LE MOIS DES FIDÈLES DÉFUNTS – 19 novembre
Selon LE MOIS DE NOVEMBRE CONSACRÉ AU SOUVENIR DES ÂMES DU PURGATOIRE par des considérations sur les peines qu’elles y souffrent, les motifs et les moyens de les soulager et sur l’utilité de la pensée du purgatoire. – L. Grandmont Liège 1841
Premier moyen propre à soulager les âmes du purgatoire
Le saint sacrifice de la Messe.
Les moyens que nous avons de secourir les âmes qui souffrent dans le purgatoire, et qui sont propres à leur procurer du soulagement dans leurs peines, et même à les en délivrer, peuvent se diviser en trois classes:
1° Le saint sacrifice de la messe, que l’on offre ou que l’on fait offrir à ce dessein ; sacrifice qui, étant en partie institué pour cette fin, est d’une efficacité merveilleuse.
2° Les prières, les jeûnes, les aumônes et toutes les œuvres pénibles qui étant satisfactoires peuvent être offertes pour le soulagement de ces âmes souffrantes.
3° Les indulgences qui leur sont applicables> et que nous pouvons gagner si facilement.
Nous allons aujourd’hui faire quelques réflexions sur le sacrifice de l’autel, considéré comme sacrifice d’expiation, ayant la vertu de satisfaire à la justice divine quand il est offert pour les morts. Nous savons déjà que l’état de péché où se trouve celui qui l’offre ne lui fait rien perdre de son efficacité.
C’est donc avec raison que saint Grégoire s’écrie : «Le sacrifice non sanglant de l’autel est un remède souverain pour soulager les morts. »
Et nous pourrions ici imiter la conduite de ce prophète qui, envoyé de Dieu à un roi insensible aux misères de son peuple, s’adressa, non à ce prince, mais à un autel, en s’écriant : Autel, autel! où l’on immole tous les jours la victime sainte, victime de propitiation et d’expiation pour les vivants et pour les morts.
Ouvrez tous les livres de piété : vous y verrez qu’on doit fonder et établir ses espérances, principalement sur l’adorable sacrifice de la messe. Lui seul peut opérer par lui-même, indépendamment des dispositions du prêtre ou des assistants, l’heureux effet que nous désirons.
Il ne faut que penser au mérite que doit avoir aux yeux du Père céleste l’immolation réelle, quoique mystique, de son Fils unique et consubstantiel ; cette pensée jointe à une foi vive nous inspirera une confiance sans bornes, et nous nous empresserons de satisfaire l’ardeur avec laquelle toutes les âmes du purgatoire attendent que le sang de l’Agneau sans tache coule pour elles sur les autels.
Elles éprouvent, elles sentent la vertu qu’il a, ce sang précieux, de calmer leurs tourments, d’apaiser, d’éteindre les flammes auxquelles elles sont en proie.
L’on ne sera donc pas surpris de lire ce que raconte le bienheureux Henri de Suso, qu’un religieux mort lui apparaissant se plaignit à lui de ce qu’il en était délaissé; et comme Suso lui répondit qu’il offrait tous les jours ses prières pour lui ; il faut du sang de Jésus, lui répliqua-t-il, voulant parler du sacrifice de la messe.
De tout temps, l’Église l’a offert pour les morts; la foi nous enseigne cette vérité. A tous les sacrifices nous faisons mémoire des Fidèles qui nous ont précédés avec le signe de la foi et qui dorment dans le sommeil de la paix.
Mais, outre cette mention journalière et générale de toutes les âmes du purgatoire dans le Memento pour les morts du canon de la messe, l’Église désire encore que ce sacrifice expiatoire soit offert pour les défunts à leur décès; et dans tous les temps, excepté certaines fêtes, elle permet que l’on dise des messes pour les morts, au gré des Fidèles qui les demandent.
