Être apôtres dans une Église apostolique

Catéchèse – La passion pour l’évangélisation : le zèle apostolique du croyant – 7. Le Concile Vatican II.

2. Être apôtres dans une Église apostolique

Résumé de la Catéchèse

Chers frères et sœurs,

nous poursuivons la catéchèse sur la passion d’évangéliser et, à l’école du Concile Vatican II, nous cherchons à mieux comprendre ce que signifie être «apôtres» aujourd’hui. Nous sommes appelés à l’être dans une Église apostolique. Être apôtre signifie être envoyé pour une mission et cela suppose un appel. Dès le début, le Seigneur Jésus a appelé à lui ceux qu’il voulait pour les envoyer en mission.

De même, saint Paul se présente comme appelé à être apôtre. L’expérience des douze et le témoignage de Paul nous interpellent aujourd’hui encore à vérifier nos attitudes, nos choix et nos décisions, car tout dépend d’un appel gratuit de Dieu et mérite une réponse gratuite. Selon le Concile, il y a un appel commun qui concerne à la fois ceux qui ont reçu le sacrement de l’ordre, les personnes consacrées, et tout fidèle laïc.

Cet appel leur permet d’accomplir leur tâche apostolique au sein d’une Église où il y a diversité de ministères mais aussi unité de mission. Concernant l’unité de la mission, la diversité des charismes et des ministères ne doit pas donner lieu à des catégories privilégiées, ni servir de prétexte à des formes d’inégalité dans l’Église.

Tous sont égaux en ce qui concerne la dignité et l’action commune pour l’édification du Corps du Christ. Nous sommes donc invités à repenser nos relations afin de vérifier la manière dont nous vivons notre vocation baptismale, notre manière d’être apôtres dans une Église apostolique.

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 15 mars 2023

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Catéchèse

Chers frères et sœurs, bonjour !

Nous poursuivons les catéchèses sur la passion d’évangéliser : non seulement sur « évangéliser », mais la passion d’évangéliser et, à l’école du Concile Vatican II, essayons de mieux comprendre que signifie être « apôtres » aujourd’hui. Le mot « apôtre » évoque le groupe des douze disciples choisis par Jésus.

On appelle parfois « apôtres » certains saints, ou plus généralement les évêques : ils sont apôtres, parce qu’ils vont au nom de Jésus. Mais sommes-nous conscients que la fonction d’apôtre concerne chaque chrétien ? Sommes-nous conscients que cela concerne chacun d’entre nous ? En effet, nous sommes appelés à être apôtres – c’est-à-dire envoyés – au sein d’une Église que nous professons apostolique dans le Credo.

Que signifie donc être apôtres ? C’est être envoyé pour une mission. L’événement exemplaire et fondateur est celui où le Christ ressuscité envoie ses apôtres dans le monde, leur transmettant le pouvoir qu’il a lui-même reçu du Père et leur donnant son Esprit. Nous lisons dans l’Évangile de Jean : « Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint » » (20,21-22).

Un autre aspect fondamental de l’identité de l’apôtre est la vocation, c’est-à-dire l’appel. Il en a été ainsi dès le début, lorsque le Seigneur Jésus « appela ceux qu’il voulait. Ils vinrent auprès de lui » (Mc 3,13).

Il les constitua comme groupe, en leur donnant le titre d' »apôtres », pour qu’ils soient avec lui et pour les envoyer en mission (cf. Mc 3,14 ; Mt 10,1-42). Saint Paul se présente ainsi dans ses lettres : « Paul, appelé pour être apôtre », c’est-à-dire envoyé, (1 Co 1,1) et encore : « Paul, serviteur du Christ Jésus, Apôtre envoyé par l’appel, mis à part pour l’Évangile de Dieu » (Rm 1,1).

Et il insiste sur le fait d’être « Apôtre non par des hommes, ni par l’intermédiaire d’un homme, mais par Jésus Christ et par Dieu le Père qui l’a ressuscité d’entre les morts » (Ga 1,1) ; Dieu l’a appelé dès le sein de sa mère pour annoncer l’Évangile parmi les nations (cf. Ga 1,15-16).

