Toussaint : les valeurs du Royaume

Toussaint : les valeurs du Royaume

Béatitudes
Béatitudes

Les béatitudes (voir texte à la fin) nous orientent vers le bonheur : « Heureux… ». Et c’est là leur paradoxe car elles parlent de gens qui sont heureux au cœur de leurs souffrances actuelles, ou qui le seront au moment de la persécution.

Ce que la première partie de chaque béatitude contient de peine est tourné, par la promesse contenue dans la seconde partie, vers un avenir radicalement différent, objet de l’espérance. Le bonheur des béatitudes s’attache donc à une promesse.

Les béatitudes revêtent ainsi une dimension pascale. Voilà pourquoi elles n’ont pas d’autre chemin à nous proposer que celui d’une croix qui ouvre au bonheur. Bonheur non pas de la souffrance mais bonheur de pouvoir accéder à un autre monde qui ne passera pas et où il n’y aura plus ni pleurs, ni cris, ni peines car le monde ancien s’en sera allé (cf. Ap 25, 4).

Ce chemin de croix, le Fils lui-même l’a suivi et si nous voulons demeurer dans le Fils, nous devons aussi à notre tour nous y engager. Cela nous aide aussi à prendre conscience de l’enjeu de notre vie quotidienne.

Le bonheur du Royaume est réservé à ceux qui remplissent vraiment les conditions intérieures définies par les béatitudes, ceux qui s’engagent sans retour à la suite du Christ en portant chaque jour leur Croix, unique clé pour accéder au Royaume du vrai bonheur. C’est donc un appel à la conversion.

En ce jour, n’hésitons pas à demander l’aide des saints, qui durant leur vie se sont engagés sans réserve sur ce chemin des béatitudes et ont pu recevoir à leur mort – ou plutôt à leur naissance à la vraie Vie – la couronne de gloire.

« La conviction que les vivants ont à prier pour les morts s’est établie dès les premiers temps du christianisme. L’idée d’une journée spéciale de prière pour les défunts dans le prolongement de la Toussaint a vu le jour dès avant le Xe siècle.

Le 1er novembre, nous célébrons dans l’allégresse la fête de tous les saints ; le lendemain, nous prions plus généralement pour tous ceux qui sont morts. (Conférence épiscopale).

Les Béatitudes sont, dans l’enseignement de Jésus, une sorte de charte de la nouvelle Alliance, la Loi nouvelle ; elles décrivent dans sa dynamique notre identité chrétienne, elles sont le miroir de notre conscience, elles constituent la loi de liberté. En un mot, les Béatitudes sont la vie des disciples de Jésus.

Pour en percevoir la richesse et la profondeur, il faut aller au-delà du chef d’œuvre de sagesse et les recevoir en tant qu’elles sont une révélation de Jésus, un don que le Christ nous fait en participation à sa propre vie filiale parmi nous, le commencement de la vie éternelle. Les Béatitudes comportent une dynamique qui évoque toute la pédagogie du Saint-Esprit au long de notre vie pour nous configurer à Jésus.

C’est pourquoi nous méditons cet évangile en ce jour de la Toussaint. Nous fêtons aujourd’hui nos frères et nos sœurs qui sont déjà parvenus au terme de la route. Ensemble, ils ont la joie de partager la paix qui est la vie même de Dieu. Cette paix constitue la joie des élus ; elle est communicative et elle est produite par la vie toute simple de Dieu dans le don de soi et la miséricorde, et par la pureté de Dieu.

Or, pour avoir part la pureté de Dieu, l’homme doit se rendre pur comme Dieu lui-même est pur (1Jn 3,3). Ainsi, la pureté du cœur est la béatitude qui rend possible la rencontre de Dieu dans la pleine lumière.

Or la pureté du cœur est elle-même le fruit de la pauvreté du cœur, la première des béatitudes et leur porche d’entrée. Il ne nous est possible de comprendre le discours des Béatitudes et d’entrer dans la joie des bienheureux que par la pauvreté du cœur, c’est-à-dire en pénétrant le fond du mystère de Jésus, lui qui a dit : « Je suis doux et humble de cœur ».

Or, au plus Jésus assume notre faiblesse humaine, au mieux il exprime sa condition filiale qui est l’émerveillement devant le Père plus grand que tout (Jn 10,29). La pauvreté du cœur consiste ainsi à admettre avec joie que nous ne pouvons rien par nous-mêmes, mais que nous sommes sûrs de recevoir à chaque instant l’assistance du Père. Or, précisément, nous recevons son secours en Jésus.

