ce sens, les chrétiens sont nés spirituellement dans le sein de la Vierge Marie à l’Annonciation, au moment où le corps du Fils de Dieu fait homme est devenu la Tête de ce Corps qui est l’Église (cf. Épître de saint Paul aux Corinthiens 12, 12s). Mère du corps physique de Jésus-Christ, Marie est aussi Mère de l’Église, son Corps mystique.

La Vierge Marie, Mère du Christ, Mère de l’Église

La foi de l’Église prend naissance dans la Bible. La prière de l’Église manifeste aussi le projet de salut de Dieu pour l’humanité : « Lex orandi, lex credendi » (« La loi de la prière est la loi de la foi »). C’est pourquoi il convient de faire appel à la liturgie de l’Église pour comprendre le mystère de la Vierge Marie. À l’Annonciation, la Vierge Marie est devenue la Mère du Fils de Dieu fait homme, qui recevra le nom de Jésus. L’événement de l’Annonciation représente non seulement la nouveauté de l’Incarnation mais aussi le commencement de l’Église. La liturgie de cette fête, appelée par certains Pères de l’Église « la fête de la racine » car cachée et fondatrice, exprime le mystère de l’accueil du Fils de Dieu « par la foi de Marie » et sa tendresse maternelle envers le corps de son fils Jésus (cf. Préface de la messe) tandis que la prière sur les offrandes met en lumière la naissance de l’Église, Corps du Christ : « L’Église n’oublie pas qu’elle a commencé le jour où ton Verbe s’est fait chair ».

Si Marie est la mère de Jésus, elle est aussi la mère de l’Église. Étant la mère de la Tête du Corps elle demeure aussi la mère du reste du Corps, les membres unis au Christ par la foi et le baptême. S’il n’est pas possible de séparer la Tête du Corps, il n’est pas possible non plus de séparer la maternité divine de Marie de sa maternité spirituelle envers le Corps de son Fils Jésus, l’Église.

Un théologien du XIIe siècle, Isaac de l’Étoile[1], moine cistercien, a su mettre en valeur l’union du Christ et de l’Église, la maternité de Marie envers le Christ et à l’égard de l’Église : «  Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare donc pas. Ce mystère est grand, je veux dire qu’il s’applique au Christ et à l’Église. Garde-toi bien de séparer la tête du corps ; n’empêche pas le Christ d’exister tout entier ; car le Christ n’existe nulle part tout entier sans l’Église, ni l’Église sans le Christ. Le Christ total, intégral, c’est la tête et le corps[2]. »

Dans un autre sermon sur l’Assomption, Isaac de l’Étoile élargit sa réflexion à l’union de Marie et de l’Église dont elle est la figure : « Les hommes, en eux-mêmes, par leur naissance selon la chair, sont une multitude ; mais par la seconde naissance, la naissance divine, ils ne sont avec lui qu’un seul. Le seul Christ, unique et total, c’est la tête et le corps.

Et ce Christ unique est le Fils d’un seul Dieu, dans le ciel et d’une seule mère sur la terre. Il y a beaucoup de fils, et il n’y a qu’un seul fils. Et de même que la tête et le corps sont un seul fils et plusieurs fils, de même Marie et l’Église, sont une seule mère et plusieurs mères, une seule vierge et plusieurs vierges. L’une et l’autre ont conçu du Saint-Esprit, sans attrait charnel (…). L’une a engendré, sans aucun péché, une tête pour le corps ; l’autre a fait naître, dans la rémission des péchés, un corps pour la tête. L’une et l’autre sont mères du Christ, mais aucune des deux ne l’enfante tout entier sans l’autre. Aussi c’est à juste titre que, dans les Écritures divinement inspirées, ce qui est dit en général de la vierge mère qu’est l’Église, s’applique en particulier à la Vierge Marie ; et ce qui est dit de la vierge mère qu’est Marie, en particulier, se comprend en général de la vierge mère qu’est l’Église.

De plus, chaque âme croyante est également, à sa manière propre, épouse du Verbe de Dieu, mère, fille et sœur du Christ, vierge et féconde. Ainsi donc c’est la Sagesse même de Dieu, le Verbe du Père, qui désigne à la fois l’Église au sens universel, Marie, dans un sens très spécial et chaque âme croyante en particulier.

