l’Ancien des jours

L’Ancien des jours

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI
Mercredi 17 août 2022

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  • Frères et sœurs, le rêve prophétique de Daniel, que nous avons entendu, évoque une vision mystérieuse et éclatante de Dieu, représenté sous les traits d’un vieillard : l’Ancien des jours.

 La vision est reprise dans le livre de l’Apocalypse, où le Christ Ressuscité est présenté comme Messie, Prêtre et Roi, éternel, omniscient et immuable.

Dans les Églises orientales, la fête de la Rencontre avec le Seigneur, célébrée le 2 février, met en évidence la rencontre de l’humanité, représentée par les vieillards Siméon et Anne, avec le Christ Seigneur, le Fils éternel de Dieu fait homme.

Le geste de Siméon prenant l’enfant Jésus dans ses bras est l’icône la plus belle de la vocation particulière de la vieillesse : présenter les enfants qui viennent au monde comme un don ininterrompu de Dieu, sachant que l’un d’entre eux est le Fils unique engendré avant tous les siècles.

Le témoignage de la personne âgée est crédible pour les enfants lorsqu’il bénit la vie qui vient à sa rencontre, sans ressentiment pour sa propre vie qui s’en va. La vieillesse doit bénir les enfants, les initiant au mystère d’une destination à la vie que personne ne peut anéantir.

L’Alliance des personnes âgées et des enfants sauvera la famille humaine. Saura-t-on restituer aux enfants le tendre témoignage des personnes âgées qui possèdent la sagesse de mourir ?

Je salue cordialement les pèlerins de langue française.

Frères et sœurs, la mort est certainement un passage difficile de la vie. Mais sachons apprendre des anciens, qui tiennent ferme l’horizon de notre destinée, qu’elle ouvre sur la vie plus belle encore qui n’aura pas de fin.

Que Dieu vous bénisse.


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SOLENNITÉ DE L’ASSOMPTION DE LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE

SOLENNITÉ DE L’ASSOMPTION
DE LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE

LE PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint-Pierre
lundi 15 août 2022

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Chers frères et sœurs, bonjour! Bonne fête!

Aujourd’hui, solennité de l’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie, l’Évangile nous offre le dialogue entre elle et sa cousine Élisabeth. Lorsque Marie entre dans la maison et salue Élisabeth, elle lui dit : « Tu es bénie entre les femmes et béni est le fruit de tes entrailles » (Lc 1, 42).

Ces paroles, pleines de foi, de joie et d’émerveillement, sont devenues une partie de l' »Ave Maria ». Chaque fois que nous récitons cette prière très belle et familière, nous faisons comme Élisabeth : nous saluons Marie, nous la bénissons, car elle nous apporte Jésus.

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Marie accueille la bénédiction d’Élisabeth et répond par le chant, un don pour nous, pour toute l’histoire : le Magnificat. C’est un chant de louange que l’on pourrait définir comme « le chant de l’espérance ». C’est un hymne de louange et d’exultation pour les grandes choses que le Seigneur a faites en elle, mais Marie va plus loin : elle contemple l’œuvre de Dieu à travers l’histoire de son peuple.

Il dit, par exemple, que le Seigneur « a renversé les puissants de leurs trônes, élevé les humbles, comblé de biens les affamés, renvoyé les riches les mains vides » (vv. 52-53). En écoutant ces paroles, on pourrait se demander : la Vierge n’exagère-t-elle pas un peu, décrivant un monde qui n’existe pas ?

En fait, ce qu’il dit ne semble pas correspondre à la réalité ; pendant qu’elle parle, les puissants de l’époque n’ont pas été renversés : le redoutable Hérode, par exemple, se tient fermement sur son trône. Et même les pauvres et les affamés le restent, tandis que les riches continuent de prospérer.

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Que signifie ce chant de Marie ? À quoi ça sert? Elle ne veut pas chroniquer le temps – elle n’est pas journaliste – mais nous dire quelque chose de beaucoup plus important : que Dieu, à travers elle, a inauguré un tournant historique, a définitivement établi un nouvel ordre des choses.

Elle, petite et humble, a été élevée et – nous le célébrons aujourd’hui – portée à la gloire du Ciel, tandis que les puissants du monde sont destinés à rester les mains vides. Pensez à la parabole de cet homme riche qui avait un mendiant, Lazare, devant la porte. Comment ça s’est terminé? Mains vides.

Autrement dit, Notre-Dame annonce un changement radical, un renversement des valeurs. En s’entretenant avec Élisabeth portant Jésus en son sein, elle anticipe ce que dira son Fils, lorsqu’elle proclamera bienheureux les pauvres et les humbles et avertira les riches et ceux qui comptent sur leur propre autosuffisance.

