MOIS DES FIDÈLES DÉFUNTS – 5 novembre
Selon LE MOIS DE NOVEMBRE CONSACRÉ AU SOUVENIR DES ÂMES DU PURGATOIRE
. Liège
Sur la peine que les âmes du purgatoire endurent par la vue de leurs péchés.
Aimable Sauveur, qui avez bien voulu vous charger des péchés du monde et tomber en agonie sous ce poids, faites-moi comprendre la douleur d’une âme qui n’a pas voulu se purifier ici-bas en unissant sa contrition à la vôtre, et qui est obligée de pleurer ses fautes dans le séjour de l’expiation. Cette vue sera bien propre à me faire sentir la nécessité de satisfaire maintenant à votre justice, et de nourrir en moi l’esprit de componction et de mortification.
I.
Quelle peine n’ai-je pas ressentie, à mon Père! ô mon Dieu! dans certains moments où la lumière de votre grâce me montrait plus à découvert les souillures de mon âme ; où je pénétrais mieux mes fautes; où je sentais combien il est amer d’avoir péché contre vous! Cependant je ne connaissais que bien faiblement toute la profondeur de mes plaies, et l’étendue de mes misères.
Quelle sera donc, dans le purgatoire, la douleur d’une âme qui, éclairée par la lumière de votre justice, se verra couverte des infidélités qu’elle aura commises, quand elle en pénétrera toutes les circonstances, et qu’elle en sentira toute l’amertume, sans pouvoir en détourner sa pensée un seul instant?
Âu milieu d’une chaleur brûlante, un homme se trouve enveloppé d’un manteau dont la pesanteur l’accable, et il lui est impossible de s’en décharger. Si la honte se joint à ce supplice; si le manteau est déchiré, les lambeaux, les taches multipliées, qu’on aperçoit sur ce vêtement, ne peuvent que doubler sa peine.
C’est en présence d’une compagnie respectable qu’il parait dans un état aussi humiliant : n’est-ce pas là, Seigneur, une figure imparfaite de l’état d’une âme accablée, dans le purgatoire, par la vue de ses péchés ?
Oh! qu’il est pesant ce manteau d’iniquités dont elle est chargée! . . . .
Quelle confusion ne ressent-elle pas d’être aperçue par vos regards et par toute la cour céleste sous ce vêtement d’ignominie ! Toutes ses fautes la déchirent et ne lui laissent point de repos. Que nous serions insensibles, ô mon Dieu ! si nous ne cherchions pas à soulager les âmes placées dans une position si douloureuse ! Mais que nous sommes aveugles de songer si peu nous-mêmes aux moyens de satisfaire à votre justice.
Nous nous empressons d’éviter tout ce qui déplaît à nos sens ; les incommodités des saisons, une légère souffrance, quelques contradictions dans nos goûts, suffisent bien souvent pour exciter nos plaintes et nos murmures ; nous ne les endurons qu’avec peine; nous mettons tout en œuvre pour nous les épargner. Et nous oublions que c’est votre miséricorde qui nous frappe en ce monde, pour nous éviter dans l’autre les coups de votre rigueur.
Ranimez notre foi, Seigneur, daignez former en nous l’esprit de pénitence, et pénétrez bien nos cœurs de la douleur de nos fautes, afin que nous n’en soyons pas accablés dans la vie future.
II.
Éclairez-moi de plus en plus, ô mon Dieu ! et faites-moi connaître les sentiments d’une âme, à la vue des péchés qui la retiennent éloignée de vous ; afin que je compatisse à ses peines, et que je m’épargne à moi-même de semblables regrets.
Je considère dans le purgatoire un pécheur que votre miséricorde a longtemps supporté sur la terre, et qui s’est enfin repenti de ses iniquités. Vous lui avez remis la peine éternelle qui était due à ses crimes; vous lui avez rendu votre amour, mais il a donné peu de temps à la pénitence, il ne l’a pas embrassée avec assez d’ardeur, et votre justice doit être satisfaite dans l’autre vie.
Le voilà donc rendu à lui-même, séparé de tous les objets qui pouvaient partager ses pensées et lui faire perdre le souvenir de ses dérèglements.
Il repasse dans son esprit cette longue suite d’ingratitudes, par lesquelles il semblait chercher à lasser votre patience : tant de préceptes violés, tant de remords étouffés, tant d’actions, de paroles, de pensées, de désirs coupables, qui doivent attirer sur lui votre indignation… C’est alors qu’il comprend l’étendue de cette miséricorde que vous aviez exercée à l’heureuse époque de sa conversion.
Comme il se reproche de l’avoir si aisément perdue de vue, d’avoir cessé de gémir sur des fautes dont votre bonté devait lui faire mieux comprendre la malice, de n’avoir pas fait une pénitence assez généreuse, pour répondre à votre amour et se purifier entièrement !
Je considère encore une âme juste, qui a eu le bonheur de conserver votre grâce ; mais qui a souvent contristé votre Esprit- Saint par de légères infidélités. Plus cette âme est pure, plus elle a d’amour pour vous, ô Dieu infiniment saint! plus aussi elle a horreur des moindres taches qu’elle aperçoit en elle, plus elle a de douleur de ne pas avoir eu soin de les éviter, ou de les faire disparaître, dans le temps où elle le pouvait si aisément.
Elle se dit à elle-même avec amertume : « Si j’avais obéi à mon Dieu dans cette occasion où il m’en coûtait si peu, si je ne lui avais pas refusé ce sacrifice, cette parole, si j’avais gagné son indulgence, je ne serais pas à présent séparée de lui. Je ne me verrais pas couverte de ces taches qui lui déplaisent, et » je goûterais avec les Saints son amour. »
Regrets inutiles : les larmes ne purifient plus quand on a laissé passer le temps de la miséricorde ; cette âme affligée demeure chargée du poids de ses offenses, sans pouvoir les effacer par ses soupirs!
PRIÈRE.
Mon Dieu! qui me donnez la grâce de prévoir ces châtiments, accordez-moi encore celle de les éviter par fidélité et pénitence. La charité couvre la multitude des péchés ; je veux donc vous aimer beaucoup, afin que vous puissiez me remettre beaucoup de fautes, marcher avec courage dans les voies de la pénitence; conserver dans mon cœur la douleur de vous avoir déplu, et recourir souvent à votre miséricorde, pour obtenir mon pardon et celui des âmes qui ne peuvent plus vous fléchir. Par J.-C. N.-S. Ainsi soit-il.
Indulgence, applicable aux morts, lorsqu’on récite l’invocation suivante, avec dévotion :
Jésus, Marie, Joseph,
Je vous donne mon cœur, je vous donne ma vie ;
Jésus, Marie, Joseph,
Venez à mon secours lors de mon agonie ; .
Jésus, Marie, Joseph,
Que par vous dans la paix je termine ma vie.
Il suffit qu’on invoque les saints noms de Jésus, de Marie et de Joseph, et qu’on demande les grâces qui y sont mentionnées. Les personnes malades ou moins occupées, peuvent dire cette invocation sur chaque grain de leur chapelet.