L’expérience des Douze apôtres et le témoignage de Paul nous interpellent également aujourd’hui. Ils nous invitent à vérifier nos attitudes, à vérifier nos choix, nos décisions, à partir de ces repères : tout dépend d’un appel gratuit de Dieu ; Dieu nous choisit également pour des services qui parfois semblent dépasser nos capacités ou ne pas correspondre à nos attentes ; à l’appel reçu comme don gratuit, il faut répondre gratuitement.

Le Concile dit : « La vocation chrétienne […] est aussi par nature vocation à l’apostolat » (Decr. Apostolicam actuositatem [AA], 2). C’est un appel qui est commun, « comme est commune la dignité des membres du fait de leur régénération dans le Christ ; commune la grâce d’adoption filiale ; commune la vocation à la perfection ; il n’y a qu’un salut, une espérance, une charité indivisible » (LG, 32).

C’est un appel qui concerne aussi bien ceux qui ont reçu le sacrement de l’Ordre, les personnes consacrées, que chaque fidèle laïc, homme ou femme, c’est un appel à tous. Toi, le trésor que tu as reçu avec ta vocation chrétienne, tu dois le donner : c’est la dynamique de la vocation, c’est la dynamique de la vie.

C’est un appel qui permet d’accomplir sa propre tâche apostolique de manière active et créative, au sein d’une Église où « il y a diversité de ministères, mais unité de mission. Le Christ a confié aux apôtres et à leurs successeurs la charge d’enseigner, de sanctifier et de gouverner en son nom et par son autorité. Mais aussi les laïcs : vous tous ; la majorité d’entre vous, vous êtes laïcs.

Également les laïcs rendus participants de la charge sacerdotale, prophétique et royale du Christ assument leur part dans ce qui est la mission du Peuple de Dieu tout entier, dans l’Église et dans le monde » (AA, 2).

Dans ce cadre, comment le Concile comprend-il la collaboration des laïcs avec la hiérarchie ? Comment l’envisage-t-il ? S’agit-il d’une simple adaptation stratégique à de nouvelles situations qui surviennent ? Pas du tout, rien de cela : c’est bien plus quelque chose qui dépasse les contingences du moment et conserve sa propre valeur même pour nous. L’Église est ainsi, elle est apostolique.

Dans le cadre de l’unité de la mission, la diversité des charismes et des ministères ne doit pas donner lieu, au sein du corps ecclésial, à des catégories privilégiées : Il ne s’agit pas d’une promotion, et lorsque tu conçois la vie chrétienne comme une promotion, que celui qui est au sommet commande les autres parce qu’il a réussi à se hisser plus haut, ce n’est pas le christianisme. C’est du paganisme pur.

La vocation chrétienne n’est pas une promotion pour se hisser plus haut, non ! C’est autre chose. Et c’est une chose importante car, même si « certains, par la volonté du Christ, sont établis dans une position peut-être plus importante, docteurs, dispensateurs des mystères et pasteurs pour le bien des autres, cependant, quant à la dignité et à l’activité commune à tous les fidèles dans l’édification du Corps du Christ, il règne entre tous une véritable égalité. » (LG, 32)
Qui a le plus de dignité dans l’Église : l’évêque, le prêtre ? Non … nous sommes tous des chrétiens au service des autres. Qui est le plus important dans l’Église : la religieuse ou le simple baptisé, l’enfant, l’évêque ? Tous sont égaux, nous sommes égaux, et quand l’une des parties se croit plus importante que les autres et se met un peu le nez en l’air, elle se trompe. Ce n’est pas la vocation de Jésus.

La vocation que Jésus donne à tous – mais surtout à ceux qui semblent occuper des positions plus élevées – est le service, le service des autres, dans l’humilité. Si tu vois une personne qui dans l’Église a une vocation plus haute et que tu la vois être vaniteuse, tu diras : “le pauvre” ; prie pour elle parce qu’’elle n’a pas compris ce qu’est la vocation de Dieu. La vocation de Dieu est l’adoration du Père, l’amour pour la communauté et le service. C’est cela être apôtre, c’est cela le témoignage des apôtres.

