LE MOIS DES FIDÈLES DÉFUNTS – 26 novembre

LE MOIS DES FIDÈLES DÉFUNTS – 26 novembre

Selon LE MOIS DE NOVEMBRE CONSACRÉ AU SOUVENIR DES ÂMES DU PURGATOIRE par des considérations sur les peines qu’elles y souffrent, les motifs et les moyens de les soulager et sur l’utilité de la pensée du purgatoire. –  L. Grandmont Liège 1841

Quelles sont les âmes qui vont en Purgatoire ?

On entend souvent des chrétiens, peu fer­vents et n’ayant nulle idée du bonheur du ciel, dire fort sérieusement : qu’ils craignent bien l’enfer, mais que, quant au purgatoire, ils ne pensent pas à l’éviter ; ils sont tout décidés à y faire quelque séjour, parce que,  ajoutent-ils avec une humilité feinte, ils ne sont pas assez saints et n’ont pas envie de se donner la peine de le devenir, pour entrer tout de suite après leur mort dans le séjour de la gloire.

Tous les auteurs sont d’avis qu’un pareil langage doit faire trembler sur la destinée de ceux qui le tiennent : il prouve tout au moins une indifférence bien coupable, et l’ignorance la plus impardonnable de la sainteté de Dieu et de sa détestation souveraine pour le péché.

Réfléchissons aujourd’hui sur la vie qu’ont menée sur la terre les âmes qui vont en purgatoire, et nous reconnaîtrons que de semblables dispositions ne sont guère propres à introduire dans ce lieu d’expiation ces chrétiens indifférents.

D’abord, nous savons que le nombre de ceux qui se sauvent est petit : Il y a beaucoup d’appelés, dit le Sauveur, et peu d’élus. C’est une vérité que l’Écriture nous enseigne expressément, et qu’elle nous rend sensible par des figures et des comparaisons. Il n’y eut que très peu de personnes, dit l’Apôtre, c’est-à-dire huit, qui se sauvèrent dans l’arche. La seule famille de Loth fut préservée des flammes qui détruisirent Sodome et les autres villes.

De la prodigieuse multi­tude d’Israélites qui sortirent d’Égypte, il n’y eut que Josué et Caleb qui entrèrent dans la terre promise. L’Écriture compare le nombre des élus à ce peu d’olives qui restent sur l’arbre après qu’on l’a secoué, à ce peu de grappes qui reste sur la vigne après la ven­dange ; à ce peu d’épis qui échappent au moissonneur.

C’est ce chemin rude et étroit où très-peu de gens s’engagent, et où ce­pendant il faut s’engager, même pour parvenir en purgatoire ; c’est cette petite porte par où il n’y a que très peu de personnes qui puissent entrer ; c’est cette ville située sur la montagne, où peu ont le courage de monter.

Si les âmes qui vont en purgatoire n’ont pas fait les derniers efforts pour gravir cette montagne, ce sentier escarpé qui conduit au ciel, du moins elles ne l’ont point fui ; et, si elles s’en étaient écartées, elles y sont rentrées et ont fait des efforts pour ne plus le quitter, et pour surmonter les obstacles qu’elles y rencontraient.

Or, est-ce là la conduite des chrétiens lâches et indifférents ? Et peuvent-ils espérer avec quelque fondement partager le sort de ces âmes et être comptés au nombre des élus ? Qu’ils raisonnent un instant et ils comprendront leur erreur et le danger de leur indifférence.

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En effet, pour être sauvé, il faut croire l’Évangile, se régler sur ses maximes, suivre Jésus-Christ, conformer sa vie à la sienne, imiter ses exemples ; sans cela point de salut, c’est un article de foi : or est-ce là ce que font ces chrétiens ? — Pour être sauvé, il faut se renoncer soi-même, porter sa croix, se faire violence, purifier son âme, c’est-à-dire mortifier ses sens, ses passions, ses incli­nations naturelles et sensuelles.

Y pensent-ils ces gens qui crient bien haut qu’ils ne veulent pas être des Saints ? Ne font-ils pas le contraire? De sorte qu’une règle sûre pour connaître ce que l’Évangile nous enseigne et ce que nous devons pratiquer, c’est de faire le contraire de ce que font la plupart des chrétiens, et en particulier ceux dont nous parlons; et n’est-ce pas une règle sûre pour juger qu’il y en aura peu de sauvés, c’est-à-dire peu qui iront en purgatoire ?

Il n’y a que deux routes pour aller à Dieu, pour être sauvé. Ces deux routes sont l’innocence et la pénitence. Dès qu’on est sorti de la première, c’est sans espérance d’y pouvoir rentrer ; il ne reste que la seconde, qui nous est toujours ouverte; ressource unique pour la plupart des hommes.

Or les chrétiens qui ne veulent pas suivre cette dernière route, qui, sentant la nécessité de faire pénitence de leurs péchés, ne veulent pas se gêner en cette vie, et laissent à satisfaire à la justice divine dans les flammes expiatrices, ces chré­tiens sont-ils des disciples de Jésus-Christ ? Suivent-ils la voie qu’ont suivie les âmes du purgatoire ?

Celles-ci, touchées de l’offense faite à Dieu par leurs fautes, se sont con­verties à lui de tout leur cœur, et ont évité le péché et toute attache au péché avec le plus grand soin ; et, si elles ne sont pas entrées immédiatement après la mort dans le ciel, c’est qu’elles n’avaient pas encore entièrement satisfait à la justice divine, ou qu’enfin, malgré leur vigilance continuelle, elles ont offensé le Très-Haut. Mais plutôt par fragilité que par malice.

