LE MOIS DES FIDÈLES DÉFUNTS – 23 novembre

LE MOIS DES FIDÈLES DÉFUNTS – 23 novembre

Selon LE MOIS DE NOVEMBRE CONSACRÉ AU SOUVENIR DES ÂMES DU PURGATOIRE par des considérations sur les peines qu’elles y souffrent, les motifs et les moyens de les soulager et sur l’utilité de la pensée du purgatoire. –  L. Grandmont Liège 1841

Troisième moyen propre à secourir les âmes du purgatoire :
L’indulgence.

Les âmes du purgatoire peuvent encore être soulagées par le moyen de l’indulgence : « Tous les catholiques sont unanimes sur ce point ; cela appartient à la foi. En effet, l’Église, dans le monde entier, accorde l’indulgence applicable aux morts ; elle croit donc qu’elle peut leur être utile.

Il ne faudrait pas d’autre raison pour nous faire admettre cet article comme indubitable : car, vouloir contester ce que l’Église croit ou pratique dans tout l’univers, ce serait le comble de la folie, dit saint Augustin. Et ce que l’Église fait actuellement n’est point une innovation, elle l’a fait de tout temps, comme le prouve l’histoire ecclésiastique.

Au surplus, il est de foi qu’on peut offrir pour les morts le saint sacrifice de la messe, les prières, les aumônes et autres bonnes œuvres: or, l’indulgence, outre les œuvres pieuses qu’il faut faire pour l’obtenir, n’est que l’appli­cation des satisfactions de J.-C. et des Saints, pourquoi ne pourrait-on pas la présenter à Dieu à l’intention des morts auxquels on s’in­téresse ?

On ne peut voir aucune raison qui empêchât une telle offrande d’être propre à désarmer la justice divine. Concluons donc en toute sûreté que l’indulgence peut être appliquée aux morts.

Toutefois l’indulgence ne leur est pas appliquée par manière d’absolution, comme aux vivants, parce que les membres de l’église souffrante ne sont plus sous la juridiction ecclésiastique.

Elle leur est appliquée en forme de suffrage, c’est-à-dire, qu’en vertu de la con­cession faite par le Pape, le fidèle qui remplit les conditions prescrites offre à Dieu des satisfactions suffisantes, puisées dans le trésor infini de l’Église, le prie d’y avoir égard dans sa miséricorde, et de remettre à l’âme qu’il lui recommande, la peine due à ses péchés.

Il est plus avantageux, lorsque l’application de l’indul­gence est libre, c’est-à-dire pour les vivants ou pour les morts, comme cela arrive souvent, il est plus avantageux de la gagner pour les morts que pour soi-même. Il est plus avantageux de la gagner pour les morts, parce qu’il y a de la générosité à préférer les intérêts du pro­chain, malheureux surtout, aux siens propres.

Et en particulier un pécheur, en s’oubliant pour secourir son frère, fait un acte héroïque. Il prouve ensuite que nos intérêts bien entendus ne souffriront aucun préjudice réel de cette conduite ; car si nous perdons du côté de la peine qu’il nous faudra expier un jour, nous acquérons, par ces actes de dévoue­ment, des mérites qui nous élèveront en gloire dans la béatitude éternelle.

Or, ce surcroît de bonheur dans le ciel l’emporte de beaucoup sur l’avantage qu’il y aurait d’être un peu moins longtemps dans le purgatoire. En outre, les âmes dont nous aurons accéléré la délivrance, ne nous oublieront pas dans le ciel ; peut-être i nous rendront-elles au centuple ce que nous leur aurons prêté. Tout nous invite donc à avoir du zèle et de la piété pour les morts et à leur appliquer autant l’indulgence que nous le pourrons.

Il suffît de savoir ce que c’est que l’indulgence, pour en faire un saint et fidèle usage ; si l’on considère que l’indulgence est une application des satisfactions de Jésus-Christ, comment ne pas s’en servir pour satisfaire pour les âmes du purgatoire?

Nous l’avons dit ; il faut prier pour elles ; il faut jeûner, répandre d’abondantes aumônes, etc.; mais hélas ! tout ce que nous pouvons faire n’est pas grand-chose ; la moindre des satisfactions de J.-C. est d’une valeur infinie : voilà bien de quoi payer les dettes de ces âmes ; avoir entre les mains un trésor si précieux, et n’en faire aucun b usage, est-ce avoir de la charité ?