La question de l’égalité en dignité nous invite à repenser de nombreux aspects de nos relations, qui sont décisifs pour l’évangélisation. Par exemple, sommes-nous conscients que par nos paroles nous pouvons porter atteinte à la dignité des personnes, détruisant ainsi les relations au sein de l’Église ?

Alors que nous essayons de dialoguer avec le monde, savons-nous aussi dialoguer entre nous croyants ? Ou bien est-ce que dans la paroisse, l’un va contre l’autre, l’un fait des commérages sur l’autre pour se hisser plus haut ? Savons-nous écouter pour comprendre les raisons de l’autre, ou nous imposons-nous, peut-être même avec des paroles doucereuses ? Écouter, s’humilier, être au service des autres : c’est cela servir, c’est cela être chrétien, c’est cela être apôtre.

Chers frères et sœurs, n’ayons pas peur de nous poser ces questions. Fuyons la vanité, la vanité des postes. Ces paroles peuvent nous aider à examiner comment nous vivons notre vocation baptismale, comment nous vivons notre manière d’être apôtres dans une Église apostolique, qui est au service des autres.


Salutations

Je salue cordialement les personnes de langue française.  Frères et sœurs, en ce temps de Carême, prions pour tous les chrétiens afin que, dans un esprit de collaboration fondé sur le dialogue et le respect de la dignité de chacun, ils puissent porter l’espérance à notre monde aujourd’hui. Que Dieu vous bénisse !

Je suis proche du peuple du Malawi, frappé ces derniers jours par un cyclone très violent. Je prie pour les défunts, les blessés, les déplacés. Que le Seigneur soutienne les familles et les communautés les plus éprouvées par cette calamité.

Et je pense aux religieuses orthodoxes de la laure de Kiev : je demande aux belligérants de respecter les lieux de culte. Les religieuses consacrées, les personnes consacrées à la prière – quelle que soit leur confession – soutiennent le peuple de Dieu.

Je souhaite une cordiale bienvenue aux pèlerins de langue italienne. Enfin, comme d’habitude, ma pensée se tourne vers les jeunes, les malades, les personnes âgées et les jeunes mariés. Je vous exhorte tous à poursuivre votre itinéraire de Carême avec engagement, en vous confiant à la protection constante de Marie. A elle, Consolatrice des affligés et Reine de la Paix, nous confions également le peuple ukrainien martyr.

bénédiction à tous. »


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Prendre soin de la soif des autres

Prendre soin de la soif des autres

«Donne-moi à boire». Cette demande formulée par le Christ à la Samaritaine, démontre sa soif d’amour des hommes, mais est aussi une invitation à «prendre soin de la soif des autres». Dans son exhortation précédant la prière de l’Angélus du dimanche 12 mars, troisième dimanche du temps de Carême, depuis la place Saint-Pierre, le Pape François s’est centré sur la parabole de la rencontre de Jésus avec la Samaritaine.

 

PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint-Pierre
Dimanche 5 mars 2023

Chers frères et sœurs, bonjour, bon dimanche !

Ce dimanche, l’Évangile nous présente l’une des plus belles et fascinantes rencontres de Jésus, celle avec la Samaritaine (cf. Jn 4, 5-42). Jésus et les disciples s’arrêtent près d’un puits à Samarie. Une femme arrive et Jésus lui dit: «Donne-moi à boire» (v. 7). Je voudrais m’attarder précisément sur cette expression : Donne-moi à boire.

La scène nous montre Jésus assoiffé et fatigué, qui se laisse trouver par la Samaritaine au puits à l’heure la plus chaude, à midi, et comme un mendiant demande à se rafraîchir. C’est une image de l’abaissement de Dieu : Dieu s’abaisse en Jésus-Christ pour la rédemption, il vient à nous. En Jésus, Dieu s’est fait l’un de nous, il s’est humilié ; assoiffé comme nous, souffre de notre propre chaleur.

En contemplant cette scène, chacun de nous peut dire : le Seigneur, le Maître « me demande à boire. Il a donc soif comme moi. Il a ma soif. Tu es vraiment proche de moi, Seigneur ! Tu es lié à ma pauvreté – je n’arrive pas à y croire ! – tu m’as pris d’en bas, du plus bas de moi-même, là où personne ne m’atteint» (P. Mazzolari, La Samaritana, Bologne 2022, 55-56).