La Vierge prophétise donc avec ce cantique, avec cette prière : elle prophétise que le pouvoir, le succès et l’argent se démarquent, mais le service, l’humilité et l’amour se démarquent. Et en la regardant dans la gloire, nous comprenons que le vrai pouvoir, c’est le service – ne l’oublions pas : le vrai pouvoir, c’est le service – et régner, c’est aimer. Et que c’est le chemin du Ciel.

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Alors, en nous regardant, nous pouvons nous demander : ce renversement annoncé par Marie affecte-t-il ma vie ? Est-ce que je crois qu’aimer c’est régner et servir c’est pouvoir ? Je crois que le but de ma vie est le paradis, est-ce le paradis ? Ou est-ce que je ne me préoccupe que de passer du bon temps ici-bas, est-ce que je ne me préoccupe que des choses terrestres et matérielles ?

Pourtant, en observant les événements du monde, est-ce que je me laisse piéger par le pessimisme ou, comme la Vierge, puis-je voir l’œuvre de Dieu qui, par la douceur et la petitesse, accomplit de grandes choses ?

Frères et sœurs, Marie aujourd’hui chante l’espérance et ravive en nous l’espérance, en elle nous voyons le but du chemin : elle est la première créature qui, de tout elle-même, en corps et en âme, franchit le but du Ciel en vainqueur. Cela nous montre que le paradis est proche. Comment y venir?

Oui, le Ciel est proche, si nous aussi nous ne cédons pas au péché, si nous louons Dieu avec humilité et servons généreusement les autres. Ne cédez pas au péché; mais quelqu’un peut dire : « Mais, Père, je suis faible » – « Mais le Seigneur est toujours près de toi, parce qu’il est miséricordieux ». N’oubliez pas ce qu’est le style de Dieu : proximité, compassion et tendresse ; Il est toujours proche de nous avec son style.

Notre Mère nous prend par la main, nous accompagne vers la gloire, nous invite à nous réjouir en pensant au paradis. Bénissons Marie de notre prière et demandons-lui un regard capable d’entrevoir le Ciel sur la terre.

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Après l’angélus

Chers frères et sœurs !

Je vous salue tous, Romains et pèlerins de divers pays : familles, groupes paroissiaux, associations. Je salue en particulier les jeunes du diocèse de Vérone travaillant dans un camp scolaire et les enfants de l’Immaculée Conception.

Je souhaite une bonne fête de l’Assomption à vous ici présents, à ceux qui sont en vacances, ainsi qu’à ceux qui ne peuvent s’offrir une période de détente, aux personnes seules et aux personnes malades. Ne les oublions pas ! Et je pense avec gratitude ces jours-ci à ceux qui assurent des services essentiels pour la communauté. Merci pour votre travail pour nous.

Et en ce jour dédié à Notre-Dame, j’exhorte ceux qui ont l’occasion de visiter un sanctuaire marial à vénérer notre Mère du Ciel. De nombreux Romains et pèlerins se rendent à Sainte Marie Majeure pour prier devant Salus Populi Romani. Il y a aussi la statue de la Vierge Reine de la Paix, placée par le pape Benoît XV.

Nous continuons à invoquer l’intercession de Notre-Dame pour que Dieu donne la paix au monde, et nous prions en particulier pour le peuple ukrainien.

Bonne fête à tous ! N’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir !


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Texte traduit et présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

La foi est un feu allumé pour nous maintenir éveillés

La foi est un feu allumé pour nous maintenir éveillés

Commentant les textes du jour, le Pape François a parlé de la radicalité de l’Évangile apporté par Jésus, une parole qui vient brûler nos vieilles certitudes et invite à la conversion. «La foi que je professe et que je célèbre me met-elle dans une tranquillité béate ou allume-t-elle en moi le feu du témoignage ?»

LE PAPE FRANCOIS

ANGELUS

Place Saint-Pierre
dimanche 14 août 2022

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Chers frères et sœurs, bonjour!

Dans l’Évangile de la liturgie d’aujourd’hui, il y a une expression de Jésus qui nous frappe et nous interroge toujours. Pendant qu’il est en chemin avec ses disciples, il dit : « Je suis venu jeter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! (Luc 12, 49). De quel feu parle-t-il ? Et quel sens ces paroles ont-elles pour nous aujourd’hui, ce feu que Jésus apporte ?

Comme nous le savons, Jésus est venu apporter au monde l’Evangile, c’est-à-dire la bonne nouvelle de l’amour de Dieu pour chacun de nous.

C’est pourquoi il nous dit que l’Evangile est comme un feu, parce que c’est un message qui, lorsqu’il fait irruption dans l’histoire, brûle l’ancien équilibre de la vie, nous interpelle à sortir de l’individualisme, nous interpelle à vaincre l’égoïsme, nous interpelle à passer de l’esclavage du péché et de la mort à la nouvelle vie du Ressuscité, de Jésus ressuscité.

