Marie de qui le Verbe s’est fait chair

Annonciation Fra Angelico (1387-1455) Tempera sur bois (détail) - Florence
Annonciation Fra Angelico (1387-1455) Tempera sur bois (détail) – Florence

Aujourd’hui lendemain de Pâques, c’est le jour de l’Ange, celui de la Résurrection. Lors de l’Annonciation que nous célébrerons lundi prochain, un autre Ange nous a révélé Marie.

Plus tard, Jésus, son Fils, pour lui être unis plus encore, nous a confié comme trésor, Marie, sa mère. Elle est d’abord confiée à saint Jean sur la Croix:  “Prends-la chez toi”. Cette parole-testament, prenons-la aussi pour nous.

Accueillons Marie près de nous pour qu’elle nous guide. “Voici ta Mère.” (Jean 19, 27). Cette Mère nous presse de vivre en ce monde avec l’Esprit d’amour présent dans la Sainte Trinité. Et à l’heure de notre mort, revêtus de toutes ses grâces et de celles de son Fils, nous l’aurons à nos côtés près du Père.

Marie intercède sans cesse pour nous auprès de l’Esprit Saint, le Père des pauvres. Puissions-nous vivre comme elle,  puissions-nous aimer chacun de nos frères, et surtout les plus pauvres et blessés, comme elle les aime !

L’école de Marie est vraiment efficace. Elle nous montre les dons du Saint-Esprit, elle nous offre aussi l’exemple du ‘pèlerinage dans la foi’, elle nous invite, comme à l’Annonciation, à chaque mystère de son Fils, à poser humblement les questions qui mènent à la lumière, s’achevant toujours par l’obéissance de la foi : “Je suis la servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi selon ta parole !”

Marie nous invite à répondre par nos prières, par nos sacrifices offerts avec amour. En nous unissant à l’offrande du Christ, nous recevons sa vie même.

Et Marie “nous accompagne et nous conduit jusqu’à la Porte qui donne la Vie, parce que Jésus ne veut que personne reste dehors, à la merci de l’intempérie.” (Pape François à Lima)

Marie est unique. Et sa place dans le cœur de Dieu est unique. Elle a accueilli l’ange Gabriel en exprimant une confiance parfaite en son Dieu. “Sois sans crainte Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu.” (Luc 1, 30) “Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous.” (Jean 1, 14). ■

P. Jean-Daniel Planchot, cm

–  L’Annonce faite à Marie — Le OUI de Marie  — Incarnation et annonce faite à Marie  —  Comme le OUI de Marie  — Jésus aimable dans le sein de sa mère —

Les sept douleurs de Marie

Pieta de Michel-Ange - Basilique du Vatican
Pieta de Michel-Ange – Basilique du Vatican

En ces heures de la Passion, cette dévotion ancienne appelle à se tourner vers la Vierge Marie, unie à la souffrance de son Fils. Vendredi ou Samedi saint, des fidèles se réunissent dans leur église pour «tenir compagnie» à la Vierge Marie, restée seule après la mort de Jésus, pour contempler la Pietà, qui serre son Fils mort sur sa poi­trine et qui selon la tradition réunit en sa personne toute l’Église.

La prophétie de Siméon {Le 2,34-35)

«Je compatis, ô Mère affligée, à la douleur que vous causa le premier glaive qui vous a transpercée, quand Siméon, dans le Temple, vous représenta les tourments que les hommes devaient faire endurer à votre bien-aimé Jésus, et que vous connaissiez déjà par les divines Écritures, jusqu’à Le faire mourir sous vos yeux. » Saint Alphonse-Marie de Liguori

La fuite en Égypte (Mt 2,13)

«Par tant de peines que vous, Vierge délicate, avez endurées, avec votre petit Enfant exilé, dans ce long et pénible voyage, et dans votre séjour en Egypte, où étant inconnus et étrangers, vous avez vécu durant toutes ces années dans la pauvreté et le mépris, je vous prie ma bien-aimée Souveraine, de m’obtenir la grâce de souffrir avec patience dans votre compagnie, jusqu’à la mort, toutes les peines de cette misérable vie.» Saint Alphonse-Marie de Liguori

La disparition de Jésus au Temple (Le 2,41-51)

« Ô Mère affligée, priez pour nous, ô Mère délaissée, priez pour nous, ô Mère désolée, priez pour nous, ô Mère privée de votre Fils, priez pour nous…  » Litanies de Notre-Dame-des-Douleurs

Marie voit son fils chargé de la croix (Le 23,27-31)