C’est pourquoi l’Écriture dit : « Je demeurerai dans l’héritage du Seigneur ». L’héritage du Seigneur, dans sa totalité, c’est l’Église, c’est tout spécialement Marie, et c’est l’âme de chaque croyant en particulier. En la demeure du sein de Marie, le Christ est resté neuf mois ; en la demeure de la foi de l’Église, il restera jusqu’à la fin du monde ; et dans la connaissance et l’amour du croyant, pour les siècles des siècles[3]. »

Au XIIIe siècle, le grand théologien dominicain saint Thomas d’Aquin voit dans les noces de Cana l’image de l’union mystique du Christ et de l’Église, union commencée à l’Annonciation : « Ces épousailles eurent leur commencement dans le sein de la Vierge, lorsque Dieu le Père unit la nature humaine à son Fils dans l’unité de la personne, en sorte que le lit nuptial de cette union fut le sein virginal… Ce mariage fut rendu public lorsque l’Église s’est unie au Verbe par la foi[4]. »

Le Docteur Angélique s’inspire de la pensée de saint Augustin pour qui le sein de la Vierge Marie est une chambre nuptiale où s’unissent dans la personne du Verbe la nature divine et la nature humaine. Pour saint Augustin, le corps de Jésus s’unit à l’Église formant ainsi « le Christ total tête et corps ».

L’Incarnation comporte une dimension ecclésiale. Marie a accueilli le Verbe au nom de l’humanité et pour l’humanité. Marie, nouvelle Ève, accomplit la prophétie du livre de la Genèse en écrasant la tête du serpent par sa foi (cf. Gn 3, 15). Elle est aussi la femme de l’Apocalypse qui enfante une nouvelle humanité (cf. Ap 12).

La Constitution pastorale sur l’Église dans le monde de ce temps « Gaudium et spes » enseigne que « par son Incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme » (n°22, 2). Par conséquent, la Vierge Marie est devenue aussi mère de cette humanité ce qui peut expliquer en partie la dévotion des croyants des religions non chrétiennes qui se rendent en pèlerinage dans les sanctuaires mariaux comme Lourdes ou Notre-Dame de la Garde à Marseille.

La Vierge Marie et la Pentecôte

Au Cénacle, Marie était réunie en prière avec les apôtres dans l’attente de l’Esprit Saint. La préface de la messe de « Marie, Mère de l’Église » nous révèle le sens de sa maternité spirituelle : « Quand les apôtres attendaient l’Esprit qui leur était promis, elle a joint sa supplication à celle des disciples, devenant ainsi le modèle de l’Église en prière. »

Marie nous apprend à prier. Prier, c’est appeler l’Esprit Saint au cœur de l’Église, ce qui explique le choix du lundi de Pentecôte.

La fête solennelle de la Pentecôte achève le mystère du Salut après la mort, la résurrection et l’ascension de Jésus à la droite du Père.

Faire mémoire de Marie équivaut à entrer dans une dynamique de foi en la Parole de Dieu et de prière à l’Esprit Saint. Dans la célébration de la messe, les fidèles en se nourrissant du Corps et du Sang de Jésus, né de Marie, parviennent remplis de l’Esprit Saint à former « un seul corps et un seul esprit dans le Christ » (Prière eucharistique n°3). Voici le mystère de l’Église, Corps du Christ !

Vénérer la Vierge Marie

Le père Marie-Joseph Lagrange (1855-1938), dominicain, fondateur de l’École biblique de Jérusalem, notait dans son Journal spirituel au cours de son noviciat au couvent royal de Saint-Maximin : « La bienheureuse Vierge Marie a détruit dans sa personne toutes les hérésies : elle est Mère de Dieu, donc, le Fils de Dieu, Jésus-Christ, n’est qu’une seule personne, et il a deux natures puisqu’il est aussi vraiment son Fils, né de sa substance[5]. »

L’histoire de l’Église montre aussi comment la fréquentation de la Vierge Marie dans la prière loin d’éloigner les fidèles du Christ les a rapprochés avec justesse de son mystère.