C’est-à-dire que l’Evangile ne laisse pas les choses telles qu’elles sont ; quand l’Evangile passe, est entendu et reçu, les choses ne restent pas comme elles sont. L’Evangile provoque le changement et invite à la conversion. Il ne dispense pas une fausse paix intimiste, mais enflamme une inquiétude qui nous met en route, nous pousse à nous ouvrir à Dieu et à nos frères.

C’est comme le feu : alors qu’il nous réchauffe avec l’amour de Dieu, il veut brûler notre égoïsme, illuminer les côtés sombres de la vie – nous en avons tous ! -, consommer les fausses idoles qui nous asservissent.

Dans le sillage des prophètes bibliques – pensons par exemple à Elie et Jérémie – Jésus est allumé par le feu de l’amour de Dieu et, pour le faire flamber dans le monde, il se dépense à la première personne, aimant jusqu’au bout c’est-à-dire à la mort et à la mort de la croix (cf. Ph 2, 8).

Il est rempli de l’Esprit Saint, qui est comparé au feu, et avec sa lumière et sa force, il révèle le visage miséricordieux de Dieu et donne la plénitude à ceux qui sont considérés comme perdus, brise les barrières de la marginalisation, guérit les blessures du corps et de l’âme, renouvelle une religiosité réduite à des pratiques extérieures. C’est pourquoi c’est le feu : il change, il purifie.

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Qu’est-ce donc que cela signifie pour nous, pour chacun de nous – pour moi, pour vous, pour vous – que signifie pour nous cette parole de Jésus, de feu ? Elle nous invite à raviver la flamme de la foi, afin qu’elle ne devienne pas une réalité secondaire, ou un moyen de bien-être individuel, qui nous fait échapper aux défis de la vie et de l’engagement dans l’Église et dans la société.

En effet – disait un théologien -, la foi en Dieu « nous rassure, mais pas comme nous le voudrions : c’est-à-dire non pour nous procurer une illusion paralysante ou une satisfaction bienheureuse, mais pour nous permettre d’agir » (De Lubac). La foi, en somme, n’est pas une « berceuse » qui nous endort. La vraie foi est un feu, un feu allumé pour nous tenir éveillés et actifs même la nuit !

Alors on peut se demander : suis-je passionné par l’Evangile ? Est-ce que je lis souvent l’Evangile ? Est-ce que je le prends avec moi ? La foi que je professe et que je célèbre me place-t-elle dans une tranquillité bienheureuse ou allume-t-elle le feu du témoignage en moi ?

Nous pouvons aussi nous poser cette question en tant qu’Église : dans nos communautés, le feu de l’Esprit brûle, la passion de la prière et de la charité, la joie de la foi, ou nous traînons-nous dans la lassitude et l’habitude, le visage terne et les lamentations sur nos lèvres et le bavardage tous les jours ?

Frères et sœurs, vérifions cela, afin que nous aussi nous puissions dire comme Jésus : nous sommes allumés par le feu de l’amour de Dieu et nous voulons le « jeter » dans le monde, l’apporter à tous, afin que chacun découvre la tendresse du Père et expérimentez la joie de Jésus qui élargit le cœur – et Jésus élargit le cœur ! – et rend la vie belle.

Prions pour cela la Sainte Vierge : Elle, qui a accueilli le feu de l’Esprit Saint, qu’elle intercède pour nous.

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Après l’Angélus

Chers frères et sœurs !

Je voudrais attirer l’attention sur la grave crise humanitaire qui touche la Somalie et certaines régions des pays voisins. Les populations de cette région, qui vivent déjà dans des conditions très précaires, sont aujourd’hui en danger de mort à cause de la sécheresse.

J’espère que la solidarité internationale pourra répondre efficacement à cette urgence. Malheureusement, la guerre détourne l’attention et les ressources, mais ce sont les objectifs qui demandent le plus d’engagement : la lutte contre la faim, la santé, l’éducation.

Je vous adresse un salut cordial, fidèles de Rome et pèlerins de divers pays. Je vois des drapeaux polonais, ukrainiens, français, italiens, argentins ! Tant de pèlerins.

Et une pensée particulière va aux nombreux pèlerins qui se sont réunis aujourd’hui au Sanctuaire de la Divine Miséricorde à Cracovie, là où, il y a vingt ans, saint Jean-Paul II a posé l’acte de confier le monde à la Divine Miséricorde.

Aujourd’hui plus que jamais nous voyons le sens de ce geste, que nous voulons renouveler dans la prière et dans le témoignage de vie. La miséricorde est la voie du salut pour chacun de nous et pour le monde entier. Et nous demandons au Seigneur une miséricorde, une miséricorde et une pitié particulières pour le peuple ukrainien torturé.

Je souhaite à tous un bon dimanche. Et s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir, même aux enfants de l’Immaculée Conception.


Copyright © Dicastero per la Comunicazione – Libreria Editrice Vaticana

texte traduit et proposé par l’Association de la Médaille Miraculeuse

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