Notre vie chrétienne est donc le combat visant à faire advenir le corps mystique du Christ ici et maintenant sans en voir pleinement le terme. C’est pourquoi il est bon de contempler le bonheur de tous les saints. Cette contemplation nous soutient et nous attire, nous révélant l’invisible réalité qui grandit avec l’Église chaque jour.

La pauvreté du cœur demeure définitivement le commencement de la route vers la pureté du cœur. Elle est le chemin vivant que Jésus ouvre lui-même en nous et autour de nous. Elle se réalise un jour après l’autre dans le milieu fraternel et nous ouvre à la deuxième béatitude : « Heureux les doux : ils obtiendront la terre promise. »

La douceur est la réplique devant nos frères de l’humilité devant Dieu. Celui qui est humble est doux avec ses frères. La douceur est patience et disponibilité. Elle est le passage de l’initiative – l’amour qui se donne – à la remise de soi dans la main de ses proches : l’amour donné. C’est la condition et l’image du Règne qui vient à nous, le signe et la mesure de notre union à Dieu.

Les deux premières Béatitudes, pauvreté et douceur, expriment le mystère même de Jésus tel qu’il nous en a fait la confidence unique. Elles sont la culture de Nazareth qui l’a façonné pour toute sa vie. Les deux premières Béatitudes sont le chemin vivant que Jésus constitue pour nous, c’est toute notre vie à sa suite.

Puis vient la Béatitude des larmes : « Heureux ceux qui pleurent : ils seront consolés ! ». Au cœur du parcours de la vie à l’école des Béatitudes, réside l’épreuve décisive que Jésus a connue pour passer vers le Père. La souffrance que les larmes expriment est celle de ressentir dans le péché l’absolu contraire de la sainteté du Père.

Ce fut la plus grande souffrance de Jésus dès son entrée dans le monde, tout au long de sa vie, et plus que tout en son Agonie et en sa Passion quand il a prié le Père avec cris et larmes. La Béatitude de ceux qui pleurent évoque le drame de la condition de l’homme devant Dieu, aussi longtemps que dure l’emprise du péché dans notre monde.

D’où la portée de la quatrième béatitude, celle qui est au centre du mouvement : « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés ! ». Elle décrit l’homme attiré par la sainteté de Dieu et désirant qu’advienne son œuvre de justice et de purification. La justice en question est finalement la vérité que Dieu fait régner dans la conscience des hommes.

Par sa justice, Dieu dévoile notre péché et le répare. On voit ainsi qu’il n’y a pas d’opposition entre la justice de Dieu et sa miséricorde. Au contraire, la miséricorde de Dieu est la source de la justice et elle en est l’accomplissement. C’est le sens de l’offrande de Jésus sur la Croix.

Ainsi, la reconnaissance de la sainteté de Dieu, qui se fait dans les larmes de la contrition, nous conduit à entrer activement dans le mystère de sa miséricorde : « Heureux les miséricordieux : ils obtiendront miséricorde ! ».

Le terme de la route des Béatitudes, c’est le Cœur nouveau du Ressuscité. La pratique persévérante de l’humilité – c’est-à-dire la pauvreté du cœur – conduit à la pureté du cœur : telle est la dynamique des Béatitudes. La pureté du cœur résumant la vie dans l’Esprit est la simplicité entière dans l’accueil et le partage de la vie de Dieu, lui qui est l’infinie pureté.

Le Ressuscité est habité par la plénitude de la vie divine – qui est paix et joie – et il nous la partage. La pureté du cœur produit la tranquillité de l’âme et elle rayonne en miséricorde et douceur pour tous les êtres : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » (Lc 6, 36).

Finalement, nous dirons que la pureté de Dieu nous purifie et met en nous les dispositions du Cœur nouveau du Ressuscité. Les disciples du Christ sont alors enclins à pardonner à tous leurs frères. « Heureux les artisans de paix : ils seront appelés fils de Dieu ! ».

Être artisan de paix consiste à désirer être l’instrument de la bonté du Père pour tous ses enfants, l’instrument du pardon qui fait entrer dans la paix de Dieu, dans la paix qui unit l’Église.

