Messe pour la paix et la justice à l’aéroport de N’dolo

Messe pour la paix et la justice à l’aéroport de N’dolo

Depuis l’aérodrome de N’dolo, au bord du fleuve Congo, le Pape François, lors de sa deuxième journée en territoire kinois, a livré devant plus d’un million de fidèles une homélie centrée sur la paix, possible grâce à la force du pardon, à celle de la communauté, et à celle de la mission.

VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE FRANÇOIS
en RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO et au SOUDAN DU SUD
(Pèlerinage Œcuménique de Paix au Soudan du Sud)
[31 janvier – 5 février 2023]

MESSE POUR LA PAIX ET LA JUSTICE 

HOMÉLIE DU SAINT-PÈRE

Aéroport de Ndolo
Mercredi 1er février 2023

Bandeko, Bobóto [Frères et sœurs, paix] R/ Bondeko [Fraternité]

Bondéko [Fraternité] R/ Esengo [Joie]

Esengo, joie : ma joie de vous voir et de vous rencontrer est grande : j’ai beaucoup désiré ce moment – cela fait un an que nous attendons ! -, merci d’être là !

L’Évangile vient juste de nous dire que la joie des disciples aussi était grande le soir de Pâques, et que cette joie avait jailli «en voyant le Seigneur » (Jn 20, 20). Dans cette atmosphère de joie et de stupeur, le Ressuscité s’adresse aux siens. Et qu’est-ce qu’il leur dit? D’abord, trois mots : «La paix soit avec vous!» (v. 19). C’est une salutation, mais c’est plus qu’une salutation : c’est un don.

Parce que la paix, cette paix annoncée par les anges la nuit de Bethléem (cf. Lc 2, 14), cette paix que Jésus a promise aux siens (cf. Jn 14, 27), elle est maintenant, pour la première fois, solennellement donnée aux disciples.

La paix de Jésus, qui nous est également donnée en chaque Messe, est pascale : elle vient avec la résurrection parce que le Seigneur devait d’abord vaincre nos ennemis, le péché et la mort, et réconcilier le monde avec le Père ; il devait éprouver notre solitude et notre abandon, nos enfers, embrasser et combler les distances qui nous séparaient de la vie et de l’espérance.

Maintenant, les distances entre le Ciel et la terre, entre Dieu et l’homme étant annulées, la paix de Jésus est donnée aux disciples.

*

Mettons-nous de leur côté. Ils étaient ce jour-là complètement abasourdis par le scandale de la croix, blessés intérieurement d’avoir abandonné Jésus en fuyant, déçus de l’issue de son histoire, craignant de finir comme lui. Il y avait en eux de la culpabilité, de la frustration, de la tristesse, de la peur…

Eh bien, alors que dans le cœur des disciples ce sont des ruines, Jésus proclame la paix; alors qu’ils ressentent en eux la mort, il annonce la vie. En d’autres termes, la paix de Jésus survient au moment où tout semble fini pour eux, au moment le plus inattendu et inespéré, où il n’y a aucune lueur de paix.

Ainsi fait le Seigneur : il nous étonne, il nous tend la main lorsque nous sommes sur le point de sombrer, il nous relève quand nous touchons le fond. Frères et sœurs, avec Jésus, le mal ne l’emporte jamais, il n’a jamais le dernier mot. «C’est lui, le Christ, qui est notre paix » (Ep 2, 14) et sa paix est toujours victorieuse.

C’est pourquoi, nous qui appartenons à Jésus, nous ne pouvons pas laisser la tristesse l’emporter sur nous, nous ne pouvons pas laisser la résignation et le fatalisme s’installer. Si l’on respire cette atmosphère autour de nous, qu’il n’en soit pas ainsi pour nous : dans un monde découragé par la violence et la guerre, les chrétiens doivent faire comme Jésus.

