Sœur Catherine, malade, s’alite le jour de la Nativité de la Vierge Marie, le 8 septembre. La toux aggrave son asthme et fatigue son cœur. La douleur de ses genoux, jours et nuits, se fait sentir. Sa santé toutefois s’améliore juste un peu en novembre. Elle peut faire sa retraite annuelle, rue du Bac. Elle ne manque aucun exercice, supportant même de longs temps d’agenouillement. Son humble recueillement reste celui qu’on lui connaît.
La dernière retraite à la Rue du Bac
Pendant cette retraite, on remarque seulement qu’à la récréation de midi, elle cherche à rencontrer une de ses anciennes compagnes. Elles évoquent de vieux souvenirs et Sœur Catherine fait quelques confidences. Un jour, elle entraîne son amie dans la Grande Salle du Séminaire où se trouvent les deux tableaux de Lecerf. Là, Sœur Catherine regarde «l’Apparition du Cœur de Saint Vincent» et «l’Apparition de la Médaille». Revit-elle en silence son merveilleux passé ? Son attitude le laisse transparaître. Passant par là, de jeunes novices spontanément s’exclament : «La Sœur des Apparitions !» Vivement alors elle s’éclipse avec sa compagne, laissant croire à la suspension d’une conversation ordinaire.
La retraite se termine. Sœur Catherine fait ses adieux à la Maison, la Chapelle qu’elle ne reverra plus. Elle va dans la cour et regarde, au dernier étage, la fenêtre du dortoir où elle dormait lorsque l’ange réveilla dans la nuit du 18 au 19 juillet 1830.
Retour définitif à Reuilly
Revenue à Reuilly, elle sent ses jambes plus raides et lourdes, son cœur plus fatigué. Sœur Élisabeth, la cuisinière, voyant qu’elle mange peu, voudrait lui faire plaisir. Pour la contenter, la malade accepte «un petit œuf brouillé».
La neige tombe. Sœur Catherine affirme «qu’elle ne verra pas la nouvelle année toute proche et n’aura pas besoin de corbillard : elle ne quittera pas Reuilly». Elle donne plusieurs détails précis, alors étranges, et qui se sont réalisés.
Elle connaît encore la joie de Noël et apprécie la Crèche. Mais elle doit à nouveau s’aliter. Le 30 décembre, à une Fille de la Charité qui demande : «Partirez-vous sans rien nous dire de la Sainte Vierge ?» Elle répond : «Il faut mieux dire le chapelet, on le dit mal. Il faut faire honorer l’Immaculée Conception et que cette pureté dont elle est le plus beau symbole soit chère à nos enfants. N’a-t-elle pas promis : ‘J’accorderai des grâces particulières chaque fois que l’on priera dans la Chapelle de la rue du Bac, surtout une augmentation de pureté, cette pureté d’esprit, de cœur, de volonté qui est le pur amour’.»
Le dernier jour
Le dimanche 31 décembre, son cœur fatigué s’arrête. Sœur Catherine a de brefs évanouissements. Sœur Dufés, sa Supérieure, prévient : «Voici l’heure, voulez-vous les derniers sacrements ?» Reconnaissante, elle accepte, le visage heureux. Elle les reçoit «avec un calme intraduisible». Après son action de grâces, elle se lève, va encore à son fauteuil, pour préparer les petits paquets de médailles qu’elle veut léguer.
Au Directeur de la Communauté qui lui parle de Lourdes, elle dit : «C’est dans la Chapelle de la Communauté que la Sainte Vierge veut être honorée ; là est le vrai Pèlerinage.»
Devant toute la Communauté, Sœur Catherine renouvelle ses vœux de Fille de Saint Vincent. Le jour s’achève. A dix-huit heures, heure de sa naissance, les prières des agonisants montent. «Que la très clémente Vierge Marie, Mère de Dieu et si douce consolatrice des affligés, recommande à son Fils l’âme de ta Servante Catherine, afin que, grâce à cette intervention maternelle, elle ne craigne pas les terreurs de la mort mais entre, joyeuse, sous sa conduite, dans la Patrie céleste.» Et, sans agonie, doucement meurt sainte Catherine Labouré. ■
J.-D. P.