« Vos yeux se rencontrèrent alors avec les siens, et vos regards mutuels devinrent autant de traits dont vous blessâtes réci­proquement vos cœurs amoureux. Je vous prie donc par cette grande douleur, de m’obtenir la grâce de vivre entièrement résigné à la volonté de mon Dieu, portant ma croix avec joie dans la compagnie de Jésus jusqu’au dernier soupir de ma vie. » Saint Alphonse-Marie de Liguori

Marie debout au pied de la croix (Jn 19,25-27)

« Elle était debout, la Mère, malgré sa douleur, en larmes, près de la croix, où son Fils était suspendu. Son âme gémissante, contristée et dolente, un glaive la transperça. Qu’elle était triste, anéantie, la femme entre toutes bénie, la Mère du Fils de Dieu I » Extrait du Stabat Mater, attribué au franciscain Jacopone da Todi.

La descente de la croix (Mt 27,57-59)

« Ô Vierge sacrée, votre peine a été la plus grande qu’une pure créature ait jamais endurée. Car toutes les cruautés que nous lisons que l’on a fait subir aux martyrs, ont été légères et comme rien en compa­raison de votre douleur. Elle a été si grande et si immense, qu’elle a crucifié toutes vos entrailles et a pénétré jusque dans les plus secrets replis de votre Cœur. » Saint Anselme de Canterbury

Jésus mis au tombeau (Jn 19,40-42)

« Vous vîtes entre vos bras votre Fils mort, non plus dans l’éclat de sa beauté, comme vous L’aviez autrefois reçu dans l’étable de Bethléem, mais ensanglanté, livide et tout déchiré des blessures qui avaient mis ses os à découvert. Vous écriant alors: mon Fils, en quel état l’amour T’a réduit! Et lorsqu’on Le porta au sépulcre, vous avez voulu encore L’accompagner, et L’y arranger de vos propres mains, jusqu’à ce qu’enfin, Lui disant le dernier adieu, vous y laissâtes votre cœur brûlant d’amour enseveli avec votre Fils. » Saint Alphonse-Marie de Liguori

VIVRE LE MYSTÈRE PASCAL

VIVRE LE MYSTÈRE PASCAL

Nous voici dans le temps du triduum pascal. Entrons davantage dans le temps liturgique : L’Association de la Médaille Miraculeuse nous aide à utiliser les conditions et les moyens qui sont ceux de tous les baptisés et donc spécialement ces jours saints avec la présence discrète de la Sainte Mère de Jésus.

Insérés dans notre diocèse, dans notre paroisse, membres de notre communauté chrétienne locale, nous y rencontrons le Christ dans sa Parole, dans les sacrements, dans la prière personnelle et communautaire. Ce temps nous est donné pour une écoute plus attentive de la Passion du Christ.

Le temps de la conversion

Le mercredi des Cendres nous proposait une existence sous le regard du Père qui voit dans le secret (Mt 6). Cette vie cachée nous apprend à laisser l’Esprit-Saint purifier notre cœur, nous convertir et nous conduire, à mourir à nous-mêmes pour que vive en nous le Christ.

Cette conversion se vit différemment selon les moments et les étapes de notre cheminement. Tantôt elle s’exprime par nos efforts concrets et persévérants pour transformer notre cœur et notre comportement conformément à l’Évangile. Tantôt elle est, surtout l’œuvre purifiante de l’Esprit. Toujours, elle exige une marche patiente dans l’obscurité de la foi.

Dans la pédagogie de la liturgie, nous sommes appelés à revivre ce cheminement, l’exode du peuple de Dieu, à accepter une « marche patiente » dans le désert, la solitude, pour passer avec le Christ dans la terre promise, à mourir avec lui pour vivre de sa vie, à renouveler la plongée dans la mort pour ressusciter avec lui et nous préparer ainsi à renouveler à Pâques nos promesses du baptême.

Vivre en baptisés

L’engagement dans une Association religieuse est une façon de vivre plus Intensément de la grâce baptismale. C’est la perception émerveillée et reconnaissante de ce dessein de Dieu que l’Association de la Médaille Miraculeuse nous invite à développer. Nous nous entraidons à prendre conscience plus vive que, par le baptême, Dieu nous a adoptés, qu’il nous partage sa propre vie.

Cet émerveillement est celui des chrétiens dans la nuit de Pâques, qui prennent mieux conscience de la grâce qui leur a été faite. Quant à nous, c’est un appel particulier et personnel que le Seigneur nous adresse pour que nous réitérions notre donation en vivant pleinement notre consécration baptismale.

Dans la nuit de Pâques nous réaffirmerons cet engagement : Incorporés au Christ, nous nous laissons entraîner dans la même dépendance radicale : nous ne nous appartenons plus, nous sommes à Dieu. C’est la situation créée par notre baptême.