Il a répété, avec insistance, aux disciples: La paix, la paix soit avec vous ! (Cf. Jn 20, 19.21) ; et nous sommes appelés à faire nôtre et dire au monde cette annonce inespérée et prophétique du Seigneur, cette annonce de paix.

*

Mais, nous demandons nous, comment garder et cultiver la paix de Jésus ? Lui-même nous indique trois sources de paix, trois sources pour continuer à la cultiver. Elles sont le pardon, la communauté et la mission.

Voyons la première source : le pardon. Jésus dit aux siens : «À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis » (v. 23). Cependant, avant de donner aux apôtres le pouvoir de pardonner, il leur pardonne ; non pas avec des mots, mais avec un geste, le premier que le Ressuscité accomplit devant eux. L’Évangile dit: «Il leur montra ses mains et son côté» (v. 20).

C’est-à-dire qu’il leur montre ses plaies, il les leur offre, parce que le pardon naît des blessures. Il naît lorsque les blessures subies ne laissent pas des cicatrices de haine, mais deviennent le lieu où faire de la place aux autres et accueillir leurs faiblesses. Les fragilités deviennent alors des opportunités, et le pardon devient le chemin de la paix.

Il ne s’agit pas de tout laisser derrière soi comme si de rien n’était, mais d’ouvrir son cœur aux autres avec amour. C’est ce que fait Jésus : face à la misère de ceux qui l’ont renié et abandonné, il montre ses plaies et ouvre la source de la miséricorde. Il n’utilise pas beaucoup de mots, mais il ouvre grand son cœur blessé pour nous dire qu’il est toujours blessé d’amour pour nous.

*

Frères et sœurs, lorsque la culpabilité et la tristesse nous oppressent, lorsque les choses ne vont pas bien, nous savons où regarder : vers les plaies de Jésus, prêt à nous pardonner avec son amour blessé et infini. Il connaît tes blessures, il connaît les blessures de ton pays, de ton peuple, de ta terre !

Ce sont des blessures qui brûlent, continuellement infectées par la haine et la violence, alors que le remède de la justice et le baume de l’espérance ne semblent jamais arriver.

Frère et sœur, Jésus souffre avec toi, il voit les blessures que tu portes en toi et désire te consoler et te guérir, en te présentant son Cœur blessé. Dieu répète à ton cœur les paroles qu’il a prononcées aujourd’hui par le prophète Isaïe : «Je le guérirai, je le conduirai, je le comblerai de consolations» (Is 57, 18).

*

Ensemble, aujourd’hui, nous croyons qu’il y a toujours avec Jésus la possibilité d’être pardonné et de recommencer, et aussi trouver la force de pardonner à soi-même, aux autres et à l’histoire ! C’est ce que le Christ veut : nous oindre de son pardon pour nous donner la paix et le courage de pardonner à notre tour, le courage d’accomplir une grande amnistie du cœur.

Comme il nous est bon de purifier nos cœurs de la colère, des remords, de tout ressentiment et de toute rancœur ! Bien-aimés, que ce jour soit un temps de grâce pour accueillir et vivre le pardon de Jésus ! Qu’il soit l’occasion pour toi, qui portes un lourd fardeau dans ton cœur dont tu as besoin de te débarrasser, de recommencer à respirer.

Et qu’il soit un moment propice pour toi, qui t’affirmes chrétien dans ce pays mais qui commets des violences. À toi le Seigneur dit : « Dépose tes armes, embrasse la miséricorde ». Et à tous les blessés et opprimés de ce peuple, il dit : « N’ayez pas peur de mettre vos blessures dans les miennes, vos plaies dans mes plaies.

Faisons-le, frères et sœurs; n’ayez pas peur de sortir le Crucifix de votre col et de vos poches, de le prendre dans les mains et de le porter sur le cœur pour partager vos blessures avec celles de Jésus. De retour à la maison, prenez le Crucifix que vous avez et embrassez-le. Donnons au Christ la possibilité de guérir nos cœurs, jetons en Lui le passé, toutes les peurs, toutes les angoisses.