La dernière béatitude introduit un élément surprenant, inattendu quand on envisage le bonheur parfait : la persécution. Elle est pourtant annoncée comme un bonheur, mais celui-ci n’est pas conjugué au présent ; cette béatitude annonce un futur. C’est ainsi qu’elle fait entrer cette magnifique série dans l’histoire, en plaçant les disciples de Jésus dans la suite des prophètes et des témoins de sa parole.

Ceux qui sont pauvres et humbles, ceux dont l’amour brûlant du Cœur de Jésus a purifié l’âme, sont pleinement heureux, ils sont déjà dans le Royaume. Mais Jésus nous interpelle directement : « heureux serez-vous ».

Ceux qui veulent marcher à la suite de Jésus connaîtront nécessairement la persécution et il faut s’en réjouir car elle participe à l’avènement du Royaume et y fait entrer. Cette annonce de la neuvième béatitude ne peut être reçue et comprise que sur l’horizon des huit qui précèdent.

Aussi concentrons-nous sur l’essentiel : le bonheur que Dieu donne, le bonheur que Dieu seul peut donner. Réjouissons-nous avec la foule innombrable qui vient de la grande épreuve, qui a été purifiée dans le sang de l’Agneau.

Ce bonheur est aussi le nôtre car en Jésus-Christ nous sommes devenus héritiers du Royaume : « voyez comme il est grand, l’amour dont le Père nous a comblés : il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes » (1 Jn 3, 1).

« Nous le savons : lorsque le Fils de Dieu paraîtra, nous serons semblables à lui parce que nous le verrons tel qu’il est. Et tout homme qui fonde sur lui une telle espérance se rend pur comme lui-même est pur » (1 Jn 3, 3). Entrons dans la vie des Béatitudes, pauvres et humbles devant notre Dieu, demandons à Jésus le don de son Cœur nouveau.

Les béatitudes

Voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui.

Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait :

« Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux.

Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés.

Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage.

Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.

Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.

Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.

Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.

Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux.

Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.

Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! »

Évangile de Saint Matthieu 5, 1-12

la désolation, objet du discernement

la désolation, objet du discernement

Le Pape François a poursuivi son cycle de catéchèse sur le discernement, lors de l’audience générale du 26 octobre place Saint-Pierre. Il a axé son intervention sur «la désolation objet du discernement », et la tristesse qui la manifeste, qui peut être «un réveil indispensable à la vie spirituelle».

 

LE PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
mercredi 26 octobre 2022

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Catéchèse sur le discernement. 7. La question du discernement. Désolation

Chers frères et sœurs, bonjour !

Le discernement, comme nous l’avons vu dans les catéchèses précédentes, n’est pas d’abord une démarche logique ; elle se concentre sur les actions, et les actions ont aussi une connotation affective, qu’il faut reconnaître, car Dieu parle au cœur. On entre alors dans la première modalité affective, l’objet de discernement, c’est-à-dire la désolation. De quoi s’agit-il?

Le sens de la désolation

La désolation était définie comme suit : « L’obscurité de l’âme, le trouble intérieur, l’élan vers les choses basses et terrestres, l’inquiétude due aux agitations et tentations diverses : ainsi l’âme est encline à la méfiance, elle est sans espoir, et sans amour, et elle se trouve paresseuse, tiède, triste, comme séparée de son Créateur et Seigneur » (Saint Ignace de L., Exercices spirituels, 317).

Nous en avons tous l’expérience. Je crois que d’une manière ou d’une autre, nous avons vécu cela, de la désolation. Le problème est de savoir comment le lire, car lui aussi a quelque chose d’important à nous dire, et si nous sommes pressés de nous en débarrasser, nous risquons de le perdre.

Savoir lire la tristesse

Personne ne voudrait être désolé, triste : c’est vrai. Nous voulons tous une vie toujours joyeuse, heureuse et épanouie. Pourtant cela, en plus de ne pas être possible – parce que ce n’est pas possible –  ce ne nous serait pas bon non plus. En fait, le changement dans une vie orientée vers le vice peut partir d’une situation de tristesse, de remords pour ce qui a été fait.

L’étymologie de ce mot est très belle, « remords » : le remords de conscience, on le sait tous. Remords : littéralement c’est la conscience qui mord, qui ne donne pas la paix. Alessandro Manzoni, dans le Promessi sposi, nous a donné une splendide description du remords comme une opportunité de changer de vie.