Et tu es descendu vers moi et tu m’as pris de là, parce que tu avais et as soif de moi. La soif de Jésus, en effet, n’est pas seulement physique, elle exprime la soif la plus profonde de notre vie : c’est avant tout une soif de notre amour. Il est plus qu’un mendiant, il a soif de notre amour. Et elle émergera au moment culminant de la passion, sur la croix ; là, avant de mourir, Jésus dira : « J’ai soif » (Jn 19, 28). Cette soif d’amour qui l’a poussé à descendre, à s’humilier, à être des nôtres.

Mais le Seigneur, qui demande à boire, est celui qui donne à boire : rencontrant la femme samaritaine, il lui parle de l’eau vive du Saint-Esprit, et de la croix il verse du sang et de l’eau de son côté transpercé (cf. Jn 19, 34). Jésus, assoiffé d’amour, étanche notre soif d’amour. Et elle fait de nous comme de la Samaritaine : elle vient à notre rencontre dans notre vie quotidienne, elle partage notre soif, elle nous promet l’eau vive qui fait jaillir en nous la vie éternelle (cf. Jn 4, 14).

Donnez-moi un verre. Il y a un deuxième aspect. Ces paroles ne sont pas seulement la demande de Jésus à la Samaritaine, mais un appel – parfois silencieux – qui monte chaque jour vers nous et nous demande de prendre soin de la soif des autres.

Donne-moi à boire dis-nous combien – dans la famille, au travail, dans les autres lieux que nous fréquentons – ont soif de proximité, d’attention, d’écoute ; ceux qui ont soif de la Parole de Dieu et qui ont besoin de trouver une oasis dans l’Église où boire de l’eau nous le disent.

Donne-moi à boire, c’est l’attrait de notre société, où la hâte, la ruée vers la consommation et surtout l’indifférence, cette culture de l’indifférence engendrent l’aridité et le vide intérieur. Et – ne l’oublions pas – donne-moi à boire est le cri de tant de frères et sœurs qui manquent d’eau pour vivre, alors que nous continuons à polluer et à défigurer notre maison commune ; et elle aussi, épuisée et desséchée, « a soif ».

Face à ces défis, l’Évangile d’aujourd’hui offre à chacun de nous l’eau vive qui peut faire de nous une source de rafraîchissement pour les autres. Et puis, comme la Samaritaine, qui laissa son amphore au puits et alla appeler les gens du village (cf. v. 28), nous aussi nous ne penserons plus seulement à étancher notre soif, nos ressources matérielles, intellectuelles ou culturelles soif.

Mais avec la joie d’avoir rencontré le Seigneur, nous pourrons étancher notre soif : donner un sens à la vie des autres, non comme maîtres, mais comme serviteurs de cette Parole de Dieu qui a soif de nous, qui a continuellement soif pour nous; nous pourrons comprendre leur soif et partager l’amour qu’il nous a donné.

J’ai envie de poser cette question, à moi et à vous : sommes-nous capables de comprendre la soif des autres? La soif des gens, la soif de beaucoup dans ma famille, dans mon quartier ? Aujourd’hui nous pouvons nous demander : ai-je soif de Dieu, est-ce que je me rends compte que j’ai besoin de son amour comme de l’eau pour vivre ? Et puis, moi qui ai soif, est-ce que je me soucie de la soif des autres, la soif spirituelle, la soif matérielle ?

Que Notre-Dame intercède pour nous et nous soutienne sur le chemin.

Angelus Domini nuntiavit Mariae…

Après l’angélus

Chers frères et sœurs !

Je vous salue tous, Romains et pèlerins de nombreux pays.

Vendredi 17 mars et samedi 18 prochains, l’initiative « 24 heures pour le Seigneur » sera renouvelée dans toute l’Église : un temps consacré à la prière d’adoration et au sacrement de la Réconciliation. Vendredi après-midi, j’irai dans une paroisse romaine pour la célébration pénitentielle.