Comme c’est beau d’ouvrir les portes du cœur et celles de la maison à sa paix ! Et pourquoi ne pas écrire dans vos chambres, sur vos vêtements, à l’extérieur de vos maisons, cette parole : Paix à vous ! Exhibez-la, elle sera une prophétie pour le pays, une bénédiction du Seigneur sur ceux que vous rencontrez. Paix à vous: laissons-nous pardonner par Dieu et pardonnons-nous les uns les autres!

*

Voyons maintenant la deuxième source de paix : la communauté. Jésus ressuscité ne s’adresse pas à des disciples individuellement, mais il les rencontre ensemble. Il leur parle au pluriel et il donne sa paix à la première communauté. Il n’y a pas de christianisme sans communauté, tout comme il n’y a pas de paix sans fraternité. Mais en tant que communauté, où marcher, où aller pour trouver la paix ?

Regardons à nouveau les disciples. Avant Pâques, ils suivaient Jésus mais ils raisonnaient encore de manière trop humaine. Ils espéraient un Messie conquérant qui aurait chassé les ennemis, qui aurait accompli des prodiges et des miracles, qui aurait augmenté leur prestige et leur succès.

Mais ces désirs mondains les ont laissés les mains vides, pire, ils ont retiré à la communauté la paix en générant des discussions et des oppositions (cf. Lc 9, 46 ; 22, 24). Pour nous aussi, il y a ce risque : être ensemble mais avancer seul en cherchant dans la société – mais aussi dans l’Église – le pouvoir, la carrière, les ambitions…

Or de cette manière, l’on suit son propre moi au lieu du vrai Dieu, et l’on finit comme les disciples : enfermé chez soi, vide d’espérance et rempli de peur et de désillusions. Mais voici qu’à Pâques ils retrouvent le chemin de la paix grâce à Jésus qui souffle sur eux et dit : «Recevez l’Esprit Saint» (Jn 20, 22).

Grâce à l’Esprit Saint ils ne considèreront plus ce qui les divise mais ce qui les unit ; ils iront dans le monde non plus pour eux-mêmes, mais pour les autres ; non pas pour avoir de la visibilité mais pour donner de l’espérance; non pas pour gagner l’approbation mais pour dépenser leur vie avec joie pour le Seigneur et pour les autres.

*

Frères et sœurs, le danger pour nous est de suivre l’esprit du monde plutôt que celui du Christ. Et quel est le moyen de ne pas tomber dans les pièges du pouvoir et de l’argent, de ne pas céder aux divisions, aux flatteries du carriérisme qui rongent la communauté, aux fausses illusions du plaisir et de la sorcellerie qui renferment en soi-même ?

Le Seigneur nous le suggère à nouveau par l’intermédiaire du prophète Isaïe, en disant: «Je suis avec qui est broyé, humilié dans son esprit, pour ranimer l’esprit des humiliés, pour ranimer le cœur de ceux qu’on a broyés» (Is 57, 15). Le moyen c’est de partager avec les pauvres : voilà le meilleur antidote contre la tentation de nous diviser et de devenir mondains.

Avoir le courage de regarder les pauvres et de les écouter car ils sont des membres de notre communauté, et non pas des étrangers à ôter de notre vue et de notre conscience. Ouvrir notre cœur aux autres, au lieu de le fermer sur nos problèmes ou sur nos vanités.

Repartons des pauvres et nous découvrirons que nous partageons tous une pauvreté intérieure; que nous avons tous besoin de l’Esprit de Dieu pour nous libérer de l’esprit du monde ; que l’humilité est la grandeur du chrétien et la fraternité sa vraie richesse.

Croyons en la communauté et, avec l’aide de Dieu, édifions une Église vide d’esprit mondain mais remplie d’Esprit Saint, libre de toute richesse pour soi-même et pleine d’amour fraternel !

