La Présentation de la sainte Vierge au Temple
Au XVe siècle et au XVIe, on chantait en ce jour dans un grand nombre d’églises la Prose latine suivante, composée sur l’acrostiche (première lettre de chaque paragraphe) :
Ave Maria, Benedico Te, Amen.
Je vous salue Marie et vous bénis. Amen.
*******
De Beata Virgine in Templum Recepta.
(la traduction suit)
Altissima providente
Cuncta rite disponente
Dei Sapientia :
Vno nexu conjugatis
Joachim et Anna, gratis
Juge sunt sterilia.
Ex tordis affectu toto
Domino fideli voto
Se strinxerunt pariter :
.
Mox si prolem illis dare
Dignetur, hanc dedicare
In tempto perenniter.
Angelus apparuit
Lucidus qui docuit
Exaudita vota :
Regis summi gratia
Ut his detur filia
Gratiosa tota.
In utero consecrata,
Miro modo generata,
Gignet mirabilius :
Altissimi Patris natum
Virgo manens, qui reatum
Mundi tollet gratius.
.
Benedicta virgo nata,
Templo trima praesentata
It ter quinis gradibus :
Erecta velox ascendit
Et uterque parens tendit
Se ornando vestibus.
Nova fulsit gloria
Templum, dum eximia
Virgo praesentatur :
Edocta divinitus,
Visitata cœlitus,
Angelis laetatur.
Dum ut nubant jubet multis
Princeps puellis adultis,
Primo virgo renuit :
Ipsam namque devovere
Parentes, ipsa manere
Virgo voto statuit.
Consultus Deus responsum
Dat, ut virgo sumat sponsum,
Quem pandet fus editus
Ostensus Joseph puellam
Ad parentum duxit cellam,
Nuptiis sollicitus.
.
Tunc Gabriel ad virginem
Ferens conceptus ordinem
Delegatur :
Erudita stat tacha,
Verba cime sint insolita
Meditatur.
.
At cum ille tradidit
Modum,virgo credidit,
Sicque sacro flamine
Mox Verbum concipitur,
Et quod nusquam clauditur
Conditur in virgine.
Ecce virgo singularis,
Quanta laude sublimaris,
Quanta fulges gloria :
Nos ergo sic tuearis ,
Ut fructu, quo gloriaris,
Fruamur in patrie.
Amen.
DANS sa profonde providence, la Sagesse divine ordonne toutes choses comme il convient. Joachim et Anne sont unis par le lien conjugal ; mais leur union demeure stérile.
Dans toute l’ardeur de leur amour, par vœu sincère ensemble ils s’engagent au Seigneur : sans tarder, s’il daigne leur donner un enfant, ils le consacreront pour toujours en son temple.
Un Ange apparaît, éclatant de lumière, qui leur apprend que leurs désirs sont exaucés : que par la grâce du Roi suprême, une fille leur sera donnée, toute bénie.
Sainte dès le sein maternel, admirable sera sa naissance, plus admirable l’enfantement par lequel, en demeurant vierge, elle sera mère de Celui dont le Très-Haut est Père, dont la grâce débordante ôtera le péché du monde.
Elle est née la vierge bénie ; âgée de trois ans on la présente au temple, elle en franchit les quinze degrés, toute parée, d’un pas ferme et rapide, sous les yeux de son père et de sa mère.
Le temple resplendit d’une nouvelle gloire à la présentation de l’auguste vierge: instruite divinement et visitée des cieux, elle se réjouit avec les Anges.
A l’âge adulte où ses compagnes sont appelées par ordre du prince des prêtres à contracter mariage, la vierge s’y refuse d’abord ;car ses parents l’ont vouée au Seigneur, et elle-même a résolu par voeu de garder sa virginité.
Dieu consulté répond que la vierge doit prendre pour époux celui qu’une fleur miraculeusement éclose aura désigné ; Joseph, ainsi élu, l’épouse et la conduit en sa maison.
Gabriel est alors député vers la vierge, lui annonçant comment elle doit concevoir ; elle prudente, écoute silencieuse, et considère ce que pareil message a d’insolite.
Lui cependant explique la manière dont toutes choses s’accompliront ; la vierge croit, et aussitôt dans l’Esprit-Saint le Verbe est conçu ; Celui que rien ne peut contenir s’enferme en une vierge.
O vierge sans pareille ! quelle louange égalera maintenant vos mérites ! quel n’est pas l’éclat de votre gloire ! Maintenant donc protégez-nous pour que dans la patrie nous jouissions du fruit qui fait votre honneur. Amen.