Il y a un an, dans ce contexte, nous avons accompli l’Acte solennel de Consécration au Cœur Immaculé de Marie, en invoquant le don de la paix. Notre confiance ne faillit pas, l’espoir ne faiblit pas ! Le Seigneur écoute toujours les supplications que son peuple lui adresse par l’intercession de la Vierge Mère.

Nous restons unis dans la foi et la solidarité avec nos frères qui souffrent de la guerre ; n’oublions surtout pas le peuple ukrainien martyr ! Je souhaite à tous un bon dimanche. S’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir !


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Texte traduit et présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

Tout baptisé participe à la mission de l’Église

Tout baptisé participe à la mission de l’Église

Depuis la place Saint-Pierre, le Souverain pontife a poursuivi ce mercredi 8 mars son cycle de catéchèses sur l’évangélisation, en s’arrêtant cette fois-ci sur le Concile Vatican II, qui a permis de promouvoir l’évangélisation comme service de l’Église.

 

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 8 mars 2023

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Résumé

rères et sœurs, lors de la dernière catéchèse nous avons vu que le premier “concile” de l’histoire de l’Église a été convoqué à Jérusalem pour une question liée à l’évangélisation, c’est-à-dire l’annonce de la Bonne Nouvelle aux non juifs. Au XXème siècle, le Concile Œcuménique Vatican II a présenté l’Église comme Peuple de Dieu pèlerin dans le temps et par nature missionnaire.

Entre le premier et le dernier Concile il existe un pont dont l’architecte est l’Esprit Saint. Évangéliser est toujours un service ecclésial, jamais solitaire, jamais isolé ou individualiste. L’évangélisateur transmet toujours ce que lui-même a reçu car le dynamisme ecclésial de transmission du Message est un engagement et garantit l’authenticité de l’annonce chrétienne.

La dimension ecclésiale de l’évangélisation est un critère de vérification du zèle apostolique. Avec le Décret Ad gentes du Concile Vatican II, ce document sur l’activité missionnaire de l’Église, l’amour de Dieu le Père est une source et a pour destinataire tout être humain.

C’est le devoir de l’Église de poursuivre la mission du Christ.  Le sens ecclésial du zèle apostolique de chaque disciple-missionnaire est mieux compris, car dans le Peuple de Dieu pèlerin et évangélisateur, il n’y a pas de sujets actifs ni de sujets passifs. En vertu du Baptême reçu et de l’incorporation à l’Église, tout baptisé participe à la mission de l’Église et, en elle, à la mission du Christ Roi, Prêtre et Prophète.

Le zèle missionnaire du croyant s’exprime comme une recherche créative de nouveaux moyens pour rendre service à l’Évangile et à l’humanité.

Catéchèse :- La passion pour l’évangélisation : le zèle apostolique du croyant

– 6. Le Concile Vatican II. 1. L’évangélisation comme service d’Église

Chers frères et sœurs, bonjour!

Dans la dernière catéchèse, nous avons vu que le premier « concile » de l’histoire de l’Église – un concile, comme celui de Vatican II -, le premier concile, a été convoqué à Jérusalem pour une question liée à l’évangélisation, c’est-à-dire l’annonce de la Bonne Nouvelle aux non-juifs – on croyait que seuls les juifs devaient être proclamés l’Évangile.

Au XXe siècle, le Concile œcuménique Vatican II a présenté l’Église comme Peuple de Dieu pèlerin dans le temps et missionnaire par nature (voir décret Ad Gentes, 2). Qu’est-ce que cela signifie? Il y a comme un pont entre le premier et le dernier Concile, sous le signe de l’évangélisation, un pont dont l’architecte est l’Esprit Saint.

Des tentations à fuir

Aujourd’hui, nous écoutons le Concile Vatican II, pour découvrir que l’évangélisation est toujours un service ecclésial, jamais solitaire, jamais isolé, jamais individualiste. L’évangélisation se fait toujours dans l’Église, c’est-à-dire dans la communauté et sans prosélytisme car ce n’est pas de l’évangélisation [externe].