Et quoique, à toutes les messes auxquelles l’on assiste, l’on doive prier et offrir le sacrifice pour les morts, du moins lorsqu’on est arrivé à la partie où l’Église les recommande, c’est surtout aux messes de Requiem qu’il faut joindre ses vœux à ceux de l’Église et se pénétrer de zèle et de compassion pour la délivrance de ces âmes souffrantes.
Il faut dire avec le prêtre ces paroles touchantes : Requiem œternam dona eis, Domine ; Seigneur, accordez le repos éternel à vos serviteurs. Ouvrez-leur ce beau séjour de lumière où vous ferez leur éternelle félicité; et lux perpétua luceat eis.
Dieu de miséricorde! pardonnez à des enfants que vous chérissez et sur lesquels vous n’exercez que malgré vous les rigueurs de votre justice ; absolve, etc., etc. En un mot, récitez avec une foi vive les prières que l’Église adresse au Seigneur pour ses enfants décédés. La méthode pour la messe peut vous être très-utile pour assister avec ferveur et avec fruit au saint sacrifice offert pour les défunts.
Que les pauvres ne craignent pas d’être privés des fruits du sacrifice expiatoire, parce qu’ils n’ont pas le moyen de le faire offrir. C’est pour tous les morts qu’il est offert chaque jour dans tout l’univers. Le Père commun en applique le mérite à tous ses enfants.
C’est un trésor que l’Église répand sur tous les Fidèles souffrants : en vertu de la communion des Saints, les prières pour les morts sont communes ; ce qui ne profite pas aux réprouvés profite aux Fidèles décédés dans la paix. Combien de mauvais riches dans les enfers, pour qui on réclame en vain une goutte de rafraîchissement !
C’est sur les pauvres qu elle retombera ; c’est sur eux que se répandront les soulagements inutilement sollicités pour des morts qui ont abusé des trésors de la terre. Le juste distributeur de tous les dons sait rendre à chacun ce qui lui est dû : il a pourvu à tout.
Si votre père, votre mère, vos enfants, vos héritiers manquent de moyens ou de volonté pour faire offrir pour vous le saint sacrifice, le Seigneur ne vous abandonnera pas ; il vous prendra sous sa protection ; il vous appliquera le fruit de tant de sacrifices perdu pour des riches réprouvés : Mon père et ma mère m’ont abandonné, mais le Seigneur m’a recueilli. (Ps. 26.)
Ces réflexions doivent nous faire sentir l’avantage que nous avons sur l’hérétique qui meurt dans le sein d’une église schismatique, où l’on ne prie point pour les morts. Oh ! véritablement cette église n’est pas la véritable, car elle n’a point pour eux le cœur et les entrailles d’une vraie mère.
Dès qu’ils ont disparu de la terre, elle les perd de vue, elle les oublie, elle les abandonne à la justice de Dieu et à leur destinée. L’Église catholique, au contraire, mère toujours sensible et tendre, toujours inquiète sur le sort de ses enfants, les suit de cœur et d’esprit après leur mort.
Elle s’efforce de toucher et de fléchir le Dieu de bonté par des sacrifices sans cesse renouvelés. Elle fait couler sur eux le sang de l’Agneau qui, comme une rosée rafraîchissante, tempère l’ardeur des flammes qui les purifient. Elle paye leurs dettes en offrant à Dieu pour eux la surabondance des satisfactions et des mérites infinis de Jésus-Christ, notre rédempteur.
Or, ou nous ne sommes plus enfants de cette tendre mère » nous ne sommes plus dignes de réclamer ce beau titre, ou nous devons entrer dans ses sentiments et ses vœux, et nous joindre à elle pour offrir la victime sainte pour la délivrance des âmes du purgatoire.
C’est le moyen par excellence de venir à leur secours, puisque c’est Jésus- Christ lui-même que nous offrons à Dieu, c’est-à-dire ce sacrifice seul agréable aux yeux de Dieu, seul expiatoire et propitiatoire, ce sang répandu pour la rédemption du genre humain, et par la vertu duquel la justice divine peut être satisfaite,
De là ce zèle et cet empressement des mourants à demander qu’après leur mort on se souvienne d’eux dans les prières et surtout dans le sacrifice de la messe. Rien n’est plus édifiant que d’entendre les derniers vœux de sainte Monique, mère de saint Augustin.