*

Enfin, nous en arrivons à la troisième source de la paix : la mission. Jésus dit aux disciples : «De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie » (Jn 20, 21). Il nous envoie comme le Père l’a envoyé. Et comment le Père l’a-t-il envoyé dans le monde ? Il l’a envoyé pour servir et donner sa vie pour l’humanité (cf. Mc 10, 45), pour manifester sa miséricorde pour chacun (cf. Lc 15), pour chercher ceux qui sont loin (cf. Mt 9, 13).

En un mot, il l’a envoyé pour tous : pas seulement pour les justes, mais pour tous. En ce sens, les paroles d’Isaïe résonnent à nouveau : «Paix! La paix à celui qui est loin, et à celui qui est proche! – dit le Seigneur» (Is 57, 19). À ceux qui sont loin d’abord, et aux proches : pas seulement aux « nôtres », mais à tous.

*

Frères et sœurs, nous sommes appelés à être des missionnaires de paix, et cela nous donnera la paix.

C’est un choix: c’est faire de la place dans nos cœurs pour tous, c’est croire que les différences ethniques, régionales, sociales, religieuses et culturelles viennent après et ne sont pas des obstacles; croire que les autres sont des frères et des sœurs, membres de la même communauté humaine ; croire que tous sont destinataires de la paix apportée dans le monde par Jésus.

C’est croire que nous, chrétiens, nous sommes appelés à collaborer avec tous, à briser le cercle de la violence, à démanteler les complots de la haine.

Oui, les chrétiens, envoyés par le Christ, sont appelés par définition à être la conscience de paix du monde : non seulement des consciences critiques, mais surtout des témoins d’amour ; non pas ceux qui revendiquent leurs droits mais à ceux de l’Évangile que sont la fraternité, l’amour et le pardon ; non pas ceux qui cherchent leurs intérêts, mais des missionnaires de l’amour fou que Dieu a pour chaque être humain.

*

Jésus dit aujourd’hui à chaque famille, communauté, groupe ethnique, quartier et ville de ce grand pays: la Paix soit avec vous. La Paix soit avec vous : que ces paroles de notre Seigneur résonnent dans nos cœurs, en silence. Sentons qu’elles s’adressent à nous et choisissons d’être des témoins du pardon, des acteurs dans la communauté, des personnes en mission de paix dans le monde.

Moto azalí na matói ma koyóka [Celui qui a des oreilles pour entendre] R/Ayoka [Qu’il entende]

Moto azalí na motéma mwa kondima [Celui qui a le cœur pour consentir] R/An R/Andima [Qu’il consente]


Copyright © Dicastero per la Comunicazione – Libreria Editrice Vaticana

Le Pape au Congo RDC

Le Pape au Congo RDC

Le Pape François est arrivé en République démocratique du Congo à 15h00 ce mardi 31 janvier. Il y reste jusqu’au vendredi 3 février avant de décoller pour Juba, capitale sud-soudanaise, du 3 au 5 février, pour accomplir son pèlerinage de paix.

Logo Pape au Congo

Le Pape au Congo logo
Le Pape au Congo logo

Il a donc entamé son 40e voyage apostolique «œcuménique de paix» comme il l’a lui-même appelé dimanche 29 janvier à la fin de l’angélus, qui le conduit dans deux pays, tous deux traversés par la très forte contradiction d’avoir un sous-sol très riche mais des populations rongées par la pauvreté et la violence.

Dans le Congo RDC , majoritairement chrétien avec une très forte présence catholique, le successeur de Pierre se rend en pasteur pour affermir les fidèles et leur apporter sa proximité.

Si 49% des 100 millions de Congolais sont catholiques, la grande mobilisation et la ferveur observées dans le pays démontrent que le Pape ne sera pas seulement accueilli par les catholiques ou les chrétiens, mais aussi par les croyants d’autres religions.