En effet, l’évangélisateur transmet toujours ce qu’il a reçu. Saint Paul a été le premier à l’écrire : l’évangile qu’il a annoncé et que les communautés ont reçu et dans lequel elles sont restées fermes est le même que l’Apôtre avait reçu à son tour (cf. 1 Co 15, 1-3). La foi est reçue et la foi est transmise.

Ce dynamisme ecclésial de transmission du Message est contraignant et garantit l’authenticité de l’annonce chrétienne. Paul lui-même écrit aux Galates : « Si nous-mêmes ou un ange du ciel vous annonce un autre évangile que celui que nous vous avons annoncé, qu’il soit anathème » (1:8). C’est beau et c’est bon pour tant de visions qui sont à la mode…

La dimension ecclésiale de l’évangélisation constitue donc un critère de vérification du zèle apostolique. Une vérification nécessaire, car la tentation de procéder « seul » est toujours présente, surtout lorsque le chemin devient rude et que l’on sent le poids de l’engagement.

Tout aussi dangereuse est la tentation de suivre des voies pseudo-ecclésiales plus faciles, d’adopter la logique mondaine des chiffres et des enquêtes, de compter sur la force de nos idées, de nos programmes, de nos structures, des « relations qui comptent ». C’est faux, cela devrait aider un peu mais la force que l’Esprit vous donne pour proclamer la vérité de Jésus-Christ, pour proclamer l’Évangile est fondamentale. Les autres choses sont secondaires.

Maintenant, frères et sœurs, plaçons-nous plus directement à l’école du Concile Vatican II, en relisant quelques numéros du Décret Ad Gentes (AG), le document sur l’activité missionnaire de l’Église. Ces textes de Vatican II conservent pleinement leur valeur même dans notre contexte complexe et pluriel.

Tout d’abord, ce document, AG, nous invite à considérer l’amour de Dieu le Père, comme une source, qui « par son immense et miséricordieuse bienveillance libératrice nous crée et, de plus, par la grâce nous appelle à participer à sa vie et à la sa gloire. C’est notre vocation.

Par pure générosité, il a répandu et continue de répandre sa bonté divine, afin que, comme il est le créateur de tout, il puisse aussi être « tout en tous » (1 Co 15, 28), procurant ensemble sa gloire et notre bonheur » (n. 2). Ce passage est fondamental, car il dit que l’amour du Père a tout être humain pour destinataire. L’amour de Dieu n’est pas seulement pour un petit groupe, non… pour tout le monde.

Mettez bien ce mot dans votre tête et dans votre cœur : tout le monde, tout le monde, personne n’est exclu, ainsi dit le Seigneur. Et cet amour pour chaque être humain est un amour qui atteint chaque homme et chaque femme par la mission de Jésus, médiateur de salut et notre Rédempteur (cf. AG, 3), et par la mission de l’Esprit Saint (cf. AG, 4 ), celui qui, l’Esprit Saint, agit en tous, tant chez les baptisés que chez les non baptisés. Le Saint-Esprit agit !

Suivre le chemin du Seigneur

En outre, le Concile rappelle qu’il est du devoir de l’Église de poursuivre la mission du Christ, qui a été « envoyé pour apporter la bonne nouvelle aux pauvres ; pour cela – poursuit le document Ad gentes – il est nécessaire que l’Église, toujours sous l’influence de l’Esprit Saint, l’Esprit du Christ, suive le même chemin suivi par ceux-ci, c’est-à-dire le chemin de la pauvreté, de l’obéissance, du service et de la du sacrifice de lui-même jusqu’à la mort, dont il est ensuite sorti vainqueur en ressuscitant » (AG, 5).

Si elle reste fidèle à ce « chemin », la mission de l’Église est « la manifestation, c’est-à-dire l’épiphanie et la réalisation du dessein divin dans le monde et dans l’histoire » (AG, 9).

Frères et sœurs, ces brèves notes nous aident aussi à comprendre le sens ecclésial du zèle apostolique de chaque disciple-missionnaire. Le zèle apostolique n’est pas un enthousiasme, c’est autre chose, c’est une grâce de Dieu qu’il faut chérir. Nous devons comprendre le sens parce que dans le Peuple de Dieu pèlerin et évangélisateur, il n’y a pas de sujets actifs et passifs. Il n’y a pas ceux qui prêchent, ceux qui proclament l’Évangile d’une manière ou d’une autre, et ceux qui se taisent. Non.

