Giotto, Naissance de la Vierge, 1303-1306, fresque, Eglise de l’Arena de Padoue
Dès sa naissance, la Vierge immaculée est la plus sainte des créatures : l’Église nous invite à fêter en ce 8 septembre l’anniversaire de notre Mère. Remplie du Saint-Esprit dès sa conception, la petite fille qui vient de naître est déjà, dans le plan de Dieu, la Mère du Sauveur, le Fils unique de Dieu.
En célébrant l’anniversaire de la naissance de la Vierge, l’Église chante l’aurore de la Rédemption qui s’est levée sur nous lorsque Marie, la mère du Sauveur, fit son apparition en ce monde. Réunie autour du berceau de Marie, fille d’Anne et de Joachim, l’Église voit d’avance en elle la Mère du Dieu Rédempteur, et la félicite de sa glorieuse mission qui va l’associer au salut du monde.
Ève avait engendré ses fils dans la douleur, Marie enfante le Seigneur dans l’allégresse : Ève portait en elle nos larmes, Marie porte en son sein notre joie. Au souvenir de tout ce qu’annonçait cette naissance, l’Église exulte et demande à Dieu un accroissement des grâces de paix apportées aux hommes par le mystère de l’Incarnation. Aimons à invoquer la Sainte Vierge sous un des plus beaux vocables de ses litanies, la « cause de notre joie ».
Cette fête, plus ancienne en Orient, s’est introduite en Occident au cours du VIIe siècle par le pape Serge 1er. Au XIXe siècle, c’est la date du 8 septembre qui a servi à fixer au 8 décembre, neuf mois avant, la fête de l’Immaculée Conception.
Bientôt nous allons célébrer la fête de la CROIX GLORIEUSE, le 14 septembre. Pour nous y préparer, il est bon de méditer chaque jour une des sept paroles du Christ élevé sur la croix.
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« Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23,34).
Jésus prononce cette Parole immédiatement après avoir été cloué sur la croix, entre deux malfaiteurs, tandis que les soldats se partagent ses vêtements comme triste récompense de leur service. Il demande pardon pour ses bourreaux. Il intercède auprès de son Père en leur faveur.
Comprendre la profondeur du péché
Le Christ aux liens
Le premier mot qui nous est donné aujourd’hui est « pardon ». Le pardon arrive avant la crucifixion, avant les outrages et la mort. Le pardon est toujours premier. Peut-être ne pourrions-nous pas supporter d’écouter le récit de la Passion du Christ si on ne commençait pas par le pardon.
Avant d’avoir jamais péché, nous sommes pardonnés. Nous n’avons pas à le mériter. Nous n’avons même pas besoin de regretter. Le pardon est là, il nous attend. « La preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous, alors que nous étions encore pécheurs. » (Rm 5,8)
Le pardon vient en premier. C’est le scandale de l’Évangile. Mais cela ne signifie pas que Dieu ne prend pas au sérieux ce que nous faisons. Dieu n’oublie pas que nous avons crucifié son Fils. Et nous, nous ne pouvons pas nous le sortir de l’esprit.
Au contraire, le vendredi saint, nous nous réunissons pour entendre le récit de la Passion et de la mort du Christ, et pour nous rappeler que l’humanité a rejeté, humilié et assassiné le Fils de Dieu. C’est à cause du pardon que nous osons nous rappeler cet acte terrible entre tous. Le pardon, ce n’est pas que Dieu oublie le vendredi saint.
C’est la première parole du Christ en croix et sans doute la plus difficile à entendre. Car elle signifie notre aveuglement d’humains si peu conscients d’être créés pour l’éternité, face à nos agissements. À quel point nous nous blessons dans le péché qui est littéralement destructeur, parfois mortel, pour nos âmes : acte de révolte contre Dieu, il est un plongeon en enfer !
Parce que l’Amour de Dieu est infini, le rejeter est un mal à sa mesure, un mal irréparable. Mais vient le pardon de Dieu « faisant fleurir, dans les cœurs où le péché a saccagé les roses du premier amour, leur pureté et leur fraîcheur, les roses sombres, parfois aussi belles, tantôt plus belles, d’un second amour, avec ses repentirs, ses larmes, ses ardeurs. »
Le sens du pardon
Le pardon signifie que la croix devient notre nouvel arbre de vie dont le fruit nous est offert en nourriture. Le pardon signifie que nous osons regarder en face ce que nous avons fait. Nous osons nous souvenir de nos vies, avec leurs échecs et leurs défaites, avec nos actes de cruauté et nos manques d’amour.
Jésus demande le pardon, pas seulement pour ce qu’on lui a fait. Il n’est pas crucifié seul ; il y a deux hommes à côté de lui. Ils représentent les millions d’hommes que nous avons crucifiés.