C’est le fameux dialogue entre le Cardinal Federico Borromée et l’Anonyme, qui, après une terrible nuit, apparaît détruit par le cardinal, qui lui adresse des mots surprenants : «  » Vous avez une bonne nouvelle à m’annoncer, et je vous la fais tellement soupirer ? ». « Une bonne nouvelle, moi ? – dit l’autre. « J’ai l’enfer dans mon cœur […]. Dites-moi, si vous le savez, quelle est cette bonne nouvelle ».

« Que Dieu a touché votre cœur et veut vous faire sien », répondit calmement le cardinal « (chap. XXIII). Dieu touche votre cœur et quelque chose vient en vous, de la tristesse, du remords pour quelque chose, et c’est une invitation à commencer un chemin. L’homme de Dieu sait percevoir profondément ce qui bouge dans le cœur.

Une alerte de vie

Il est important d’apprendre à lire la tristesse. Nous savons tous ce qu’est la tristesse : tout le monde. Mais savons-nous la lire ? Sait-on ce que cette tristesse d’aujourd’hui signifie pour moi ?

A notre époque, elle – la tristesse – est surtout considérée négativement, comme un mal à éviter à tout prix, et au contraire elle peut être une sonnette d’alarme indispensable à la vie, nous invitant à explorer des paysages plus riches et plus fertiles que ne pas permettre l’éphémère et l’évasion.

Saint Thomas définit la tristesse comme une douleur de l’âme : comme les nerfs pour le corps, elle réveille l’attention face à un danger possible, ou un bien négligé (cf. Summa Th. I-II, q. 36, a. 1 ). Pour cette raison, elle est essentielle pour notre santé, elle nous protège car nous ne nous faisons pas de mal ni aux autres.

Ce serait beaucoup plus grave et dangereux de ne pas ressentir ce sentiment et de passer à autre chose. Parfois la tristesse fonctionne comme un feu de circulation : « Stop, stop ! C’est rouge ici. Arrêt « .

Pour ceux qui ont le désir de faire le bien, la tristesse est un obstacle avec lequel le tentateur veut nous décourager. Dans ce cas, il faut agir exactement à l’opposé de ce qui a été suggéré, déterminé à continuer ce qu’on se propose de faire (cf. Exercices spirituels, 318). On pense au travail, à l’étude, à la prière, à un engagement assumé : si on les quittait dès qu’on ressent de l’ennui ou de la tristesse, on ne finirait jamais rien.

Surmonter la tentation

C’est aussi une expérience commune à la vie spirituelle : le chemin du bien, rappelle l’Évangile, est étroit et escarpé, demande un combat, une conquête de soi. Je commence à prier, ou je me consacre à un bon travail et, étrangement, à ce moment-là, je peux penser à des choses à faire de toute urgence – ne pas prier et ne pas faire de bonnes choses. Nous avons tous fait cette expérience. Il est important que ceux qui veulent servir le Seigneur ne soient pas guidés par la désolation.

Et ça… « Mais non, j’en ai pas envie, c’est ennuyeux… »: attention. Malheureusement, certains décident d’abandonner la vie de prière, ou le choix fait, mariage ou vie religieuse, poussés par la désolation, sans s’arrêter au préalable pour lire cet état d’esprit, et surtout sans l’aide d’un guide. Une règle sage est de ne pas apporter de modifications lorsque vous êtes désolé. Ce sera la prochaine fois, plutôt que l’humeur du moment, de montrer le bien ou non de nos choix.

Il est intéressant de noter, dans l’Évangile, que Jésus rejette les tentations avec une attitude de fermeté (cf. Mt 3, 14-15 ; 4 : 11-11 ; 16 : 21-23). Des situations d’épreuve lui viennent de diverses parts, mais toujours, trouvant en lui cette fermeté, décidé à accomplir la volonté du Père, elles échouent et cessent d’entraver le chemin.

Être au service du Seigneur dans l’épreuve

Dans la vie spirituelle, l’épreuve est un moment important, la Bible le rappelle explicitement et dit ainsi : « Si tu te présentes pour servir le Seigneur, prépare-toi à la tentation » (Sir 2 : 1). Si vous voulez aller sur le bon chemin, préparez-vous : il y aura des obstacles, il y aura des tentations, il y aura des moments de tristesse. C’est comme lorsqu’un professeur examine l’étudiant : s’il voit qu’il connaît les points essentiels de la matière, il n’insiste pas : il a réussi le test. Mais il doit réussir le test.