En un mot, ç’a été sur la terre des saintes âmes, occupées toute leur vie, ou du moins depuis leur conversion, à plaire en tout à leur Créateur, travaillant à imiter leur Sauveur. C’étaient des âmes fidèles, suivant la voie de la justice et de la sainteté, auxquelles on n*a pu re­procher que ce qu’il est bien difficile à l’homme d’éviter; exemptes de tout ce qui fait les grands vices, il ne leur a manqué que peu de ce qui fait les grandes vertus.

Leurs péchés ont été des péchés de faiblesse plus que de volonté ; ou, si ce furent des péchés griefs, ils ne sont point descendus dans le tombeau avec le pécheur; ils ont été détestés, ils ont été pleurés, ils ont été lavés dans le sang de Jésus-Christ. Par conséquent, dans le purgatoire, ce sont des âmes qui n’ont plus r de péchés, sur lesquelles il ne demeure que la trace, que l’ombre du péché.

Ces pénitents du purgatoire, ce sont des justes qui se sont endormis du sommeil de paix; ce sont des justes dont la grâce et la charité ont formé les derniers soupirs; ce sont des âmes que Dieu aimait et dont il était aimé, lorsqu’encore sur la terre, elles faisaient de grands efforts pour obtenir le pardon de leurs fautes, et pour ne plus l’offenser.

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Maintenant, chrétien lâche, vous, qui vous flattez d’aller en purgatoire, si nous tracions votre portrait, nous fournirait-il quelque trait de ressemblance avec celui de ces saintes âmes ? Vous voulez vous dispenser de faire le moindre effort pour parvenir à ce degré de justice et de sainteté, et cependant jouir de leur sort qui, quoique extrêmement dou­loureux, doit toutefois avoir pour terme le ciel !

Sur quoi donc fondez-vous votre espoir ? Vous ne pouvez, dites-vous, éviter le purgatoire, parce que vous ne voulez pas être un Saint ? Mais n’est-ce pas pour devenir un Saint, n’est-ce pas pour tendre à la sainteté que vous existez ?

N’est-ce pas pour connaître, aimer et servir Dieu et par­venir au ciel que vous avez été créé ? Jésus- Christ ne vous dit-il pas, à vous comme à tous ses disciples : Soyez parfaits, de même que votre Père céleste est parfait ? Et vous osez proclamer, sans trembler pour votre salut, que vous ne voulez pas être un Saint ?

Et vous vous flattez en même temps que vous irez en purgatoire ? Illusion, illusion, lâche chrétien ! le purgatoire n’est point pour vous ; ce séjour des âmes chéries de Dieu, des âmes pénitentes, risque de n’être jamais votre séjour.

Mais l’enfer, oui l’enfer s’ouvrira seul pour les contempteurs de la sainteté; pour ceux qui méprisent la perfection recommandée par J.-C. à ses disciples; pour ceux qui abusent des grâces et de la miséricorde d’un Dieu infiniment bon; pour ceux enfin qui bravent sa justice et qui la négligent, pour ainsi dire de propos délibéré pendant le cours de la vie.

Examinez si telle n’est pas votre conduite, vous qui vous vantez niaise­ment de vouloir vous contenter du purgatoire. Si vous êtes prudent, si vous voulez assurer votre salut, ne bornez pas ainsi vos vues; rappelez-vous la fin pour laquelle vous avez été créé ; travaillez à parvenir au ciel, trop heureux si votre lâcheté et votre tiédeur vous donnent entrée dans le lieu d’expiation.

Enfin, méditez attentivement ces paroles des Livres saints : Je vous ai appelés pendant la vie, et vous n’avez pas voulu venir ; je rirai et je me moquerai aussi de vous à votre mort. (Proverbes 1, 27) Répondez dès maintenant à la voix de Dieu qui vous appelle, et imitez les âmes qui n’ont mérité d’aller en purgatoire que par une vigilance soutenue et des efforts con­tinuels.

CONSIDÉRATION.

Si la mort me frappait aujourd’hui, dans l’état de tiédeur où peut-être je languis depuis si longtemps quel serait mon sort ?… Pour­rais-je me flatter d’être admis en purgatoire ?… O mon âme ! médite et change une bonne fois de vie, puisque tu sais que le purgatoire même s’ouvre difficilement pour les chrétiens tièdes et lâches.

PRIÈRE.

O Dieu bon et magnifique en sainteté ! mon cœur est l’ouvrage de vos mains j il est le prix de votre sang : les vœux et les soupirs qu’il vous adresse en ce moment au pied de votre croix sont l’effet de votre grâce ; qu’est-ce qui l’empêche, ô mon Sauveur ! d’être rempli de votre saint amour ?

Je vous l’offre et vous le consacre dès cet instant; préparez-le vous-même pour en faire une hostie digne d’être consumée à votre gloire par le feu de la charité. Otez-en tout ce qui vous déplaît : lavez-le des taches du péché : purifiez-le de toute affection terrestre : rendez-le sain et agréable à vos yeux, afin qu’il ne vive plus pour lui-même, mais pour vous et de vous qui régnez dans la gloire de votre Père à jamais. Ainsi soit-il!

Indulgence applicable aux morts. — lorsqu’on récite avec un cœur contrit, les oraisons suivantes, en l’honneur du saint Sacrement.

Je vous adore dans tous les instants, Ô pain vivant du ciel, sacrement admirable!

Bénissez mon âme, ô Jésus, l’unique objet de l’amour de Marie !

A vous seul je donne mon cœur, divin Jésus, mon Sauveur !

Que le très-saint et très-divin Sacrement soit connu, adoré et remercié par tous les hommes et dans tous les moments !

(Rescrits du 21 Janvier et du 15 Août 1828)