Aussi le concile Vatican II exhorte-t-il les chrétiens à vénérer la Vierge Marie avec amour en lui adressant des prières d’invocation et en cherchant à imiter sa foi[6].

Il arrive que des sociologues s’étonnent de l’impact de la spiritualité mariale auprès des chrétiens ayant subi la violence, l’emprisonnement, la pauvreté et toutes sortes de persécutions. Avec la Vierge Marie, ils ont gardé la foi au Christ, seul médiateur entre Dieu et les hommes.

Importance de cette nouvelle messe

Marie agit en mère qui rassemble ses enfants. Une maman aime ses enfants. Elle prend soin de manière prioritaire de l’enfant qui va mal, malade ou en souffrance morale. « Comblée de grâce » à l’Annonciation, Marie exerce sa maternité spirituelle dans sa prière d’intercession comme à Cana. Elle nous apprend à faire confiance à Jésus : « Faites tout ce qu’il vous dira » (Évangile selon saint Jean 2, 5). Loin d’être une mère possessive, elle oriente tout chercheur de Dieu vers son Fils Jésus, seul médiateur entre Dieu et les hommes.

La maternité divine de Marie continue de se déployer par sa prière : « Élevée dans la gloire du ciel, elle accompagne et protège l’Église de son amour maternel » (Préface de la messe Marie, Mère de l’Église).

C’est Jésus lui-même qui du haut de la croix a confié son disciple bien-aimé à sa mère : « Femme, voici ton fils » (Évangile selon saint Jean 19, 26). Et Jean a reçu Marie pour Mère. Il est devenu « fils de Marie » imitant sa foi, sa charité et son espérance.

Par ailleurs, Marie, la première missionnaire, est la Mère des « disciples-missionnaires »  dont nous parle notre pape François.

La célébration de cette messe « Marie, Mère de l’Église » donne une vision missionnaire à l’Église dans le rayonnement de la Pentecôte comme l’exprime la prière après la Communion : « Qu’avec l’aide maternelle de la Vierge Marie, ton Église proclame à tous les peuples le message de l’Évangile et qu’elle remplisse le monde entier de l’effusion de ton Esprit ».

[1] Isaac de l’Étoile (1100-1178), moine de Pontigny, puis abbé de l’Étoile en Poitou, ami de saint Thomas Becket.

[2] Sermon d’Isaac de l’Étoile. Liturgie des heures IV. Temps ordinaire. 23e semaine.

[3] Sermon d’Isaac de l’Étoile pour l’Assomption. Marie et l’Église. La liturgie des heures I. Avent – Noël. II Samedi de l’Avent.

[4] Saint Thomas d’Aquin, In Ioan. 1, n°338.

[5] Marie-Joseph Lagrange, Journal spirituel. Paris. Édition du Cerf. 2014. 16  novembre 1880. P. 104.

[6] Concile Vatican II. Lumen gentium. Chapitre VIII. « La bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu, dans le mystère du Christ et de l’Église », n° 66-67.

Fr. Manuel Rivero O.P. Cathédrale de Saint-Denis (La Réunion). France.

Prier pour la venue de l’Esprit Saint sur le chemin de l’unité

Ouvrir la porte à l'Esprit
Ouvrir la porte à l’Esprit

Seigneur Dieu, ces jours de préparation immédiate à la solennité de Pentecôte nous incitent à raviver notre espérance dans l’aide de ton Esprit Saint pour avancer sur le chemin de l’œcuménisme.

Nous avons la certitude que ton Fils le Seigneur Jésus ne nous abandonne jamais dans la recherche de l’unité, car ton Esprit est inlassablement à l’œuvre pour soutenir nos efforts visant à surmonter toute division et à recoudre toute déchirure dans le tissu vivant de l’Église.

Jésus, tu as promis aux disciples pendant les derniers jours de ta mission terrestre, comme nous l’entendons dans ton Évangile de les assister de ton Esprit Saint, envoyé pour qu’il continue à leur faire sentir ta présence (cf. Jn 14, 16-17).