« Chaque baptisé – dit Evangelii Gaudium – quelle que soit sa fonction dans l’Église et le niveau d’éducation de sa foi, est un sujet actif d’évangélisation » (Exhortation apostolique Evangelii Gaudium, 120). Êtes-vous chrétien? « Oui, j’ai reçu le Baptême… » Et vous, évangélisez-vous ? « Mais qu’est ce que ça veut dire…? »

Si vous n’évangélisez pas, si vous ne rendez pas témoignage, si vous ne rendez pas ce témoignage du baptême que vous avez reçu, de la foi que le Seigneur vous a donnée, vous n’êtes pas un bon chrétien. En vertu du Baptême reçu et de l’incorporation à l’Église qui en résulte, tout baptisé participe à la mission de l’Église et, en elle, à la mission du Christ Roi, Prêtre et Prophète.

Frères et sœurs, cette tâche « est une et immuable en tout lieu et en toute situation, même si elle ne s’accomplit pas de la même manière selon les circonstances » (AG, 6). Cela nous invite à ne pas nous scléroser ou nous fossiliser ; il nous rachète de cette inquiétude qui n’est pas celle de Dieu.

Le zèle missionnaire du croyant s’exprime aussi comme une recherche créative de nouvelles manières d’annoncer et de témoigner, de nouvelles manières de rencontrer l’humanité blessée que le Christ a prise sur lui. Bref, de nouvelles manières de rendre service à l’Évangile et de rendre service à l’humanité.

L’évangélisation est un service. Si quelqu’un se dit évangélisateur et n’a pas cette attitude, ce cœur de serviteur, et se croit maître, ce n’est pas un évangélisateur, non… c’est un pauvre.

Revenir à l’amour fondamental du Père et aux missions du Fils et de l’Esprit Saint ne nous enferme pas dans des espaces de tranquillité personnelle statique. Au contraire, elle nous conduit à reconnaître la gratuité du don de la plénitude de vie à laquelle nous sommes appelés, ce don pour lequel nous louons et remercions Dieu.

Ce don n’est pas seulement pour nous, mais c’est pour le donner à autres. Et elle nous conduit aussi à vivre toujours plus pleinement ce que nous avons reçu en le partageant avec les autres, avec le sens des responsabilités et en parcourant ensemble les chemins souvent tortueux et difficiles de l’histoire, dans l’attente vigilante et assidue de son accomplissement.

Demandons cette grâce au Seigneur, pour prendre en main cette vocation chrétienne et rendons grâce au Seigneur pour ce qu’il nous a donné, ce trésor. Et essayez de le communiquer aux autres.

Salutations

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, particulièrement les pèlerins de Roveredo en Suisse, d’Annecy, d’Ajaccio et de Porto Vecchio. Frères et sœurs, invoquons l’Esprit Saint, pour que ce Carême soit un temps favorable pour revitaliser notre dynamisme missionnaire afin en rendant joyeusement service à l’Évangile et à l’humanité. Que Dieu vous bénisse !

En cette journée internationale de la femme, je pense à toutes les femmes : je les remercie pour leur engagement à construire une société plus humaine, par leur capacité à appréhender la réalité avec un regard créatif et un cœur tendre. C’est un privilège réservé aux femmes ! Une bénédiction spéciale pour toutes les femmes présentes sur la place. Et une salve d’applaudissements pour les femmes ! Elles le méritent!

Enfin, comme d’habitude, mes pensées vont aux malades, aux personnes âgées, aux jeunes mariés et aux jeunes. En ces jours de carême, marchez encore plus courageusement sur les traces du Christ, en essayant d’imiter son humilité et sa fidélité à la volonté divine. Et s’il vous plaît, chers frères et sœurs, n’oublions pas la douleur du peuple ukrainien martyr, tant il souffre… ayons-la toujours présente dans nos cœurs et dans nos prières.

Ma bénédiction à tous.


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