« Pardonnez-vous mutuellement. (…) Le Seigneur vous a pardonnés : faites de même. » (Col 3,13) Cela relève parfois d’une « mission impossible ». Jésus en croix nous rejoint dans cette difficulté de pardonner. Jésus si souvent pardonnait à des personnes rencontrées sur son chemin en leur déclarant : « Tes péchés sont pardonnés. »
C’est étonnant de le voir en croix comme s’il n’était pas capable cette fois-ci de pardonner « directement » : « Je vous pardonne car vous ne savez pas ce que vous faites. » Il s’adresse au Père. Une fois de plus Jésus nous rejoint dans notre fragilité humaine. Quand nous avons du mal à pardonner, tournons-nous vers le Père, comme Jésus, et demandons-lui de pardonner. Il nous exaucera car il est Amour.
PRIÈRE
Père céleste, de ton trône éternel abaisse ton regard !
Père de l’Amour, ton Fils unique t’implore pour les pécheurs,
pour tes enfants, exauce ton Fils !
Hélas, nous sommes tombés très bas, nous avons lourdement péché ;
mais pour le salut de tous, de nous tous, le sang de ton Fils a coulé.
Le sang de l’Agneau ne réclame pas la vengeance ; il efface les péchés.
Père de l’amour, accorde-nous ta grâce, exauce ton Fils ! D’après le P. Wojtek, omi
Deuxième jour de la neuvaine – Souffrance de l’injustice et de l’exil
La fuite en Egypte Vittore Carpaccio 1500
Matthieu 2,13 : « Voici que l’Ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit: « Lève-toi, prends avec toi l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte; et restes-y jusqu’à ce que je te dise. Car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr. » »
Douleur de la mort des innocents, douleur de l’injustice, douleur d’être mêlés à l’injustice puisque l’élément déclencheur de la fureur du tyran a été la naissance de Jésus, douleur d’être impuissant et de devoir fuir pour protéger Jésus.
La souffrance de l’exil en Égypte est d’un autre genre, c’est le fait d’être appauvri, étranger, citoyen de seconde zone, et de ne pas pouvoir pratiquer certains rites religieux.
Dieu est innocent de l’injustice d’Hérode. Avec quelle intensité Marie aura-t-elle prié par exemple ce psaume :
« Es-tu l’allié d’un tribunal de perdition, érigeant en loi le désordre ? On s’attaque à la vie du juste, et le sang innocent, on le condamne. Mais le Seigneur est pour moi une citadelle, et mon Dieu, le rocher de mon refuge. » (Ps 94, 20-22)
« Deuxième douleur : La fuite en Égypte. Comme c’était l’hiver, il fallut supporter la neige, la pluie, le vent, par des chemins raides et boueux. Marie, alors âgée de quinze ans, était une vierge délicate, nullement habituée à de pareilles fatigues. La sainte famille n’avait personne pour la servir. Apprenons à embrasser courageusement les croix, car on ne peut vivre en ce monde sans souffrir. » Alphonse de Liguori
Ô Mère des douleurs, je compatis à l’angoisse qui étreignit votre cœur si sensible lors de la fuite en Égypte et du séjour en ce pays étranger où vous viviez, pauvre et méprisée : par votre cœur anxieux, obtenez-moi, Vierge très aimable, la grâce d’un abandon filial et confiant à la divine Providence.
Reine des Martyrs, Marie, Mère de Douleurs ! Au nom de cette Douleur amère que vous avez ressentie, en apprenant qu’Hérode cherchait à faire mourir Jésus Enfant, ce qui vous contraignit à fuir au milieu de la nuit, pour vous rendre en Égypte, à travers mille incommodités et rejets, avec votre époux saint Joseph et l’Enfant Jésus ; je vous prie de m’obtenir la grâce de supporter toutes les peines et incommodités quelconques, même les plus graves, pour conserver Jésus dans mon cœur, et ne le faire jamais offenser par les autres.
Deuxième jour : O Mère du Perpétuel Secours, en cet enfant Jésus encore tout faible que vous serrez contre votre cœur, vous ne voyez pas seulement le Fils de Dieu, votre Fils, mais aussi tous les hommes devenus, par la volonté de Dieu et par votre acceptation à Nazareth et au Golgotha, vos véritables enfants. Vous n’oubliez pas la parole de votre Fils au Calvaire qui, considérant son disciple Jean et nous tous en lui, vous a dit : « Voici ton fils ! » (Jn 19, 26).
O ma Mère, avec cette simplicité d’un fils malheureux, je viens vous dire combien je souffre et suis tenté de désespérer. Cependant, je sais que je suis votre enfant et que vous écoutez toutes nos prières. O ma Mère, vous connaissez ma demande : exauce-la pour la plus grande gloire de votre Fils, mon Seigneur !