LE MOIS DES FIDÈLES DÉFUNTS 7 novembre

LE MOIS DES FIDÈLES DÉFUNTS 7 novembre

Selon LE MOIS DE NOVEMBRE CONSACRÉ AU SOUVENIR DES ÂMES DU PURGATOIRE
par des considérations sur les peines qu’elles y souffrent, les motifs et les moyens de les soulager et sur l’utilité de la pensée du purgatoire L. Grandmont Liège 1841

Sur la peine que les âmes du purgatoire endurent par la vue des bienfaits de Dieu.

J’adore, ô mon Dieu ! l’équité de vos juge­ments, qui éclate dans vos châtiments aussi bien que dans vos récompenses. Vous ne laisserez aucune de nos œuvres sans la punir ou la couronner dans la vie future. Tous nos pas, toutes nos paroles seront comptées : un verre d’eau donné pour l’amour de vous aura une gloire éternelle pour récompense, et toutes nos infidélités nous seront reprochées.

Ce n’est pas seulement sur les péchés que nous avons commis que vous exercerez votre ju­gement. Vous nous rappellerez le souvenir des grâces que vous nous aurez accordées, et vous nous demanderez compte des fruits qu’elles auront produits en nous. Les Saints conserveront dans le ciel ce précieux sou­venir, ils seront pénétrés d’un transport éternel d’amour et de reconnaissance, en con­sidérant vos miséricordes.

On conservera aussi dans le purgatoire la mémoire de vos bien­faits ; mais cette vue, si douce pour les bien­heureux, ne sera qu’un sujet de regret et de douleur pour les âmes qui auront abusé de vos dons précieux. Je vais, ô mon Dieu ! méditer devant vous l’étendue de cette souf­france, afin de me l’épargner à moi-même, et de soulager les âmes qui l’éprouvent en ce moment.

I.

On méditera dans le purgatoire, et l’on méditera sans distraction, sur les faveurs qu’on aura reçues de Dieu, et sur l’ingratitude avec laquelle on les aura méprisées. Toutes les grâces reviendront à la pensée ; on comprendra alors combien l’on s’est rendu coupable, en dédaignant les trésors de la divine bonté.

Il me semble entendre, ô mon Dieu ! la voix d’une âme qui fut autrefois l’objet de votre prédilection, et qui gémit sur l’abus des grâces intérieures qui lui ont été prodiguées. Que sont devenus, s’écrie-t-elle dans sa douleur, ces temps heureux, où Dieu me parlait au cœur, comme un tendre père parle à l’enfant qu’il aime.

Avec quelle bonté il m’invitait à lui donner mon amour, à m’occuper de lui, à retrancher ce défaut, à lui faire ce sacrifice ! J’entendais ces inspirations et je reconnaissais la voix de sa grâce ; mais j’ai endurci mon cœur, et refusé de répondre à ses desseins.

A quoi ont servi tant de remords qui m’ont reproché mes fautes ? tant de bons désirs, de saints attraits que l’Esprit-Saint a formés en moi ? Je versais quelques larmes, je prenais des résolutions aux pieds du Seigneur, et je les oubliais presque aussitôt pour suivre mes penchants, sans être arrêté par la crainte de lui déplaire.

Combien de fois ne m’a-t-il pas invité à me livrer au saint exercice de l’oraison, pour entendre ses leçons, lui exposer mes besoins, puiser dans le trésor de ses grâces ! Je me suis rendu tous ces secours inutiles, par mon peu de ferveur, je n’ai pas voulu répondre à l’amour de mon Dieu, et maintenant je ne sens plus que le poids de son indignation.

C’est ainsi que la connaissance des bienfaits de Dieu, qui doit faire notre bonheur dans le ciel, devient dans le purgatoire le tourment des âmes qui n’ont pas voulu y correspondre. Prévenons ce tourment en disant à Dieu du fond de notre cœur : Dieu de bonté ! qui exercez depuis si longtemps sur moi votre clémence, vous me faites la grâce de recon­naître mon portrait dans ce tableau que votre lumière me découvre.

Et moi aussi j’ai souvent endurci mon cœur contre la voix de votre grâce. Attendrai-je, pour réparer ce malheur, le temps où les remords seront sans fruit, et les satisfactions sans mérite ? Non, mon Dieu, je veux m’appliquer dès ce mo­ment, par mon repentir, ma reconnaissance et ma fidélité à votre grâce, à réparer l’abus que j’ai fait de vos dons.