Elle ne demande point d’être enterrée somptueusement, mais seulement « Qu’on se souvienne d’elle au saint autel, au mystère duquel elle avait assisté tous les jours de sa vie, et d’où elle savait qu’on dispense la victime sainte, dont le sang a effacé l’arrêt porté contre nous. » Monique assistait tous les jours au sacrifice de l’Église, elle connaissait le mérite et le prix de ce sacrifice. Elle demande qu’on se souvienne d’elle au saint autel.
Les vœux de Monique étaient trop justes pour n’être pas exaucés ; et saint Augustin rapporte que, selon la sainte coutume, le corps de Monique étant encore auprès de la fosse, et avant qu’il y fût descendu, l’on offrit pour elle le sacrifice de notre Rédemption : preuve évidente que c’est une dévotion sainte, solide et des mieux appuyée que de prier pour les morts, et surtout d’offrir pour leur soulagement le sacrifice de l’Agneau sans tache.
RÉSOLUTION.
Combien de fois n’avons-nous pas assisté au saint sacrifice de la messe, sans même penser aux âmes du purgatoire, sans nous joindre au prêtre intercédant pour elles ? Ne retombons plus dans cette négligence, dans cette faute qui dénote une insensibilité ou une ignorance bien coupable.
À chaque messe, et particulièrement aux messes pour les morts, unissons-nous avec ferveur au prêtre, à l’Église priant pour les membres souffrants de Jésus-Christ, qui lui-même offrira cette prière à son Père éternel, et en obtiendra certainement quelque soulagement pour ces âmes prédestinées.
Offrande du saint Sacrifice pour le soulagement des Âmes du Purgatoire.
Prosterné humblement devant vous, souverain Créateur de l’univers, je viens vous offrir votre divin Fils pour les fidèles morts dans votre grâce, mais qui payent encore à votre justice les péchés qu’ils n’ont pas expiés pendant leur vie.
Ce sont entre autres des parents, des amis, des bienfaiteurs, qu’un juste devoir m’ordonne de secourir. Et quel secours plus efficace puis-je leur procurer, ô mon Dieu! que de vous offrir, pour leur délivrance, le sang du Sauveur de tous les hommes. Par J.-C. N.-S. Ainsi soit-il.
Exemple.
La vie de saint Charles Borromée nous fournit la preuve de sa vive charité pour les morts et, en particulier, de sa sollicitude à faire offrir pour eux le saint sacrifice. La peste, qui depuis si longtemps ravageait Milan, ayant cessé, ce grand et charitable prélat crut que plusieurs de ceux qui en étaient morts, à Milan et dans la province, n’avaient peut-être laissé personne qui priât Dieu pour eux.
Mu d’une charité véritablement paternelle, il fit célébrer trois offices solennels pour le repos de leurs âmes, l’un à la cathédrale où tout le clergé assista et les deux autres en deux églises collégiales; on fit la même chose dans toutes les paroisses, dans tous les chapitres, et dans toutes les églises des religieux, et chaque prêtre dit en son particulier une messe à cette intention.
Il adressa une lettre pastorale à son peuple pour l’exhorter de se trouver, autant qu’il le pourrait, à tous ces services, et de soulager ces pauvres âmes par leurs prières, leurs aumônes, la visite des églises et par toutes sortes de bonnes œuvres. Et, afin de les y animer davantage, il y décrivit combien les tourments du purgatoire sont rigoureux et incompréhensibles.
Indulgence applicable aux morts. — Pour que l’indulgence soit appliquée à un défunt, il faut que la messe soit dite à son intention. L’on ne peut, il est vrai, déterminer la valeur de cette indulgence relativement au mort, mais l’on sait qu’elle peut lui être appliquée et qu’elle est propre à le soulager: cela suffit pour nous y faire attacher une grande importance.
(Rescrit du 12 Mai 1817 )