Si nous savons traverser la solitude et la désolation avec ouverture et conscience, nous pouvons en sortir renforcés sous l’aspect humain et spirituel. Aucune preuve n’est hors de notre portée ; aucune preuve ne dépassera ce que nous pouvons faire. Mais ne fuyez pas les épreuves : voyez ce que signifie cette épreuve, qu’est-ce que ça veut dire que je sois triste : pourquoi suis-je triste ?

Qu’est-ce que cela signifie que je suis dans la désolation en ce moment ? Qu’est-ce que cela signifie que je suis dans la désolation et que je ne peux pas continuer ? Saint Paul nous rappelle que personne n’est tenté au-delà de ses moyens, car le Seigneur ne nous abandonne jamais et, avec lui près, nous pouvons vaincre toute tentation (cf. 1 Co 10, 13).

Et si on ne le gagne pas aujourd’hui, on se relève, on marche et on le gagnera demain. Mais ne restez pas mort – disons-le ainsi – ne restez pas vaincu pour un moment de tristesse, de désolation : allez-y. Que le Seigneur vous bénisse dans ce voyage – courageux ! – de la vie spirituelle, qui est toujours en marche.
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Salutations

Je salue cordialement les pèlerins de langue française présents à cette audience, en particulier les membres du Collège de Défense de l’OTAN, les confirmands du diocèse de Bayeux-Lisieux, les pèlerins du diocèse de Coutances avec leurs évêques respectifs ; le groupe de la Congrégation de l’Oratoire de Hyières, ainsi que les fidèles de France et de Suisse.

Chers amis, rappelez-vous bien, la désolation doit être lue et comprise: elle est parfois négative, lorsqu’elle nous paralyse, et quelquefois positive, lorsqu’elle s’avère être un réveil essentiel pour la vie ! Que Dieu vous bénisse !

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APPEL

Nous assistons à des événements horrifiants qui continuent d’ensanglanter la République démocratique du Congo. J’exprime mon ferme regret pour l’agression inacceptable qui a eu lieu ces derniers jours à Maboya, dans la province du Nord-Kivu, où des personnes sans défense ont été tuées, dont une religieuse engagée dans les soins de santé. Prions pour les victimes et leurs familles, ainsi que pour cette communauté chrétienne et les habitants de cette région épuisés par la violence depuis trop longtemps.

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Je souhaite une cordiale bienvenue aux pèlerins de langue italienne. En particulier, je salue l’Association nationale des universités du troisième âge, que j’encourage à poursuivre le travail culturel pour lutter contre la solitude et la marginalisation des personnes âgées. Ils sont les témoins de cette « mémoire » qui peut aider les nouvelles générations à construire un avenir plus humain et plus chrétien : la mémoire des anciens.

Je salue les représentants des autorités locales et des écoles qui participent à la rencontre promue par l’Association Biennale des Arts et Sciences de la Méditerranée, en collaboration avec la Fondation Rachelina Ambrosini. Je vous remercie pour votre engagement significatif à construire des chemins de fraternité et de solidarité, en vue de la croissance intellectuelle et spirituelle du territoire.

Et n’oublions pas de prier et de continuer la prière pour l’Ukraine tourmentée : que le Seigneur protège ces gens et nous conduise tous sur le chemin d’une paix durable.

Enfin, ma pensée va, comme à l’accoutumée, aux jeunes, aux malades, aux personnes âgées et aux jeunes mariés, présents à cette Audience de fin octobre. A tous, je voudrais recommander la récitation du Rosaire d’une manière spéciale; Que cette prière mariale simple et suggestive montre à chacun le chemin pour suivre le Christ avec confiance et générosité. Ma bénédiction à tous.


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Texte traduit et présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

Rester humble pour être élevé

Rester humble pour être élevé

Dans son exhortation précédant la prière de l’Angélus de ce dimanche 23 octobre, depuis la place Saint-Pierre, le Pape a parlé de la parabole mettant en exergue deux protagonistes «un pharisien et un publicain», c’est à dire «un homme religieux et un pécheur déclaré». Il s’est focalisé sur deux verbes: s’élever et descendre, invitant ainsi à  s’humilier dans la prière pour être élevé par Dieu.

 

PAPE FRANÇOIS

ANGELUS

Piazza San Pietro
Domenica, 23 ottobre 2022

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Chers frères et sœurs, bonjour !