N’accuserait- on pas justement de cruauté une personne à qui on aurait confié, dans un temps de famine, une somme d’argent pour assister les pauvres, i et qui par négligence n’en ferait aucun usage; et cette personne ne serait-elle pas grandement coupable devant Dieu et devant les hommes? quel juste sujet de plainte n’auraient pas les pauvres abandonnés dans un si pres­sant besoin?

Et cette personne pourrait-elle s’excuser sur ce quelle n’y aurait pas fait réflexion? Cependant la négligence de l’indul­gence est quelque chose de plus cruel, et d’une conséquence bien plus considérable, puis­que tous les besoins de cette vie ne sont pas comparables à ceux du purgatoire, ni les moyens de les soulager comparables aux satis­factions d’un Homme-Dieu.

Cette comparaison du pieux auteur Boudon peut nous donner une idée de l’aveuglement de quantité de personnes qui, portant des objets bénits, ou associées à des confréries enrichies de l’indulgence, n’en font aucun usage.

N’agissent-elles pas comme le serviteur de l’Évangile qui avait caché son talent en terre, et qui fut jeté dehors dans les ténèbres ? Pre­nons donc garde de rendre inutile le prix du sang du Sauveur de tous les hommes : ins­truisons-nous de l’indulgence que nous pouvons obtenirr pour les âmes du purgatoire, et remplissons exactement les conditions requises pour les gagner.

Ainsi soyons en état de grâce; faisons ce qui est prescrit, avec l’attention et la profonde vénération qui est due aux satisfactions de Jésus-Christ, qui, par un excès de charité incompréhensible, veut bien nous donner de quoi satisfaire à toutes les dettes dont nous sommes redevables, et dont sont redevables nos frères devenus membres de son église souffrante.

O amour! ô amour de mon Dieu ! que tu es peu connu, et que tu es peu estimé et aimé ! s’écrie Boudons.

RÉSOLUTION.

Tout fidèle, touché de l’amour de Dieu et du désir de procurer sa gloire, n’aura pas de peine à s’oublier entièrement et à ne penser qu’à accélérer la délivrance des âmes du purgatoire, ; en travaillant à gagner pour elles, l’indul­gence qui leur est applicable, chaque fois, qu’il pourra la gagner.

Que si la charité qui nous anime n’est pas encore assez vive pour faire ainsi abnégation complète de nous-mêmes, rien n’empêche que nous ne partagions entre les morts et nous, et gagnions, tantôt à leur intention, et tantôt à la nôtre, l’indulgence qui est susceptible de cette double application.

PRIÈRE.

O très-sainte Trinité! c’est à votre bonté infinie et à votre libéralité sans bornes envers nous, tout indignes que nous en sommes, que nous devons attribuer la largesse avec laquelle vous récompensez les faibles œuvres de vos serviteurs.

Recevez celles que nous faisons pour obtenir l’indulgence en faveur de nos frères défunts, par les mérites de la passion et de la mort de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et par le sang précieux qu’il a répandu pour eux.

Que cette satisfaction surabondante les rende parti­cipants de toute l’indulgence que les Fidèles s’efforcent d’obtenir. O Trinité adorable! que le ciel et la terre vous rendent avec moi pour ce bienfait mille actions de grâces. Ainsi soit-il.

Indulgence applicable aux morts. —In­dulgence, une fois le jour, pour ceux qui récitent avec piété, dans les sentiments d’une vraie contrition l’hymne Pange lingua, le verset et l’oraison du saint Sacrement, et pour ceux qui liront seulement le Tantum ergo, avec le verset et l’orai­son.

Et pour ceux qui récitent souvent, ou au moins 40 fois par mois, l’une ou l’antre de ces deux prières, indulgence le Jeudi-Saint, le jour de la Fête Dieu, ou un des jours de l’octave et un autre jour dans l’année, à leur choix; mais à condition que, s’étant confessés, ils communient et prient selon les intentions de l’Église. (Rescrit du 25 Août 1818.)