Pénétrez mon cœur du souvenir de vos bienfaits et de mon ingra­titude. Conservez-y toujours ce double sen­timent, pour me servir d’aiguillon dans votre service, et faites que je sois sans cesse occupé sur la terre à vous témoigner ma reconnais­sance, pour que je puisse encore chanter vos miséricordes dans l’éternité.

II.

On considérera dans le purgatoire toutes les grâces qu’on aura, reçues durant la vie ; grâces intérieures, qui n’auront été aperçues que par le cœur, ou plutôt, ô mon Dieu! qui n’auront été bien connues jusqu’alors que par votre miséricorde infinie ; car qui peut savoir tout ce que vous opérez dans une âme que vous voulez attirer à vous?

Grâces extérieures : c’est ce qu’il me reste à consi­dérer en votre présence, afin de mieux com­prendre les regrets qu’on se prépare quand on ne profite pas de vos dons. Quelle longue suite de bienfaits se pré­sente à ma pensée t divin Jésus ! lorsque je me représente les moyens que vous avez établis pour nous appliquer les mérites de votre précieux sang !

A peine m’aviez-vous accordé le bienfait de l’existence que vous m’avez rendu par le baptême l’enfant de Dieu et de l’Église, votre frère, votre membre , et le cohéritier de votre gloire; des parents chrétiens, des maîtres zélés ont dirigé mes pas dans la voie de vos commandements ; vous m’avez donné dès ma jeunesse un con­fesseur charitable, dont les avis auraient dû opérer en moi les plus heureux effets.

Vous me prodiguiez des instructions qui auraient produit des fruits au centuple dans une terre moins ingrate; la voix de vos ministres, de saintes lectures, des exemples édifiants, des conseils salutaires me pressaient continuellement de vous servir avec plus de fidélité, et j’ai résisté à toutes ces invitations.

Com­bien de communions qui devaient enrichir mon âme des vertus renfermées dans votre cœur adorable, et qui me sont devenues inu­tiles par mon peu de préparation et de re­cueillement !

Vous me conduisiez dans la retraite pour me faire entendre votre voix avec plus de force : tantôt vous me ménagiez des occasions de me recueillir, et vous com­muniquiez à ceux que vous m’aviez donnés pour guides des lumières plus pénétrantes sur mes besoins, un zèle ardent pour me retirer de ma langueur.

Et moi, je me dé­robais à leur vigilance, afin de me perdre plus aisément ; j’arrêtais votre main bienfai­sante, en persévérant dans ce défaut qui vous fermait mon cœur.

Où serais-je, ô mon Dieu ! si votre bonté n’avait surpassé ma malice ; ces flammes dévorantes auraient- elles suffi pour me faire expier mon ingratitude, si vous m’aviez retiré, comme je le méritais, les grâces qui m’ont retenu sur le bord de l’abime éternel ?

Ah ! comment ai-je pu vous aimer si peu, vous qui ne cessiez de me combler des marques de votre bonté et de votre miséricorde ? Comment ai-je pu, pour une légère satisfaction pour ne pas m’imposer un peu de contrainte, un faible sacrifice, consentir à vous déplaire et me mettre dans la nécessité de demeurer éloigné de vous !

Tels sont, dans le purgatoire, les regrets d’une âme juste qui n’a pas toujours été fidèle aux grâces dont Dieu l’a comblée. Mais il faudrait aimer comme elle pour con­cevoir la douleur que ces remords lui font éprouver.

PRIÈRE.

Faites-moi sentir, Seigneur, autant que j’en suis capable, cet amour qui pénétrera nos cœurs, lorsque nous connaîtrons vos perfections adorables dans la vie future, afin que je puisse aussi gémir, comme je le dois, sur les ingratitudes dont je me suis rendu coupable envers vous.

Il me sera doux de pleurer maintenant l’abus de vos bienfaits et de l’expier en portant votre croix, parce que ma pénitence unie à la vôtre me rendra plus agréable à vos yeux, et plus digne de vos récompenses.

Aidez-moi donc à prévenir des regrets stériles, par un repentir efficace, et purifiez-moi entièrement dans ce monde par la mortification, par l’amour, par la reconnaissance, afin que je ne sois point séparé de vous quand je sortirai de cet exil , et que les effets de votre miséricorde ne soient jamais le sujet de ma condamnation. Ainsi soit-il.

Indulgence applicable aux morts. Ceux qui prient le Veni Creator, ou la prose de la Pentecôte Veni, sancte Spiritus, obtiennent l’indulgence, s’ils l’ont récité tous les jours et font la sainte commu­nion après s’être confessés.