Avec le Christ, oser nous livrer

Le Jeudi-Saint, l’Église nous propose de méditer le lavement des pieds : le Christ s’est fait serviteur. Nous méditons les textes de la Loi de Vie sur ce thème. Le Jeudi Saint, ce jour-là, l’Église célèbre aussi l’institution de l’Eucharistie : le Christ à la Cène livre son corps et II ajoute « Faites ceci en mémoire de moi ».

Qu’est-ce à dire, sinon que nous avons aussi, dans le même Esprit, à nous livrer, devenant un même corps avec Lui. Dans la gratuité de son amour, Dieu nous adresse un appel particulier et personnel à nous livrer totalement à lui, dans et par notre condition, dans le mouvement même qui a poussé le Christ à se livrer pour l’Église.

Le Christ, toujours vivant, nous veut ouverts et livrés de tout notre être à son Esprit. En communiant au Christ obéissant au Père et livré aux hommes jusqu’à mourir crucifié, nous sommes entraînés à nous offrir sans cesse à nouveau dans le même, amour.

Obéissant jusqu’à la mort de la croix

Le Vendredi Saint, la liturgie tourne nos regards vers la croix glorieuse, vers Jésus versant pour nous son sang. Catherine de Sienne a admirablement médité sur ce mystère. Ce mystère de l’amour passe aussi par la mort. Notre engagement ne nous protège pas de la solitude du cœur et du corps, de la tentation, de la souffrance et des problèmes de la vie que nous partageons avec tant de nos frères.

Ces difficultés sont pour nous une invitation à une vigilance accrue et à un appel à Dieu pour qui rien n’est impossible. Notre vigilance dans la prière est réponse à la parole de Jésus « Veillez et priez » pour que nous entrions dans ses sentiments à l’agonie, au Calvaire (Phil 2), car lui le premier a connu la solitude du cœur et du corps.

Jésus a connu l’ultime dénuement dans l’abandon du Calvaire. Nous désirons de tout notre être entrer dans le mystère de cette pauvreté. Nous aspirons à être suffisamment dépouillés de nous-mêmes par les voies que Dieu voudra.

Dans la connaissance progressive de nos limites et impuissances de toutes sortes, nous découvrons de plus en plus la joie de dépendre totalement de Dieu, d’avoir l’Esprit, à nous livrer, devenant un même corps avec Lui. Dans la gratuité de son amour, Dieu nous adresse un appel particulier et personnel à nous livrer totalement à lui, dans et par notre condition, dans le mouvement même qui a poussé le Christ à se livrer pour l’Église.

Le Christ, toujours vivant, nous veut ouvertes et livrées de tout notre être à son Esprit. En communiant.au Christ obéissant au Père et livré aux hommes jusqu’à mourir crucifié, nous sommes entraînés à nous offrir sans cesse à nouveau dans le même amour.

Dans la connaissance progressive de nos limites et impuissances de toutes sortes, nous découvrons de plus en plus la joie de dépendre totalement de Dieu, d’avoir tout à attendre de lui. Nous nous abandonnons avec confiance et reconnaissance entre ses mains.

En Église, la liturgie nous fait reprendre les mots ultimes du Christ, le Vendredi Saint, « Père, entre tes mains, je remets mon esprit », dans la conscience et de nos faiblesses et de la force de l’Esprit.

La joie du Ressuscité

Dieu nous a laissés dans les situations mêmes où nos frères rencontrent l’épreuve et la souffrance, pour nous mettre en solidarité avec eux et pour exprimer par notre vie la victoire du Ressuscité. Puissions-nous témoigner par-là que l’appel à la sainteté s’adresse à tous les hommes .

C’est dans la veillée pascale que les chrétiens célèbrent « la victoire du Ressuscité » et sont invités à en être les témoins : les récits d’apparition sont des envois en mission pour proclamer à tous que le Seigneur est vivant !

Conformes au Christ dans notre humanité, nous sommes heureuses d’être à l’image de celui qui est l’homme parfait, le premier-né de toute créature et d’une multitude de frères. Nous nous réjouissons que notre vie tout entière, régénérée dans le Christ, soit signe et annonce de Dieu et de son amour

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A travers ces quelques textes, puissions-nous découvrir notre enracinement liturgique, vivre plus Intensément le Carême et le tritium pascal, accepter humblement de mourir avec le Christ, dans la certitude que dans nos limites, nos faiblesses, notre mort offerte d’avance, nous expérimentons déjà la joie du Ressuscité dont nous sommes humblement ses témoins.

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