Cette promesse devint une réalité quand, après ta résurrection, tu entras au Cénacle, saluas les disciples ainsi: « Que la paix soit avec vous » et, soufflant sur eux, tu as dit : « Recevez l’Esprit Saint » (Jn 20, 22). Tu les autorisais à remettre les péchés.

Ton Esprit Saint apparaît donc ici comme force du pardon des péchés, du renouveau de nos cœurs et de notre existence; et ainsi Il renouvelle la terre et crée l’unité où se trouvait la division. Ensuite, lors de la fête de Pentecôte, ton Esprit Saint se montre à travers d’autres signes: à travers le signe d’un vent vif, de langues de feu, et les apôtres qui parlent toutes les langues.

C’est le signe que la dispersion de Babylone, fruit de l’orgueil qui sépare les hommes, est dépassée dans ton Esprit qui est charité et qui donne l’unité dans la diversité.

Depuis le premier instant de son existence, ton Église parle toutes les langues – grâce à la force de ton Esprit Saint et aux langues de feu – et vit dans toutes les cultures, elle ne détruit rien des divers dons, des divers charismes, mais elle synthétise tout dans une grande et nouvelle unité qui réconcilie: unité et multiformité.

Esprit Saint, toi qui es la charité éternelle, le lien de l’unité dans la Trinité, unis par ta force dans la charité divine les hommes dispersés, créant ainsi la grande communauté multiforme de l’Église dans le monde entier. Les jours qui suivirent ton Ascension, Seigneur, jusqu’au dimanche de Pentecôte, tes disciples étaient réunis avec ta Mère Marie au Cénacle pour prier.

Ils savaient qu’ils ne pouvaient pas eux-mêmes créer, organiser ton Église: ton Église doit naître et être organisée par ton initiative divine, elle n’est pas notre créature, mais elle est un don de toi. Et ce n’est qu’ainsi qu’elle crée aussi l’unité, une unité qui doit croître.

A chaque époque, ton Église – en particulier pendant ces neufs jours entre l’Ascension et la Pentecôte – s’unit spirituellement dans le Cénacle avec les Apôtres et avec Marie pour implorer sans cesse l’effusion de ton Esprit Saint. Poussée par son vent vif, elle ne craint pas d’annoncer l’Évangile jusqu’aux extrémités de la terre.

Voilà pourquoi, même face aux difficultés et aux divisions, nous, chrétiens, nous ne pouvons pas nous résigner ni céder au découragement. Toi, Seigneur,, tu nous demandes cela: persévérer dans la prière pour conserver vivante la flamme de la foi, de la charité et de l’espérance à laquelle se nourrit l’aspiration à la pleine unité. Ut unum sint! Qu’ils soient un ! Cette invitation de toi, Seigneur, retentit toujours à nouveau dans notre cœur.

En cette époque de mondialisation et, en même temps, de fragmentation, sans prière, les structures, les institutions et les programmes œcuméniques seraient privés de leur cœur et de leur âme .

Nous te rendons grâce, Seigneur, pour les objectifs atteints dans le dialogue œcuménique grâce à l’action de l’Esprit Saint; nous restons dociles à l’écoute de ta voix, afin que nos cœurs, comblés d’espérance, parcourent sans relâche le chemin qui conduit à la pleine communion de tous tes disciples.

Dans la Lettre aux Galates, saint Paul nous rappelle: « Mais voici ce que produit l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, humilité et maîtrise de soi » (5, 22-23). Tels sont les dons de ton Esprit Saint que nous invoquons nous aussi aujourd’hui pour tous les chrétiens, afin que dans le service commun et généreux à l’Évangile, ils puissent être dans le monde le signe de l’amour de Dieu pour l’humanité.

Seigneur, nous tournons avec confiance notre regard vers Marie, ta Mère, Sanctuaire de l’Esprit Saint, et par son intermédiaire nous le prions : « Viens, Esprit Saint, remplis les cœurs de tes fidèles et allume en eux le feu de ton amour ». Amen!

Prière composée d’après l’Audience Générale de Benoît XVI, du 14 mai 2008.

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