Les autorités de l’Église protestante et de la communauté musulmane ont appelé leurs fidèles à «réserver au Pape un accueil chaleureux». Ainsi, attendu par tous les Congolais, il sera l’hôte de toute la Nation congolaise, désireuse de réconciliation et de paix.

Auparavant, le pays avait déjà reçu deux fois la visite d’un Pape. Jean-Paul II s’y était rendu en 1980 et en 1985. Mais ce voyage apostolique de François bénéficie d’une attention bien plus étendue grâce au développement des technologies de l’information, en particulier des réseaux sociaux, mais aussi à cause du contexte sociopolitique du pays, meurtri en sa partie orientale.

Une visite pastorale qui honore les Congolais

Le thème de la visite papale rappelle à la fois l’enseignement récent du Pape et l’aspiration du peuple congolais: «Tous réconciliés en Jésus-Christ». L’hymne national commence ainsi par dire: «Debout, Congolais, unis par le sort, unis par l’effort pour l’indépendance».

L’unité dans la diversité des centaines d’ethnies regroupées par la colonisation et l’unité contre les tentatives extérieures de balkanisation, tel restera l’enjeu essentiel de tout mandat politique.

La société civile et les Églises s’impliquent également dans la recherche de cette stabilité. Forte de sa présence sur toute l’étendue du pays, notamment dans les structures sociales, l’Église locale accorde une importance particulière au défi de son engagement prophétique en faveur des personnes et des couches sociales les plus démunies.

L’Évangile annoncé est ainsi mis à l’épreuve comme message de joie et de paix, de défense des faibles et de promotion du bien commun.

Le peuple congolais se sent honoré de recevoir un si grand hôte, en ce moment où le voyage fait déjà la une de plusieurs médias qui peuvent mettre entre parenthèses les affres des violences armées et leur cortège de conséquences néfastes.

Même s’ils ne feront pas le déplacement de Kinshasa, seul site retenu pour cette visite, les Congolais vivant dans d’autres coins du pays ou dans la diaspora expriment également leur joie, malgré toutes les situations que vit la RDC.

Coopération État-Église

De nombreuses personnes ont constaté que les préparatifs de l’accueil du Pape se sont faits dans une grande collaboration entre l’Église et l’État congolais.Le voyage du Pape sera aussi l’occasion de raffermir l’Accord-cadre signé en 2016 au Vatican entre le Saint-Siège et l’État congolais avec des accords spécifiques notamment pour la santé et l’éducation, pour le plus grand bien du peuple.

En RDC, l’Église catholique est un acteur social majeur, et de ce fait, un grand partenaire de l’État congolais. Elle détient et gère 2.819 structures et centres caritatifs et sociaux, employant ainsi un bon nombre de personnes.

Elle est en outre propriétaire de beaucoup d’institutions d’enseignement primaire, secondaire et universitaire. L’Église locale possède et/ou gère 18.671 structures éducatives. L’éducation catholique est parmi les plus appréciées. Dans le passé, la majeure partie de l’élite était formée dans des établissements catholiques, dans les séminaires notamment.

La sécurité, les minerais et le martyre de la région de l’Est

L’exploitation des ressources naturelles est la principale cause des guerres et des massacres dans l’Est du pays. L’accès aux terres et aux ressources constitue par ailleurs la motivation principale des conflits présentés sous la bannière ethnique. Au cours de son voyage, le Pape rencontrera quelques victimes des violences dans l’Est du pays.

C’est notamment autour de ses nombreuses ressources minières que cette région de la RDC connaît des conflits interminables. Une bonne frange de la population vit dans une pauvreté scandaleuse. Au lieu de produire de la richesse, les minerais dont regorge le sous-sol congolais produisent du sang, des orphelins et toute sorte de misère dont la communauté internationale et les médias internationaux parlent peu.