L’Évangile de la liturgie d’aujourd’hui nous présente une parabole qui a deux protagonistes, un pharisien et un collecteur d’impôts (cf. Lc 18, 9-14), c’est-à-dire un homme religieux et un pécheur épanoui. Tous deux montent au temple pour prier, mais seul le collecteur d’impôts s’élève véritablement vers Dieu, car avec humilité il descend dans la vérité de lui-même et se présente tel qu’il est, sans masque, avec sa pauvreté.

On pourrait dire alors que la parabole est entre deux mouvements, exprimés par deux verbes : monter et descendre.

S’élever vers Dieu

Le premier mouvement est de monter. En effet, le texte commence par dire : « Deux hommes montèrent au temple pour prier » (v. 10). Cet aspect rappelle de nombreux épisodes de la Bible, où pour rencontrer le Seigneur on monte vers la montagne de sa présence : Abraham gravit la montagne pour offrir le sacrifice ; Moïse monte au Sinaï pour recevoir les commandements ; Jésus monte sur la montagne, où il est transfiguré.

L’escalade exprime donc le besoin du cœur de rompre avec une vie plate pour aller à la rencontre du Seigneur ; s’élever des plaines de notre ego pour monter vers Dieu – se débarrasser de son ego -; recueillir ce que nous vivons dans la vallée pour le porter devant le Seigneur. C’est « monter », et quand nous prions, nous montons.

Descendre pour être élevé

Mais pour vivre la rencontre avec lui et être transformés par la prière, pour nous élever jusqu’à Dieu, nous avons besoin du deuxième mouvement : descendre. Comment venir? Qu’est-ce que ça veut dire? Pour monter vers lui, nous devons descendre en nous-mêmes : cultiver la sincérité et l’humilité du cœur, qui nous donnent un regard honnête sur nos fragilités et nos pauvretés intérieures.

En effet, dans l’humilité nous devenons capables de porter à Dieu, sans fictions, ce que nous sommes réellement, les limites et les blessures, les péchés, les misères qui pèsent sur nos cœurs, et d’invoquer sa miséricorde pour nous guérir, nous guérir., tu nous relèves. Ce sera Lui qui nous relèvera, pas nous. Plus nous descendons avec humilité, plus Dieu nous fait monter.

En effet, le publicain de la parabole s’arrête humblement à distance (cf. v. 13) – il ne s’approche pas, il a honte -, il demande pardon, et le Seigneur le relève. Au lieu de cela, le pharisien est exalté, sûr de lui, convaincu qu’il a raison : debout, il se met à ne parler au Seigneur que de lui-même, à se louer, à énumérer toutes les bonnes œuvres religieuses qu’il fait, et il méprise les autres : « ils sont comme celui là… ».

Pourquoi l’orgueil spirituel fait-il cela – « Mais Père, pourquoi nous parles-tu d’orgueil spirituel ? ». Parce que nous risquons tous de tomber dans ce -. Cela vous amène à bien vous croire et à juger les autres. C’est l’orgueil spirituel : « Je vais bien, je suis meilleur que les autres : ceci est une telle chose, cela en est une autre… ». Et ainsi, sans s’en rendre compte, vous vous adorez et annulez votre Dieu, c’est une rotation autour de soi. C’est une prière sans humilité.

Éviter le piège du narcissisme et de l’exhibitionnisme

Frères, sœurs, le pharisien et le publicain nous concernent de près. En pensant à eux, nous nous regardons : nous vérifions s’il y a en nous, comme chez le pharisien, « l’intime présomption d’être juste » (v. 9) qui nous porte à mépriser les autres.

Cela arrive, par exemple, lorsque nous recherchons des compliments et faisons toujours la liste de nos mérites et de nos bonnes œuvres, lorsque nous nous préoccupons de paraître plutôt que d’être, lorsque nous nous laissons piéger par le narcissisme et l’exhibitionnisme.

Nous veillons sur le narcissisme et l’exhibitionnisme, fondés sur la vaine gloire, qui nous conduisent chrétiens, nous prêtres, nous évêques à avoir toujours un mot à la bouche, quel mot ? « Je » : « J’ai fait ceci, j’ai écrit ceci, je l’ai dit, je l’ai compris avant toi », et ainsi de suite. Là où il y a trop de moi, il y a peu de Dieu.

Ici, dans ma terre, ces gens s’appellent « moi-avec moi-pour moi-seulement moi », c’est le nom de ces gens. Et une fois on parlait d’un prêtre qui était comme ça, centré sur lui-même, et on disait en plaisantant : « Celui-là, quand il encense, il le fait à l’envers, il s’encense lui-même ». C’est vrai, cela vous fait aussi tomber dans le ridicule.