Copyright ©Libreria Editrice Vaticana

éviter le gaspillage des dons et le rejet des autres

éviter le gaspillage des dons et le rejet des autres

S’appuyant sur l’Évangile du jour selon Matthieu (Mt 5, 1-12), le Pape François lors de l’Angélus de ce dimanche 29 janvier s’est penché sur l’aspect typique des «pauvres en esprit», abordant également la question du gaspillage des «dons que nous sommes et que nous avons».

 

PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint-Pierre
Dimanche 29 janvier 2023

_________________________

Chers frères et sœurs, bonjour !

Dans la liturgie d’aujourd’hui, les Béatitudes sont proclamées selon l’Évangile de Matthieu (voir Mt 5, 1-12). La première est fondamentale et dit ainsi : « Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux » (v. 3).

Qui sont les « pauvres en esprit » ? Ce sont ceux qui savent qu’ils ne se suffisent pas à eux-mêmes, qu’ils ne se suffisent pas à eux-mêmes, et qu’ils vivent en « mendiants de Dieu » : ils ont besoin de Dieu et reconnaissent que le bien vient de lui, comme un don, comme un une grâce. Ceux qui sont pauvres en esprit chérissent ce qu’ils reçoivent ; c’est pourquoi il souhaite qu’aucun don ne soit gaspillé.

Aujourd’hui, je voudrais m’attarder sur cet aspect typique des pauvres en esprit : ne pas gaspiller. Les pauvres en esprit essaient de ne rien gaspiller. Jésus nous montre l’importance de ne pas gaspiller, par exemple après la multiplication des pains et des poissons, lorsqu’il nous demande de ramasser les restes de nourriture pour ne rien perdre (cf. Jn 6, 12).

Ne pas gaspiller nous permet d’apprécier la valeur de nous-mêmes, des personnes et des choses. Malheureusement, c’est un principe souvent bafoué, surtout dans les sociétés les plus riches, où la culture du gaspillage et la culture du gaspillage dominent : les deux sont un fléau. Je voudrais donc vous proposer trois défis contre le gaspillage et la mentalité du gaspillage.

Premier défi : ne pas gaspiller le don que nous sommes. Chacun de nous est bon, quelles que soient nos qualités. Chaque femme, chaque homme est riche non seulement en talents, mais en dignité, il est aimé de Dieu, il est digne, il est précieux.

Jésus nous rappelle que nous ne sommes pas bénis pour ce que nous avons, mais pour qui nous sommes. Et quand une personne lâche prise et se jette, elle se gaspille. Luttons, avec l’aide de Dieu, contre la tentation de nous considérer comme inadéquats, erronés et apitoyés sur nous-mêmes.

Ensuite, deuxième défi : ne gaspillons pas les dons que nous avons. Il s’avère qu’environ un tiers de la production alimentaire totale est gaspillée chaque année dans le monde. Et cela alors que tant de gens meurent de faim !

Les ressources de la création ne peuvent pas être utilisées ainsi ; les biens doivent être gardés et partagés, afin que personne ne manque du nécessaire. Ne gaspillons pas ce que nous avons, mais diffusons une écologie de la justice et de la charité, du partage !

Enfin, troisième défi : ne pas rejeter les gens. La culture du jetable dit : je t’utilise aussi longtemps que j’ai besoin de toi ; quand tu ne m’intéresses plus ou que tu me gênes, je te jette. Et les plus fragiles sont ainsi traités : les enfants à naître, les personnes âgées, les nécessiteux et les défavorisés.

Mais les gens ne peuvent pas être jetés, les défavorisés ne peuvent pas être jetés ! Chacun est un don sacré, chacun est un don unique, à chaque âge et dans chaque condition. Nous respectons et promouvons la vie toujours! Ne rejetons pas la vie !