Nous demandons l’intercession de Marie la Très Sainte, humble servante du Seigneur, image vivante de ce que le Seigneur aime faire, renversant les puissants de leurs trônes et élevant les humbles (cf. Lc 1,52).

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Après l’angélus

Chers frères et sœurs !

la Journée missionnaire mondiale

Aujourd’hui est célébrée la Journée missionnaire mondiale, qui a pour thème « Vous serez mes témoins ». C’est une occasion importante pour éveiller chez tous les baptisés le désir de participer à la mission universelle de l’Église, par le témoignage et l’annonce de l’Évangile. J’encourage chacun à soutenir les missionnaires par la prière et la solidarité concrète, afin qu’ils puissent continuer l’œuvre d’évangélisation et de promotion humaine à travers le monde.

Les inscriptions sont ouvertes

Les inscriptions s’ouvrent aujourd’hui pour les Journées mondiales de la jeunesse qui auront lieu à Lisbonne en août 2023. J’ai invité deux jeunes portugais à être ici avec moi pendant que je m’inscris également en tant que pèlerin. Je vais le faire maintenant… (cliquez sur la tablette).

Comment s’inscrire aux JMJ

Voilà, je m’inscris. Toi, t’es-tu inscrit ? Faites-le … Et vous vous êtes inscrit? Faites-le… Ici, restez ici. Chers jeunes, je vous invite à vous joindre à cette rencontre où, après une longue absence, nous retrouverons la joie de l’étreinte fraternelle entre les peuples et les générations, dont nous avons tant besoin !

béatifications

Hier, à Madrid, Vincenzo Nicasio Renuncio Toribio et onze compagnons de la Congrégation du Très Saint Rédempteur ont été béatifiés, tués en haine de la foi en 1936, en Espagne. L’exemple de ces témoins du Christ, jusqu’à l’effusion du sang, nous pousse à être cohérents et courageux ; leur intercession soutient ceux qui luttent aujourd’hui pour semer l’Évangile dans le monde. Une salve d’applaudissements aux nouveaux Bienheureux !

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Conflit en Éthiopie et inondations en divers pays africains

C’est avec inquiétude que je suis la situation de conflit persistant en Éthiopie. Une fois de plus, je répète avec émotion que la violence ne résout pas les discordes, mais ne fait qu’en augmenter les conséquences tragiques. J’en appelle à tous ceux qui ont des responsabilités politiques, afin que cessent les souffrances de la population sans défense et que des solutions équitables soient trouvées pour une paix durable dans tout le pays.

Puissent les efforts des parties pour le dialogue et la recherche du bien commun déboucher sur un chemin concret de réconciliation. Que les frères et sœurs éthiopiens, si durement éprouvés, ne manquent pas de nos prières, de notre solidarité et de l’aide humanitaire nécessaire.

Je suis attristé par les inondations qui affectent divers pays africains et qui ont causé la mort et la destruction. Je prie pour les victimes et je suis proche des millions de personnes déplacées, et j’attends avec impatience un plus grand effort commun pour prévenir ces calamités.

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Salutations

Et je vous salue tous, Romains et pèlerins de divers pays. En particulier, je salue les clercs et religieux indonésiens résidant à Rome ; la communauté péruvienne qui célèbre la fête du Señor de los Milagros ; la Centro Academico Romano Fundación et le groupe du diocèse polonais de Tarnow. Je salue les fidèles de San Donà di Piave, Padoue, Pontedera et Molfetta ; les Confirmation Boys de Piacenza, le groupe « Tiberiade » de Carrobbio degli Angeli et le Mouvement Non Violent de Vérone. Et aujourd’hui, au début d’un nouveau gouvernement, nous prions pour l’unité et la paix de l’Italie.

Prière pour la paix

Après-demain, mardi 25 octobre, je me rendrai au Colisée pour prier pour la paix en Ukraine et dans le monde, avec les représentants des Églises et Communautés chrétiennes et des religions du monde, réunis à Rome pour la rencontre « Le cri de paix ». Je vous invite à vous joindre spirituellement à cette grande invocation à Dieu : la prière est la force de la paix. Prions, continuons à prier pour l’Ukraine si tourmentée.

Je souhaite à tous un bon dimanche. S’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir !


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