Chers frères et sœurs, posons-nous quelques questions. Tout d’abord, comment expérimente-t-on la pauvreté d’esprit ? Est-ce que je sais faire de la place à Dieu, est-ce que je crois qu’il est mon bien, ma vraie et grande richesse ? Est-ce que je crois qu’il m’aime ou est-ce que je me jette tristement, oubliant que je suis un cadeau ?

Et puis : suis-je attentif à ne pas gaspiller, suis-je responsable dans l’usage des choses, des biens ? Et suis-je prêt à les partager avec les autres, ou suis-je égoïste ? Enfin : est-ce que je considère les plus fragiles comme des dons précieux, que Dieu me demande de garder ? Est-ce que je me souviens du pauvre, à qui manque le nécessaire ?

Que Marie, Femme des Béatitudes, nous aide à témoigner de la joie que la vie est un don et de la beauté de se donner.

_______________________________________________________

Après l’Angélus

Chers frères et sœurs !

C’est avec une grande douleur que j’apprends les nouvelles venant de Terre Sainte, notamment la mort de dix Palestiniens, dont une femme, tués lors d’actions militaires anti-terroristes israéliennes en Palestine ; et de ce qui s’est passé près de Jérusalem vendredi soir, lorsque sept Juifs israéliens ont été tués par un Palestinien et trois ont été blessés alors qu’ils quittaient la synagogue.

La spirale de la mort qui s’amplifie de jour en jour ne fait que refermer les quelques lueurs de confiance qui existent entre les deux peuples. Depuis le début de l’année, des dizaines de Palestiniens ont été tués dans des échanges de tirs avec l’armée israélienne.

J’appelle les deux gouvernements et la communauté internationale à trouver, immédiatement et sans délai, d’autres voies qui incluent le dialogue et la recherche sincère de la paix. Prions pour cela, frères et sœurs !

Je renouvelle ensuite mon appel en raison de la grave situation humanitaire dans le corridor de Lachin, dans le Caucase du Sud. Je suis proche de tous ceux qui, en plein hiver, sont contraints d’affronter ces conditions inhumaines. Tous les efforts doivent être déployés au niveau international pour trouver des solutions pacifiques pour le bien des peuples.

Aujourd’hui, c’est la 70e Journée mondiale de la lèpre. Malheureusement, la stigmatisation attachée à cette maladie continue d’entraîner de graves violations des droits de l’homme dans diverses parties du monde. J’exprime ma proximité à ceux qui en souffrent et j’encourage l’engagement pour la pleine intégration de nos frères et sœurs.

En pensant à l’Ukraine martyre, notre engagement et nos prières pour la paix doivent être encore plus forts. Pensons à l’Ukraine et prions pour le peuple ukrainien, qui est si maltraité.

Chers frères et sœurs, après-demain, je partirai pour un voyage apostolique en République démocratique du Congo et en République du Soudan du Sud. Tout en remerciant les Autorités civiles et les évêques locaux pour leurs invitations et pour la préparation de ces visites, je salue avec affection ces chers peuples qui m’attendent.

Ces terres, situées au centre du grand continent africain, sont éprouvées par de longs conflits : la République Démocratique du Congo souffre, surtout dans l’Est du pays, en raison d’affrontements armés et de l’exploitation ; le Soudan du Sud, déchiré par des années de guerre, a hâte que cessent les violences continuelles qui obligent beaucoup de personnes à vivre déplacées et dans des conditions de grande détresse.

J’irai au Soudan du Sud avec l’Archevêque de Canterbury et le Modérateur de l’Assemblée générale de l’Église d’Écosse : nous vivrons ainsi ensemble, en frères, un pèlerinage œcuménique de paix, pour invoquer de Dieu et des hommes la fin des hostilités et la réconciliation.

Je demande à chacun, s’il vous plaît, d’accompagner ce voyage par la prière.

Copyright © Dicastero per la Comunicazione – Libreria Editrice Vaticana

Texte traduit et présenté par l‘Association de la Médaille Miraculeuse

site officiel en France